Shelton
avatar 31/07/2017 @ 06:11:41
L’été c’est fait pour lire et quand il s’agit d’un polar qui se déroule sur la station balnéaire de Deauville, je serai même tenté de dire que ce roman policier ne peut être lu que durant les vacances, que l’on connaisse ou pas Deauville, que l’on y soit en résidence ou pas, que l’on ait les pieds dans l’eau ou pas… Meurtre anglais à Deauville est donc bien un livre pour cet été !

Bon, bien sûr, il ne s’agit pas d’une nouveauté car c’est une fois de plus un roman de Frederik Tristan signé Mary London, son pseudonyme hommage à Agatha Christie et toutes celles qui ont enchanté nos lectures policières depuis des décennies… Il s’agit aussi d’une enquête de sir Malcom Ivory, le supplétif noble et dilettante de Scotland Yard qui fait fonctionner ses petites méninges pour découvrir les mécanismes criminels les plus sournois et mystérieux…

Cette fois, sir Malcom Ivory est invité à Deauville par le riche et médiatisé lord Hamilton. Il est convié à résider quelques jours dans la magnifique villa Victoria Manor où on lui a fait miroiter de pouvoir consulter la bibliothèque dont un livre qui le fait courir depuis des années… Mais, à son arrivée, un assassinat est commis…

Oui ce pauvre Malcom Ivory n’a vraiment pas de chance, ses vacances tombent à l’eau dans cette Normandie que pourtant il ne connaissait pas assez… ou, autre version, il attire les meurtres comme les vaches les mouches… ou, et cette dernière version est certainement la bonne, la romancière Mary London – que dis-je, Frederik Tristan – organise tout pour plonger le lecteur dans une affaire incroyable !

Car écoutez bien cela – et je ne « spoile » rien – à peine arrivé à Deauville, la jeune secrétaire de Lord Hamilton est assassinée près de la plage, sur les Planches et le surlendemain c’est le Lord lui-même qui y passe ! Heureusement, sir Ivory Malcom est là et Scotland Yard va pouvoir recommander à la police française cet homme réputé pour les affaires délicates, spécialiste des recherches dans les milieux de la haute…

Une affaire complexe avec des fausses pistes bien construites pour égarer avec talent le pauvre lecteur à la recherche du coupable, du mobile, des circonstances… En plus certains personnages sont bien frappadingues et c’est superbement bien écrit… comme d’habitude serais-je tenté de dire car cette série policière est réellement littéraire !

A ce sujet, pour ceux qui n’auraient pas suivi les épisodes précédents, les enquêtes de sir Malcom Ivory sont au nombre de dix-neuf et j’ai entrepris de toutes les lire… pour revenir vous en parler régulièrement…

Donc, puisque c’est l’été, puisque c’est le moment de lire, puisque le polar est une lecture adaptée, je ne peux que vous souhaiter un très bel été, une bonne lecture et à très bientôt !

Shelton
avatar 01/08/2017 @ 06:19:01
L’été c’est fait pour lire mais c’est aussi la période idéale pour réaliser des photos. Il y a une trentaine d’année, équipé de mon Canon dernier modèle, j’arpentais l’Allemagne et je réalisais, entre autres, un travail assez complet sur le Baroque en Allemagne du Sud… On m’aurait demandé, à l’époque, mon avis sur le Polaroïd ou l’Instamatic, j’aurais envoyé en enfer ces deux modes d’appareils photos, sans aucun doute…

Pourtant, le temps a passé, le numérique a remplacé l’argentique – du moins pour beaucoup – et le Polaroïd est revenu pour immortaliser les scènes de familles, entre amis… Alors, quand j’ai entendu dire qu’il allait y avoir un livret sur les photos au Smartphone je n’ai pas ri, je ne me suis pas moqué et j’ai lu ! De plus, l’ouvrage était réalisé par une photographe professionnelle, donc aucune raison de snober ce travail !

Le second point positif pour moi est l’esprit dans lequel l’ouvrage est écrit. Ici on ne va pas se perdre dans de la théorie savante et pseudo-scientifique mais on va se poser les bonnes questions, celles qui font avancer… Pourquoi faire des photos avec son Smartphone plutôt qu’avec son appareil photo quand on en a un ? Mais, aussi, un petit rappel sur l’utilité de la photo et là j’adore un des éléments de réponse : la photo est un jeu ! Oui, une fois que l’on a dit cela on peut commencer à vivre relaxe avec son Smartphone comme avec son appareil photo : on est libre, chacun prend bien les photos qu’il souhaite prendre, quand il veut, comme il veut, pour lui ou pour les autres…

Alors, bien sûr, cela ne signifie pas du tout qu’il faudrait négliger certains éléments techniques. Agnès Colombo, l’autrice de l’ouvrage, propose donc de réfléchir et intégrer certains aspects quasi professionnels comme la composition, la taille, la lumière, la mise au point, les accessoires, la créativité…

Mais, une fois que vous avez shooté sans compter, que vous vous êtes fait plaisir, elle aborde un sujet qui est souvent oublié ou négligé par les utilisateurs de Smartphone, le traitement des photos. Or, qui dit Smartphone ne dit pas obligatoirement photo brute. Elle abordera donc le traitement de l’image avant de nous parler partage sur les réseaux sociaux… dans certains cas, elle orientera vers le stockage des photos, vers les albums photos et même les tirages papier…

Je voudrais profiter de cette chronique pour aborder une question pour moi fondamentale. Quel que soit l’outil de réalisation de la photographie, je défends l’idée que certaines photographies ne doivent pas être retouchées ! Cela peut sembler péremptoire et violent mais je vais argumenter un peu. La photographie journalistique doit pour moi rester brute. C’est un témoignage et l’expérience m’a montré plus d’une fois que lorsque l’on commence à retoucher on peut dépasser sans s’en rendre compte la réalité des éléments informatifs qui sont indispensables à l’effet journalistique. Il est donc plus sage de ne rien toucher… Deuxième cas, quand vous faites une photographie familiale, en particulier quand vous faites des photos d’enfant pour montrer de mois en mois des évolutions (taille, traits physiques, comportements, apprentissages de gestes et autres…) il me semble plus pertinent de laisser, là encore, les photos au naturel. Ce n’est pas l’esthétique qui est visé…

Voilà, mais puisque l’été est bien fait pour lire mais aussi réaliser des photos, faisons-le mieux avec nos Smartphones en suivant l’ouvrage d’Agnès Colombo… et comme l’été c’est fait pour lire trouvons Mes photos au Smartphone d’Agnès Colombo et progressons vite et bien !

Et comme c’est aussi une période de vacances n’oubliez pas de faire plein de photographies et de nous les partager ! A très bientôt !

Shelton
avatar 02/08/2017 @ 06:24:03
L'été c'est fait pour lire et chacun peut avoir des envies ou besoins de lectures spécifiques... Du coup, si on me demande un livre sur thème, je cherche et, parfois, je trouve...

La question du jour fut : L’État français de Vichy, qu’est-ce que c’est, quelles dates, quelles raisons d’en arriver là, quelles conséquences…

La réponse fut en deux temps, tout d'abord avec Histoire de l'extrême droite française. En effet, avant d'aborder le sujet de plein fouet contextualisons la question. La synthèse parue sous la direction de Michel Winock me semble un bon démarrage. Donc, première proposition de lecture. On n'est pas obligé de tout lire d'un seul coup, chaque chapitre est indépendant des autres même si cela forme un tout cohérent ! Vichy n’est pas arrivé d’un seul coup, tous les acteurs de Vichy ont eu une histoire avant 1940, dans l’extrême droite pour certains, mais à gauche pour d’autres… En étudiant l’extrême droite on comprend certaines attirances, certains transferts, certaines unions contre nature…

Toujours dans le même domaine, mais en se concentrant sur les personnages, l’ouvrage d’Ariane Chebel d’Appollonia est très percutant : L’extrême droite en France : de Maurras à Le Pen. Attention, quand l’autrice écrit, il s’agit bien de Jean-Marie Le Pen et non de sa fille Marine. Cet ouvrage est très intéressant dans sa première moitié – du moins pour notre sujet du jour – car il permet de comprendre comment on passe de l’antisémitisme à la Maurras (Affaire Dreyfus) à la version française d’un fascisme (Laval et Vichy). Trop souvent, on veut nous faire croire qu’il n’y a pas de lien et pourtant l’historienne prouve que la passerelle est bien en place dès le départ ou presque…

Mais une fois le contexte en place, il est temps de passer à l’histoire de Vichy en entier. Il existe un grand nombre d’ouvrages sur la question et il n’est pas simple de recommander le plus synthétique est accessible. Deux synthèses me semblent au-dessus du lot pour celui qui veut mettre en place ses idées avant d’approfondir.

Histoire de Vichy de l’historien Jean-Paul Cointet, est un ouvrage de haut niveau avec des précisions scientifiques permettant de découvrir l’histoire de ce régime dans tous ces détails avec les éléments les plus récents des chercheurs. Sa version en livre format poche, les notes regroupées en fin de volume, le découpage en de nombreux chapitres et sous chapitres, en font un livre très accessible et agréable à lire.

Vichy, 1940-1944 de Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka est un ouvrage tout aussi sérieux mais plus politique, social et humain. Certes, les faits sont annoncés, présentés et expliqués mais les auteurs vont au-delà et replacent ce régime dans l’histoire politique française et ne cherchent pas à nous faire croire que la collaboration ne serait qu’accident de l’histoire… Jean-Pierre Azéma sait de quoi il parle puisque son père fut collaborationniste, voix de Vichy sur Radio-Paris, exilé en Amérique du sud puis amnistié sous Pompidou… Donc, oui, un ouvrage plus politique mais très précis, bien écrit et qui a, peut-être ma préférence…

Enfin, il faut pour clore ce petit chapitre estival sur Vichy et son histoire, citer quelques biographies qui viennent donner de la profondeur humaine à tout cela. Sur la masse – là il y en a réellement beaucoup – je voudrais retenir deux ouvrages de classe : le Laval de Jean-Paul Cointet que j’ai trouvé remarquable et le Darlan de Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan. Le premier raconte un personnage clef de la collaboration de Vichy avec l’Allemagne mais avant de lui faire porter tous les péchés de la terre, il convient de rétablir certaines vérités et de ne pas innocenter trop vite Pétain et sa clique ! Quant au second, c’est surtout parce qu’il parle d’un personnage que l’on connait moins mais qui fut pourtant un personnage très important de cette période et qui eut une fin tragique en Algérie en décembre 1942… Une histoire dans laquelle est impliqué de façon modeste mais certaine un de mes grands-pères… Par contre, je dois vous prévenir que certains historiens ne sont pas d’accord avec cette biographie qui donne une place trop importante à la thèse du double jeu de Vichy. Néanmoins, ce n’est pas à moi de juger, la question était de faire un certain point sur les ouvrages de l’histoire de Vichy entre 1940 et 1944 et je pense que vous avez là de quoi faire…

Et comme l’été c’est fait pour lire, faites votre choix et progressez dans l’histoire de France et de ce régime spécifique de Vichy. Or comprendre Vichy c’est aussi comprendre certaines difficultés rencontrées par la France d’aujourd’hui, c’est mesurer les difficultés à venir voire les risques qui nous guettent… Donc, bonne lecture et bonne réflexion !

Shelton
avatar 03/08/2017 @ 06:28:16

L’été c’est fait pour lire et dans le domaine de la cuisine, de la gastronomie et de l’œnologie, les livres sont si nombreux et souvent si beaux et bien réalisés qu’il n’est pas si simple de s’y retrouver. Souvent, je préfère me fier à mon instinct, mes goûts, mes rencontres plutôt que de plonger dans l’élan médiatique accompagné des trompettes de la renommée… Parfois, un peu par hasard, je peux tomber sur un livre à succès mais je peux être rapidement déçu par les recettes…

Une des grandes failles de l’ouvrage de cuisine réside généralement dans l’accompagnement photographique : on bosse des heures, on s’applique et ce que nous obtenons ne ressemble pas du tout à la photo que nous avons sous les yeux alors que c’est généralement elle qui nous a motivés… Je suis donc maintenant assez attentif à cet aspect iconographique. De belles photos, oui, bien sûr, mais assez proches de ce que l’on va obtenir !

Alors, me direz-vous avec raison, faut-il encore suivre les conseils et le processus d’élaboration ! Par expérience, beaucoup réside dans un seul point : les ouvrages de recettes vous proposent une photo d’une assiette contenant une part et nous, nous réalisons un plat familial. Si nous voulons faire de l’esthétique, prenons le temps de composer une assiette avec une part de dégustation et généralement le résultat obtenu est beaucoup plus proche de la photo… N’oublions pas que les photographes culinaires mettent beaucoup de temps à « fabriquer » l’objet à photographier… Parfois l’assiette que vous voyez n’est plus à température mais elle belle !

Beaucoup de préalables aujourd’hui pour finir par parler d’une amie ordinaire de nos vies, madame endive ! Oui, l’endive est assez banale par beaucoup de côtés et elle est rejetée par beaucoup de gastronomes en culottes courtes car trop amère et souvent assez mal cuisinée… Là, rassurez-vous, je ne parle pas pour ma mère qui les faisait admirablement bien ! Non, mais…

Ceci étant, je vous propose de revisiter l’endive en compagnie de 45 recettes de chefs avec Patrick Villechaize et le photographe Thierry Bineau. Je n’ai pas encore réalisé toutes les recettes proposées mais je trouve l’ensemble assez original, certaines recettes sont simples et mettent en valeur un légume que j’aime bien et dont j’apprécie – contrairement à beaucoup d’autres – cette amertume légendaire… Oui, c’est comme cela, il y en a qui aiment l’amertume du gin au pamplemousse en passant par l’endive…

Alors, comme à chaque fois pour ce type d’ouvrage, j’ai envie de mettre une ou deux recettes en évidence et j’ai choisi l’œuf mollet accompagné de son velouté d’endives. Que voulez-vous j’aime énormément les œufs, mollets en particulier, donc faisons-nous plaisir ! En plus, tout commence la veille avec une originalité certaine. On fait des œufs mollets et une fois rafraichis et écalés, on les met à mariner dans du jus de betterave… La betterave est un légume intéressant que l’on n’utilise pas assez dans toutes ses possibilités. Crue, elle a un goût exceptionnel, une saveur étonnante. Je la prends râpée pour mettre du poisson cru à mariner et je n’avais jamais pensé aux œufs…

Pour le velouté, la spécificité vient du mouillage avec une bière de garde – amère si vous voulez jouer sur cette amertume, ou, au contraire très peu amère si vous souhaitez l’atténuer – ce qui va donner un goût inimitable…

Au final, un velouté servi très chaud, un œuf froid accompagné d’un peu d’endives et de copeaux de betteraves avec une vinaigrette fine et voilà une entrée de très belle tenue… un régal !

Ce n’était qu’une recette parmi les 45 de ce petit livre, Trop bon l’endive, et comme l’été c’est fait pour lire vous allez pouvoir découvrir toutes les autres recettes avant de réaliser vous-mêmes celles qui vous auront séduits…

Donc, bonne lecture, bonne cuisine et bon appétit !

Shelton
avatar 04/08/2017 @ 06:08:43
L’été c’est fait pour lire et la bande dessinée fait définitivement partie de mes lectures estivales. Donc, allons-y ! De plus, comme j’ai souhaité cet été vous parler régulièrement du Protestantisme, de la Réforme et des guerres de religions, voici une série qui traite de tous ces sujets à la fois. En plus, le scénario est de Philippe Richelle, un auteur que j’apprécie beaucoup – on lui doit, entre autres, Amours fragiles, Les coulisses du pouvoir et Secrets bancaires – et que j’aime retrouver régulièrement car à chaque fois on retrouve un scénario solide, documenté et bien ficelé. Dans le cas présent, Les guerriers de Dieu, on sent que la documentation a été longue et méticuleuse. Pas étonnant d’ailleurs que la revue Historia la recommande ! Quant au dessinateur, Pierre Wachs, il a, lui aussi, un palmarès long comme le bras et on peut citer, pour rester dans le très connu, Le triangle secret, INRI ou Secrets bancaires… On pourrait même citer un album étonnant, un one shot, des deux auteurs à la fois, Richelle et Wachs, qui traitait de l’avortement : Libre de choisir.

Si vous croyez que la bande dessinée historique doit être soporifique pour être de qualité, passez votre chemin ! En effet, Les guerriers de Dieu est avant tout une série de bande dessinée d’aventures, d’histoire, de réflexion, de politique… Il y a des personnages, de fiction et d’histoire, et très vite on est emporté dans un flux narratif très bien construit… Après coup, on réalise que l’on vient de vivre une tranche de notre histoire, que le roi que l’on vient de croiser est bien le fameux Henri II, que nous sommes au temps de la réforme, que les opuscules vendus en cachette sont ceux d’un certain Calvin, que parfois les réformés finissaient sur le bûcher, que la petite Margot a bien épousé Henri de Navarre… Et, à côté de cette grande histoire, on suit des personnages de fiction, Arnaud de Boissac et Denis Favre, ce dernier étant imprimeur, histoire de rappeler que l’imprimerie fut une révolution capitale à partir de 1451… et qu’elle a porté la Réforme !

Cette série – actuellement deux albums sont parus et le troisième est annoncé pour bientôt – est vraiment de qualité. Tout s’enchaine bien, aucun sentiment de moralisme ou de choix des auteurs envers les uns ou les autres. On sent et on sait que l’on court à grande vitesse vers les guerres de religion, on sait que les massacres vont arriver, on sait que les extrémistes sont là embusqués derrière les politiques… On voit que les motivations des uns et des autres ne sont pas que religieuses. Les conversions à la réforme ne sont pas toutes portées par la foi de même que les catholiques peuvent le rester que pour de basses notions politiques ou financières ! Mais en même temps, ce fut bien cela et c’est pour cela que ces guerres religieuses furent aussi très politiques !

Alors, bien sûr, il y aura toujours des esprits chagrins pour défendre l’idée que les catholiques furent parfaits que tout cela est exagéré, que les protestants étaient tous des purs et que tous furent des victimes innocentes… et, comme à chaque fois, la vérité se cachent au milieu de tout cela et il y eut des bons un peu partout et des assassins dans les deux camps ce qui n’exonère personne ! Ce qui est certain, c’est que cette série est très solide pour permettre à chacun de comprendre cette période délicate au moment où l’on va célébrer les 500 ans de la réforme et des thèses de Martin Luther et où nous vivons aussi des temps particuliers avec l’existence évidente de fous de dieu dans les trois grandes religions monothéistes… Oui, on fait de l’histoire et on s’interroge sur notre présent avec cette très bonne série !

Donc, toutes les raisons sont bonnes pour lire Les fous de Dieu et offrir cette série autour de soi… La série peut ainsi ouvrir à de belles discussions – je n’ai pas dit provoquer de grosses empoignades – en famille ou entre amis… Et comme l’été c’est fait pour lire, on pourra aussi compléter cette série bédé par un ouvrage de fond comme Les guerres de religions de Pierre Miquel !

Shelton
avatar 04/08/2017 @ 08:20:39
Pour compléter certaines de mes chroniques sur les Guerres de religion, on peut lire certains chapitres qui leurs sont consacrés dans les ouvrages suivants, ne serait-ce que pour ne pas avoir toujours le même point de vue :

- Histoire mondiale de la France, sous la direction de Patrick Boucheron. Je n'ai pas encore critiqué cet ouvrage et je ne l'ai pas inclus dans mes chroniques estivales car je ne l'ai pas encore terminé mais c'est passionnant !

- Historiquement correct de Jean Sévillia mais attention, dans cet ouvrage, sur la question des Guerres de religion? La part belle est faite aux catholiques et parfois on peut se demander si les protestants n'étaient pas que des bandes de brigands...

Shelton
avatar 05/08/2017 @ 05:15:27
L’été c’est fait pour lire et aussi pour redécouvrir les grands classiques. « Grands classiques », ce n’est pas un gros mot ; cela ne signifie pas non plus auteurs qui endorment le soir quand on fait des insomnies. En fait, ce terme désigne les auteurs que vous – et je dis bien chacun d’entre nous – considérez comme classiques. La liste va donc varier à l’infini ou presque et elle ne doit pas être construite et dictée par un enseignant en littérature même si ce dernier peut vous ouvrir des chemins et vous faire découvrir des merveilles…

C’est pour cela que j’ai beaucoup apprécié en son temps l’ouvrage de Jean d’Ormesson, Une autre histoire de la littérature. On peut aimer jean d’Ormesson ou pas, avoir fréquenté ses romans depuis longtemps ou ne pas en avoir ouvert un, la question n’est, à proprement parler pas là mais dans les motivations de son ouvrage en deux volumes : Jean d’Ormesson récuse un siège d’expert en littérature française, il veut juste parler des auteurs qu’il aime… et cela me semble légitime et c’est aussi ce que je fais toute l’année, l’été en particulier, puisque l’été c’est fait pour lire !

Jean d’Ormesson donne trois bonnes raisons d’écrire sur ces auteurs. Tout d’abord, parce qu’il aime les livres et les auteurs. Il ne les connait pas tous, il n'est pas spécialiste mais grand amateur. Or, il me semble que pour faire aimer, pour transmettre le goût des livres, il faut d’abord aimer… et j’ai trop rencontré d’enseignants en littérature qui n’aimaient pas lire finalement (et j’enlève de la liste trois professeurs qui m’ont transmis cette passion, un en troisième, un en seconde, un en prépa)… Jean d’Ormesson aime les livres et voilà un premier point favorable !

Ensuite, il a toujours eu envie d’être écrivain et s’est attelé à écrire une œuvre jour après jour. Pour cela il a toujours regardé les écrivains comme des modèles, des phares dans la nuit de ses doutes, des repères dans son errance… Le métier c’est au près des auteurs qu’il l’a appris !

Enfin, il a eu l’opportunité d’avoir des médias qui lui ont demandé de parler des auteurs qu’il aimait. Je comprends d’autant mieux cet aspect des choses que je l’ai expérimenté moi-aussi, modestement et à mon niveau, et je sais que plus on lit, plus on parle des auteurs et plus on les aime… or c’est en aimant que l’on transmet le mieux !

Donc, ces trois raisons m’ont poussé à lire cet ouvrage et je vous avoue que c’est une lecture très agréable à plus d’un titre. En effet, quand il s’agit d’un auteur que l’on connait on peut confronter notre point de vue avec celui de Jean d’Ormesson, ce qui ne signifie pas changer d’avis mais nous aide indiscutablement à mieux formuler nos points de divergence ou convergence… Par exemple, je ne suis pas un lecteur de Proust et à chaque fois que j’ai tenté de lire un de ses romans, j’avoue avoir calé ! Mais quand je lis d’Ormesson en train de parler de Proust, j’ai le sentiment de comprendre un peu mieux son fonctionnement, de découvrir des clefs de compréhension de son œuvre et je finirai même par avoir envie de m’y remettre… Il ne me dit pas que c’est le plus grand des écrivains et que ses romans sont parfaits… Il me donne juste envie de les ouvrir et c’est ce que j’attends de ce type d’ouvrage !

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, prenons cette Autre histoire de la littérature française de Jean d’Ormesson et après partons chacun à la découverte de Proust, Rabelais, Simenon, Rousseau, Genet ou Sartre… Je sais, l’été n’y suffira pas, mais commençons cet été !

Shelton
avatar 06/08/2017 @ 08:01:20
L’été c’est fait pour lire mais aussi pour trembler, avoir peur, chercher un coupable voire même le traquer à travers Londres sans compter sa peine… enfin, tout cela dans des livres, bien sûr ! Ce qui est certain c’est que je viens justement de trouver un roman qui répond tout à fait à cette ambiance de sueurs froides de l’été, La loge noire de Jean-Pierre Croquet…

Ce roman d’un auteur atypique – il a écrit des scénarii de bédés, des romans, des nouvelles et réalisé des anthologies – est très difficile à classer. C’est vrai qu’il n’est pas toujours indispensable de classer un roman ou un auteur dans une petite boite avec une belle étiquette. Néanmoins, pour vous en parler, pour vous donner envie de le découvrir, il est bon de préciser quelques éléments dont le genre. Pour La loge noire, si je vous parle d’un thriller, j’ai raison ! Si j’indique qu’il s’agit d’un roman noir, je n’ai pas tort ! Si je précise qu’il s’agit d’un roman policier, je suis dans le vrai ! En prétendant vous présenter un roman d’espionnage, j’avoue que je ne suis pas dans le faux ! Si je veux classer La loge dans noire dans la tradition du grand roman populaire et du feuilleton du XIXème siècle, je peux le faire et personne ne pourra m’en empêcher car c’est aussi vrai ! Oui, ce roman est difficile à classer et décrire car il répond à beaucoup de critères de classement…

Nous sommes à Londres, en 1914, avant la Première guerre mondiale. C’est factuel et cela donne un cadre historique. Londres est une ville qui a peur, d’une certaine façon, car il y a une vague de crimes étranges et cruels, qui menace les jeunes femmes… L’enquêteur principal est un membre de Scotland Yard, l’inspecteur Adey… Bref, vous avez bien compris que le cadre général pourrait faire penser à une affaire comme la tristement célèbre affaire de Jack l’Eventreur…

Mais, autour de ces meurtres, très rapidement on trouve des traces de loges, de mystères, de sciences occultes… Et ces bas-fonds londoniens sont exploités par des espions qui souhaiteraient pousser à la guerre ou à la paix… Enfin, il n’est pas dit que du côté de la police britannique tout soit si clair que cela…

Les personnages récurrents sont très crédibles, solides et certains sont attachants, d’autres beaucoup moins. Mais ça fonctionne très bien. Parmi ceux que l’on croise moins, je suis plus mitigé car certains manquent d’épaisseur mais comme ils n’ont pas un rôle essentiel cela ne nuit pas à l’histoire même si cela peut agacer le lecteur… Enfin, l’inspecteur Adey est très solide, possède une belle âme humaine et on est heureux d’être à ses côtés…

Bon, il faut quand même que je précise que cet ouvrage n’est pas un roman à l’eau de rose et ne vous attendez certainement pas à un happy end à la « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »… Non, ici on est dans le drame absolu et côté histoire et diplomatie vous savez bien que la guerre va finir par avoir lieu et qu’elle engloutira uns grande partie de la jeunesse européenne…

Un roman très bien écrit dans la lignée des grands auteurs de romans noirs français comme Fajardie, Daeninckx, Delteil ou Raynal… L’école française du roman noir, si l’on peut dire, est pour moi d’une très grande qualité et je suis toujours surpris que certains lecteurs n’aillent pas plus la fréquenter… Et si vous tentiez la grande visite cet été, puisque l’été c’est fait pour lire, comme chacun le sait bien ! La loge noire peut être une bonne initiation et je ne peux que vous souhaiter bonne lecture, bon courage et à bientôt ! Je vous promets aussi de vous présenter d’autres romans noirs dans les jours à venir…

Shelton
avatar 07/08/2017 @ 06:41:29
L’été c’est fait pour lire et parfois on n’a pas assez de temps pour tout lire, être au courant de tout, tout savoir… Un peu de frustration est humain, bien sûr, mais néanmoins ça use le moral et certains peuvent souffrir de cette situation pourtant assez logique…

On peut remédier à cela, dans certaines situations, avec des lectures d’anthologies, surtout quand elles sont bien faites. C’est le cas de celle que je vous propose aujourd’hui : Les grands textes qui ont marqué l’histoire de France, une compilation et présentation d’Isabelle Dumielle.

Avant d’aller plus loin dans le contenu de cet ouvrage je souhaiterais préciser un élément important. En effet, nous ne parlons pas des grands textes mais des grands textes qui ont marqué l’Histoire donc des textes qui ont bien eu des conséquences directes sur les évènements et donc sur la vie des Français et de leurs voisins. Je précise bien cela car parfois on peut confondre un texte important avec un fait. Un texte n’est qu’un texte et ce qui compte c’est lorsque l’on dépasse les intentions pour arriver dans l’agir…

Par exemple, durant quelques années – pour ne pas dire décennies – on a parlé de la féminisation souhaitable et souhaitée de la vie politique française… Oh, des beaux textes, il y en avait mais rien ne changeait ! Donc, ce qui compte c’est quand les actes suivent…

Prenons l’exemple de l’avortement. Simone Veil a dit de bien belles choses sur le droit des femmes à disposer de leur corps, librement, avec gravité. Et, ensuite, elle s’est battue, avec force et conviction, pour que la loi reprenne tout cela de façon concrète. A ce titre, son texte du 27 novembre 1974 est un grand texte.

Même chose pour le discours de Robert Badinter du 22 septembre 1981 sur l’abolition de la peine de mort. Ce ne fut pas un discours de plus car il y eut derrière l’abolition de la peine de mort en France, une loi sur laquelle personne n’a osé – jusqu’à maintenant – revenir heureusement !

Alors, j’ai pris ces deux textes que beaucoup d’entre nous ont en mémoire mais tous les textes qui sont présentés dans cet ouvrage de la conversion de Clovis par Grégoire de Tours jusqu’à la présentation de la loi du mariage pour tous par Christiane Taubira en 2013, ont tous eu des conséquences concrètes pour la France, les Français et leurs voisins, tous sans exception. Alors bien sûr, on peut regretter certains textes, discuter du bien-fondé d’autres, se rebeller contre les derniers… il n’en demeure pas moins que cet ouvrage retrace de façon textuelle l’Histoire de la France et j’ai trouvé que c’était un livre qu’il fallait avoir chez soi, à sa disposition, qu’il fallait savoir en lire quelques pages de temps en temps pour ne pas oublier qui nous étions, d’où nous venions… Oui, tout cela a du sens !

On pourrait dire que ce genre d’ouvrages devrait avoir sa place à côté des dictionnaires… Quoi ! Vous n’avez plus de dictionnaire ! Vous avez tout remplacé par Wikipédia ! Alors, là, chers amis, je ne peux pas grand-chose pour vous si ce n’est vous conseiller de revenir très vite au bon vieux dictionnaire – je ne vais pas citer de marque mais certains sont meilleurs que d’autres, plus littéraires – car rien ne remplace qualitativement le dictionnaire pour bien choisir un mot…

Bref, je vous propose de reconstituer, dès maintenant, votre petit coin dictionnaires et d’y positionner en premier cet ouvrage, Les grands textes qui ont marqué l’Histoire de France et de relire très vite le texte de Simone Veil ou celui de Badinter car cela fait du bien au moral… et, comme l’été c’est fait pour lire, c’est le moment !

Shelton
avatar 08/08/2017 @ 05:14:25
L’été c’est fait pour lire mais aussi écouter de la musique. Je suis né dans la deuxième partie des années cinquante et il n’est donc pas étonnant que dans mes groupes musicaux préférés on trouve les Rolling Stones ! Il y a quelques jours, j’ai appris qu’ils avaient décidé d’écrire, composer et enregistrer un nouvel album et, aussitôt, j’ai eu envie de modifier les livres de ma chronique pour vous parler d’un album étonnant et merveilleux, Gus & moi de Keith Richards…

Oui, je vous entends déjà parler de cocaïne et de relations sulfureuses car qui dit Keith Richards dit obligatoirement produits illicites, prises de risques et danger ! Certes, vous n’avez pas entièrement tort – quoi que les médias lui aient prêté plus que ce qu’il avait vécu – mais je vais certainement en surprendre plus d’un en vous disant que le livre dont nous allons parler est un album jeunesse !

Oui, il s’agit bien de Keith Richards mais dans un registre surprenant, celui qui rend hommage à son grand-père Gus avec des dessins de sa fille Theodora. Ceci étant posé, oubliez un instant le personnage de Keith Richards et sa renommée pour me suivre dans cette très belle histoire fortement autobiographique…

Le petit Keith a un grand-père qui se nomme Gus. Gus est un passionné de musique, il joue de plusieurs instruments dont le piano et le saxophone. Quant à la guitare, c’est une passion, un talent et une belle pratique…

Keith et son grand-père Gus établissent une belle relation, ils se promènent ensemble, rencontrent des artisans, visitent Londres… Keith écoute son grand-père jouer du piano mais n’a d’yeux que pour la guitare posée sur le piano, d’autant plus que le fameux Gus lui a dit un jour : « quand tu seras assez grand pour l’atteindre, tu pourras l’essayer ». Keith est patient, il n’insiste pas et prend le temps de grandir un peu…

« Un jour, enfin, je me suis dit que j’étais assez grand pour la saisir, mais je n’ai même pas eu besoin de tendre le bras. Gus me l’a présentée en disant simplement : elle est à toi ».

On sait que Keith fera un bon usage de la guitare en devenant un excellent compositeur et interprète… Il collectionnera les guitares – plus de 350 dit-on – et il a toujours cette relique familiale et le souvenir de son grand-père chaque fois qu’il monte sur scène…

Keith est devenu grand-père et il dit que le plus important pour lui est de pouvoir être un grand-père aussi génial que Gus l’a été pour lui et c’est bien tout ce que l’on souhaite aux petits enfants de Keith qui sont au moins cinq… Orson ou Otto seront-ils des guitaristes aussi brillants que leur grand-père ? Allez savoir !

Par contre l’album qui est très touchant et profond a été illustré avec délicatesse, poésie et douceur par Theodora la fille de Keith Richards car dans cette famille, quand on parle de transmission intergénérationnelle on va jusqu’au bout !

Encore une petite précision, Keith Richards est un gros lecteur, un passionné de livres, de littérature et d’histoire… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Fanou03
avatar 08/08/2017 @ 10:47:53

On peut remédier à cela, dans certaines situations, avec des lectures d’anthologies, surtout quand elles sont bien faites. C’est le cas de celle que je vous propose aujourd’hui : Les grands textes qui ont marqué l’histoire de France, une compilation et présentation d’Isabelle Dumielle.


Voilà un ouvrage effectivement original, je le note en référence !



On pourrait dire que ce genre d’ouvrages devrait avoir sa place à côté des dictionnaires… Quoi ! Vous n’avez plus de dictionnaire ! Vous avez tout remplacé par Wikipédia ! Alors, là, chers amis, je ne peux pas grand-chose pour vous si ce n’est vous conseiller de revenir très vite au bon vieux dictionnaire – je ne vais pas citer de marque mais certains sont meilleurs que d’autres, plus littéraires – car rien ne remplace qualitativement le dictionnaire pour bien choisir un mot…



Alors là tout à fait d'accord ! Un peu de contribution à Wikipédia montre assez rapidement l’intérêt mais aussi les surtout limites de l'encyclopédie en ligne dès que l'on veut une information fiable et précise (et homogène en qualité).

Shelton
avatar 09/08/2017 @ 06:43:59
L’été c’est fait pour lire et le roman noir à la française – c’est ainsi que je le nomme dans mes cours et conférences – mérite toute notre attention. Certes, le roman noir américain des années trente fut remarquable et je le fréquente avec une certaine assiduité mais les romans de Fajardie, Daeninckx, Raynal, Croquet ou Delteil – pour n’en citer que quelques-uns – sont très forts, bien écrits et passionnants à lire.

Souvent, on me demande quel est le lien commun, s’il y en a un, entre ces romans ou romanciers ? En effet, les romanciers américains dont il était question plus haut avaient tous décrit une Amérique bouleversée par la crise économique, des Américains désespérés et chômeurs, une société perdue en quête de sens… Qu’en est-il pour les Français ?

En fait, c’est presque la même chose mais avec un contexte très différent. La France a connu plusieurs crises de suite entre 1940 et 1968. Soit 28 ans ce qui est très peu pour les générations qui ont vécu cela. On peut énumérer rapidement : défaite, invasion, occupation, collaboration et résistance, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie, fin de l’Empire colonial et émeutes urbaines… Tout cela a fracassé un grand nombre de jeunes et ce sont souvent ces paumés que l’on va retrouver dans ces romans noirs en position de héros ou anti-héros…

Patrick Raynal, dans son dernier roman, Une ville en mai, va complètement s’insérer dans ce modèle-là. Il prend comme cadre la ville de Nice en 1968. Je précise que le roman est sorti quelques mois avant la soirée meurtrière du 14 juillet 2016. Dans ce mai 1968, une mère s’inquiète de ne plus voir sa fille et fait appel à son ex-mari pour l’aider à la retrouver… Jusque-là, c’est très classique…

Seulement, ce père est en Afrique depuis 10 ans et il va quitter une Afrique postcoloniale pour retrouver une ville méditerranéenne qu’il avait oubliée en tant « qu’expat »! Deuxièmement, pour l’aider dans sa recherche, il fait appel à un ami des RG – renseignements généraux pour les jeunes qui ne connaissent pas ce sigle – qui est en pleine « lutte » contre le « fléau » marxiste qui pourrit la jeunesse de France… Enfin, un personnage sera confronté à son passé, un passé qui prend ses sources nauséabondes durant l’occupation… C’est clair, on y est, on est bien dans un roman noir à la française…

Je ne vais, bien sûr, pas vous en dire beaucoup plus sur le scénario du roman, ni sur les autres personnages que l’on va croiser, ni sur les détails de tous les mouvements révolutionnaires d’extrême gauche qui sévissaient à cette époque… Patrick Raynal a milité dans sa jeunesse au sein de la Gauche prolétarienne et il en a gardé quelques éléments en mémoire ce qui rend très crédible le discours de certains personnages… Quant à ceux qui ne se sont pas engagés dans les extrêmes quand ils avaient 20 ans, ils auront un peu de mal à comprendre mais tant pis !

Enfin, dernier point fort de ce roman, il est très bien écrit car qui dit roman noir ne dit pas sous-littérature, loin de là ! Oui, voilà donc un beau texte noir à la française que vous pourrez compléter avec des romans comme La manière douce – Frédéric Fajardie – ou Itinéraire d’un salaud ordinaire – Didier Daeninckx – ou encore Dernier tango à Buenos Aires – Gérard Delteil.

Vous avez donc de quoi lire et comme l’été c’est fait pour lire… Bonne lecture !

Shelton
avatar 10/08/2017 @ 07:05:32
L’été c’est fait pour lire et certains profitent de cette occasion pour lire des bandes dessinées. La bédé porte encore l’image de « facile à lire » alors que parfois ce n’est pas si évident que cela… Passons, il se trouve qu’aujourd’hui je vous propose la bande dessinée estivale par excellence, Une sœur de Bastien Vivès.

Pourquoi estivale ? Parce qu’il s’agit d’une histoire qui se passe durant un été en Bretagne, sur une île… C’est l’histoire d’Antoine qui par certains côtés ressemble peut-être un peu à Bastien Vivès lui-même… Allez savoir ! D’ailleurs, estivale ne signifie pas légère et cette histoire a sa dose de profondeur, d’humanité et même de drame…

Comme bien souvent avec Bastien Vivès, l’histoire est simple presque basique : un été, deux frères vont avec leur famille dans une maison de vacances, sur une île du Golfe du Morbihan et ils s’apprêtent à vivre un été comme les autres… banalement ! Simplement !

Antoine aime dessiner, que dis-je, il dessine presque tout le temps et il approche de cet âge où l’on ne sait plus très bien si on est encore un enfant ou déjà un adulte… Suite à un accident de vie que vous découvrirez en lisant cette bande dessinée – ce roman graphique comme diraient certains – une jeune fille, Hélène, à peine plus vieille, va venir passer un temps de vacances dans la famille…

Les jours de l’été se succèdent comme d’habitude ou presque avec plage, baignade, soleil, dessin, glace, soleil, plage… Puis arrive le 14 juillet qui normalement symbolisait pour les deux garçons la joie du feu d’artifice le soir… enfin, à la nuit tombante !

Cette année, il y aura une petite modification avec un peu de bal populaire et beaucoup d’alcool… Jour après jour, Antoine, fasciné par Hélène et son aisance dans certaines situations, se met à évoluer et à regarder le monde d’une autre façon…

Finalement, une certaine proximité et intimité se met en place entre Hélène et Antoine mais pas sous forme de « baise » comme on dirait aujourd’hui. Tout est en délicatesse, découverte, hésitation, apprentissage, doute, pudeur… du moins pour Antoine car on a bien compris que l’auteur, Bastien Vivès, se place résolument à la place de son personnage Antoine…

Bon, il ne va pas falloir que je vous en dise plus pour vous laisser le bonheur de la lecture, de la découverte, de l’évolution dans ce monde estival. Ce qui est certain, c’est que l’issue en surprendra plus d’un…

Pour ce qui est de la narration graphique, Bastien Vivès reste pour moi un grand, voire un très grand. En quelques coups de crayon – que ce soit d’ailleurs un véritable crayon, un pinceau ou un outil numérique – il transmet de l’émotion, du mouvement, de la vie… et c’est tout simplement magnifique. Il ne fait presque rien sur les visages et, pourtant, ses personnages rient, pleurent, doutent, découvrent, vivent… C’est un peu magique et beau !

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, oui, il faut lire Une sœur, roman graphique sorti en mai 2017, mais il faut lire aussi pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait Le goût du chlore ou Polina… Comme ce sont deux albums que j’adore, je pense que je vais vous ressortir les chroniques que je leur avais consacrées… Plein de bonnes raisons de lire Bastien Vivès donc bonne lecture !!!

Shelton
avatar 10/08/2017 @ 08:11:46
Comme promis, me revoici pour parler de Polina car comme l’été c’est fait pour lire, il est temps pour ceux qui ne connaissent pas Bastien Vivès de découvrir ses plus belles bandes dessinées ! Donc, j’ai ressorti l’album Polina de Bastien Vivès, un livre sorti en 2011…

Bastien Vivès, l’auteur complet de Polina, a aujourd’hui 33 ans donc il faut arrêter de dire que Bastien Vivès serait un espoir de la bédé française. C’est faux ! Ce n’est plus un petit jeune qui présenterait timidement ses premiers essais dans le neuvième art… Certes il est encore très jeune et il est, c’est bien vrai, encore assez timide. Il ne cherche pas à s’imposer, il sourit, il est là mais ne veut pas gêner… mais il s’impose dorénavant comme un des grands de la bédé française…

Pourtant, ses albums s’enchaînent avec un rythme endiablé et presque à chaque fois un résultat identique : bonnes critiques, reconnaissance des libraires, un public présent qui en redemande, des signatures demandées partout… Oui, jeune mais déjà grand !

Ses albums sont, en plus, tous différents : soit par la nature de l’histoire, soit le style graphique, soit, le plus souvent, par une combinaison des deux. A chaque histoire sa narration graphique quitte à surprendre son éditeur, les critiques et les lecteurs. Même ceux qui étaient dubitatifs en regardant, par exemple, les premières planches du « goût du chlore » finissent par tomber sous le charme de cet auteur hors normes…

Voici donc le moment d’ouvrir ensemble cet album « Polina ». L’objet est d’abord du solide : relié, format intermédiaire des éditions KSTR, plus de 200 pages. Un récit sans couleur, ou presque. La grâce du noir et blanc, avec toutes ses nuances pour redonner vie à un art de l’éphémère par excellence, la danse. Oui, Bastien Vivès nous raconte le destin d’une danseuse, ses relations difficiles avec un maître, avec un professeur, mais aussi la vie d’une adolescente avec tout ce qu’elle peut avoir de quotidien, de banal et de touchant… Alimentation, effort, travail, argent, amour, amitié, relations avec les parents et, surtout, acquisition de l’autonomie…

C’est la naissance de l’adulte que nous présente Bastien Vivès à travers la vie de Polina que nous découvrons petite fille en début d’album, femme épanouie en fin de récit. Il fallait oser prendre une danseuse comme personnage et ne pas tomber dans les clichés. Choisir la danse et la faire vivre – admirablement à mon goût – avec des dessins, des images fixes…

Naissance de l’adulte mais aussi questionnement autour de la transmission des savoirs, des émotions… La relation entre le maître et l’élève est au cœur de cet album et beaucoup retournerons là un peu de leur vie d’enfant, de parent, d’enseignant, de formateur, de tuteur…

La narration graphique de Bastien dans cet album est difficile à décrire avec des mots. Il faut la voir, la lire, la pénétrer pour comprendre que nous sommes là en présence d’un des plus grands auteurs contemporains. Il ne se donne aucune limite, ose s’attaquer à tous les sujets, à tous les styles… Pas pour prouver, pas par défi, pas pour les critiques ou la presse, tout simplement pour choisir la meilleure façon de raconter ses histoires. Oui, Bastien Vivès nous offre des histoires, beaucoup d’histoires et c’est un bonheur parfait que de les lire… Polina, est donc bien un album sur la danse et sur les êtres humains, un livre à lire d’autant plus que Polina est arrivée au cinéma – Polina, danser sa vie – mais c’est une autre histoire dont nous reparlerons quand j’aurai vu cette adaptation ce qui n’est toujours pas le cas !

Donc, puisque l’été c’est fait pour lire, prendre du plaisir et danser, je vous souhaite tout cela et à très bientôt !

Shelton
avatar 10/08/2017 @ 08:12:25
Et voici, enfin, un petit complément du jour sur les bandes dessinées de Bastien Vivès… On a l’impression que c’était il y a très longtemps, mais en fait c’était en 2008 et c’était en janvier 2009 que je l’ai interviewé pour la première fois… C’était hier en quelque sorte, Le goût du chlore sortait et marquait fortement les esprits… De tous ! Des lecteurs, des critiques, des libraires, des nageurs aussi !

Ceux qui ont fréquenté un cabinet de kiné savent que l’on demande toujours, à un moment propice, quand la réparation semble consolidée, de prendre de bonnes résolutions. Oui, il faudra se mettre à aller à la piscine tous les jours, marcher plus, faire sa gymnastique matin et soir… Le patient, qui commence à voir sa galère se terminer est prêt à tout promettre du moment que ce soit fini, qu’il n’ait plus mal, qu’il puisse reprendre sa vie comme avant… Le pauvre kinésithérapeute ne se fait pas trop d’illusions car il en a vu passer de nombreux avant lui, qui ont tout promis et sont revenus, trop vite, se faire soigner… Après tout, ça le fait vivre !

Cet interlude aquatique, on pourrait ainsi définir cet album atypique, va raconter l’histoire d’un jeune homme atteint d’une scoliose qui décide de transformer une promesse à un kiné en réalité : oui, c’est dit, il ira à la piscine. Cela va transformer sa vie, ça va peut-être même lui donner un sens, qui sait ?
Une narration coulante, minimaliste, qui nous immerge, c’est le moins qu’elle pouvait nous offrir dans une piscine, dans le bassin, nous y fait croiser des personnages peu costumés mais qui laissent des sensations, des impressions fortes…

Au départ, on se dit que ça ne va pas marcher, puis on se dit, au contraire, que c’est très fort, qu’il fallait oser le faire. Quant à faire naitre une histoire d’amitié… D’amour ? Dans un bassin chloré et presque sans paroles ! Quelle force ! Bastien Vivès, pour son troisième album, démontrait qu’il arrivait à maîtriser son art et qu’il était devenu un auteur à part entière avec qui, sur qui il faudrait compter à l’avenir !

Et l’avenir n’a fait que confirmer cela, il est bien un grand auteur que j’apprécie beaucoup et sa dernière bande dessinée, Une sœur, le confirme entièrement !

Shelton
avatar 11/08/2017 @ 06:42:34
L’été c’est fait pour lire mais comme nous sommes maintenant dans une société de l’image – du moins c’est ce que j’entends dire très souvent – il est bon de temps en temps de ne plus lire mais de regarder les images… Bon, enfin, soyons honnêtes, je vais plutôt vous inviter à lire des ouvrages qui nous parlent de l’image et de la photographie en particulier…

Il y a quelques années, alors que je suivais un séminaire à l’université de Saint-Quentin en Yvelines, le responsable de ce séminaire, Christian Delporte, nous a poussés et accompagnés à une exposition qui se déroulait au Musée d’histoire contemporaine-BDIC. Le thème était sur l’image et sa déformation politique et c’était tout simplement passionnant…

Oui, l’image fixe – pour se limiter à cela aujourd’hui – n’est pas vérité absolue. Elle peut être manipulée, orientée, déformée, truquée, falsifiée et elle peut carrément mentir à celui qui la regarde ! On ne va pas passer ici en revue tous les ouvrages sur l’image des philosophes grecs jusqu’à nos jours mais je pense qu’il est bon de ne pas être dupes et de réfléchir sur l’image de temps à autre…

Laurent Gervereau, celui qui dirigeait ce musée et qui avait préparé cette exposition a écrit de nombreux ouvrages sur l’image et je vous conseille Les images qui mentent, un texte de 2000 qui n’a pas perdu de sa pertinence, que dis-je qui n’a que gagné de la force d’année en année… Plus on s’enferme dans cette société de l’image et plus ce qu’il dit est fort !

Le sujet est complexe car dans cette catégorie de l’image fixe, on va retrouver pêle-mêle, de l’art, de la publicité, de la propagande, de l’information et du souvenir familial… Comment tout cela se met-il en place ? Y a-t-il un langage unique et universel de l’image ? Une image nous influence-t-elle réellement ou pas ? Comment se construit notre imaginaire et notre mémoire collective à partir de ces images qui nous entourent ? Et dire qu’un 2000, il ne pouvait même pas imaginer ce qu’allaient devenir les échanges de photos entre internautes sur les réseaux sociaux ?

Les images vont jusqu’à falsifier l’histoire, enfin, ceux qui les réalisent ou font réaliser. C’est ce que montre très bien l’ouvrage d’Alain Jaubert avec Les photos qui falsifient l’histoire, sorte de catalogue de l’exposition du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, exposition qui se déroula du 30 octobre 1986 au 11 janvier 1987… On trouve encore ce catalogue passionnant d’occasion pour des prix raisonnables… enfin, parfois !

Là, de façon très illustrée, on va mesurer comment les dictatures – ce sont elles les plus grosses manipulatrices d’images, mais pas les seules – vont enlever des personnages devenus en disgrâce, ajouter des personnages pour qui on veut créer une antériorité, changer un décor, un fond… parfois en détruisant toute traces du premier cliché ! Oui, on peut dire alors que l’image a falsifiée l’histoire !

C’est vrai que pendant des siècles, on avait des expressions à la Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois… puis maintenant, même ce que l’on voit… allez savoir… ce n’est pas la vérité vraie… On est donc bien dans une société de l’image – par la quantité d’images échangées, vues, commentées – et en même temps on peut voir d’immenses précautions d’usages se développer autour de ces images… Que tout cela est complexe mais que ces deux ouvrages sont passionnants !

Comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de réfléchir autour de l’image et de notre histoire humaine avec ces livres mais aussi d’autres de Sartre, Debray, Delporte… Les bons livres ne manquent pas !

Bonne lecture et ne croyez pas tout ce que l’on vous montre !

Shelton
avatar 12/08/2017 @ 05:56:58
L’été c’est fait pour lire et comme voyage, visite et lecture vont très bien ensemble, j’ai eu envie de vous parler de Laurent le Magnifique. En effet, je vous ai présenté la série Médicis en bande dessinée – deux volumes sont déjà parus – et je ne voulais pas en rester là concernant cette famille. D’autant plus, si vous vous souvenez bien que la série raconte la famille Médicis en se mettant à la place de la ville de Florence, d’où une allusion certaine au voyage et à la découverte de l’architecture…

Laurent le Magnifique, probablement le plus connu de cette auguste lignée, n’a pas vécu si longtemps que cela pour marquer autant l’histoire. Né en 1449, juste avant l’imprimerie, il est décédé de la goutte en 1492, juste au moment de la découverte des Amériques. Dans les deux cas, ce n’est pas lui le découvreur ou inventeur, mais cela facilite grandement la mémorisation de ses dates de naissance et mort…

La famille Médicis était une famille de banquiers mais à force de prêter de l’argent aux acteurs d’une ville, on les approche, on les fréquente, les côtoie et on finit par être si proche que l’on est tenté de prendre leur place ! Garder la place, ce n’est pas simple non plus car les jalousies sont très nombreuses quand on a de l’argent, du pouvoir et de belles relations… Il faut dire que Laurent épousa en 1469 Clarisse Orsini, une femme d’une des plus grandes familles romaines, une famille qui le soutiendra jusqu’au bout y compris dans ses conflits avec le pape…

Laurent de Médicis régna sur Florence de 1469 à sa mort. Régna ? Un mot qui semble à la fois très proche de ce qui s’est passé et en même temps très éloigné car il s’agissait, en fait, du chef d’état d’une république, la République florentine… Mais il avait aussi des aspects de despote éclairé…

Si Laurent est resté le plus connu de cette dynastie de banquiers et hommes d’état, c’est que Laurent a été aussi un mécène étonnant ce qui pendant la Renaissance était un signe de pouvoir et de richesse… Dis-moi quels artistes sont à tes côtés et je te dirai si tu comptes dans ce monde… On ne peut pas citer tous les artistes avec qui il a été en contact ou qui ont travaillé pour lui tant la liste serait longue mais on peut quand même dire que Botticelli, Vinci, Lippi et Michel-Ange en firent partie !

Il fut aussi écrivain et fortement intéressé par les questions religieuses. N’oublions pas que Savonarole a prêché à Florence sous Laurent de Médicis. Pourtant ce dominicain a critiqué très sévèrement Laurent et il y a même une polémique pour savoir si au moment de mourir Laurent aurait reçu ou pas l’absolution de la part de Savonarole… Le moine ne survivra pas très longtemps à Laurent car il sera brûlé en 1498…

Malgré tous les aspects pas toujours sympathiques, les Médicis laissent une grosse empreinte dans la vie de Florence, de l’Italie et même de l’Europe. Jean, l’un des fils de Laurent sera pape (Léon X) et aura à gérer – plutôt mal d’ailleurs – la naissance de la Réforme… Catherine de Médicis, reine de France puis régente, est l’arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique… Une femme qu’il faut redécouvrir bien au-delà de sa Légende noire ! Elle n’a pas été que cruelle, machiavélique, tyrannique, possessive et calculatrice… mais c’est une autre histoire dont je vous reparlerai certainement une autre fois…

Deux ouvrages pour mettre en valeur l’apport culturel, artistique et architectural des Médicis et poser un regard complet sur leur politique florentine : Les Médicis, histoire d’une dynastie européenne de Franco Cesati et Le clan des Médicis de Jacques Heers. Deux ouvrages assez accessibles, disponibles en format de poche et comme l’été c’est fait pour lire… Bonne lecture !

Shelton
avatar 14/08/2017 @ 14:09:50
L’été c’est fait pour lire, les livres de cuisine pour apprendre de nouvelles choses dans les arts culinaires et en été cela permet d’essayer de nouveaux plats… Mais à quoi cela servirait-il d’habiter en Bourgogne si on ne s’intéressait pas aux produits locaux de notre terroir : vin, poulet, bœuf ? Franchement, ce serait un peu triste… Non ?

Aujourd’hui, nous allons nous focaliser sur le poulet et les volailles, d’abord parce que j’aime beaucoup cela, puis parce que j’ai trouvé un beau et bon livre, puis, enfin, parce que certaines recettes sont parfaitement adaptées à notre vie familiale…

Mais, commençons par un peu d’histoire… On dit que la volaille existe dans nos assiettes depuis plus de 3500 ans et que l’origine serait le coq bankiva qui nous viendrait de l’Asie du Sud Est… Les Gaulois aimaient bien le coq qui rythmait la vie du village, que l’on mangeait aussi et dont le nom restera jusqu’au XIIIème siècle (le nom de la poule est alors géline du latin gallina). En fait, le coq gaulois est une invention tardive même si Jules César compare la vitalité sexuelle du coq avec celle du Gaulois…

Dans la ferme française, la volaille est gérée par la femme et elle mange tous les restes de la ferme. C’est la source de viande mais on ne mange pas de viande tous les jours, pas même toutes les semaines. Henri IV et son ministre Sully vont justement parler de la poule au pot une fois par semaine comme une façon de pointer la reconstruction de la France après une quarantaine d’années de guerres de religion… C’est le retour de l’opulence !

La viande de volaille, revenons-en à nos moutons, enfin, à nos poulets, est une chaire saine et bonne pour la santé à condition de ne pas se gaver avec la peau grasse et grillée… Enfin, chacun ses goûts car je ne supporte pas de jeter la peau… Voilà donc la recette de poulet que j’ai choisi pour vous donner envie… de manger et de lire ce livre aussi !

Il s’agit d’un poulet de Bresse – ça, c’est moi qui le précise mais il fallait le faire quand même – mariné au vinaigre balsamique. Facile à faire ! Une marinade avec de l’huile d’olive, de la sauce soja et du vinaigre balsamique. Vous agrémentez cette marinade avec un petit oignon de Roscoff, de la ciboulette hachée, un peu de miel, du citron vert et du gingembre. Le livre dit de saler, je ne le fait jamais ! Quant au poivre, à votre goût les amis ! Laissez mariner au moins 4 heures, une nuit c’est carrément la perfection… Il est bon de bien badigeonner à l’intérieur du poulet avec un pinceau et faire en sorte de retourner le poulet dans la marinade une ou deux fois… d’où l’intérêt d’avoir quelques insomnies dites culinaires ou gastronomiques…

Faites rôtir votre poulet de façon assez classique, avec de l’ail en chemise tout autour, ou quelques piments. Au bout d’une quarantaine de minutes arroser le poulet avec le reste de marinade et quarante minutes après avec son propre jus de cuisson. C’est le minimum syndical car plus vous arrosez le poulet, meilleur il sera ! Compter environ 1h30 de cuisson à 180° pour un poulet pour 6 personnes…

Pour les légumes, je pense que le meilleur est un plateau de légumes cuits au four et à l’huile d’olive, c’est de saison et il y en a pour tous les goûts. De plus, ils peuvent cuire dans le même four, économie d’énergie !

Voilà, dans l’ouvrage d’Annecé Bretin et Amélie Roche, Poulets et volailles, vous trouverez une multitude d’autres recettes à côté de ce poulet mariné au vinaigre balsamique… Bonne lecture, bonne cuisine et n’oubliez pas de m’inviter pour la dégustation !

Shelton
avatar 14/08/2017 @ 15:45:14
L’été c’est fait pour lire et nous allons continuer à explorer aujourd’hui les romans policiers de Mary London, donc les enquêtes de Sir Malcolm Ivory… En fait, ce n’est plus un secret, surtout si vous suivez régulièrement cette chronique, il s’agit d’une série de 19 romans policiers signés Frederik Tristan. A travers cette série, le romancier français rend hommage à toutes ces femmes anglaises qui ont bercé ses lectures et les nôtres : Agatha Christie, Patricia Wentworth, P D James, Anne Perry…

Donc, je ne fais plus les présentations, vous connaissez maintenant bien Douglas Forbes et son supplétif de luxe Sir Malcolm Ivory. Mais dans ce roman, Un crime presque parfait, Sir Malcolm annonce à Douglas qu’il va arrêter car il en a un peu marre de courir après les criminels, il est temps pour lui de se consacrer plus aux échecs, aux orchidées, aux livres et même aux whiskies… Bon, disons que Scotland Yard pourra compter sur lui seulement en cas d’affaires exceptionnelles… Douglas est assommé par la nouvelle, un peu triste mais il se console quand sir Malcolm lui confirme qu’il sera quand même toujours invité une fois par mois à Falcon Manor, la propriété de Sir Malcolm Ivory !

Sir Malcolm s’achemine donc vers une sorte de retraite méritée même si son travail n’a jamais été rémunéré – il n’avait pas besoin de cela pour vivre – mais c’était sans compter sur un pari stupide qui allait venir perturber sa vie…

Peter Greenaway le pousse à résoudre un meurtre parfait qui n’a pas encore eu lieu… et s’il y arrive, alors, il recevra la page qui manque dans son ouvrage – Château des trente – et qu’il cherche depuis des années… C’est finalement l’aspect bibliophile de Sir Malcolm Ivory qui le pousse dans cette affaire qui finalement est assez sympathique… Enfin, sympathique, c’est beaucoup dire car il s’agit quand même bien d’un meurtre, celui du gendre de sir Peter Greenaway, Jeremy Thompson…

Soyons maintenant assez clairs et précis : Jeremy meurt assassiné empoisonné par un verre de whisky, poignardé une fois décédé et tous les acteurs potentiels de l’histoire ont un alibi béton à commencer par sir Peter Greenaway qui fait une conférence sous les yeux de Sir Ivory Malcolm… D’autres sont chez le psy, en courses, au spectacle, à table et tous avec de nombreux témoins pour attester d’un alibi en béton armé !

Pour démêler les fils de cette intrigue étonnante, sir Malcolm Ivory sera contraint à entrer au plus profond de la psychologie des personnages et cela offre au lecteur un excellent roman de cette série, un des meilleurs peut-être…

Reste à savoir si j’aurais été plus malin que sir Malcolm Ivory ? Le coupable, très rapidement, on sait qui il est. Reste à savoir comment il a œuvré et pourquoi… Là c’est plus complexe et il y a une partie que j’avais bien captée mais pas l’autre… Oui, une fois de plus, Sir Malcolm Ivory a été plus brillant que moi, enfin, surtout Frederik Tristan qui nous manipule bien avec son talent de romancier…

Voilà, l’exploration de cette série va encore continuer au moins pour deux romans mais j’ai du mal à trouver les derniers… D’ici la fin de l’été, ce sera peut-être trouvé… Il faut espérer ! Restera alors à mettre mes notes au propre pour retrouver la trame – ou pas – qui aurait servi à Frederik Tristan pour écrire ses romans de la série…

En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, ne vous privez pas de cette bonne série policière et à très bientôt !

Shelton
avatar 15/08/2017 @ 07:32:05
L’été c’est fait pour lire mais aussi pour regarder les étoiles et rêver à de grands voyages à travers l’espace. C’est d’autant plus facile à faire que les livres sur l’espace sont de plus en plus beaux, que les films sortent comme l’adaptation de Valerian par Luc Besson et que les manifestations autour des étoiles sont de plus en plus nombreuses et bien animées… Enfin, cette année, nous venons d’avoir une éclipse partielle de lune sans oublier, bien sûr, le voyage de Thomas Pesquet dans l’espace…

Donc, pour vous aider à bien prendre la direction de l’espace, je viens de lire une Histoire de la conquête spatiale de Jean-François Clervoy et Frank Lehot aux éditions Deboek qui mérite largement une lecture assidue…

J’y suis entré sur la pointe des pieds en n’attendant rien de particulier. La conquête de l’espace, je l’ai vécu en direct, je connais tout ça et cela n’allait être qu’un rappel avec quelques belles photos… Sauf que…

En fait, dès les premières pages on a le sentiment de décoller et de partir pour un monde inconnu. On vit la conquête de l’espace avec des étapes humaines, techniques et internationales. Chaque chapitre, chaque évènement, chaque territoire conquis, est accompagné de clichés fantastiques, d’explications complètes et très précises, le tout étant mis en situation globale… Du coup le lecteur est mis en mouvement, on ne veut plus refermer l’ouvrage, on voyage, on découvre, on comprend, on se rappelle et on est heureux !

Il est bon de conforter dans un premier temps ses souvenirs ou les éléments que l’on a appris à l’école sur les planètes, les astres, les voyages humains dans l’espace… Même si tout le monde sait que Youri Gagarine fut le premier cosmonaute, on a là quelques précisions sur sa famille d’origine très modeste et la façon dont le pouvoir soviétique va utiliser cette grande première que fut le premier voyage d’un être humain dans le cosmos… Magnifiques photos pour revivre cela et explication sur les choix américains car ne l’oublions jamais c’est là que tout va basculer d’une certaine façon : les Américains sont vexés, ils perdent le premier chapitre de l’histoire de l’espace, il faudra donc qu’ils soient les premiers à aller sur la Lune !

Puis, justement, on va suivre la conquête de la Lune par les Américains et la mise en orbite d’une station spatiale par les Russes… Puis, les choses évolueront et Russes et Américains pourront vivre ensemble quelques étapes de ces recherches et découvertes…

C’est en lisant cet ouvrage que j’ai réalisé que deux navettes américaines avaient connu un drame, à chaque fois lors des opérations de décollage… En fait, j’avais oublié le premier accident… Si je me souvenais bien de la disparition de Columbia avec son équipage, au décollage, le 1er février 2003, j’avais oublié le drame de Challenger en janvier 1986… Mais il y eut aussi de nombreux autres accidents et incidents et cet ouvrage permet de revivre cette conquête de l’espace, voyage par voyage, nation par nation, avec fusée et navette, satellite et station spatiale… Tout y est sans oublier bien sûr des éléments pour nos astronautes français, y compris le petit dernier, Thomas Pesquet…

Un excellent livre au moment où nous pouvons voir tant d’étoiles dans le ciel, alors que l’on parle de plus en plus de voyage vers la planète Mars et que l’on peut visiter une exposition Valerian à Paris… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, vous pouvez prendre votre envol avec cette Histoire de la conquête spatiale, une aventure dont il reste encore de nombreuses belles pages à vivre puis écrire…

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