Il faut certainement mettre les romans de genre à part. On ne s'étonnera pas de trouver un langage cru dans un polar ou un roman pornographique, fut-il signé G. A.
Je me demande si le langage utilisé dans les réseaux sociaux ne serait pas en train d'influencer les écrivains.
Vulgaire = commun ; ou vulgaire = gros mots ?
Tiens, d'ailleurs, en voyant Libris, je me demande : est-ce que les québecois ont cette même idée que le langage de nos auteurs francophones devient (ou non) vulgaire ?
Je me souviens de la polémique Virginie Despentes avec son bouquin (pas lu du reste) "Baise-moi". Cela avait choqué à l'époque !
Je me souviens de la polémique Virginie Despentes avec son bouquin (pas lu du reste) "Baise-moi". Cela avait choqué à l'époque !
M. le Marquis soi-disant "divin" n'aurait-il point une place choisie dans ce fil...? certes, parler de "vit" semlble plus élégant, mais la chose reste ce qu'elle est, langage ou pas.
Quant à ce dont parle Nathafi, peut-être serait-on fondé à le mettre au débit d'une dégradation générale du langage accompagnant une dégradation générale des moeurs ? Lorsque j'écris "dégradation", il ne s'agit pas principalement d'un jugement moral fondé sur une certaine éthique (religieuse ou laïque, là n'est pas la question), mais plus simplement sur le constat d'un appauvrissement des capacités du langage à exprimer de manière concomitante un appauvrissement général des concepts ? En effet, la qualité d'une vie où la richesse des expériences se dilue et s'atrophie dans la vie standardisée par la technostructure du marché, voit ses capacités de conceptualisation diminuer d'autant, notamment dans le langage, tant dans le fond que dans la forme.
Le phénomène n'est pas nouveau : c'est la rapidité des mutations "vers le bas" qui s'est accrue. Karl Kraus a très bien observé ce phénomène il y a un siècle, tout comme Broch.
Nous allons vers une renéanderthalisation de la masse...
Quant à ce dont parle Nathafi, peut-être serait-on fondé à le mettre au débit d'une dégradation générale du langage accompagnant une dégradation générale des moeurs ? Lorsque j'écris "dégradation", il ne s'agit pas principalement d'un jugement moral fondé sur une certaine éthique (religieuse ou laïque, là n'est pas la question), mais plus simplement sur le constat d'un appauvrissement des capacités du langage à exprimer de manière concomitante un appauvrissement général des concepts ? En effet, la qualité d'une vie où la richesse des expériences se dilue et s'atrophie dans la vie standardisée par la technostructure du marché, voit ses capacités de conceptualisation diminuer d'autant, notamment dans le langage, tant dans le fond que dans la forme.
Le phénomène n'est pas nouveau : c'est la rapidité des mutations "vers le bas" qui s'est accrue. Karl Kraus a très bien observé ce phénomène il y a un siècle, tout comme Broch.
Nous allons vers une renéanderthalisation de la masse...
Oui, mais quand je lis un San Antonio, ou un SAS, je sais à quoi m'attendre ! Et là je n'ai pas le droit de faire ma chochotte en trouvant ça déplacé :-)
Ce qui est surtout gênant c'est la médiocrité alliée à la vulgarité ou la grossièreté.
"C'est bien triste : nous avons perdu la faculté de donner de jolis noms aux choses. Les noms, c'est l'essentiel. Je ne critique jamais les actions. Il n'y a que les mots que je critique. Voilà pourquoi je hais la vulgarité du réalisme en littérature. Qui oserait appeler un chat un chat devrait en avoir un dans la gorge. Ce serait mérité." Lord Henry, Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde. Petite contribution au débat... ;)
Vulgaire = commun ; ou vulgaire = gros mots ?Rabelais est grossier, pas vulgaire. Et la vulgarité se transmet (comme un virus) au travers d'une volonté (des auteurs) de ratisser un public "ciblé" et de coller à la vague décroissante de l'esprit commun ; c'est de ce fait du pur marketing, à mon avis bien loin de tout souci esthétique.
Vulgaire = commun ; ou vulgaire = gros mots ?
Vulgaire ne veut pas dire commun. La langue vernaculaire a ses charmes quand on la connaît. Chez nous, on dit que l'on parle joual dans ce cas-là. C'est péjoratif, mais ça peut parfois avoir ses charmes. Exemple .
Le gars de chantier avait mis sa tuque et ses mitaines avant de partir avec son sciotte et toute sa régine afin de faire de la pitoune pour la drave.
Traduction
Le bûcheron avait mis son bonnet de laine et ses moufles avant de partir avec sa scie à archet et tous les outils nécessaires afin de préparer des billes de bois pour leur transport par flottaison sur les cours d'eau.
Comme je connais le joual, je préfère la première phrase. Je la trouve plus légère et plus évocatrice pour moi. J'aime ça quand un romancier s'exprime ainsi, mais je sais qu'il réduit alors son lectorat.
Péjoratif, pourquoi donc ? Je trouve ce dialecte superbe ! Il doit y avoir de quoi faire pour un étymologiste historien de la langue !
Vulgaire ne veut pas dire commun. La langue vernaculaire a ses charmes quand on la connaît. Chez nous, on dit que l'on parle joual dans ce cas-là. C'est péjoratif, mais ça peut parfois avoir ses charmes. Exemple .
Le gars de chantier avait mis sa tuque et ses mitaines avant de partir avec son sciotte et toute sa régine afin de faire de la pitoune pour la drave.
Il est difficile d'émettre une appréciation générale car c'est le talent de l'auteur qui fera que le livre est vulgaire et grossier ou de bonne qualité littéraire.
Je suis assez d'accord avec Débézed. Par exemple dans le roman "Les immortelles" de Makenzy Orcel, qui évoque les prostituées de Port-au-Prince, on trouve pas mal de mots "vulgaires" liés au commerce du sexe, mais personnellement cela ne m'a pas choqué car Orcel sait transcender ce vocabulaire dans une prose très poétique. D'ailleurs du coup pour ce roman la plupart des critiqueurs parlent plutôt de l'utilisation d'un vocabulaire "cru" plutôt que "vulgaire".
Inversement, dans la "République des Voleurs", un roman Fantaisy de Scott Lynch, le niveau de langue (en tout cas dans sa traduction en français) est assez neutre, assez "familial". Or parfois les héros utilisent des termes grossiers dans leurs dialogues, et j'avoue que cela m'a interpellé, car j'ai trouvé ça (à tort ?) complètement en décalage avec le ton général du livre.
Tout dépends donc effectivement du contexte littéraire et de la sensibilité propre à chacun. Tandis en effet que, dans "les Vacances d'un Serial Killer" de Nadine Monfils, j'ai été également surpris de l'utilisation de termes vulgaires qui n'ajoutais selon moi pas de plus-value particulière, d'autres lecteurs n'ont pas cette analyse, comme CC Rider par exemple ("De la bonne littérature de divertissement, souvent à la limite du grivois et du vulgaire, sans toutefois y tomber complètement"), ou pour Shelton (une écriture crue et forte, pleine d’humour, parfois noire, marque de fabrique de Nadine Monfils.")
Sinon c'est sûr que s'il suffisait de mettre des gros mots pour faire de la littérature, ça se saurait. Ce que je voulais montrer, c'est que de la grossièreté en littérature, on en trouve aussi chez nos plus grands classiques. (Et encore, je ne suis pas allé chercher Rabelais.)
Nathafi, peut-être les textes auxquels tu penses sont-ils faibles, tout simplement.
Oui Feint, c'est peut-être une explication, tu as bien prouvé par tes exemples qu'on peut être grossier mais y mettre les formes quand même.
Nathafi, je viens juste de voir à quel auteur notamment tu pensais en ouvrant ce fil - et qui confirme ma réponse ci-dessus.
Merci Feint, il y a donc des choix à faire en matière de lecture, j'en suis encore à la phase expérimentale :-)
Je lis "Les égéries russes", de Vladimir Fédorovski et Gonzague Saint-Bris, ils parlent de la relation entre Paul Eluard et Gala, et citent le poète quand il parlait d'elle, ou donnent des extraits de ses lettres... Vu le contexte, ça passe mieux, et ça me dérange moins !
Je lis "Les égéries russes", de Vladimir Fédorovski et Gonzague Saint-Bris, ils parlent de la relation entre Paul Eluard et Gala, et citent le poète quand il parlait d'elle, ou donnent des extraits de ses lettres... Vu le contexte, ça passe mieux, et ça me dérange moins !
Merci Feint, il y a donc des choix à faire en matière de lectureIl y a même sacrément intérêt ! La vie est trop courte pour lire des livres faiblards.
Dans certaines oeuvres françaises contemporaines, je remarque l'usage de termes vulgaires, un langage cru, des mots familiers... Ce qui me dérange fortement.
Ce procédé est-il une évolution de notre langue employée dans la nouvelle littérature ? Une tendance ? Une mode ?
Oui, je suis tout à fait d'accord et aussi choquée.
Par exemple, chez Virginie Despentes, ou dans les premiers romans de Lola Lafon. Mon premier choc etait un recueil de nouvelles d'un auteur au nom à consonance bretonne, edité dans cette collection pour 10 francs ( à l'epoque..) mais je suis incapable de me souvenir du nom et je ne suis pas près de ma bibliothèque...Ca commence par un R.
Le langage cru peut être décidé pour un personnage principal mais quand le niveau de langue complet du livre reste en dessous de la ceinture (on peut aimer, ca peut être parfaitement dominé) ca peut choquer le lecteur ou le mettre dans le doute : la barriere entre le francais ecrit et le francais parlé disparrait, surtout si ce francais parlé n'est pas employé par le lecteur meme.
J'apprends souvent des nouvelles expressions de rue que je ne connais pas. Ces expressions représentent une evolution de la langue dans une certaine classe de la societe francaise, le fait qu'elles soient transposées en litterature ne prouvent pas qu'elles vont survivre l'evolution du langage. Enfin, j'essaie de le prendre comme une empreinte de notre temps, preuve de l'actualité.
Maintenant, est ce que tout le monde utilise l'expression "nique ta mere" par exemple, je reste convaincue que dans certains cercles ca pourrait mal passer...Enfin, j'espere...
Par exemple, chez Virginie Despentes, ou dans les premiers romans de Lola Lafon. Mon premier choc etait un recueil de nouvelles d'un auteur au nom à consonance bretonne, edité dans cette collection pour 10 francs ( à l'epoque..) mais je suis incapable de me souvenir du nom et je ne suis pas près de ma bibliothèque...Ca commence par un R.A consonnace bretonne et en plus ça commence par un R ? Il était pas un peu rétif ?? :o)
Par exemple, chez Virginie Despentes, ou dans les premiers romans de Lola Lafon. Mon premier choc etait un recueil de nouvelles d'un auteur au nom à consonance bretonne, edité dans cette collection pour 10 francs ( à l'epoque..) mais je suis incapable de me souvenir du nom et je ne suis pas près de ma bibliothèque...Ca commence par un R.
A consonnace bretonne et en plus ça commence par un R ? Il était pas un peu rétif ?? :o)
C'est "du pain pour les pauvres et autres nouvelles" de Vincent Ravalec...Une reference en Argot !
Le français n'est autre que du "latin vulgaire" à la base, un pidjin de plusieurs langues.
Rabelais était considéré comme très cru et vulgaire, ne parlons pas de l'"Ubu" de Jarry, "Hernani" trouvé comme commun et grossier, Céline qui crée un style considéré comme ordurier etc...
Une langue devient réellement vulgaire au sens péjoratif quand le vocabulaire s'appauvrit.
Rabelais était considéré comme très cru et vulgaire, ne parlons pas de l'"Ubu" de Jarry, "Hernani" trouvé comme commun et grossier, Céline qui crée un style considéré comme ordurier etc...
Une langue devient réellement vulgaire au sens péjoratif quand le vocabulaire s'appauvrit.
J'ai pas de vocabulaire, je fais beaucoup de fautes d'ortographe(c'est que quand je me concentre que j'en fais moins)
J'avais oublié Villon considéré comme ordurier il y a peu encore
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