Dirlandaise

avatar 05/05/2012 @ 16:32:16
Ce court extrait provient de la page 341 de ma liseuse, sous-chapitre onze du chapitre III.

Ce que j'ai préféré dans cette première partie, ce sont les scènes de batailles et en particulier, lorsque le prince André est blessé et s'écroule. Étendu sur le champ de bataille, il contemple le ciel. C'est un passage magnifique !

"Et courant en avant, persuadé que tout le bataillon le suivait, il fit encore quelques pas : un soldat, puis un second, puis tous s'élancèrent à sa suite en le dépassant. Un sous-officier s'empara du précieux fardeau, dont le poids faisait trembler le bras du prince André, mais il fut tué au même moment. Le reprenant encore une fois, André continua sa course avec le bataillon. Il voyait devant lui nos artilleurs ; les uns se battaient, les autres abandonnaient leurs pièces et couraient à sa rencontre ; il voyait les fantassins français s'emparer de nos chevaux et tourner nos canons. Il en était à vingt pas, les balles pleuvaient et fauchaient tout autour de lui, mais ses yeux rivés sur la batterie ne s'en détachaient pas. Là, un artilleur roux, le schako enfoncé, et un Français se disputaient la possession d'un refouloir ; l'expression égarée et haineuse de leur figure lui était parfaitement visible ; on sentait qu'ils ne se rendaient pas compte de ce qu'ils faisaient.

"Que font-ils ? se demanda le prince André. Pourquoi l'artilleur ne fuit-il pas, puisqu'il n'a plus d'arme, et pourquoi le Français ne l'abat-il pas ? Il n'aura pas le temps de se sauver, que le Français se souviendra qu'il a son fusil ! En effet, un second Français arriva sur les combattants, et le sort de l'artilleur roux, qui venait d'arracher le refouloir des mains de son adversaire, allait se décider. Mais le prince André n'en vit pas la fin. Il reçut sur la tête un coup d’une violence extrême, qu'il crut lui avoir été appliqué par un de ses voisin. La douleur était moins sensible que désagréable, dans ce moment où elle faisait une diversion à sa pensée :

"Mais que m'arrive-t-il ? je ne me tiens plus ? mes jambes se dérobent sous moi." Et il tomba sur le dos. Il rouvrit les yeux, dans l'espoir d'apprendre le dénouement de la lutte des deux Français avec l'artilleur, et si les canons étaient sauvés ou emmenés. Mais il ne vit plus rien que bien haut au-dessus de lui un ciel immense, profond, où voguaient mollement de légers nuages grisâtres. "Quel calme, quelle paix ! se disait-il ; ce n'était pas ainsi quand je courais, quand nous courions en criant ; ce n'était pas ainsi, lorsque les deux figures effrayés se disputaient le refouloir ; ce n'était pas ainsi que les nuages flottaient dans ce ciel sans fin ! Comment ne l'avais-je pas remarquée plus tôt, cette profondeur sans limite ? Comme je suis heureux de l'avoir enfin aperçue !... Oui ! tout est vide, tout est déception, excepté cela ! Et Dieu soit loué pour ce repos, pour ce calme !..."


Le dernier paragraphe est d'une beauté à couper le souffle !

p. 373, sous-chapitre seize du chapitre III.

Saint Jean-Baptiste 06/05/2012 @ 19:25:38
Oui, ce dernier paragraphe est très impressionnant. Je me souviens que ce passage m’avait profondément marqué, déjà à ma première lecture, il y a… heu ! pas loin de soixante ans... C’est très frappant : on passe de l’événement à un moment d’éternité.
(Mais peut-être que tiré de son contexte, il fait moins d’effet)
Chez moi ça se trouve à la troisième partie du premier tome, chapitre XVI page 310.


Voilà ma traduction :

« Qu’est-ce ? je tombe ? mes jambes flageolent », se dit-il, et s’écroula sur le dot. Il rouvrit les yeux, espérant voir l’issue de la lutte engagée entre le Français et les artilleurs, avide de savoir si oui ou non l’artilleur roux était tué et la batterie conquise. Mais il ne vit plus rien. Il n’y avait au dessus de lui que le ciel, un ciel voilé mais très haut, immensément haut, où flottaient doucement des nuages gris. « Quel calme, quelle paix, quelle majesté ! songeait-il. Quelle différence entre notre course folle, parmi les cris et la bataille, quelle différence entre la rage stupide des deux hommes qui se disputaient le refouloir – et la marche lente de ces nuages dans le ciel profond, infini ! Comment ne l’ai-je pas remarqué jusqu’alors ? Et que je suis heureux de l’avoir découvert enfin ! Oui, tout est vanité, tout est mensonge en dehors de ce ciel sans limites. Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela… Peut-être même est-ce un leurre, peut-être n’y a-t-il rien , à part le silence, le repos. Et Dieu en soit loué !... »


Ça confirme bien notre première impression : ta traduction est plus littéraire et la mienne plus littérale. C’est très frappant à la dernière phrase :

« Oui, tout est vanité, tout est mensonge en dehors de ce ciel sans limites. Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela… Peut-être même est-ce un leurre, peut-être n’y a-t-il rien , à part le silence, le repos. Et Dieu en soit loué !... »

Devient :
Oui ! tout est vide, tout est déception, excepté cela ! Et Dieu soit loué pour ce repos, pour ce calme !..."


Pour Provis :
Je remarque que « ce ciel sans limites » limites avec un s (personnellement je n’en aurais pas mis)
De même des minuscules après les points d’interrogation et d’exclamation. Moi je trouve ça bien mais je me demande si c’est bien juste.
Qu’en pensez-vous, Maître ?

Dirlandaise

avatar 06/05/2012 @ 21:59:40
Merci SJB. J'aime beaucoup la traduction de monsieur Mongault cette fois-ci :

"où voguaient mollement de légers nuages grisâtres." (Une russe)

"où flottaient doucement des nuages gris." (Henri Mongault)

Je préfère le deuxième : "flottaient doucement" est plus élégant.



"ce n'était pas ainsi que les nuages flottaient dans ce ciel sans fin !" (Une russe)"

et la marche lente de ces nuages dans le ciel profond, infini !" (Henri Mongault)

Encore une fois, monsieur Mongault emporte mon adhésion. La marche lente de ces nuages... c'est beau et très militaire ce qui sied bien au contexte. ;-)

"Oui ! tout est vide, tout est déception, excepté cela ! Et Dieu soit loué pour ce repos, pour ce calme !..." (Une russe)

"Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela… Peut-être même est-ce un leurre, peut-être n’y a-t-il rien , à part le silence, le repos. Et Dieu en soit loué !... " (Henri Mongault)

Toujours monsieur Mongault !

Dirlandaise

avatar 06/05/2012 @ 22:14:26
Ce qui rend les personnages de Tolstoï si fascinants et attachants, ce sont leurs réflexions devant les événements extérieurs, leur naïveté, leur étonnement devant le malheur. Tolstoï nous livre quelques réflexions de ce style lorsque Nicolas Rostow, poursuivi par un Français, se demande pourquoi on veut le tuer, lui si bon que tout le monde aime etc. C'est mignon et tellement touchant. Je vais tenter de retrouver ce passage pour le retranscrire.

Dirlandaise

avatar 06/05/2012 @ 22:26:39
"Il examinait les survenants, et, malgré sa récente bravoure qui les voulait tous exterminer, ce voisinage le glaçait d'effroi.

"Où vont-ils ?... Est-ce à moi qu'ils en veulent ?... Me tueront-ils ?... Pourquoi ? Moi que tout le monde aime ?..."

Et il se souvint de l'amour de sa mère, de sa famille, de l'affection que chacun avait pour lui, ce qui rendait cette supposition invraisemblable.

Il restait cloué à sa place, sans se rendre compte de sa situation ; le Français au nez crochu, à la figure étrangère, échauffé par la course, et dont il pouvait déjà distinguer la physionomie, arrivait sur lui la baïonnette en avant. Rostow saisit son pistolet, mais, au lieu de le décharger sur son ennemi, il le lui jeta violemment à la tête, et s'enfuit à toutes jambes se cacher dans les buissons.

Les sentiments de lutte et d'excitation qu'il avait si vivement éprouvés sur le pont de l'Enns étaient bien loin de lui : il courait comme un lièvre traqué par les chiens ; l'instinct de conserver son existence jeune et heureuse envahissait tout son être, et lui donnait des ailes ! Sautant par-dessus les fossés, franchissant les sillons avec l'impétuosité de son enfance, il tournait souvent en arrière sa bonne et douce figure pâlie, tandis que le frisson de la peur aiguillonnait sa course.

"Il vaut mieux ne pas regarder," pensa-t-il ; mais, arrivé aux première broussailles, il s'arrêta ; les Français étaient distancés, et celui qui le poursuivait ralentissait le pas et semblait appeler ses compagnons :

"Impossible !... Ils ne peuvent pas vouloir me tuer ? se dit Rostow."


Une telle naïveté devant le danger, c'est impossible de rester indifférente à cela ! ;-)

Dirlandaise

avatar 07/05/2012 @ 17:51:09
Eh ben Provis ? Tu me laisses tomber ? Peut-être devrais-je ajouter un zeste de politique à ce fil afin d'attirer des intervenants ou bien offrir du vin ? ;-)))))))))))))

Dirlandaise

avatar 07/05/2012 @ 17:52:55
J'ai terminé la première partie et je prends une pause car j'ai d'autres lectures à effectuer mais je reviendrai à Tolstoï très bientôt car je veux connaître la suite et savoir ce qui advient du prince André... ;-)

Saule

avatar 07/05/2012 @ 19:31:53
Je dois dire que le passage ou le prince tombe et philosophe sur le ciel et l'éternité est très différent dans mon édition, beaucoup moins bien. Ce n'est pas une question de traduction, c'est une autre version du texte. Je vous le donnerai ici tantôt.

Dirlandaise

avatar 07/05/2012 @ 21:41:53
N'en fais pas une obligation. Je suis râleuse ces temps-ci. J'ai le syndrome de l'abandon alors quand je pense qu'on me délaisse, je m'inquiète et je réagis parfois inconsidérément. ;-)

Provis

avatar 08/05/2012 @ 16:56:11
Eh ben Provis ? Tu me laisses tomber ? Peut-être devrais-je ajouter un zeste de politique à ce fil afin d'attirer des intervenants ou bien offrir du vin ? ;-)))))))))))))
C'est que je ne suis pas pensionné, moi ! Mes classes de français et de latin m'occupent à temps plein !! :o)

Je te promets pour ce soir (ou demain!) un petit extrait de Guertik, pour comparer.

Depuis une semaine ou deux, j'ai entre les mains le premier numéro de "Le Figaro HISTOIRE" dont le sujet principal est la campagne de Russie. Très intéressant à tout point de vue, en particulier le petit article (Irina de Chikoff) sur Tolstoï et la Guerre et la Paix. Je te le conseille.

Tolstoï, dont le père a servi dans les hussards pendant la campagne, est une ardent défenseur de Koutouzov, mais souvent de façon très partisane (le vrai Koutouzov est beaucoup moins exemplaire). Ce parti pris n'enlève rien à la beauté de son livre, mais a eu tendance à provoquer des longueurs. Si ces développements ne sont pas supprimés dans ta version, tu verras en effet que Tolstoï développe une conception personnelle de l'histoire, où l'homme est entraîné par "la roue du temps" dans des évènements contre lesquels il ne peut rien.

Concernant les personnages, il est dit que les figures historiques ne sont pas traités en héros mais en hommes. Quant aux personnages fictifs, "Tolstoï les as imaginés à partir d'êtres de chair et de sang qu'il a connus à Moscou, à Saint-Pétesbourg, dans le Caucase ou en Crimée lorsqu'il servait dans l'armée."


En attendant, tu as raison, passons au bistrot du Commerce pour suivre l'histoire du temps présent.. :o)

Provis

avatar 08/05/2012 @ 17:06:14
Pour Provis :
Je remarque que « ce ciel sans limites » limites avec un s (personnellement je n’en aurais pas mis). De même des minuscules après les points d’interrogation et d’exclamation. Moi je trouve ça bien mais je me demande si c’est bien juste.
Qu’en pensez-vous, Maître ?
Votre Seigneurerie est assez grand personnage, et assez savant, pour faire tout à fait comme il lui plaît.

Cela dit, je ne vois pas pourquoi on devrait assigner au ciel une limite unique ? Vous-même ne vous êtes-vous jamais promené sur la plage sans chaussures ? Aurait-il fallu ce jour-là que vous claudiquassiez sur une seule petite patte ?

Pour moi, pas de problème non plus pour les minuscules après les points d’interrogation et d’exclamation. Loisible.

Votre dévoué serviteur, A. P. :o)

Saint Jean-Baptiste 08/05/2012 @ 17:12:10
Pour Provis :

Qu’en pensez-vous, Maître ?
Votre Seigneurerie est assez grand personnage, et assez savant, pour faire tout à fait comme il lui plaît.

Cela dit, je ne vois pas pourquoi on devrait assigner au ciel une limite unique ? Vous-même ne vous êtes-vous jamais promené sur la plage sans chaussures ? Aurait-il fallu ce jour-là que vous claudiquassiez sur une seule petite patte ?

Pour moi, pas de problème non plus pour les minuscules après les points d’interrogation et d’exclamation. Loisible.

Votre dévoué serviteur, A. P. :o)


;-)))))

Dirlandaise

avatar 08/05/2012 @ 18:15:52
Provis j'avais remarqué la présence d'un Tolstoï dans les personnages et je me doutais bien qu'il devait exister un lien de parenté avec l'auteur. Il s'agit donc de son père, c'est intéressant.

Il me semble que Tolstoï ne présente pas Koutouzow toujours sous son meilleur jour dans son livre. Il le décrit parfois comme un vieillard qui n'est plus à la hauteur de sa tâche et que les hommes raillent et lui retirent leur confiance enfin si je me souviens bien.

Je suis contente de te revoir de nouveau sur ce fil. J'avais peur que tu ne reviennes plus mais cela fait partie de mon caractère, cette peur de l'abandon. Je sais bien que tu es quelqu'un sur qui on peut se fier. J'ai hâte de lire ton extrait. ;-)

Provis

avatar 09/05/2012 @ 00:36:18
Dans cet extrait, Tolstoï compare le mouvement des troupes au mécanisme d'une horloge :

"Le mouvement, concentré le matin dans le quartier général des Empereurs, en se répandant de proche en proche, avait atteint et tiré de leur immobilité jusqu'aux derniers ressorts de cette immense machine militaire, comparable au mécanisme si compliqué d'une grande horloge. L'impulsion une fois donnée, nul ne saurait plus l'arrêter : la grande roue motrice, en accélérant rapidement sa rotation, entraîne à sa suite toutes les autres : lancées à fond de train, sans avoir idée du but à atteindre, les roues s'engrènent, les essieux crient, les poids gémissent, les figurines défilent, et les aiguilles, se mouvant lentement, marquent l'heure, résultat final obtenu par la même impulsion donnée à ces milliers d'engrenages, qui semblaient destinés à ne jamais sortir de leur immobilité ! C'est ainsi que les désirs, les humiliations, les souffrances, les élans d'orgueil, de terreur, d'enthousiasme, la somme entière des sensations éprouvées par 160 000 Russes et Français eurent comme résultat final, marqué par l'aiguille sur le cadran de l'histoire de l'humanité, la grande bataille d'Austerlitz, la bataille des trois Empereurs !"

Cependant, Tolstoï n'abuse pas de cette technique car ces passages sont assez rares dans le texte enfin dans la première partie que je termine bientôt, encore une vingtaine de pages et c'est fait.

J'aime bien l'évolution des personnages en particulier celle du gros Pierre et surtout le prince André, mes deux préférés.

Saule, durant l'été, tu pourrais nous recopier quelques extraits ce serait amusant de faire le même exercice enfin si cela te tente.
E. Guertik :

Le mouvement concentré qui était parti, le matin, du grand quartier des empereurs et avait donné l’impulsion générale ressemblait au premier mouvement de la roue motrice d’une gigantesque horloge. Lentement, l’une des roues s’ébranle, puis une autre, puis une troisième, et toujours plus vite les engrenages, les poulies, les pignons se mettent à tourner, la sonnerie joue, les figurines défilent, et les aiguilles avancent régulièrement, marquant le résultat du mouvement.
De même que le mécanisme d’une horloge, la machine militaire, le mouvement une fois donné, va irrésistiblement jusqu’au bout et chacune des parties du mécanisme dont le tour n’est pas encore venu reste également immobile jusqu’à la transmission du mouvement. Les roues grincent sur leur axes en engrenant leurs dents, la rotation fait gémir les poulies, mais le roue voisine reste aussi inerte et aussi immobile que si elle était prête à demeurer dans cette immobilité des centaines d’années ; mais vient le moment, une palette l’a accrochée et, obéissant au mouvement général, elle grince en tournant et se fond dans une action unique dont le résultat et le but lui sont incompréhensibles.
Comme dans l’horloge, où le mouvement complexe des innombrables rouages n’a pour résultat que le déplacement lent et régulier de l’aiguille qui marque l’heure, de même tous les complexes mouvements humains de ces cent soixante mille hommes, Russes et Français – de toutes les passions, tous les désirs, des regrets, des humiliations, des souffrances, des plans d’orgueil, de la peur, de l’enthousiasme de ces hommes -, n’eurent pour résultat que la perte de la bataille d’Austerlitz, dite bataille des trois empereurs, c’est-à-dire le lent déplacement de l’aiguille de l’histoire universelle sur le cadran de l’histoire de l’humanité.



Cette comparaison du mouvement des troupes au mouvement d’une horloge, que tu soulignes, Dirlandaise, n’est pas un hasard sous la plume de Tolstoï. Elle rappelle sa "théorie historique" de la roue du temps qui emporte les hommes impuissants contre leur destin (dont je parle dans mon post de 16h56).

Dirlandaise

avatar 09/05/2012 @ 17:00:06
Ah merci Provis, il est bien ton extrait. Je crois que je le préfère au mien cette fois-ci. Il est intéressant de comparer les deux styles. Celui de madame Guertik me semble supérieur à celui d'une russe. Il décrit d'une façon plus détaillée le mouvement qui se met en branle tel les mécanismes de l'horloge.

"les roues s'engrènent..." (une russe)

"Les roues grincent sur leur axes en engrenant leurs dents," (Guertik)


L'extrait de madame Guertik est plus intéressant. Je crois entendre les roues grincer alors que le premier extrait me semble plus plat.

Je reviendrai un peu plus tard pour comparer d'autres phrases. ;-)

Dirlandaise

avatar 09/05/2012 @ 22:21:07
"la somme entière des sensations éprouvées par 160 000 Russes et Français eurent comme résultat final, marqué par l'aiguille sur le cadran de l'histoire de l'humanité, la grande bataille d'Austerlitz, la bataille des trois Empereurs !" (une russe)

"n’eurent pour résultat que la perte de la bataille d’Austerlitz, dite bataille des trois empereurs, c’est-à-dire le lent déplacement de l’aiguille de l’histoire universelle sur le cadran de l’histoire de l’humanité." (Guertik)


Par contre ici, je préfère le premier extrait car on ne mentionne pas la défaite, seulement la grande bataille d'Austerlitz. Étrange cette mention de perte car ce ne le fut pas pour les Français tout de même... Tolstoï mentionne leurs souffrances à eux aussi et parle de perte à la fin comme résultat ! Pas pour eux enfin...

Dirlandaise

avatar 09/05/2012 @ 22:23:42
C'est tout de même beau cet extrait n'est-ce pas ? Quand Tolstoï s'y met, il est merveilleux comme écrivain ! ;-)

Jentana 23/03/2013 @ 09:36:18
Elizabeth Guertik etait la premiere femme de mon pere
Wladimir Guertik. Tous les deux bien Russe. Guertik nom probablement d'origine Balte mais Russe depuit plusieurs siecles.
Famille aristocratique tres fermee vivant a St Petersbourg. Helene Guertik etait la soeur Aimee de mon pere.

Saint Jean-Baptiste 24/03/2013 @ 12:31:28
C'est très curieux, Jentana, quel étonnant hasard ! Soyez la bienvenue sur notre site ! Mais comment donc êtes-vous parvenue sur notre site pour nous dire cette nouvelle ?

Regardez ce qu'un de nous, Provis, disait à propos de votre mère – ou belle-mère, au début de ce forum :

La Guerre et la Paix (Tolstoï) traduit par Elizabeth Guertik
Qualité de traduction pour moi remarquable. Style clair, très élégant, on jurerait que le live a été écrit en français (par un grand écrivain.. :o).

La traductrice de La Guerre et la Paix sur les liseuses est renseignée  : "une Russe".
Vous pourriez peut-être nous dire s'il s'agit de votre mère, on s'était posé la question.

Saule

avatar 30/07/2016 @ 22:34:49
Je profite de ce sujet pour rendre hommage à un traducteur que j'aime bien, Jean Pavans, un traducteur attitré de Edith Wharton. Je lis la traduction récente du premier roman de Wharton, The Valley of Decision, et je lis ceci:

Nous logions dans quelques pièces d'un grand palais avec des plafonds extrêmement hauts, que mon ami ne chauffait jamais en raison de son tempérament podagre ;...

Ne connaissant pas ce terme podagre, je suppose d'après le contexte que ça veut dire pingre, mas je décide quand même de vérifier dans le dictionnaire en ligne atilf. Or, pas du tout, podagre veut dire qui souffre de la goute.

PATHOL. [En parlant d'une pers.] Qui a la goutte aux pieds et marche difficilement. Le curé, M. de Rostaing, qui était podagre et ne sortait qu'en chaise, venait de se faire porter devant le moulin par deux valets en livrée (POURRAT, Gaspard, 1931, p.9).

Surpris, je vérifie dans le texte original, et je vois que Wharton parle dans le texte original de "plethoric habit"

We lived in a large palace with exceedingly high-ceilinged rooms, which my friend would never have warmed on account of his plethoric habit,

et là je me dis que Jean Pavans est vraiment un bon traducteur car d'après ce que je trouve dans les dictionnaires en ligne "plethoric habit" est un terme médical pour la maladie qui consiste à avoir trop de sang dans certaine partie du corps. Et je pense bien que la goute était associée à l'excès de sang dans la croyance de l'époque (par exemple trop de viande rouge ou de vin). Ca me semble d'autant plus juste qu'avant dans le texte, Wharton mentionne que ce monsieur souffre d'une étrange maladie qu'on les anglais et qui nécessite d'emmitoufler ses pieds dans des langes (This gentleman, though no longer young, and afflicted with that strange English malady that obliges a man to wrap his feet in swaddling-clothes like a new-born infant).

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