Shelton
avatar 16/08/2017 @ 06:30:44
L’été c’est fait pour lire et aussi réfléchir à l’art. Je dis cela car bien souvent durant l’été nous visitons des musées, des châteaux, des basiliques et autres amphithéâtres romains, ce qui nous ouvre à l’art sous toutes ses formes et permet de se poser quelques grandes questions comme : qu’est-ce que l’art, à quoi sert un artiste, pourquoi conserver des œuvres de toutes les époques, pourquoi investir de grosses sommes d’argent pour conserver notre patrimoine… ? Je ne vais pas chercher un livre pour répondre à toutes ces questions et à toutes celles que j’ai oubliées, mais j’ai lu ces derniers jours un remarquable ouvrage qui parle de l’art et des artistes, un livre que j’ai eu envie de vous présenter : Le faux dans l’art de Jean-Jacques Breton.

Jean-Jacques Breton est à la fois un spécialiste de la littérature – monsieur en est docteur – et un amateur d’art plus que confirmé – collectionneur et chargé de mission de la Réunion des Musées nationaux. Auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation comme L’Histoire de l’art illustrée pour les nuls, il nous propose là de partir au pays des faussaires, du faux et de l’approximation… Oui, de tout cela car quand on parle de faux, il faut ratisser large et il le fait remarquablement bien !

Il faut dire que certains peintres sont experts en faux. Quand René Magritte peint une pipe en nous disant que ce n’en est pas une, il démontre que tous les peintres sont des faussaires en nous faisant croire que ce qu’ils peignent est la réalité… Non ? Il se trouve qu’en plus René et son frère Paul ont été plus loin dans l’art du faussaire avec une histoire sombre et drôle de faux billets de banque… et quelques années plus tard, la Belgique rendra hommage à René Magritte avec un billet de banque…

Jean-Jacques Breton va nous aider à y voir clair avec les différents types de faux. Cette partie du livre est la plus importante car au-delà des anecdotes toujours passionnantes à lire, il nous instruit totalement… Oui, il y a des faux par approximation car certaines œuvres sont difficiles voire impossibles à attribuer à un artiste. Du coup, elles portent parfois un nom qui n’est pas le bon et il arrive qu’après certaines découvertes on change le nom de l’artiste.

Mais il arrive que certains œuvres soient des copies comme par exemple une grande partie des statues de l’antiquité grecque qui ont été copiées par les Romains et dont les originaux n’existent plus depuis des lustres… Dans le même domaine, il y a des œuvres antiques ou plus récentes qui ont été restaurées par des artistes qui ont dénaturé les originaux comme un certain Viollet-Le-Duc… Cet homme a souvent cru bien faire mais il a beaucoup fait de faux… à commencer par la cathédrale de Paris… Jean-Jacques Breton nous raconte que dans certaines situations on est obligé de dé-restaurer pour se rapprocher du vrai…

Enfin, il y a des faussaires qui ont copié des chefs-d’œuvre. Parfois c’était pour se faire la main, ce pouvait être aussi pour garder sous les yeux certaines œuvres, et dans certains cas c’était pour de l’argent, pour répondre à une commande… La motivation du faussaire reste bien l’argent en tout premier lieu et il y a une multitude de marchands d’art et de collectionneurs pour participer directement ou non à ce qui est une forme de business !

De la simple étude d’un étudiant aux beaux-arts à la mystification la plus totale, Jean-Jacques Breton nous propose un ouvrage richement illustré, très documenté, à la fois artistique, historique et policier. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir et il permet de revoir aussi au passage son histoire de l’art… Que du bonheur !

Alors puisque l’été c’est fait pour lire et visiter des musées et expositions, c’est bien l’occasion de découvrir cet auteur, grand vulgarisateur de l’art… Belles découvertes et bonne lecture avec Le faux dans l’art !

Shelton
avatar 17/08/2017 @ 05:19:07
L’été c’est fait pour lire et pas toujours pour parler de la mort qui ne semble jamais un bon sujet pour mes périodes estivales… Trop lourd ! Trop grave ! Trop prise de tête ! Ok, j’ai bien compris, mais si je fais l’effort de vous proposer un petit livre léger et historique, drôle et absolument pas mortifère, feriez-vous un petit effort, au moins celui de m’écouter jusqu’au bout de cette chronique ?

Allez, je tente ma chance et tant pis si je vous perds avant d’avoir terminé de vous présenter 40 morts à la con de l’histoire de Dimitri Casali et Céline Bathias. Ah, le titre vous fait déjà réagir… Oui, c’est vrai qu’une mort à la con, cela réveille nos neurones… Une mort c’est toujours con, non… Oui, mais là, quand même…

Les auteurs sont deux passionnés d’histoire et ils nous proposent de rencontrer 40 personnages à la veille de leur mort ou presque et ces morts sont complètement loufoques, imprévisibles, étonnantes et bêtes pour ne pas dire con… Certaines sont plus connues que d’autres, d’autres sont partiellement dans nos mémoires mais il manque un petit quelque chose pour rendre les faits encore plus bêtes ou drôles…

Par exemple, prenons le fameux Henri III. C’est un fils de Catherine de Médicis, une famille que l’on fréquente beaucoup ensemble cet été à cause des guerres de religions. Ces guerres de religions sont en quelque sorte à l’origine de sa mort car il est assassiné par le moine Jacques Clément, fanatique catholique membre de la Ligue… Ceci, c’est l’histoire connue, celle des livres et manuels d’histoire… On était le 1er août 1589 et le roi décèdera le 2 août…

En fait, il semblerait que le roi Henri III ait reçu une délégation de deux ou trois personnes dont le fameux moine Clément dans sa chambre, juste en robe de chambre et assis sur sa chaise percée. Il prend le courrier qu’on lui tend et commence à le lire quand le moine le poignarde à peu près au niveau du nombril… Oui, assassiné sur son pot, tel est le destin d’Henri III !

Alors, il y aura bien d’autres morts évoquées de Félix Faure mort dans les bras de sa maitresse à l’Elysée – celle que l’on appellera la « pompe funèbre » – à Henri II blessé mortellement dans un tournoi qu’il n’aurait pas dû faire, de Charles le Téméraire dévoré par les loups devant Nancy à Louis X, dit le Hutin, mort de soif… Enfin, mort de soif… Pas tout à fait exact car le roi après avoir fait du sport est si assoiffé qu’il boit une bonne quantité de vin frais. Comme il est immédiatement pris de malaise, on s’orienterait aujourd’hui plutôt vers la mort du roi par empoisonnement… Mais, on ne saura jamais la vérité !

Bien, vous l’aurez compris, un petit livre sympathique, plein d’anecdotes historiques peut être lu de façon séquencée, pour soi ou à voix haute pour les curieux qui nous entourent – j’ai testé une des morts lors d’un petit déjeuner et ce fut très réussi – et reconnaissons que l’on apprend beaucoup sur ces différents personnages plus ou moins connus. Enfin, c’est plutôt bien écrit ce qui ne gâche rien !

Shelton
avatar 18/08/2017 @ 07:56:41
L’été c’est fait pour lire, la bande dessinée fait bien partie des lectures à notre disposition et je ne vais pas m’en priver. En plus, je dois vous avouer que cette bande dessinée que je vous propose aujourd’hui est tout simplement un énorme coup de cœur de cet été. Elle est sortie en mars 2017 mais je dois avouer à mon corps défendant avoir attendu juillet pour me régaler… Remarquez, régal de l’été est comme un cadeau que l’on nous fait… Donc merci à l’autrice Chadia Chaibi Loueslati !

Je commencerai par préciser que dans ce récit en bande dessinée, fortement autobiographique, l’héroïne n’est pas Chadia mais la famille ! Oui, à une période où la famille semble trop souvent oubliée, ici elle est reine. Certes, elle est de taille. Effectivement, il y a les parents, le Daron et Omi, et pas moins de … En fait ça dépend du moment où vous comptez. Par exemple, en 1983, il y avait 9 enfants… et ce n’était pas terminé puisque la famille ira jusqu’à 11 enfants !

Deuxième élément très important, si la famille est d’origine tunisienne, il ne s’agit pas du tout de faire pleurer dans les chaumières ou les HLM et l’autrice se garde bien de faire du misérabilisme. Elle ne tombe pas non plus dans la valorisation excessive de ses origines ou du fonctionnement familial. Elle est équilibrée, drôle, pertinente et pointe avec bonheur certaines petites choses avec une autodérision admirable. J’adore le jour où sa meilleure amie du CE1, Emilie, est venue chez elle et que sa mère a cuisiné un plat traditionnel, la mloukhia… mais je ne vous en dis pas plus !

On suit cette famille, ce couple qui décide de venir s’installer en France dans les années soixante pour se construire une vie meilleure et qui n’hésite pas à travailler, à transmettre à ses enfants et à avoir toujours du sens dans ses actions. Parfois, on peut trouver certains membres de la famille agaçants… Je pense en particulier à un certain Badad dit le matheux. Ce garçon est toujours en train de calculer additionner ou multiplier et pour ceux qui n’aiment que moyennement les chiffres… comme l’autrice, Chadia, cela peut être difficile et lourd à vivre ! Par exemple, le voilà qui étudie la vie de sa mère : Selon mes calculs, notre mère a été enceinte 99 mois, soient 3013 jours de grossesse et 99 mois c’est l’espérance de vie d’un fennec… Et la pauvre Chadia a dû vivre avec un tel frère, plus grand qu’elle en plus… Attention, ne noircissons pas la scène !

Famille nombreuse est un excellent roman graphique, autobiographique et plein d’humour, et on lit cet ouvrage avec une certaine jubilation… Je dois avouer que même si mes origines ne sont pas tunisiennes, le fait d’être moi-même l’ainé d’une famille de sept enfants a certainement participé au fait de me plonger dans une certaine joie de vivre partagée… Oui, les familles nombreuses ont certainement des points communs…

Le graphisme de Chadia est simple, très narratif et même efficace et percutant, le découpage est sympathique et la division en chapitres rend la lecture beaucoup plus agréable… Vraiment, sans aucun doute, un très bon livre même s’il ne répondra pas pour certains à la vision classique de la bande dessinée…

Franchement, c’est aussi l’occasion de saluer l’éditrice Sophie Chédru qui fait un travail fantastique pour la bande dessinée et, en particulier, dans l’accompagnement de ses autrices ! Bravo, les éditions Marabulles finissent par avoir de très beaux titres au catalogue et n’ont rien à envier aux autres éditeurs. Voilà, il fallait le dire !

Donc, si vous avez envie de plonger dans le bonheur de la famille nombreuse, si vous souhaitez regarder les familles d’origine étrangère d’une autre façon, si vous voulez rire en lisant, voir une microsociété trouver son équilibre – ou pas – alors, aucune hésitation il faut lire Famille nombreuse… et comme l’été c’est fait pour lire… Bonne lecture !

Shelton
avatar 19/08/2017 @ 07:14:41
L’été c’est fait pour lire et découvrir aussi de nombreuses régions, à commencer par la sienne. Je suis toujours surpris que les belles choses à deux pas de chez nous ne soient pas toujours celles que l’on connaisse le mieux. Par exemple, nombre de Chalonnais ignorent la richesse du château de Germolles – pourtant à 12 kilomètres seulement – et n’ont jamais mis les pieds à l’Ecomusée de la Bresse bourguignonne de Pierre-en-Bresse pourtant situé à la même distance ou presque… Oui, mais les monuments n’intéressent plus autant qu’avant ! Oui, mais on pourrait continuer en évoquant ceux qui n’ont jamais bu de Bourgogne, jamais mangé de pochouse, ne savent pas que nous avons des brasseurs locaux de bière et des agriculteurs de qualité ! Oui, le patrimoine de chez nous n’est pas seulement architectural, il peut prendre toutes les formes et toucher tout le monde. Il faut juste prendre le temps de le découvrir et transmettre aux plus jeunes tout cela pour qu’il survive !

Dans notre patrimoine régional, nous avons la moutarde de Dijon et plusieurs marques emblématiques. Aujourd’hui, je ne parlerai que de Maille car elle reste une très grande marque même si son côté artisanal a entièrement disparu… En plus, j’ai trouvé un très bel ouvrage sur Maille avec des recettes délicieuses…

La première question qui se pose à tout un chacun c’est de savoir pourquoi on faisait de la moutarde à Dijon ? Finalement, la raison est assez simple. Pour faire de la moutarde, il faut deux choses : du verjus et des graines de moutarde. Le verjus est un acide extrait des raisins n’ayant pas mûri et donc une région viticole est particulièrement bien placée pour cela. De plus, le sol calcaire de Bourgogne était très propice à la culture des plants de moutarde…

Alors, d’où vient la réputation de cette moutarde de Dijon ? Là, disons qu’il y a un peu de légende car tout n’est pas parfaitement exact ou démontrable, mais il semblerait qu’en 1336, le duc de Bourgogne donne de grandes fêtes en l’honneur du roi Philippe VI de Valois et que l’un des produits qui surprend le plus les invités est cette fameuse moutarde de Dijon, capitale de la Bourgogne…

Quelques années plus tard, la Bourgogne envoie deux futs de moutarde au roi Jean et la réputation de notre produit régional semble être construite à tout jamais… Cela fait une légende dorée mais j’aime bien…

C’est en 1747 que la première boutique Maille est installée à Paris mais la plus ancienne actuellement encore ouverte est celle de Dijon qui a été inaugurée en 1845… Aujourd’hui, il n’y a plus d’usine de moutarde Maille à Dijon et toute la production Maille provient de l’usine de Chevigny-Saint-Sauveur. Pour être précis, tous les produits des marques Maille et Amora viennent de cette usine et les cornichons mis dans le vinaigre sur place proviennent d’Indes et de Chine, les graines de moutarde essentiellement du Canada…

Pour autant, Maille est encore là sur nos tables, et cet ouvrage de très belle faction propose de nombreuses explications, des recettes sympathiques à la moutarde ou au vinaigre et tout cela donne très envie de goûter encore et toujours ces bonnes moutardes… Quand je dis cela je pense tout particulièrement à une de mes préférées, celle au safran et à la crème… mais, là, chacun ses goûts !

Un très bel ouvrage que vous devriez avoir chez vous quand vous recevez de la famille ou des amis qui viennent découvrir la Bourgogne ! Et par ailleurs, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et excellente dégustation !

Shelton
avatar 22/08/2017 @ 21:30:02
L’été c’est fait pour lire et aussi pour fréquenter les festivals de toutes natures, en particuliers ceux qui font découvrir de magnifiques musiques… magnifiques ne signifie pas nouvelles et ce peut être de très vieilles musiques magnifiquement interprétées, bien sûr ! Parfois, et c’est là le grand plaisir du mélomane et du lecteur averti, il peut y avoir croisement des genres et on peut lire en écoutant de la musique, voire lire des romans qui traitent de la musique…

C’est ainsi que cet été je me suis installé confortablement avec en main le dernier roman de Daniel Michel, Fausse note à la Roque. Pour apprécier au maximum cet ouvrage très bien écrit, il faut que vous ayez, c’est du moins mon avis, un fond musical, du piano par exemple… Pour ce qui est du compositeur, vous pouvez choisir librement et peut-être même qu’en cours de lecture vous aurez envie de changer… et, alors, ne vous privez pas !

Pour ce qui est du roman, ne partez avec aucune idée reçue et surtout ne croyez pas tout ce que vous allez lire ou entendre, y compris maintenant. En effet, il se pourrait bien que chacun trouve là le roman qu’il a bien envie de trouver et lire…

Certains pourraient très rapidement trouver là un roman psychologique pour faire le point sur sa propre vie. En effet, le groupe de mélomanes que l’on va suivre et qui s’est réuni là pour le festival musical de la Roque – festival international de piano de la Roque d’Anthéron – va vivre sous nos yeux avec de nombreux temps de discussion où chacun fait la connaissance des uns et des autres… A chaque présentation, on voit un personnage parler de sa vie, de ses réussites, de ses échecs, de ses doutes, de ses drames et, obligatoirement, d’une façon ou d’une autre, cela renvoie à la vie de chaque lecteur… C’est en fait très léger, très profond et ces passages forts se lisent avec beaucoup de bonheur même si on peut régulièrement refermer le livre pour prolonger la réflexion…

Certains ne verront que la musique et elle est bien présente, je vous l’assure. A travers les différents personnages, en particulier le néophyte Bruno, on va écouter les différentes conceptions de la musique, de la création, de l’exécution, du concert, des différents genres de musique… C’est passionnant et chacun s’y retrouve tant la diversité des points de vue exprimés est grande. On se demande même si l’auteur n’a pas lui-même été dans un groupe de festivaliers et s’il n’a pas enregistré discrètement toutes ces discussions…

Certains trouveront là le roman d’un passionné de cette région. La Roque-d’Anthéron est un village aux limites sud du parc naturel régional du Lubéron. On est donc en Provence, au nord de d’Aix en Provence et la région est magnifique. Daniel Michel l’aime visiblement et il nous le prouve durant quelques pages, chaque fois qu’il met en valeur un village, un lieu naturel, une petite montagne, une falaise d’escalade…

Oui ce roman est tout cela à la fois et chacun y trouvera ce qu’il veut bien y trouver mais ce n’est pas, soyons précis, ni un polar, ni un roman d’aventures, ni un roman régional… Certains pourront même être déçus d’une fin très ouverte qui laisse la possibilité à tout ou presque, y compris un autre roman qui reviendrait sur le passé mystérieux de Bruno ou Ivan…

Comme c’est très bien écrit et passionnant, comme l’été c’est fait pour lire, voilà donc un roman musical qui pourra vous accompagner. Petite information en passant, le festival en question était cette année du 21 juillet au 19 août, donc c’est maintenant terminé, mais pour l’année prochaine, c’est peut-être à intégrer dans votre programme…

Shelton
avatar 22/08/2017 @ 21:33:24
L’été c’est fait pour lire, certes, mais qui parle d’été, parle aussi de chaleur et de climat. Il n’est plus temps de savoir si la planète se réchauffe car de ce côté-là, c’est une certitude, il y a bien un réchauffement climatique et même un phénomène sans précédent par son ampleur et sa rapidité. Donc, passons aux autres questions : quel est le responsable de changement, que peut-on faire, que va-t-il se passer… ? Ce sont bien là les questions qui se posent au moment où les chiffres de 2016 sont connus : températures, montée des océans, émissions de gaz à effets de serre. Tous les indicateurs de 2016 sont au rouge – voire au noir – et les six premiers mois de 2017 vont encore dans le même sens…

Alors comme je ne suis pas un scientifique de haute volée, comme je ne suis pas capable de tirer tous les enseignements des chiffres de cette année, comme je suis lecteur et que l’été c’est fait pour lire, je préfère vous donner quelques références livresques qui pourraient vous éclairer…

Alors, comme je suis un passionné de bande dessinée, c’est par cet art que je vais commencer. Quoi ! Tout ça pour nous parler de bédé ? La bande dessinée peut-elle avoir à faire avec la science et l’avenir de l’humanité ? Qu’elle nous fasse rire, passe, mais quand elle veut nous donner des leçons, elle n’est pas crédible !

J’entends bien vos remarques mais elles font abstraction de plusieurs éléments qu’il ne faudrait pas oublier. Un, la bande dessinée est art narratif et elle a prouvé depuis quelques années qu’elle peut s’attaquer à tous les sujets, toutes les formes de récits, tous les genres de reportages… Deux, les auteurs ne sont pas tous des rigolos qui veulent faire rire et un auteur bédé peut faire une solide enquête avant de se lancer dans un récit profond, scientifique, étayé, documenté… Trois, les lecteurs de bandes dessinées ne sont pas des demeurés et ils attendent justement des auteurs des démarches citoyennes solides, ce que fait justement Philippe Squarzoni !

Philippe Squarzoni est un auteur de bandes dessinées engagé, citoyen, démocrate. Il estime que rien ne doit être traité à la légère et que devant chaque problème de société, il faut se documenter, réfléchir, échanger, décider ensemble, tous ensemble… On parle planète et avenir de l’humanité alors c’est l’humanité qui doit décider, pas seulement quelques dirigeants ou grands financiers… La question climatique est complexe, alors à fortiori, plongeons dans le sujet !

Son énorme ouvrage en bédé, Saison brune, est le fruit de près de 6 ans de recherches, d’investigations, de rencontres, d’interviews… Oui, il a osé se lancer dans un travail journalistique que d’autres n’ont pas osé entreprendre. Il a ensuite digéré tout cela et il le restitue en bédé. Attention, il n’a pas tout simplifié pour autant, il a fait de la bonne vulgarisation et du coup certains verront qu’une bande dessinée peut être textuelle, dense, scientifique et complexe. Ici on ne simplifie pas, on va dans le sujet et s’il faut des explications complémentaires, on le fournit !

C’est passionnant, long à lire, peut entrainer d’autres lectures en parallèle, dépaysant car vous n’allez pas rester en France bien au clame et, peut-être, pas très rassurant et optimiste pour l’avenir… Enfin, si, quand même, car si ce type d’ouvrage porte ses fruits, alors l’humanité comprendra enfin que pour survivre, pour transmettre un monde viable à nos enfants, aux enfants de nos enfants… il faudra savoir s’autolimiter et partager ! Tout un programme… Une affaire à suivre !

Comme l’été c’est fait pour lire, je vous conseille de plonger rapidement dans cette Saison brune avant que toutes nos saisons ne deviennent noires, rouges et dramatiques… Bonne lecture !


Shelton
avatar 23/08/2017 @ 10:40:23
L’été c’est fait pour lire et l’objectif principal et avoué de cette chronique estivale est de créer chez vous une envie irrésistible de lire. Je suis bien conscient que par goût tous les livres présentés ici ne pourront pas tous vous plaire et vous faire envie… car cela signifierait que vous ayez strictement les mêmes goûts que moi et un monde où nous serions tous identiques serait d’une tristesse absolue ! Mais, si chaque semaine de l’été, votre attention était retenue par un ouvrage, un auteur ou un thème, ce serait déjà magnifique et l’objectif annoncé serait en voie d’être tenu ! C’est pour vous aider que je tente de donner quelques précisions sur la collection, le thème, l’auteur, la tranche d’âge… Mais tout n’est pas si simple !

Le roman Meurtre à l’école buissonnière fait partie de ces casse-tête du chroniqueur. En effet, le premier réflexe serait de le classer en polar pour adolescent… Point barre ! Seulement, il y a un petit hic…

Ben, oui, quand j’étais adolescent – oui, même si cet âge est impossible à cerner avec précision, on l’a tous été à un moment, parfois même pour certains on a eu du mal à le quitter, certains y sont même restés – je ne lisais donc à cette époque que des polars dits pour adultes… Comme je l’ai souvent raconté, alors que j’étais plâtré de façon assez conséquente après une chute dans le jardin – mais c’est une autre histoire – j’ai découvert le bonheur et le plaisir de la lecture avec des auteurs de romans policiers pour adultes, en particulier Agatha Christie et Charles Exbrayat. Ces deux auteurs m’ont temporairement complètement éloigné de la lecture ado et m’ont permis de découvrir que lire était une des plus belles activités humaines… Certains romans restent depuis cette époque lointaine inscrit en lettres d’or dans ma mémoire comme Un meurtre sera commis le… d’Agatha Christie ou Et qu’ça saute de Charles Exbrayat…

Mon hésitation est d’autant plus forte que ce roman peut être lu par un très large public. En fait, c’est le roman policier qui n’a que des avantages pour la période estivale. C’est un roman court que l’on peut lire dans le train pour un voyage qui nous rapproche du lieu de villégiature… C’est un roman qui parle de l’école mais de façon très légère en évoquant l’école buissonnière. Or comme les jeunes n’utilisent plus cette expression, seuls les parents et grands-parents vont s’y retrouver. Le héros principal est un jeune garçon, un peu turbulent, aux prises avec une maman qu’il ne comprend pas et donc les jeunes s’identifieront plus facilement à lui… Enfin, tout cela se déroule sur fond d’artiste qui se cherche, de professeur qui veut transmettre son art, d’amitié… ce qui rend le tout très sympathique !

Il s’agit bien d’un roman policier et il y aura un meurtre même deux pour être précis. Il y aura bien un coupable, une motivation, des explications… On peut même y mettre un petit peu de racisme, une pincée de bêtise, un chouia de mythomanie, une cuillérée d’amours illégitimes, un soupçon de malchance… Oui, pour que l’on en arrive au crime il faut de tout cela…

J’avoue que j’ai beaucoup aimé ce roman de Gérard Morel, un romancier populaire généralement plutôt classé en adulte et après cette lecture j’ai envie de lire au moins son autre roman dans cette collection, Le fils du cascadeur. L’idée d’un bon polar que toute la famille peut lire c’est aussi une façon de relancer les discussions autour de la table, le soir, en fin de repas… et, pourquoi pas, l’occasion de transmettre le goût de la lecture ! Et comme l’été c’est fait pour lire, c’est le moment !!!

Shelton
avatar 23/08/2017 @ 14:42:57
L’été c’est fait pour lire et je vous ai prévenu, très honnêtement, que j’allais régulièrement tenter de vous donner envie de lire ou relire les grands classiques, mes grands classiques. Or, ce sera le cas aujourd’hui avec probablement le classique qui est entré le premier dans ma vie, avant Balzac, avant Agatha Christie, Italo Calvino ou Annie Ernaux ! Oui, le premier à s’insérer chez moi fut un certain René Goscinny…

C’était au tout début des années soixante, je m’en souviens presque comme si c’était hier, mon père lisait dans le salon et je l’entendais rire, voire même éclater de rire… Le livre était une bande dessinée, c’était un Astérix et le scénariste Goscinny entrait à la maison par la grande porte… En fait cet auteur que je respecte beaucoup est décédé en 1977, il va donc y avoir quarante ans le 5 novembre prochain… Belle occasion pour lui rendre hommage !

René Goscinny est d’origine juive d’Europe centrale et il échappe à la Shoah car sa famille a choisi d’aller en Argentine à partir de 1928 car son père, chimiste, y a trouvé du travail. Malheureusement, le décès de son père, suite à un accident vasculaire cérébral, va l’empêcher de faire ce qu’il avait prévu, à savoir les Beaux-Arts. Il va être obligé de travailler et celui qui allait devenir un des plus grands raconteurs d’histoire a commencé par être simple comptable dans une entreprise !

Je ne vais pas vous raconter toute son histoire, les débuts difficiles puis les années de rêve avec le journal Pilote puis sa fin tragique alors qu’il n’avait que 51 ans. Tout cela est connu, il l’a raconté plus d’une fois, sa fille Anne aussi… Non, comme je l’annonce comme un classique, intéressons-nous à son œuvre !

Volontairement je ne vais travailler aujourd’hui qu’avec ma mémoire pour éviter de dire la même chose que tout le monde. Je disais que Goscinny était entré à la maison par Astérix, c’est donc bien par ce héros que je vais commencer. Mon premier souvenir d’Astérix, c’est Astérix et les Goths. Avant, je devais être trop jeune et je n’avais pas accroché. Avec cet album par contre j’ai découvert l’univers magique d’Astérix. Pour moi, les points forts à l’époque résidaient essentiellement dans l’aventure… Je n’ai que sept ans mais de voir ces Gaulois passer la frontière, être confrontés à des méchants autres que Romains, ne pas comprendre le langage des autres et le tout avec bagarres en très grand nombre… tout cela me fait beaucoup rire. Aujourd’hui, j’aime toujours cet album mais je n’y vois pas les mêmes choses et l’humour prend largement le dessus… La théorie de la guerre psychologique… Un morceau d’anthologie !

Puis, je vais découvrir le personnage de Lucky Luke, scénarisé par Goscinny, avec un chef d’œuvre qui restera toujours pour moi le meilleur, Le Pied-Tendre ! Le personnage de Waldo Badmington est extraordinaire et son serviteur fidèle, Jasper est tout simplement génial ! Un humour fou ! Pour moi un des meilleurs albums de la série Lucky Luke !

Mais René Goscinny ce sont aussi les séries Oumpah-Pah que j’ai découverte beaucoup plus tard, Le petit Nicolas que j’adorais lire dans Pilote, semaine après semaine, et, enfin, Iznogoud que je n’ai appréciée que beaucoup plus tard… Durant des années, j’ai réellement pensé que René Goscinny était le plus grand scénariste de bandes dessinées et, encore aujourd’hui, malgré Giroud, Van Hamme et Corbeyran – pour ne citer que quelques-uns des scénaristes contemporains que j’adore – je continue de penser qu’il était bien un génie du scénario !

Voilà, il faut lire et relire Goscinny et si vous souhaitez le découvrir vous pouvez le faire avec le petit ouvrage René Goscinny de Claude-Jean Philippe, un ouvrage que l’on trouve assez facilement d’occasion… et comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous souhaiter une bonne et agréable lecture de toute l’œuvre de René Goscinny !

Vince92

avatar 23/08/2017 @ 14:56:51
La définition de "classique" étant à géométrie variable et si on peut conférer le titre à Goscinny pour la BD, en revanche Annie Ernaux, je trouve ça "pousser le bouchon un peu loin", non?

Shelton
avatar 24/08/2017 @ 09:10:27
Je peux entendre ta remarque Vince mais j'avais donné dans une chronique ma définition de "classiques" : les auteurs qui avaient compté pour moi ! C'est ainsi, on peut ne pas être d'accord mais j'assume ;)

Shelton
avatar 24/08/2017 @ 09:19:59
L’été c’est fait pour lire et dans cet esprit livresque et estival j’ai décidé cette année de lire les dix-neuf enquêtes de sir Malcolm Ivory, une série policière signée Mary London. Cette dernière n’est qu’un leurre, évidement avec un nom pareil, car c’est le pseudonyme de Frederik Tristan, un grand romancier français que j’apprécie beaucoup et que j’ai eu le plaisir d’interviewer plusieurs fois… mais jamais pour cette série que je ne connaissais pas encore ! Il s’agit en fait, disons-le clairement, d’un hommage à toutes ces romancières britanniques qui nous ont bercés, occupés, intrigués, fait réfléchir et rêver, durant des années de tête à tête, de lectures solitaires ou même dans les adaptations en bandes dessinées, à la télévision ou au cinéma… La liste de ces femmes de lettres empoisonnées est longue mais il y a certainement en tête de liste, Agatha Christie, Patricia Wentworth ou PD James…

Les deux premières romancières ont créé chacune une enquêtrice privée, indépendante et désintéressée tandis que Frederik Tristan a mis en place un homme, sir Malcolm Ivory, un personnage riche qui n’a besoin de rien et collabore avec Scotland Yard uniquement :

- par amitié pour le superintendant Douglas Forbes, un homme qu’il a connu à la guerre dans le sud de l’Afrique, un homme qu’il a accompagné durant toute sa carrière au Yard (les mauvaises langues disent même qu’il doit sa carrière à sir Malcolm Ivory, que seul il n’aurait rien pu faire… En même temps, si un faire-valoir était brillantissime, ça n’en serait pas un !) ;
- pour oublier, un instant, ses orchidées, ses parties d’échecs, sa collection de whiskies et ses livres ;
- pour sortir de sa demeure, Falcon Manor, où il finirait par s’ennuyer un peu… Il faut dire qu’il n’aime pas trop la chasse à la grouse !

Pour ce roman, La 7e victime, tout commence à Falcon Manor, quand sir Malcolm Ivory reçoit l’attaché culturel de l’ambassade de Belgique à Londres, Paul Gautin, par ailleurs véritable champion d’échecs. Et après un bon repas et une partie d’échecs ou de dupes, Paul commence à raconter une histoire criminelle à Malcolm qui, pourtant, lui annonce clairement, dès les premiers mots, que le crime n’est plus son affaire, que tout cela le lasse, qu’il souhaite refermer cette page importante de collaboration avec Scotland Yard… Pour autant, quand la dose de mystère est importante, sir Malcolm Ivory a bien du mal à rester indifférent…

Stéphanie Evergem, une jeune femme belge qui vivait à Londres a été étranglée, sans autre forme de violence, en particulier sans avoir été violée. L’affaire est délicate, les parents de la victime viennent d’arriver à Londres, le père étant un grand chef d’entreprise belge. L’ambassade suit l’enquête de très près car Stéphanie était bien connue des personnels y travaillant. Il serait donc bien que l’enquête aille vite… D’autant plus que le modus operandi semble être le même qu’un crime plus ancien donc le criminel est bien mort depuis longtemps…

Mais Stéphanie ne semble pas être la seule victime… Plus l’enquête avance et plus la liste s’allonge… Une… Deux… Trois… Un criminel terrible serait-il encore en liberté ? Une belle enquête mais qui surprend le lecteur habitué de la série au premier abord. En effet, avec ces romans nous étions plutôt confrontés à des huis-clos, des meurtres ou tous les personnages étaient suspects, pas un crime avec scène ouverte à tout Londres… Mais, il ne faut jamais se fier aux apparences, isn’t it ?

Je ne souhaite pas vous en dire plus car dans un roman policier de cette nature le suspense est capital ! Un livre à l’écriture enlevée et tonique, des personnages attachants que l’on connait bien mais avec aussi des acteurs secondaires de qualité et une lecture très agréable, surtout dans ces périodes chaudes et estivales…

Voici donc une série qui se prolonge fort bien et j’ai bien regardé, il me reste trois ou quatre romans à trouver pour faire carton plein mais comme l’été c’est fait pour lire, pas de souci !

Shelton
avatar 25/08/2017 @ 11:42:24
L’été c’est fait pour lire et aussi visiter le Château de Versailles. En tous cas, quand on passe devant le château, force est de constater que les visiteurs sont très nombreux, dont beaucoup de Français… Or, pour bien connaitre ce château qui fut ma cour de récréation durant mes années lycée, je dois avouer que bien souvent on fait passer louis XVI et Marie-Antoinette pour les pires roi et reine de toute l’histoire européenne… Mais est-ce bien le cas ? J’avoue avoir des doutes, surtout en fréquentant beaucoup d’autres têtes couronnées de l’Histoire !

Il y a quelques années, c’était en 1991 pour être précis, je rencontrais pour la première fois Evelyne Lever au Livre sur la place de Nancy. Après avoir interviewé son époux sur le marquis de Sade – objet principal de cette rencontre – je prenais le temps de parler avec elle de cette reine Marie-Antoinette. Je découvrais alors une reine avec ses grandeurs, ses absurdités et sa frivolité… mais aussi une femme avec sa vie, sa jeunesse, ses souffrances, son mariage organisé et sa vie qui finissait si tragiquement… On peut dire qu’avant je ne connaissais pas du tout cette Marie-Antoinette et que c’était le début d’une longue amitié avec Evelyne Lever en premier mais aussi avec cette reine qui n’avait pas que des défauts…

Il faut toujours commencer par le début… Une femme comme Marie-Antoinette ne s’appartient pas. On l’élève pour mettre en valeur ses qualités, pour donner envie à une cour royale européenne de la choisir comme future reine et elle est donc destinée à partir, à quitter sa famille et à devenir un ventre à reproduire là où elle arrivera !

Seulement voilà, Marie-Antoinette va quitter les siens très jeune. Elle est la fille de Marie-Thérèse d’Autriche et elle va se marier à 14 ans. Elle perd son père – et ce fut pour elle un véritable chagrin – à l’âge de 10 ans et doit très vite quitter chez elle. Elle n’en a pas réellement envie et elle est à l’âge où tout ce qui est politique lui échappe complètement. Elle voudrait jouer, danser, prendre du bon temps…

Quand elle arrive à la cour de France, elle épouse le dauphin, Louis, qui n’a aucune envie de se marier et qui est pris par ses occupations… la chasse, le bricolage… Marie-Antoinette sera d’abord l’Autrichienne avant d’être la reine qui n’arrive pas à donner d’enfant héritier…

En fait, on lui a prêté beaucoup plus qu’elle n’a fait. D’une part, son influence politique fut extrêmement faible pour ne pas dire insignifiante. D’autre part, elle a fini par donner à la France l’héritier qu’il lui fallait pour asseoir son rôle de reine. Enfin, les nobles qui l’ont beaucoup critiquée n’étaient finalement que de bien piètres personnages à commencer par le roi Louis XV et sa maitresse comtesse du Barry… ceci étant, oui, elle fut bien futile, jeune, légère, insouciante… Rappelons qu’elle n’avait que 34 ans au début de la Révolution Française !

Enfin, on peut dire aussi qu’elle a su mourir dignement en octobre 1793 quand elle fut guillotinée. Une fin tragique qui marquera beaucoup la France car chacun sait bien qu’elle ne méritait absolument pas un tel châtiment…

Pour aller plus loin dans la connaissance de cette reine et comme l’été c’est fait pour lire, je vous propose la biographie d’Evelyne Lever, Marie-Antoinette, qui reste un des meilleurs ouvrages sur la question. On peut aussi citer Marie-Antoinette dans l’intimité d’une reine de Raphaël Masson, une plaquette très accessible et, enfin, pour les plus passionnés, sa Correspondance (1770-1793) présentée et annotée par Evelyne Lever. Enfin, si vous passez par Versailles, oubliez le château et consacrez-vous au Trianon et à la Ferme, les lieux qu’aimait Marie-Antoinette…

Shelton
avatar 27/08/2017 @ 08:36:08
L’été c’est fait pour lire et aussi regarder le sport à la télévision – certains diraient même avec raison qu’il faut faire du sport avant de le regarder – et c’est la période habituelle pour les Jeux Olympiques, les Championnats du Monde ou d’Europe. Aussi, je vous avais gardé bien au chaud cette bande dessinée, Sept athlètes, de Kris, Galic et Morancho.

Tout commence avec ces Olympiades populaires de Barcelone dont je n’avais jamais entendu parler. Je savais bien qu’en 1936 les Jeux de Berlin posaient de nombreuses questions : les athlètes des pays libres et démocratiques devaient-ils aller à Berlin aux jeux d’Hitler ? La question est si forte qu’elle est encore au cœur de nombreux débats et que chaque fois que les jeux vont faire escale dans des pays douteux sous l’angle de la démocratie, la question revient sur le devant de la scène… Les jeux de Poutine ? La coupe du monde de l’Emir du Qatar ? Oui, comment mettre en valeur le sport et non le dictateur qui reçoit et instrumentalise le sport ?

En 1936, le Front populaire espagnol qui vient de remporter les élections décide d’inviter tous les sportifs démocrates à des Olympiades populaires à Barcelone. Elles sont prévues à partir du 19 juillet 1936…

La bande dessinée nous raconte comment de jeunes sportifs Français se sont réunis sous le nom de « L’étoile rouge de Montreuil » et ont décidé d’aller à Barcelone rejoindre les 6000 athlètes inscrits. Nos personnages sont des pratiquants d’athlétisme. La préparation est sportive mais bon enfant et on est un peu entre vacances organisées, compétition sportive et engagement politique…

Tout va rapidement basculer dans le drame et les athlètes sont confrontés à la révolution, à la guerre civile, à la révolte populaire. En effet, dans la nuit du 18 au 19 juillet, les premiers coups de feu se font entendre… et ce ne seront pas les derniers !

Le général Franco déclare que l’armée ne soutiendra pas le Front Populaire et qu’elle va s’opposer à lui. Sa déclaration ne sera pas soutenue majoritairement par les militaires – et même loin de là – mais les anarchistes profitent de cette déclaration pour se lancer dans un combat qui va devenir en quelques heures une véritable guerre civile. Franco va s’illustrer en dirigeant les forces réactionnaires et cela mènera en quelques durs mois à l’avènement du franquisme…

Dès le 19 juillet au matin, les sportifs venus à Barcelone sont confrontés à un choix crucial : partir le plus vite possible ou se retrouver pris au piège de l’émeute populaire (personne n’imagine encore la réalité de la guerre civile qui arrive).

Les auteurs de la bande dessinée nous proposent alors une aventure militaro-politique qui permet aux sportifs de faire « quelque chose » pour les insurgés, au nom des valeurs qui les ont poussés en Espagne, et qui mettent en valeur leurs qualités physiques… C’est un peu limite parfois mais très bien construit. Le dessin de David Morancho est réaliste, précis et cela donne une narration graphique efficace et agréable à suivre.

Le tout nous donne un album de qualité qui met en lumière un évènement peu connu de l’histoire de l’Espagne, de la Guerre civile espagnole et du sport… Oui, le sport ne fut pas qu’une grosse affaire d’argent ! Comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de revenir à certaines valeurs sportives… Non ?

Shelton
avatar 28/08/2017 @ 10:00:48
L’été c’est fait pour lire, prendre du repos, rêver un peu, marcher au plein air ou sur le bord de mer et, bien sûr, lire des albums enfants ! Et voilà, je vous entends dire que tout cela n’a rien à voir ! Oui, un peu comme si je perdais la tête ! Comme si je faisais une fixation sur la lecture, sur les albums illustrés, sur les bandes dessinées… Attendez, ça se saurait si je faisais une fixation sur la lecture, non ?

Donc, disais-je, est-ce qu’un album illustré pour la jeunesse peut avoir toutes les qualités ? Oui, je pense que c’est indiscutable, enfin presque ! On peut rêver car le conte, l’histoire, le dessin nous emportent loin de la réalité et cela porte bien le nom de rêve… Par exemple, avec Un Océan dans les yeux de Thierry Dedieu, je pars au bord de l’Océan. Attention, pas l’Océan dans lequel je me baigne paisiblement avec mes enfants ou petits-enfants, non, celui qui est dangereux d’autant plus que l’on annonce que la fonte générale de la banquise va faire monter le niveau d’une façon radicale…

Cet album me pousse à réfléchir car derrière l’histoire de ce pauvre Georges, gardien de phare des Roches Grises, il y a posée la question du lien avec le travail, avec l’entreprise, le chômage, la retraite, le respect des personnes… Tellement de thèmes abordés en si peu de temps que vous pourriez même vous demander légitimement si je ne suis pas en train de me moquer de vous… Mais, sachez que chez Dedieu, une illustration est équivalente à 532 pages d’un traité philosophique… ou à peu près ! Donc, oui, il y a tout cela et bien sûr une petite touche écologique… Car, pourquoi la banquise fondrait ?

Mais cet ouvrage vient bouleverser nos ressentis. Un livre pour enfant, normalement, c’est doux et poétique, calme et serein et on ne comprend pas pourquoi il faudrait inclure tous ces sujets stressants ! Je vous entends bien mais deux remarques s’imposent : un, tout le monde croit qu’un album illustré est pour enfant et jamais personne ne se pose la question de l’âge du lecteur ; deux, l’avantage de l’album illustré c’est que cela permet à chaque lecteur en fonction de son âge – de 3 à 107 ans – de comprendre ce qu’il veut, ce qu’il peut, ce qu’il doit…

Or, le pauvre Georges ne va pas mourir. Cela est factuel et peut rassurer les parents. Notre album n’est pas morbide ni trop anxiogène. Par contre, certaines images – magnifiques au demeurant – pourront évoquer chez certains l’angoisse, chez d’autres le délire, chez les enfants une grosse peur, pour les derniers le cauchemar… En fait, certainement beaucoup d’autres sentiments pourraient être évoqués comme le courage, la désobéissance, l’opiniâtreté, la solitude, la dureté de la nature, le devoir, le patrimoine, la mémoire… D’ailleurs, à la fin – attention, je casse un peu le suspense mais dans ce cas ce n’est pas trop grave – Georges termine sa vie comme gardien de musée, le musée de la pêche de Larousguirec… et il raconte aux visiteurs des histoires incroyables avec des éléphants à Zanzibar, des yeux dans l’Océan, des sauvetages par des baleines, des attaques par pieuvres géantes et finalement on n’est même pas obligé de le croire !

Voilà, certains pourront penser qu’il ne s’agit là que d’un petit album pour les enfants, d’autres d’un livre pour toute la famille, enfin, il y aura des lecteurs comme moi pour affirmer qu’il s’agit là d’une véritable œuvre d’art, d’une invitation au rêve et au voyage, un ouvrage sur la profondeur de la nature humaine, une poésie visuelle à l’Océan infini, bref, d’un livre magnifique d’un auteur génial que j’admire profondément…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, il est temps de découvrir Un Océan dans les yeux ainsi que tous les albums de Thierry Dedieu que vous allez pouvoir trouver, acheter, emprunter, louer, vous faire prêter… Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 28/08/2017 @ 10:17:47
L’été c’est fait pour lire et je constate alors que les beaux jours commencent à disparaître que je ne vous ai pas encore parlé de poésie… je sais bien que cet art littéraire et musical – on verra qu’il est bien les deux à la fois – n’a pas une presse extraordinaire chez nous. Est-ce une bonne raison pour faire abstraction totale de la poésie dans cette chronique ? Non, bien sûr, mais ce n’est pas pour autant facile de vous parler de poésie car dans ce domaine chacun ressent les choses à sa façon et du coup chacun aime sa poésie… Non ?

Commençons par le plus simple, ceux qui n’aiment pas du tout la poésie. Ils n’ont pas de chance mais ce n’est pas du tout de leur faute. Tout petits, on leur a fait croire que les exercices d’apprentissage et de mémoire appartenaient à la poésie. Pire, on leur a donné l’illusion que d’ânonner une fable de La Fontaine c’était devenir poète… Ah, la cigale, la fourmi, le renard et le corbeau sont bien souvent devenus, à leurs corps défendant, des acteurs principaux de la poésie… et j’émets de gros doutes ! Par contre, on aurait pu leur dire que les comptines qu’ils adoraient, y compris celle d’un petit cochon pendu au plafond, appartenaient bien à la poésie… Cela aurait peut-être changé les choses… Non ?

Continuons avec ceux qui pensent que la chanson, la comptine et les petites ritournelles n’auraient rien à voir avec la poésie et que donc je suis en train de raconter n’importe quoi sur la poésie… Il faut donc définir quelque peu ce qu’est la poésie ou, du moins, donner une définition pour tenter de cerner la question… L’universitaire commence par répondre qu’il s’agit d’un genre littéraire mais une fois que l’on a cette définition dans notre sac, on ne va pas beaucoup plus loin… Je ne vais pas parodier ou citer tout ce que l’on peut trouver sur Internet ou dans les livres, je vais plutôt dire ce qu’elle est pour moi…

La poésie est un cri du cœur qui, pour atteindre les autres, utilise des mots. Elle n’est pas à proprement parler une forme ou un fond, un lyrisme ou une réflexion, une poétique ou un texte, elle est tout à la fois ou pas… Elle est autant par ce qu’elle signifie que ce qu’elle fait entendre, elle est à la fois source d’émotion et de réflexion… On pourra l’aimer ou pas, l’entendre ou pas, la lire à voix haute ou intérieure, chacun aura son propre contact avec la poésie qui est tout ou rien selon le cas… Elle est à la fois le petit cochon pendu au plafond et le cri mystique de Jean de la Croix !

C’est pour cela qu’en fonction du jour et de l’heure, de la saison et de mon humeur, de ma fatigue ou de mes envies, je suis capable de lire telle poésie ou telle autre… Bien sûr, comme tout un chacun, j’ai mes petits chouchous, mes préférés et ceux que je n’arrive pas à recevoir… c’est ainsi et ce n’est pas grave du tout même si vous n’êtes pas de mon avis ! Victor Hugo me laisse généralement indifférent et je pleure avec Lamartine et c’est ainsi, je n’y peux rien, vous non plus !

Alors précisons un peu les choses… Un poète me touche particulièrement, Paul Eluard. Je ne saurai pas expliquer pourquoi mais on me parle d’amour, de modernité, d’engagement, de la vie, de l’humanité, c’est à lui que je pense en tout premier… et c’est un de ses ouvrage que j’ai offert en premier à celle qui partage ma vie… Dans le même esprit, je peux citer aussi Aragon que j’ai découvert par la chanson. Ferrat m’a touché et bouleversé puis j’ai lu Aragon…

Il faut aussi que je cite un auteur particulier qui m’est très cher par son théâtre et sa poésie, Jean Tardieu. Lui, il joue en permanence avec les mots, avec les sons, avec les règles de grammaire et, j’avoue, j’adore. Mon lien est d’autant plus fort que j’ai fait jouer les autres avec ses textes lorsque j’animais un groupe de théâtre amateur… Alors, j’ai toujours autant de plaisir à le lire, à voix haute surtout car ses textes raisonnent et résonnent !

Enfin, je voudrais évoquer un poète particulier, Henri Thomas. Il n’a été que très peu poète – ou alors beaucoup si vous admettez que l’on peut faire de la poésie dans ses romans et ses traductions – et si je l’aime c’est parce que je l’ai découvert de façon surprenante. Tout a commencé avec une rencontre et une amitié forte avec un poète Lorrain, Marcel Cordier. Un jour d’été – et chacun sait que l’été c’est fait pour lire – au moment de partir pour Quiberon, nous discutions ensemble… Il ne connaissait pas ce lieu de villégiature mais il me disait que vivait là-bas le plus grand écrivain français contemporain. Marcel était toujours un peu excessif mais comme je ne connaissais pas cet homme, Henri Thomas, je repartais avec un ouvrage en prêt… ce fut une lecture si forte que je décidais d’entrer en contact avec Henri Thomas, je lisais six de ses ouvrages pendant les vacances et le dernier jour je passais deux heures en sa compagnie… Merveilleuse rencontre, grande interview et je fus, un peu par hasard, un des derniers journalistes à obtenir un entretien avec lui… Mais je reviendrai vous en parler plus longuement une prochaine fois…

Oui, l’été c’est fait pour lire et la poésie mérite beaucoup mieux que d’être juste réservée aux exercices de mémoire. Alors, aucune hésitation, franchissez le pas, découvrez la poésie, osez rejeter ou adorer, lire par petite touche ou apprendre des œuvres entières, embêter les autres avec vos lectures à voix haute pour faire deviner les auteurs… Bref, c’est l’été, jouez avec la poésie !

Shelton
avatar 29/08/2017 @ 10:10:09
L’été c’est fait pour lire et aussi pour s’interroger sur les grands changements du climat. On en a déjà parlé ici, on sait qu’il a parmi les acteurs qui prennent la parole sur ce sujet des sceptiques, des convaincus, des opportunistes, des politiques… et il n’est pas toujours très simple pour le commun du mortel de se faire une idée précise de la situation. Je suis comme vous, j’appartiens aux citoyens qui s’interrogent et il m’arrive de trouver dans les livres quelques réponses à mes questions… Alors, voici encore un livre assez pertinent…

Je disais que les auteurs étaient très variés, voici donc un dialogue entre Alain Hervé – un journaliste, écrivain, navigateur et polémiste qui est devenu écologiste, voir même un pionnier de l’écologie puisqu’il était de l’équipe de campagne de René Dumont en 1974 – et Brice Lalonde – lui aussi fortement engagé dès la campagne de Dumont mais qui a été un acteur politique certain et un ministre français avant d’être plus engagé dans les actions diplomatiques. Ils ont donc de l’antériorité, l’expérience de l’écologie politique et médiatique, et ce sont surtout deux hommes, deux amis, qui veulent nous parler de la Terre et de son avenir…

L’ouvrage, Le ciel nous tombe sur la tête, 101 réponses sur le climat, se veut didactique et pédagogique pour atteindre le plus grand nombre et faire comprendre les enjeux de ces questions. Il date de 2015, donc ce qui est là est encore d’actualité et n’est pas remis en cause par certains chiffres révélés il y a quelques semaines dans le bilan climatique de 2016.

Les deux auteurs sont – à mon avis – des modérés. Ils ne promettent pas l’enfer pour demain mais tentent de nous faire comprendre que la situation est grave, profonde et que nous n’avons pas le droit de rester les bras croisés en regardant la banquise fondre même si elle a déjà fondu par le passé, ce qui est indéniable… mais quand elle avait fondu, une grande partie des terres avaient été submergées… Aujourd’hui, si ces terres étaient recouvertes d’eau, que deviendraient ses habitants ? Quand on voit l’accueil réservés aux premiers migrants en Europe depuis trois ans, il n’y a aucune raison d’être optimiste !

Je ne vais pas vous parler des 101 questions posées à Brice Lalonde et commenter les réponses. Je voudrais seulement vous parler d’un point capital car il nous concerne bien et les déclarations de Nicolas Hulot, notre ministre de la transition énergétique, vont dans ce sens : le problème majeur à régler est celui de l’énergie !

Dit comme cela, tout est simple mais quand on va plus loin tout se complexifie ! Il faut arrêter de toute urgence de brûler du charbon et du pétrole. C’est la source principale de pollution nocive pour le climat… mais, il faudrait aussi se passer du nucléaire car il faut dire que depuis l’accident du Japon il n’y a plus beaucoup de défenseurs de l’atome… Mais dans le même temps, l’homme consomme de plus en plus d’énergie !

Les auteurs citent un écologiste qui nous demande de bien garder la mémoire de notre humanité sur papier car il pense que d’ici peu l’énergie nous manquera pour avoir accès au numérique, à nos ordinateurs, à Internet… et alors cela risque d’être assez catastrophique ! Brice Lalonde estime que l’on n’est pas encore à ce scénario catastrophe mais il est quand même bon de s’attaquer réellement à cette problématique de l’énergie…

Gérer, utiliser sans gaspiller, être raisonnable, partager, avoir conscience de l’humanité entière et pas seulement de nos petites personnes… Pour les auteurs, les philosophes ont fait leur travail, les scientifiques aussi, on a tous les éléments pour comprendre la situation et les enjeux… mais il semblerait que les politiques soient très en retard. Pour eux l’écologie ne semble qu’une petite variable d’ajustement, un enjeu électoral pas une règle transverse qui devrait participer à trouver les bonnes solutions… Il y a encore de l’espérance, il faut agir et ne pas se construire de châteaux en Espagne qui ne pourraient que nous décevoir et nous entrainer dans le chaos ! Imaginez le ciel tombant sur la tête de nos ancêtres les Gaulois…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire et réfléchir, bonne lecture ! Puis, il faudra passer à l’action, non ?

Shelton
avatar 01/09/2017 @ 10:42:23
L’été c’est fait pour lire, je pense que vous avez intégré cette information depuis que je vous le dit et répète, mais lire un ouvrage ne suffit pas pour acquérir le savoir absolu. Il faut au moins compléter les lectures, croiser les informations, voire même les lire une seconde puis une troisième fois… Ne dit-on pas qu’il faut apprendre, oublier, réapprendre, ré-oublier et ainsi de suite pour que les savoirs s’inscrivent définitivement ou presque dans nos mémoires ?

Prenons le personnage d’Astérix, universellement connu dans notre pays. Nous dit-il la vérité sur les Gaulois ? Les auteurs font-ils de la bande dessinée historique ou seulement de l’humour à deux balles ? Enfin, un enseignant peut-il s’appuyer sur cette saga gauloise pour ses cours d’histoire ? La question est complexe et pour répondre le magazine Science & Vie consacre un numéro Hors-série à décortiquer ce qui est vérité, ce qui est approximatif et ce qui est fiction. Pour bien rester dans l’objectif, ils sont plusieurs spécialistes à participer à cette aventure présenter sous forme de 100 questions simples, 100 réponses et à chaque fois une belle illustration d’Uderzo !

Alors je ne vais pas reprendre les 100 questions en quelques lignes car vous aurez bien l’occasion de découvrir cela avec plaisir mais les questions vont d’Abraracourcix à Zizanie, ce qui annonce bien que l’on aura l’occasion de rencontrer les personnages principaux de la série tout en abordant les différents albums…

Pour certaines questions, les réponses sont assez prévisibles et sans surprise. Effectivement, les menhirs ne datent pas des Gaulois, les dits Gaulois ne se goinfraient pas de sangliers et le char gaulois, le carros, est bien un excellent véhicule qui inspirera les Romains… On savait à peu près tout cela même si nous n’avions pas tous les détails…


Shelton
avatar 01/09/2017 @ 10:44:46
Cette fois-ci, la chronique entière...

L’été c’est fait pour lire, je pense que vous avez intégré cette information depuis que je vous le dit et répète, mais lire un ouvrage ne suffit pas pour acquérir le savoir absolu. Il faut au moins compléter les lectures, croiser les informations, voire même les lire une seconde puis une troisième fois… Ne dit-on pas qu’il faut apprendre, oublier, réapprendre, ré-oublier et ainsi de suite pour que les savoirs s’inscrivent définitivement ou presque dans nos mémoires ?

Prenons le personnage d’Astérix, universellement connu dans notre pays. Nous dit-il la vérité sur les Gaulois ? Les auteurs font-ils de la bande dessinée historique ou seulement de l’humour à deux balles ? Enfin, un enseignant peut-il s’appuyer sur cette saga gauloise pour ses cours d’histoire ? La question est complexe et pour répondre le magazine Science & Vie consacre un numéro Hors-série à décortiquer ce qui est vérité, ce qui est approximatif et ce qui est fiction. Pour bien rester dans l’objectif, ils sont plusieurs spécialistes à participer à cette aventure présenter sous forme de 100 questions simples, 100 réponses et à chaque fois une belle illustration d’Uderzo !


Alors je ne vais pas reprendre les 100 questions en quelques lignes car vous aurez bien l’occasion de découvrir cela avec plaisir mais les questions vont d’Abraracourcix à Zizanie, ce qui annonce bien que l’on aura l’occasion de rencontrer les personnages principaux de la série tout en abordant les différents albums…

Pour certaines questions, les réponses sont assez prévisibles et sans surprise. Effectivement, les menhirs ne datent pas des Gaulois, les dits Gaulois ne se goinfraient pas de sangliers et le char gaulois, le carros, est bien un excellent véhicule qui inspirera les Romains… On savait à peu près tout cela même si nous n’avions pas tous les détails…

Pour d’autres sujets, les surprises sont plus fortes, les détails plus prenants voire même passionnants ! Par exemple, quand il s’agit de l’éducation ! Les Gaulois sont de tradition orale et c’est une réalité avérée. Très peu de textes sont arrivés jusqu’à nous et ils sont à chaque fois plus de nature administrative ou financière. Aucune littérature épique ou sacrée ce qui nous prive de nombreux détails sur cette civilisation gauloise. Ce qui ne signifie aucunement que les druides fussent des incapables, sots et charlatans. Non, ils étaient scientifiquement assez compétents – entre autres en mathématique, astronomie, botanique… – mais ils transmettaient tout oralement à leurs disciples. Les fils de la noblesse gauloise qui montraient des capacités intellectuelles pouvaient suivre moyennant finances parentales les cours des druides qui formaient ainsi leurs successeurs… Pas d’école pour tous comme on le voit dans certains albums de la série…

On voit souvent dans la série des légionnaires ayant quitté Rome pour venir prendre garnison autour du village gaulois irréductible. Là encore il y a quelques éléments historiques à corriger car très peu de Romains s’engageaient dans la Légion romaine qui regorgeait de mercenaires gaulois. Même si César qualifiait les Gaulois de querelleurs, désorganisés et indisciplinés, même si Uderzo et Goscinny les montrent très bagarreurs plus que guerriers, le combattant gaulois méritent le respect : il est formé, courageux et il sait profiter de toutes les situations. Certes, il ne maitrise pas les machines de siège, la logistique et les catapultes, et c’est ce qui permettra quelques belles scènes dans la série. Quant à Obélix, c’est un combattant hors norme qui n’a rien à voir avec le combattant gaulois de base, bien sûr !

Un très bon documentaire illustré qui fait passer un excellent moment au lecteur qui n’a alors plus qu’une seule envie, celle de se replonger dans les albums de la série. Reste à savoir les quels lire en premier, dans quel ordre… j’abandonne d’office la lecture de la série dans l’ordre et je choisis d’emblée le génialissime Astérix et Cléopâtre dont je ne me lasse pas !

Mais comme l’été c’est fait pour lire, qu’il n’est pas terminé, après tout, si vous voulez lire la série entière, en avant ! Bonne lecture !

Shelton
avatar 02/09/2017 @ 11:27:41
L’été c’est fait pour lire mais on peut aussi visiter le port de la Trinité-sur-Mer avec ses magnifiques bateaux de course. Quand j’y suis allé cette année, il y avait IDECSport. Ce magnifique trimaran, barré par Francis Joyon a battu le record du tour du monde sans escale en janvier dernier en une quarantaine de jours… Quand Jules Verne a écrit son roman, c’était en moins de 80 jours… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, revenons à notre ami Jules Verne !

Comme toujours, je pense au roman de Jules Verne mais aussi à son adaptation en bande dessinée et en dessin animé…

Le tour du monde en 80 jours est un roman très connu de Jules Verne. On peut dire que ce roman d’aventures est devenu un grand classique car il fait partie de ces ouvrages que nous croyons tous connaître. Qui oserait dire qu’il ne connaît pas « Le tour du monde en 80 jours » ? Je reconnais que l’affaire est beaucoup moins simple car certains, peu nombreux en fait, ont lu le roman d’origine tandis que d’autres, en beaucoup plus grand nombre, ont vu une adaptation en dessin animé qui a fait les beaux jours de la télévision et des émissions pour la jeunesse… Mais il faut savoir que ce roman mythique a été adapté deux fois au cinéma, deux fois en dessin animé, une fois en téléfilm et une en jeu vidéo avant d’arriver, enfin, en bédé !

Aujourd’hui, faire le tour du monde si vite n’impressionne plus car les records tombent les uns après les autres. Rappelons avant d’ouvrir le premier volume de cette adaptation, que c’est ce roman qui a donné l’idée de la création du trophée Jules Verne qui motive marins et équipages, idée d’Yves Le Cornec en 1985. Actuellement, le temps de référence est celui de Francis Joyon mais sur la liste avant lui, il y eut aussi Bruno Peyron, Peter Blake, Olivier de Kersauson, Franck Cammas, Loïc Peyron… Que du beau monde pour rendre hommage au grand romancier français !

Mais qu’est ce qui provoque le départ de Phileas Fogg pour son périple ? Tout commence à Londres, au Reform Club, dans une ambiance « so British »… La technique permet de faire le tour du monde très rapidement… Dix fois plus vite qu’il y a cent ans (nous sommes en 1872)… En quatre-vingts jours ! Non ! Si ! et un pari est engagé entre Phileas et ses amis du club… La modique somme de vingt mille livres…

Dès lors, avec méthode et obstination le gentleman s’affaire pour gagner son pari. Il est accompagné par son serviteur français Jean Passepartout qu’il vient d’embaucher à la place de son vieux majordome qui avait eu l’outrecuidance de lui servir une eau de barbe trop froide de quatre degrés. Il faut dire que Phileas est très précis, scientifiquement attaché à tous les détails… C’est presque une pathologie…

Nos deux voyageurs partent donc en train de Londres et doivent donc revenir avant quatre-vingts jours d’un périple qui n’a rien de tranquille. Sans le savoir, ils vont être suivis et perturbés par un policier, le détective Fix, qui est persuadé que notre voyageur est parti après avoir volé la banque d’Angleterre…

Dans ce premier opus (pour la version bande dessinée), nous voyagerons de Londres à Bombay en passant par Paris, Turin, Suez… mais c’est dans le train entre Bombay et Calcutta que Phileas aura sa première grosse surprise…

Le scénario et le découpage sont très proches et respectueux du roman de Jules Verne. Certes, pour respecter le rythme propre à une bande dessinée les auteurs ont choisi de mettre quelques poursuites qui donnent la possibilité de pages plus visuelles comme à Bombay (pages 36 à 42). Même si les dessins sont assez éloignés de ceux de Hergé, cela ressemble un peu à une citation de Tintin au Tibet, Haddock et Passepartout étant confrontés à la vache sacrée (la même ?). Passepartout attrapera son train in extremis comme Haddock son avion…

Le dessin et la narration graphique sont parfaitement adaptés au roman initial et le lecteur est pris par ces images sans aucune réticence… Les couleurs d’Anne-Claire Jouvray sont, à mon avis, un peu fortes et c’est peut-être pourquoi Aude Soleilhac les reprendra à son compte dès l’album prochain… J’aime particulièrement le graphisme d’Aude Soleilhac car il fallait se glisser entre les illustrations d’origine de Neuville et Benett et la version animée Claudio Biern Boyd que beaucoup de jeunes ont encore en tête. Le pari est réussi et l’album devrait satisfaire de très nombreux lecteurs par son réalisme libre et son dynamisme enchanteur.

Maintenant, les trois tomes de cette série sont livrés en un seul volume, l’Intégrale, et c’est parfait pour le lecteur et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 03/09/2017 @ 06:32:47
L’été c’est fait pour lire et aussi écouter de la musique. Les deux ne sont d’ailleurs pas exclusifs l’un de l’autre car on peut écouter de la musique en lisant ou lire un ouvrage sur un chanteur, un musicien, un compositeur… Cette année n’est ni un anniversaire pour Jacques Brel, décédé en 1978, ni un anniversaire pour Gabrielle Vincent, décédée en 2000. Pourtant, j’ai envie de vous inviter à lire l’album consacré à Jacques Brel, immense chanteur, par Gabrielle Vincent, magnifique illustratrice !

Jacques Brel est, de toute évidence, un des plus grands chanteurs en langue française. Je dois vous avouer que je ne le connais pas beaucoup car j’ai été élevé dans une autre culture, celle de Brassens, de Ferrat et des chanteurs « rive gauche » de Paris. Mais, année après année, chanson après chanson, j’ai pris le temps de le découvrir et l'apprécier. Les Bourgeois, Mathilde, Amsterdam, Le plat pays…

« Et Les Vieux ? T’as oublié la plus importante, la plus émouvante ! »

Non, je la gardais pour la fin car c’est à cause de cette chanson que j’ai décidé de vous parler de Jacques Brel, aujourd’hui. En fait, tout a commencé, pour moi, par un magnifique livre, Brel, de Gabrielle Vincent. Remarquez, existe-t-il un ouvrage de cette admirable artiste qui pourrait ne pas mériter cet adjectif de « magnifique » ? C’est vrai que parfois on utilise comme des pléonasmes…

Dans la première partie de cet ouvrage, on trouve, hormis une petite préface de France Brel, une série de croquis de Brel saisis en train de chanter… Pas de texte, pas de mise en scène, seulement des expressions immortalisées sur du papier… Même celui qui est novice dans ce domaine prête l’oreille et croit entendre la voix de Jacques sortir des feuilles…

Dans la seconde partie, on a l’impression de retrouver Ernest et Célestine – les personnages habituels de Gabrielle Vincent – dans leur univers chaleureux… Mais… Non… Ce ne sont pas notre tendre et paternel Ours et notre Souris espiègle et innocente, mais un couple de vieux… Pas de texte inclus dans l’image, seulement, en dessous, un morceau de la chanson de Brel… Oui, c’est bien cela, Gabrielle Vincent dessine portée par une chanson bouleversante…

« Je dessine sans arrêt en écoutant Brel. La série de dessins qui devrait illustrer la chanson Les Vieux est déjà très avancée. Tous les éléments du dessin naissent des notes de musique, des mots du chanteur qui viennent réveiller les cœurs, les esprits, les âmes… avant que l’on puisse, nous aussi, fuir « la pendule d’argent » et rejoindre ceux qui nous ont précédés comme Jacques Brel et Gabrielle Vincent…

Avec Arnaud de la Croix, l’éditeur – un ami aussi – de Gabrielle Vincent on peut dire :

« Plus de trente ans après la mort de Brel, et près de vingt ans après la première édition de l’hommage que lui rendit l’illustratrice, ni la chanson, ni les images n’ont vieilli. »

Pour le néophyte que je suis c’est une merveilleuse occasion de découvrir un chanteur – il faudra vous offrir un disque en plus car le livre, Brel, n’est pas livré avec un enregistrement de cette chanson Les Vieux – et de mesurer que cette artiste Gabrielle Vincent n’était pas du tout une simple raconteuse d’histoires pour enfants !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et bonne écoute de Jacques Brel !

Début Précédente Page 5 de 6 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier