Alors bien entendu que les "racines chrétiennes" appartiennent à l'histoire, c'est une évidence ! Mais pour reprendre tes exemples, imaginons qu'au prétexte de cette histoire, l'Inde d'aujourd'hui (qui n'en est pas débarrassée) décide de revenir à la société de castes, l'Afrique aux colonies, les Etats-Unis au Royaume-Uni etc : cela semble au mieux absurde au pire une dangereuse régression. Or, c'est bien ce à quoi on assiste quand on nous évoque, en 2015, les "racines chrétiennes" de la France.
Qui parle des racines chrétiennes ? Hiram, pour dire qu'elles n'existent plus !
C'est très bizarre de dire que revenir à nos racines chrétienne c'est une dangereuse régression. Est-ce à dire que l'amour du prochain et la primauté du pauvre ("Heureux les pauvres") est incompatible avec et un danger pour les valeurs individualistes du capitalisme ? A lire Stavro je vois bien qu'il a une très vague idée de ce qu'est le christianisme, et il n'est certainement pas le seul. Et du coup je me dis que la plupart d'entre nous avons une idée tout aussi fausse de ce qu'est la religion musulmane. On l'associe un peu vite aux prédicateurs fanatisés qui existeraient (on suppose mais en est-on sur ?).
Sous couvert de laïcité, sous couvert de "nous on a les valeurs universelles", on veut interdire à des gens de pratiquer leur religion (les musulmans). Et c'est là qu'il faut revenir à nos racines chrétiennes, pour dire que la religion est un droit, qu'elle soit musulmane ou chrétienne. Et bien penser qu'il n'y a pas très longtemps les femmes ne votaient pas chez nous, qu'en Amérique on tue des gens de manière assez barbare (peine de mort), qu'en Russie l'homosexualité est réprimée,... bref qu'on n'est pas si bien que ça pour donner des leçons à tout les religieux.
SJB, ça n'a juste aucun sens de prendre, en 2015, la France de l'an milleS'il était question de revenir à l'an mille ce serait en effet une grosse conn...
C'est un très grand bien pour tout le monde, et surtout pour les religions, qu'elles soient libres et diversifiées. Et c'est tellement rare dans le monde que ça honore nos pays.
Mais en arriver au point qu'on ne puisse plus parler d'une religion, sous prétexte que ce serait offenser les pratiquants d'une autre religion, il y a de la marge. Or on en est là !
Quant aux simples conneries qu'on transforme en tabou, ben oui, c'est bien ce qui se passe.
Pour ne prendre qu'un exemple : une personne parle de race blanche... c'est une grosse connerie. Mais cette connerie là, elle est tabou !
Quand un humoriste (?) débite des injures ordurières à des personnalités publiques, en les nommant par leur nom, la France entière est censée rire aux éclats... c'est une grosse connerie mais ce n'est pas tabou. On en est là !
On connaît mal toutes les religions. Ce que tu appelles la "primauté du pauvre" est partagé par d'autres religions, notamment dans celles non chrétiennes de l'Europe : les mendiants sont protégés de Zeus et nous leur devons l'hospitalité.
C'est très bizarre de dire que revenir à nos racines chrétienne c'est une dangereuse régression. Est-ce à dire que l'amour du prochain et la primauté du pauvre ("Heureux les pauvres") est incompatible avec et un danger pour les valeurs individualistes du capitalisme ? A lire Stavro je vois bien qu'il a une très vague idée de ce qu'est le christianisme, et il n'est certainement pas le seul. Et du coup je me dis que la plupart d'entre nous avons une idée tout aussi fausse de ce qu'est la religion musulmane. On l'associe un peu vite aux prédicateurs fanatisés qui existeraient (on suppose mais en est-on sur ?).
Sous couvert de laïcité, sous couvert de "nous on a les valeurs universelles", on veut interdire à des gens de pratiquer leur religion (les musulmans). Et c'est là qu'il faut revenir à nos racines chrétiennes, pour dire que la religion est un droit, qu'elle soit musulmane ou chrétienne. Et bien penser qu'il n'y a pas très longtemps les femmes ne votaient pas chez nous, qu'en Amérique on tue des gens de manière assez barbare (peine de mort), qu'en Russie l'homosexualité est réprimée,... bref qu'on n'est pas si bien que ça pour donner des leçons à tout les religieux.
La laïcité, c'est la séparation complète de la religion et des pouvoirs, de manière à ce que chacun puisse pratiquer (ou non) la sienne dans la sphère privée. Sans la laïcité, la religion est aussitôt récupérée : dès que le christianisme est devenu la religion officielle de l'empire romain, les persécutions des chrétiens ont été remplacées par celles des païens.
Et encore aujourd'hui, il y a un discours général qui tend à présenter le passage du polythéisme au monothéisme comme un progrès évident, ce qui est au minimum discutable.
Bien sur, le concept de laïcité est bon en soi et est très important, tu fais bien de me le rappeler.
Je réagissais surtout sur le "régresser" et sur nos valeurs "post-chrétiennes" qui semblent aller de soi et qu'on a tendance à considérer comme universellement bonne. Mais quand on y pense notre société n'est peut-être pas meilleure que les sociétés d'antan, même si bien sur grâce au progrès technique on a une prospérité assez inédite mais c'est peut-être un effet d'aubaine temporaire. Notre individualisme est-il vraiment meilleur qu'un collectivisme style en Chine ? Notre démocratie en est-elle vraiment une ? (il dit que non : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/40216).
Peut-être que les religions ne disparaissent jamais vraiment des sociétés, et que la religiosité ne fait que se loger ailleurs à partir du moment ou les gens ne croient plus dans leurs Dieux ?
Pour le monothéisme, je ne sais pas. Il est vrai que les chrétiens peuvent s'adresser à chacune des trois personnes de la trinité. Et pour les catholiques et les orthodoxes il y a en plus l'armée des Saints !
Je réagissais surtout sur le "régresser" et sur nos valeurs "post-chrétiennes" qui semblent aller de soi et qu'on a tendance à considérer comme universellement bonne. Mais quand on y pense notre société n'est peut-être pas meilleure que les sociétés d'antan, même si bien sur grâce au progrès technique on a une prospérité assez inédite mais c'est peut-être un effet d'aubaine temporaire. Notre individualisme est-il vraiment meilleur qu'un collectivisme style en Chine ? Notre démocratie en est-elle vraiment une ? (il dit que non : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/40216).
Peut-être que les religions ne disparaissent jamais vraiment des sociétés, et que la religiosité ne fait que se loger ailleurs à partir du moment ou les gens ne croient plus dans leurs Dieux ?
Pour le monothéisme, je ne sais pas. Il est vrai que les chrétiens peuvent s'adresser à chacune des trois personnes de la trinité. Et pour les catholiques et les orthodoxes il y a en plus l'armée des Saints !
Alors bien entendu que les "racines chrétiennes" appartiennent à l'histoire, c'est une évidence ! Mais pour reprendre tes exemples, imaginons qu'au prétexte de cette histoire, l'Inde d'aujourd'hui (qui n'en est pas débarrassée) décide de revenir à la société de castes, l'Afrique aux colonies, les Etats-Unis au Royaume-Uni etc : cela semble au mieux absurde au pire une dangereuse régression. Or, c'est bien ce à quoi on assiste quand on nous évoque, en 2015, les "racines chrétiennes" de la France.
Mais ce type de raisonnement a constitué l'arnaque du XIXème. Nous sommes aux origines du collectivisme. Lis Philippe Muray. C'est Comte, c'est Hegel, des gens très intelligents mais qui n'ont jamais compris que l'Histoire et le Progrès n'ont rien à voir. L'Histoire ne peut être que tragique.
Les hommes du passé n'étaient pas idiots, ou sous-évolués. Les hommes du passé n'étaient pas des êtres grotesques qu'on pourrait pavaner dans les parcs d'attraction. Prisonniers de notre temps, Enfants de notre siècle, nous jugeons toutes les époques depuis un oeil anachronique et tout-puissant.
Tu aurais dû lire Alain Peyrefitte et les beaux textes - courts en plus - qu'il a laissé sur la colonisation, très éclairants - alors qu'il ne se privait lui-même pas de critiquer les stratégies terrifiantes que les colons ont parfois utilisé pour neutraliser les puissances qui se fermaient à eux. (Il faut absolument lire L'Empire Immobile). Encore aujourd'hui, je perçois l'émancipation des pays d'Afrique comme un drame, un drame que tout le monde a vu que personne n'ose rappeler. Mais au fond, qui en a parlé ? Léopold Sédar Senghor, qu'on salue aujourd'hui parce qu'il est noir sans comprendre qu'il incarne justement le tragique de la décolonisation. Et il était trop intelligent pour ne pas l'avoir compris.
La conception d'une famille heureuse au XIVème n'avait rien à voir avec celle au XXIème ; et aujourd'hui, parce que nos termes et nos définitions ont changé, nous nous permettons de porter un jugement hâtif sur un couple archaïque attaché à des idées qui nous échappent complètement.
Nous ne voulons pas voir que leurs codes n'étaient pas les mêmes, leurs valeurs n'étaient pas les mêmes, leurs conceptions du bonheur ne l'étaient pas également. Et il ne fallait pas qu'on leur parle de démocratie, de femme émancipée, d'avortement ou de scientisme. Il ne fallait pas qu'on leur dise "vous serez libérées de votre maternité, mesdames !" Elles n'y auraient rien compris. Au même titre que nous ne comprenons rien aux épîtres de saint Paul ou au Prince de Machiavel.
Nous avons voulu délivrer du malheur des personnes qui ne savaient pas qu'elles étaient malheureuses...
Nous, nous sommes évolués. Sais-tu que les Khmers Rouges disaient la même chose ? Non, nous ne sommes pas évolués. Et s'il faut revenir en arrière, eh bien, on le fera ! On l'a fait bien d'autres fois ! Les Lumières ne voulaient-elles pas revenir à l'Antiquité ?
Montesquieu considérait la religion comme une arnaque nationale ? Eh bien moi, je considère l'avortement comme un eugénisme tacite. Et j'en ai le droit autant que lui.
L'Histoire n'a pas de direction. C'était la grande leçon des guerres mondiales.
C'était la grande leçon du communisme.
Il fallait écouter Nietzsche quand il disait "Dieu est mort" : il avait tout compris.
Le Progrès est un leurre. Hegel avait tort.
Les hommes d'aujourd'hui ne sont pas plus heureux qu'hier.
Peut-être que les religions ne disparaissent jamais vraiment des sociétés, et que la religiosité ne fait que se loger ailleurs à partir du moment ou les gens ne croient plus dans leurs Dieux ?
Sans aucun doute. Pour le meilleur et pour le pire, d'ailleurs.
Pour le monothéisme, je ne sais pas. Il est vrai que les chrétiens peuvent s'adresser à chacune des trois personnes de la trinité. Et pour les catholiques et les orthodoxes il y a en plus l'armée des Saints !
Disons pour faire court, parque c'est un peu hors sujet, que la conception de plusieurs dieux imparfaits et à notre image me paraît plus saine que celle d'un dieu parfait à l'image duquel nous aurions été créés et qui légitime la soumission de toute vie à la nôtre. Et puis aussi il y a le partage des pouvoirs par Zeus avec ses frères et soeurs, avec cette idée que le pouvoir concentré dans la main d'un seul (Ouranos, puis Cronos) est vouée à l'échec. Ce n'est pas un hasard si la démocratie est née à Athènes. Les religions monothéistes me paraissent plus totalitaires.
Voué.
Tout à l'heure, SJB parlait de tabou ; Stavro lui répliquait que c'est très à la mode de crier au tabou à chaque fois qu'on tombe sur un désaccord.
En fait, je suis entièrement d'accord avec SJB : nos racines chrétiennes sont fondamentalement niées par un état d'esprit permanent, qui pousse à la peur de retourner dans un mystérieux état dépravé, auquel nous aurions paraît-il échappé.
Il suffit de regarder les médias parler du synode en ce moment-même... c'est de la désinformation complète, d'une rare médiocrité, qui est la preuve que les gens de gauche (ici c'est bien la gauche en l'occurrence) ne comprennent pas la religion chrétienne (pas plus que l'islam) et ça se voit quand ils essaient de la flatter...
Alors qu'il me semble, moi, comprendre à peu près la logique - et le génie peut-être - de la mentalité de gauche. ça me donne un espèce d'avantage quelquefois.
En fait, je suis entièrement d'accord avec SJB : nos racines chrétiennes sont fondamentalement niées par un état d'esprit permanent, qui pousse à la peur de retourner dans un mystérieux état dépravé, auquel nous aurions paraît-il échappé.
Il suffit de regarder les médias parler du synode en ce moment-même... c'est de la désinformation complète, d'une rare médiocrité, qui est la preuve que les gens de gauche (ici c'est bien la gauche en l'occurrence) ne comprennent pas la religion chrétienne (pas plus que l'islam) et ça se voit quand ils essaient de la flatter...
Alors qu'il me semble, moi, comprendre à peu près la logique - et le génie peut-être - de la mentalité de gauche. ça me donne un espèce d'avantage quelquefois.
"C'est bien simple, tout débat de société est désormais interdit : si on s'écarte de la ligne imposée par tous les médias, on se fait traiter de je-ne-sais-quoi-phobiste, de raciste ou de révisionniste, que sais-je ! La censure, en fait une auto-censure dictée par tous les médias, devient de plus en plus insupportable."
Tu es sérieux ?
Comment expliquer le flot de pétales de roses déversé sous les pas de Le Pen,Finkielkraut et ceux qui prétendent que Vichy a sauvé les Juifs ? On ne voit plus qu'eux partout. Quand pourra-t-on laisser la parole à des personnes capables de nous éclairer sur le monde telle qu'il est sans que ce soit pour déverser un tombereau de bile sur les Noirs, les Bleus, les Rouges, etc. ?
Lire http://acrimed.org/Lire-Les-briseurs-de-tabous-de-…
Tu es sérieux ?
Comment expliquer le flot de pétales de roses déversé sous les pas de Le Pen,Finkielkraut et ceux qui prétendent que Vichy a sauvé les Juifs ? On ne voit plus qu'eux partout. Quand pourra-t-on laisser la parole à des personnes capables de nous éclairer sur le monde telle qu'il est sans que ce soit pour déverser un tombereau de bile sur les Noirs, les Bleus, les Rouges, etc. ?
Lire http://acrimed.org/Lire-Les-briseurs-de-tabous-de-…
Encore aujourd'hui, je perçois l'émancipation des pays d'Afrique comme un drame, un drame que tout le monde a vu que personne n'ose rappeler.Il y a des Africains (et pas qu'eux) pour penser que le drame vient à l'origine de la colonisation. Ca ne résout pas les problèmes de l'Afrique actuelle, mais ça relativise...
Je pense qu'on s'est mal compris, Saule. Je n'ai rien contre les valeurs chrétiennes, je n'ai rien contre la religion chrétienne (ou quelque autre religion), je n'ai rien contre la foi et je ne suis même pas sur que le monde se porte vraiment mieux sans Dieu. Par contre j'en ai contre cette immixtion de la religion sur la scène politique a laquelle on assiste depuis quelque temps.
le monde "tel"
Je pense qu'on s'est mal compris, Saule. Je n'ai rien contre les valeurs chrétiennes, je n'ai rien contre la religion chrétienne (ou quelque autre religion), je n'ai rien contre la foi et je ne suis même pas sur que le monde se porte vraiment mieux sans Dieu. Par contre j'en ai contre cette immixtion de la religion sur la scène politique a laquelle on assiste depuis quelque temps.je parlerais plutôt de l'utilisation de la religion, à des fins pas très catholiques si je puis dire.
Pour le reste, je te rejoins.
Lire http://acrimed.org/Lire-Les-briseurs-de-tabous-de-…
Hiram, j'ai lu ton lien avec beaucoup d'intérêt et je reconnais qu'il y a du vrai dans cette conclusion :
« ... Ceux-ci (les éditocrates) peuvent bien penser et dire ce qu’ils veulent, c’est là leur droit le plus strict. Ce qui est plus gênant, c’est qu’ils se disent persécutés quand ce sont eux qui font et défont le bruit médiatique dominant en France. »
Mais j'ai quand même l'impression qu'il est interdit de dire certaines vérités :
ici même je me suis fait tancer pour avoir dit qu'il faudrait condamner les imams qui incitent à la violence.
Un journaliste a été condamné pour avoir dit une vérité sur le peuplement des prisons. Personne n'a dit qu'il avait faut, on l'a condamné pour avoir dit une vérité qu'il ne pouvait pas dire.
Ici en Belgique, un journaliste de la TV a été condamné et a perdu son métier pour avoir dit que les Marocains conduisaient comme des veaux ; s'il avait remplacé Marocains par Flamands ou Wallons, ou Français, personne n'aurait rien dit...
Entre parenthèses, pour moi, c'est du racisme que de traiter une partie de la population autrement que les autres.
Maintenant, pour moi, il est permis de dire que Vichy a sauvé des Juifs. Je trouve que c'est torturer un mensonge pour en faire une vérité, autrement dit, c'est faux mais, c'est permis de le dire.
En fait, finalement ce que je déplore c'est que le débat sur certains sujets est devenu interdit, tabou.
Alors qu'il me semble, moi, comprendre à peu près la logique - et le génie peut-être - de la mentalité de gauche. ça me donne un espèce d'avantage quelquefois.
Il me semble que c'est bien là le problème : une sorte d'arrogance, l'impression de mieux savoir tout mieux que tout le monde a remplacé chez toi ce qu'on prenait pour une certaine innocence due à ton jeune âge lors de tes premiers pas sur le forum, alors que par ailleurs tu te contentes d'énoncer de façon professorale des choses assez communes (la modernité n'équivaut pas au progrès), continues à utiliser des concepts pour le moins flous et peu définis comme cette "gauche" dont on ne sait pas très bien ce qu'elle est, sorte de spectre, mot-valise contenant tous les démons, et responsable à tes yeux de tous les maux du monde.
Bref. Dans mon message, il ne s'agissait pas du tout de prétendre que l'évolution historique, le passage des ans, s'assimilait nécessairement au progrès. Je n'ai pas l'impression de vivre dans l'âge d'or et il semble évident que la France a connu de meilleures heures que celles que nous vivons et il est évident qu'on a déjà fait des faux-pas, qu'on en refera et qu'on en fait peut-être en ce moment même dans la façon dont on construit nos sociétés. Mais si le monde actuel n'est pas nécessairement un "progrès" par rapport au passé, je trouve tout à fait stupide d'idéaliser un passé, de regarder le présent par son spectre (ce qui est aussi idiot que d'analyser le passe en fonction de nos valeurs actuelles) pour en conclure qu'il faut retenir les chevaux et faire machine arrière, "back to the trees !", et évoquer une sorte de France fantasmée, blanche et chrétienne, millénaire, pour construire le futur. Les quelques exemples de sociétés qui ont suivi cette voie se sont largement fourvoyées. Tu évoquais les khmers. Tu sais peut-être que leur projet était précisément de construire l'homme nouveau en retournant aux sources, à la terre, en mettant les intellectuels (nécessairement pervertis) dans les champs et en établissant toute une cosmogonie reposant sur le glorieux empire khmer bâtisseur d'Angkor. Or historiquement, il est incontestable que les khmers ont connu leur apogée durant Angkor (le passage du temps n'a pas constitué un "progrès" dans ce sens), mais il n'en demeure pas moins qu'il est tout à fait mortifère de se tourner vers cet âge d'or pour établir une sorte de soustraction du type : (notre état actuel) - (notre état à l'âge d'or) = tout ce qu'il faut supprimer. Or c'est exactement ce que fait Morano quand elle compare notre France balbutiante actuelle avec une France "de race blanche et judéo-chrétienne", cette France immuable et magnifique, très Troisième République, comme pour conclure que tous ses maux actuels résident dans ce qui n'est pas blanc et judéo-chrétien.
Pour moi, il ne s'agit en aucun cas de nier ou de rejeter l'héritage chrétien de la France (de l'Europe) : ce serait stupide. Mais je trouve tout aussi stupide, effrayant et dangereux de se tourner vers un temps révolu (et largement fantasmé) pour induire qu'on a fait fausse route, qu'il faut revenir à ce stade antérieur. Surtout avec toutes les implications racistes et islamophobes que cela comporte lorsque c'est formulé à la manière de Morano.
Je pense qu'on s'est mal compris, Saule. Je n'ai rien contre les valeurs chrétiennes, je n'ai rien contre la religion chrétienne (ou quelque autre religion), je n'ai rien contre la foi et je ne suis même pas sur que le monde se porte vraiment mieux sans Dieu. Par contre j'en ai contre cette immixtion de la religion sur la scène politique a laquelle on assiste depuis quelque temps.
je parlerais plutôt de l'utilisation de la religion, à des fins pas très catholiques si je puis dire.
Pour le reste, je te rejoins.
Mais est-ce qu'il y a réellement une immixtion de la religion sur la scène politique ? N'est-ce pas un vieux fantasme ressassé par certains athées militant ? Est-ce que la crise des immigrés, l'insécurité dans les banlieues, ... et tout le reste a vraiment quelque chose à voir avec la religion ? J'ai l'impression que la religion est surtout un moyen de classer les gens en catégories, ce qui permet d'avoir un étranger qui nous fait peur.
SJB, je pense que tout le monde est d'accord qu'il faut tancer et éjecter les imans qui incitent à la violence (c'est interdit par la loi). Mais sinon je suis d'accord avec toi, ce n'est pas sain de vouloir toujours tout rapporter au racisme et de nier les problèmes qui sont causer par la cohabitation avec des gens de cultures différentes.
Je pense qu'on s'est mal compris, Saule. Je n'ai rien contre les valeurs chrétiennes, je n'ai rien contre la religion chrétienne (ou quelque autre religion), je n'ai rien contre la foi et je ne suis même pas sur que le monde se porte vraiment mieux sans Dieu. Par contre j'en ai contre cette immixtion de la religion sur la scène politique a laquelle on assiste depuis quelque temps.
je parlerais plutôt de l'utilisation de la religion, à des fins pas très catholiques si je puis dire.
Pour le reste, je te rejoins.
Mais est-ce qu'il y a réellement une immixtion de la religion sur la scène politique ? N'est-ce pas un vieux fantasme ressassé par certains athées militant ? Est-ce que la crise des immigrés, l'insécurité dans les banlieues, ... et tout le reste a vraiment quelque chose à voir avec la religion ? J'ai l'impression que la religion est surtout un moyen de classer les gens en catégories, ce qui permet d'avoir un étranger qui nous fait peur.
Je suis en partie d'accord avec toi (et très largement pour les exemples que tu cites).
Par contre, que des chrétiens soient contre le mariage gay, je l'admet totalement, mais qu'ils demandent à l'Etat de ne pas autoriser le mariage (civil) entre les couples homosexuels au prétexte que ça heurte leur religion, quand des parlementaires brandissent leur foi à l'Assemblee pour justifier le blocage d'une loi, c'est l'immixtion de la religion dans la politique. Idem pour l'avortement, pour l'interdiction de certaines pièces de theatre. Je parle des chrétiens parce que c'est l'exemple le plus retentissant récemment, mais ce serait tout aussi intolérable si c'était des musulmans (d'ailleurs, des associations musulmanes étaient aussi présentes dans les cortèges) et je serais outré si demain par exemple, une loi interdisait la représentation du Prophète parce que ce serait une autre immixtion de la religion dans la sphère publique.
Et des maires qui font valoir qu'ils seraient prêts à accepter des migrants à condition qu'ils soient chrétiens...?
Qu''il y ait crainte que des cultures différentes posent un problème d'adaptation, même si ça n'est pas justifié compte tenu de la volonté manifeste de beaucoup de migrants à vouloir s'intégrer à un modèle occidental, ça peut se comprendre. Mais pourquoi mettre en avant les valeurs chrétiennes ? C'est ce qu'on voit ressortir dans des situations d'afflue de migrants alors que ces valeurs religieuses ne sont pas brimées puisque la liberté religieuse est établie et non remise en cause. Puisque la République permet l'exercice de toutes religions dès l'instant qu'elles n'interfèrent pas dans la sphère publique,pourquoi l'Islam aurait une prépondérance ? A la question : l'Islam est-il soluble dans la république ? Régis Debray répond :
« Pourquoi exiger qu'il se dissolve ? Ce ne serait pas très républicain. La République admet et respecte toutes les croyances.Elle doit simplement veiller à ce qu'il n'empiète pas sur l'espace public et qu''il se garde d'intimider ses ouailles. Les catholiques intégristes l'ont bien accepté après 1905...»
Oui les catholiques l'ont accepté mais avec le sentiment d'une prépondérance et la crainte qu'il puisse y avoir une concurrence avec l'islam les fait brandir un étendard chrétien d'un archaïsme pas très glorieux pourtant.
Non Saule la religion n'a pas bon dos, elle est en train de se saborder en laissant la prétendue défense de ses valeurs à des personnages politiques pas brillants,sans parler de ceux qui y mèlent des idéologies plus que douteuses et dangereuses.
Qu''il y ait crainte que des cultures différentes posent un problème d'adaptation, même si ça n'est pas justifié compte tenu de la volonté manifeste de beaucoup de migrants à vouloir s'intégrer à un modèle occidental, ça peut se comprendre. Mais pourquoi mettre en avant les valeurs chrétiennes ? C'est ce qu'on voit ressortir dans des situations d'afflue de migrants alors que ces valeurs religieuses ne sont pas brimées puisque la liberté religieuse est établie et non remise en cause. Puisque la République permet l'exercice de toutes religions dès l'instant qu'elles n'interfèrent pas dans la sphère publique,pourquoi l'Islam aurait une prépondérance ? A la question : l'Islam est-il soluble dans la république ? Régis Debray répond :
« Pourquoi exiger qu'il se dissolve ? Ce ne serait pas très républicain. La République admet et respecte toutes les croyances.Elle doit simplement veiller à ce qu'il n'empiète pas sur l'espace public et qu''il se garde d'intimider ses ouailles. Les catholiques intégristes l'ont bien accepté après 1905...»
Oui les catholiques l'ont accepté mais avec le sentiment d'une prépondérance et la crainte qu'il puisse y avoir une concurrence avec l'islam les fait brandir un étendard chrétien d'un archaïsme pas très glorieux pourtant.
Non Saule la religion n'a pas bon dos, elle est en train de se saborder en laissant la prétendue défense de ses valeurs à des personnages politiques pas brillants,sans parler de ceux qui y mèlent des idéologies plus que douteuses et dangereuses.
Pieronnelle, je ne sais pas dans quel église tu vas mais je dois te dire que j'ai entendu des homélies chez les dominicains, les jésuites, dans ma paroisse, dans les média catholique (journal dimanche), le discours des évêques,... tous sont unanimes pour s'impliquer dans l'aide aux réfugiés et bien sur sans tenir compte de leur religion. Dans une églises magnifique de Bruxelles (on la visitera si tu viens en Mars, c'est SJB au Béguinage), les réfugiés afghans ont campé très longtemps et le curé est très impliqué.
Bref c'est un peu cours sur la balle de penser que l'église ne soutient pas les réfugiés pour de bizarres raisons de valeurs incompatibles !!
Maintenant si les polonais, les hongrois, et certains maires refusent d’accueillir des migrants qui ne soient pas chrétiens, il faut comprendre leur raisons mais pas en déduire quelque chose de tordu à propos des valeurs chrétiennes !
Bref c'est un peu cours sur la balle de penser que l'église ne soutient pas les réfugiés pour de bizarres raisons de valeurs incompatibles !!
Maintenant si les polonais, les hongrois, et certains maires refusent d’accueillir des migrants qui ne soient pas chrétiens, il faut comprendre leur raisons mais pas en déduire quelque chose de tordu à propos des valeurs chrétiennes !
Alors pourquoi l'église ne condamne pas ces prises de position? Je ne doute pas un seul instant de la charité chrétienne et de son soutien aux réfugiés mais on ne peut nier que les arguments mis en avant par des politiques et une certaine population font de plus en plus référence aux valeurs chrétiennes laissant supposer qu'elles sont en danger jusqu'à remettre en cause des acquis comme le droit à l'avortement, l'homosexualité etc. Un vrai retour en arrière ce qui porte préjudice aux ouvertures acceptées par l'Église.
Je ne suis pas du tout sûre que des prises de position comme celles de Martin par exemple seraient cautionnées par les prêtres que tu évoques. Là pour le coup ce n'est pas l'Église qui est vraiment en cause dans ce mouvement réactionnaire mais l'utilisation qui est faite de la religion comme un bouclier contre une autre religion...Alors c'est clair qu'un musulman lambda à l'heure actuelle est super déservi par un extrêmisme islamique qui lui pourrit sa religion...Mais on baigne bien quand même dans un océan de religiosité non ? Alors qu''on a traversé une période relativement calme où la religion chrétienne s'accommodait de la république et vice versa... parce qu'elle était prépondérante et sans véritablement de rivale.
Moi je me pose vraiment des questions sur les raisons profondes qui poussent les gens à ressortir ces valeurs religieuses alors que la plupart du temps beaucoup n'étaient même pas pratiquants. C'est peut-être oui pour masquer des réactions de rejet ordinaires bien proches de la xénophobie ...Et c'est triste :-(
Je ne suis pas du tout sûre que des prises de position comme celles de Martin par exemple seraient cautionnées par les prêtres que tu évoques. Là pour le coup ce n'est pas l'Église qui est vraiment en cause dans ce mouvement réactionnaire mais l'utilisation qui est faite de la religion comme un bouclier contre une autre religion...Alors c'est clair qu'un musulman lambda à l'heure actuelle est super déservi par un extrêmisme islamique qui lui pourrit sa religion...Mais on baigne bien quand même dans un océan de religiosité non ? Alors qu''on a traversé une période relativement calme où la religion chrétienne s'accommodait de la république et vice versa... parce qu'elle était prépondérante et sans véritablement de rivale.
Moi je me pose vraiment des questions sur les raisons profondes qui poussent les gens à ressortir ces valeurs religieuses alors que la plupart du temps beaucoup n'étaient même pas pratiquants. C'est peut-être oui pour masquer des réactions de rejet ordinaires bien proches de la xénophobie ...Et c'est triste :-(
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