Provis

avatar 25/04/2012 @ 20:59:30
Dirlandaise, voici la traduction d’Elizabeth Guertik (les passages en français sont en italique).
Si tu trouves des passages particulièrement mal écrits dans ton édition, je pourrai essayer de les retrouver dans la traduction de Guertik (si tu m'indiques en gros où ça se trouve ! :o).


« Eh bien, mon prince, Gênes et Lucques ne sont plus que des apanages, des domaines, de la famille Buonaparte. Non, je vous préviens que si vous ne me dites pas que nous avons la guerre, si vous vous permettez encore de pallier toutes les infamies, toutes les atrocités de cet Antéchrist (ma parole, j’y crois), je ne vous connais plus, vous n’êtes plus mon ami, vous n’êtes plus mon fidèle serviteur, comme vous dites. Eh bien, bonjour, bonjour. Je vois que je vous fais peur, asseyez-vous et racontez. »

Provis

avatar 25/04/2012 @ 21:09:42
Je lis dans la préface de mon édition que dans les premières versions, Tolstoï avait écrit de large passage en français qui étaient traduit en Russe en note de bas de page.
C’est exactement la version qu’a lue Irina !
Elle m’a dit qu’elle avait trouvé vraiment très pénible d’être obligée d’aller en bas de page pour avoir la traduction eu russe.

J'ai la traduction de Bernard Kreisse, traduction à partir d'une version dont Tolstoï avait expurgé de long passages philosophiques ou historiques.
C'est vrai que dans la version longue, on se serait bien passé de ses analyses personnelles de la campagne de Russie et de son long plaidoyer en faveur de Koutouzov !
Sinon, tu trouves que la traduction de Bernard Kreisse est bien écrite ?

Dirlandaise

avatar 25/04/2012 @ 21:26:56
Merci Provis ! Je constate que la version de madame Guertik est nettement supérieure à celle sur ma liseuse mais bon, je vais faire avec pour l'instant mais je vais me procurer la traduction de madame Guertik à la première occasion.

Merci pour ton offre au sujet des passages mal écrits. Il semble bien qu'il y en aura quelques-uns en effet...

Je termine la bio sur la famille Molson que j'ai presque terminée et je me plonge dans Tolstoï. ;-)

Saule

avatar 25/04/2012 @ 23:39:07
Ca fait trop longtemps que je l'ai lu que pour juger de la traduction. Par contre, je n'ai pas regretté les coupures, des coupures décidées par Tolstoï lui-même si j'ai bien compris.

Dirlandaise, si tu as l'occasion, emprunte le DVD de la version du film par Bondartchuk. C'est inoubliable, plus de 6 heures de film (à l'origine dans un format deux fois plus grand de celui actuellement utilisé dans les ciné, évidemment sur le DVD tu perdras cet effet).

Dirlandaise

avatar 26/04/2012 @ 20:41:34
Merci pour la référence Saule. Je ne sais pas si je vais trouver ce film ici mais je vais essayer. ;-)

J'ai déjà lu quelques chapitres de "Guerre et paix" et déjà, j'aime bien certains personnages. Encore une fois, je trouve les hommes infiniment plus sympathiques que les femmes ! J'aime particulièrement Pierre et sa balourdise dans les salons. C'est Tolstoï jeune j'en suis certaine. Il passe pour un bon garçon dans les salons mais quel mauvais garnement lui et sa bande d'enfants gâtés ! Et André qui traîne sa désillusion et son ennui sur le mariage, c'est Tolstoï encore une fois mais plus vieux. Il s'incarne à travers ses personnages c'est fascinant.

C'est magistralement bien rédigé (je ne parle pas de la traduction...) et les personnages sont d'une vérité assez incroyable.

Dirlandaise

avatar 28/04/2012 @ 16:43:49
Provis, si jamais tu as le goût, j'aimerais bien que tu retranscrives cet extrait de "Guerre et paix" dans la traduction de madame Guertik juste pour comparer les deux styles. Je le trouve particulièrement beau. Cette façon de comparer la marche des soldats aux vagues de la rivière, c'est du grand art je trouve.

L'extrait raconte le repli de Koutouzov sur Vienne suite à la défaite des armées autrichiennes du général Mack. Sur ma liseuse, je peux le trouver à la page 188, au chapitre II, sous-chapitre IV mais dans un livre papier, je ne sais pas. :

"Mais les "pays", épaule contre épaule, leurs baïonnettes s'entrechoquant, continuaient à marcher en masse compacte. En regardant au-dessous de lui, le prince Nesvitsky pouvait apercevoir les petites vagues, rapides et clapotantes de l'Enns, qui, courant l'une sur l'autre, se confondaient, blanches d'écume, en se brisant sous l'arche du pont. En regardant autour de lui, il voyait se succéder des vagues vivantes de soldats semblables à celles d'en bas, des vagues de shakos recouverts de leurs fourreaux, de sacs, de fusils aux longues baïonnettes, de visages aux pommettes saillantes, aux joues creuses, à l'expression insouciante, et fatiguée, et de pieds en mouvement foulant les planches boueuses du pont. Parfois, un officier en manteau se frayait un passage à travers ces ondes uniformes, comme un jet de la blanche écume qui courait sur les eaux de l'Enns. Parfois les ondes de l'infanterie entraînaient avec elles un hussard à pied, un domestique militaire, un habitant de la ville, comme de légers morceaux de bois emportés par le courant ; parfois encore, un fourgon d'officier ou de compagnie, recouvert de cuir de haut en bas, voguait majestueusement, soutenu par la vague humaine comme une poutre descendant la rivière."

Je vais retranscrire quelques beaux extraits au fur et à mesure de ma lecture et nous pourrons comparer si tu veux bien. ;-)

Provis

avatar 29/04/2012 @ 19:22:26
Voici la traduction d’Elizabeth Guertik.

La traduction de « la russe » me paraît très bien, mais personnellement je garde une préférence pour Elizabeth Guertik : une petite supériorité pour moi dans la construction des phases, le choix des mots, la fluidité et l’aisance..

La comparaison pourrait prendre tout son intérêt puisque le texte original est entièrement en russe, mais en fait on n’est pas sûrs que les deux textes de départ soient tout à fait identiques, vu qu’il existe plusieurs versions de l’histoire !


« Mais les pays, serrés épaule contre épaule, s’accrochant de leur baïonnettes, avançaient sans interruption sur le pont en une seule masse compacte. Jetant un regard au-delà du parapet, Nesvitzki voyait les flots rapides, bruyants de l’Ens qui, se mêlant, se ridant, contournaient les piliers du pont, se poursuivaient l’un l’autre. Regardant le pont, il voyait des flots vivants et tout aussi monotones de soldats, des shakos avec leurs cordons et leurs housses, des sacs, des baïonnettes, de longs fusils et, sous les shakos, des visages aux larges pommettes, aux joues creuses et à l’expression insouciante et fatiguée, et le piétinement des pieds dans la boue gluante étalée sur les planches du pont. Parfois, tel un jaillissement d’écume au-dessus des eaux de l’Ens, un officier vêtu de son manteau se frayait un passage parmi les flots toujours pareils de soldats, son visage tranchant sur celui des hommes ; parfois, tel un copeau entraîné par la rivière, un hussard à pied, une ordonnance ou un civil était porté par le torrent de l’infanterie ; ou encore comme un tronc d’arbre flottant au fil de l’eau, un chariot de compagnie ou d’officier chargé jusqu’en haut et bâché défilait sur le pont, cerné de toutes parts. »

Saule

avatar 29/04/2012 @ 20:29:37
La traduction de Bernard Kreise (Seuil). J'aime bien celle de "une russe". Trop court que pour départager les trois je trouve.

Mais les pays, serrés épaule contre épaule, accrochés à leur baïonnette, avançaient sur le pont en un flot continu et en une masse compacte. Depuis le parapet, le prince Nesvitski voyait les vaguelettes des eaux troubles et rapides de l'Enns qui se mélangeaient, se ridaient et se relevaient contre les piles du pont, puis se dépassaient les unes les autres. En regardant le pont, il vit des vagues de soldats, tout aussi uniformes et vivantes, les jugulaires et les shakos avec leur housse, les havresacs, les baïonnettes, les longs fusils et, au-dessus de leur sous-mentonnière, les visages aux larges pommettes, aux joues tombantes, qui exprimaient une fatigue insouciante, et les pieds qui foulaient les planches du pont recouvertes d'une boue visqueuse. Parfois, entre les vagues uniformes de soldats, comme une éclaboussure d'écume blanche dans les vagues de l'Enns, un officier revêtu de sa cape se faufilait entre les soldats avec une physionomie distincte de celle des hommes; parfois, comme un copeau tournoyant sur la rivière, un hussard à pied, une ordonnance ou un habitant était emporté sur le pont par les vagues de l'infanterie; parfois, telle une poutre voguant sur la rivière, cernée de toutes parts, un fourgon d'une compagnie ou appartenant à des officiers, surchargé et recouvert d'une capote de cuir, traversait le pont comme en flottant.

Dirlandaise

avatar 30/04/2012 @ 02:18:46
Ah merci Provis et toi aussi Saule pour ces extraits. Vous êtes des amours tous les deux.

Chaque traduction comporte des phrases différentes. Certaines me plaisent plus que d'autres comme par exemple lorsque je compare la première phrase dans les trois traductions, il me semble que la traduction de monsieur Kreise diffère de façon significative des deux autres. Il écrit :

"Mais les pays, serrés épaule contre épaule, accrochés à leur baïonnette, avançaient sur le pont en un flot continu et en une masse compacte."

"Accrochés à leur baïonnette..." introduit une connotation de peur, de crainte et d'insécurité face à l'ennemi alors que dans les deux autres extraits, le même petit bout de phrase évoque plutôt la cohue, le mouvement de foule qui se masse sur le pont, la difficulté qu'éprouve les soldats à se mouvoir :

"Leurs baïonnettes s'entrechoquant..." (une russe) et "s'accrochant de leurs baïonnettes" (madame Guertik).

Et cet extrait évoquant le pont boueux :

"et de pieds en mouvement foulant les planches boueuses du pont." (une russe)

"et le piétinement des pieds dans la boue gluante étalée sur les planches du pont." (madame Guertik)

"et les pieds qui foulaient les planches du pont recouvertes d'une boue visqueuse." (monsieur Kreise)

Les deux dernières phrases mettent beaucoup plus en évidence la boue du pont que la première. Elles sont beaucoup plus vivantes je trouve. Les adjectifs "gluante" et "visqueuse" contribuent à cela.

Je continue ma lecture et je copierai un autre extrait qui m'aura particulièrement plu afin de comparer encore une fois les différents styles, enfin si vous voulez bien. C'est fort agréable je trouve... ;-)

Saint Jean-Baptiste 01/05/2012 @ 14:57:18
J’ai retrouvé très facilement le passage en question grâce à une table des matières très détaillée.
C’est à la page 150 et 151 de l’édition Gallimard de 1945. Traduction de Henri Mongault.

Mais les « pays », serrés épaule contre épaule et s’embarrassant dans leurs baïonnettes, s’avançaient sans s’arrêter, en une masse compacte.
Les regards de Nésvitski allaient de la rivière au pont, découvrant ici et là un spectacle identique. En bas, l’Enns précipitait ses petites vagues bruyantes et ridées, qui, se poursuivant l’une l’autre, venaient se briser et se confondre contre les pilotis. En haut, d’autres vagues déferlaient, humaines celles-ci, mais tout aussi uniformes : c’était un incessant défilé de sacs, de longs fusils avec leurs baïonnettes, de shakos, avec leurs housses et leurs jugulaires, laissant entrevoir des visages aux joues creuses, aux pommettes saillantes, de jambes enfin, barbotant dans la boue gluante. Parfois la physionomie caractéristique d’un officier en manteau mettait sue ces flots indistincts la même bigarrure qu’un panache d’écume sur les eaux de l’Enns ; parfois aussi un hussard démonté, une ordonnance, un habitant du pays se laissait entraîner par les vagues de l’infanterie comme un fétu par celles de la rivière ; ou bien c’était une voiture d’officier, un fourgon de compagnie surchargé et protégé par une bâche, qui émergeait, telle une poutre flottante, du torrent impétueux qui la cernait de toutes parts.


C’est une traduction probablement plus littérale que celle donnée par Dirlandaise, en tous cas elle est plus détaillée.
Celle de Dirlandaise est plus courte mais peut-être bien plus harmonieuse.

C’est à vous de juger.

Je trouve que celle donnée par Provis est pratiquement la même que celle de Dirlandaise.
Par contre, celle donnée par Saule est un peu différente et même parfois un peu curieuse. Exemple : « les visages aux larges pommettes, aux joues tombantes », au lieu de : « des visages aux joues creuses, aux pommettes saillantes ».

Mais j’en veux à Dirlandaise ;-)) parce que, pour ce petit exercice, j’ai relu toute la deuxième partie, c’est-à-dire de la page 119 à 219, et j’ai une folle envie de continuer jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à la page 1429, tellement c’est beau et passionnant… Alors que je l’ai déjà lu trois fois en entier. Il est vrai que la première fois c’était en 1954.

Saule

avatar 01/05/2012 @ 15:08:33
Je préfère la traduction de Henri Mongault, c'est plus agréable à lire, plus fluide. J'aime bien le fait qu'il explicite la comparaison entre la rivière et les régiments (comme dans celle de Dirlandaise d'ailleurs). J'ai bien envie de le relire aussi, ce sera pour cet été.

Provis

avatar 01/05/2012 @ 17:04:50
J’ai retrouvé très facilement le passage en question grâce à une table des matières très détaillée.
C’est à la page 150 et 151 de l’édition Gallimard de 1945. Traduction de Henri Mongault.

Mais les « pays », serrés épaule contre épaule et s’embarrassant dans leurs baïonnettes, s’avançaient sans s’arrêter, en une masse compacte.
Les regards de Nésvitski allaient de la rivière au pont, découvrant ici et là un spectacle identique. En bas, l’Enns précipitait ses petites vagues bruyantes et ridées, qui, se poursuivant l’une l’autre, venaient se briser et se confondre contre les pilotis. En haut, d’autres vagues déferlaient, humaines celles-ci, mais tout aussi uniformes : c’était un incessant défilé de sacs, de longs fusils avec leurs baïonnettes, de shakos, avec leurs housses et leurs jugulaires, laissant entrevoir des visages aux joues creuses, aux pommettes saillantes, de jambes enfin, barbotant dans la boue gluante. Parfois la physionomie caractéristique d’un officier en manteau mettait sue ces flots indistincts la même bigarrure qu’un panache d’écume sur les eaux de l’Enns ; parfois aussi un hussard démonté, une ordonnance, un habitant du pays se laissait entraîner par les vagues de l’infanterie comme un fétu par celles de la rivière ; ou bien c’était une voiture d’officier, un fourgon de compagnie surchargé et protégé par une bâche, qui émergeait, telle une poutre flottante, du torrent impétueux qui la cernait de toutes parts.

C’est une traduction probablement plus littérale que celle donnée par Dirlandaise, en tous cas elle est plus détaillée.
Celle de Dirlandaise est plus courte mais peut-être bien plus harmonieuse.

C’est à vous de juger.

Je trouve que celle donnée par Provis est pratiquement la même que celle de Dirlandaise.
Par contre, celle donnée par Saule est un peu différente et même parfois un peu curieuse. Exemple : « les visages aux larges pommettes, aux joues tombantes », au lieu de : « des visages aux joues creuses, aux pommettes saillantes ».
Oui, on pourrait même dire que la traduction de Kreise est parfois carrément maladroite (j'ai des exemples en rayon.. :o)

J'aime beaucoup la tienne (Mongault), mais je ne suis pas sûr qu'elle soit plus littérale que celles de Guertik et "une russe". La fluidité et la clarté pourraient être résulter de petites modifications (simplifications ?) du texte original.

Dirlandaise

avatar 01/05/2012 @ 23:52:39
Merci SJB de te joindre à nous, c'est gentil tout plein !

Je n'aime pas tellement la traduction de monsieur Mongault. Certaines expressions sont lourdes je trouve :

"s'embarrassant dans leurs baïonnettes..." n'est pas très beau de même que :

"barbotant dans la boue gluante..." me fait tiquer. Le mot "barboter" me fait penser à des enfants jouant dans la boue et ne va pas bien dans le contexte à mon avis. Et puis, il n'y a pas assez de boue sur le pont pour justifier ce terme de "barboter" il me semble...

Difficile d'opter pour la meilleure traduction. Chacune comporte des défauts comme de grandes qualités et comme c'est agréable de les comparer ! ;-)

Dirlandaise

avatar 02/05/2012 @ 00:11:29
Au sujet de la dernière phrase, la traduction d'une russe me plaît bien. Comparons :

"parfois encore, un fourgon d'officier ou de compagnie, recouvert de cuir de haut en bas, voguait majestueusement, soutenu par la vague humaine comme une poutre descendant la rivière." (une russe)

"ou encore comme un tronc d’arbre flottant au fil de l’eau, un chariot de compagnie ou d’officier chargé jusqu’en haut et bâché défilait sur le pont, cerné de toutes parts. » (madame Guertik)

"parfois, telle une poutre voguant sur la rivière, cernée de toutes parts, un fourgon d'une compagnie ou appartenant à des officiers, surchargé et recouvert d'une capote de cuir, traversait le pont comme en flottant." (Bernard Kreise)

"ou bien c’était une voiture d’officier, un fourgon de compagnie surchargé et protégé par une bâche, qui émergeait, telle une poutre flottante, du torrent impétueux qui la cernait de toutes parts." (monsieur Mongault)

Ce qui me fait pencher en faveur de la traduction de une russe, ce sont les termes "voguant majestueusement" qui font toute la différence je trouve. Il me semble voir très bien le fourgon voguer majestueusement, soutenu par la vague humaine... Le fourgon acquiert une importance quasi royale comparativement au reste de la marée humaine qui l'entraîne.

Ah comme j'aime Tolstoï...

Saint Jean-Baptiste 02/05/2012 @ 17:24:43


Ah comme j'aime Tolstoï...

Tu as raison ! Ce serait insensé de dire qu’il est « le meilleur », mais c’est un véritable écrivain qui marque son lecteur pour la vie.

Le passage que tu donnes confirme ma première impression : la traduction d’une Russe est plus fluide, plus harmonieuse ; mais certains détails, qui sont certainement dans le texte, sont perdus ; par exemple, dans sa traduction, le fourgon n’est plus surchargé.

Je constate aussi que dans la traduction de Bernard Kreise, il n’y a qu’un seul participe présent alors qu’il y en a 4 ou 5 dans les autres traductions. C’est probablement pour faire plus moderne.
Amélie Notomb a un jour déclaré qu’elle ne supportait pas les participes présents. Mais, Amélie Notomb est-elle une référence en matière d’écriture ? Ça peut se discuter…
Toujours est-il que beaucoup de lecteurs pensent que les participes présents alourdissent un texte et je crois qu’actuellement les auteurs à succès les emploient très peu.


Tout ça n’empêche pas que La Guerre et la paix soit un livre de toute beauté. Certains traducteurs comme Daniel Gilles ajouteraient : comme seuls les Russes savent les écrire.
Il faut dire que les auteurs russes ont l’art comme personne, d’introduire des paysages pour romancer leurs textes et de créer des personnages
Personnellement je trouve que le mieux chez Tolstoï ce sont ses personnages. Ils ont une épaisseur humaine étonnante ; je m’imagine toujours que ce sont des personnages que j’ai connus pour du vrai.

J’ai un jour lu quelque part qu’il prenait ses modèles dans son entourage immédiat et qu’il faisait la lecture en famille au fur et à mesure qu’il écrivait ; le jeu consistait alors à reconnaître qui avait servi de modèle.
C’est très plausible ; ça expliquerait le côté un peu échevelé de son La Guerre et la Paix.

Dirlandaise

avatar 02/05/2012 @ 22:26:07



Personnellement je trouve que le mieux chez Tolstoï ce sont ses personnages. Ils ont une épaisseur humaine étonnante ; je m’imagine toujours que ce sont des personnages que j’ai connus pour du vrai.

J’ai un jour lu quelque part qu’il prenait ses modèles dans son entourage immédiat et qu’il faisait la lecture en famille au fur et à mesure qu’il écrivait ; le jeu consistait alors à reconnaître qui avait servi de modèle.
C’est très plausible ; ça expliquerait le côté un peu échevelé de son La Guerre et la Paix.


Ah là, tu as raison entièrement. Tout comme toi, je trouve que les personnages de Tolstoï constituent son point fort. J'aime particulièrement la façon qu'il a de s'en moquer, de faire ressortir leurs travers et leurs défauts tant physiques que moraux. Il se moque de Nicolas lorsque celui-ci raconte son baptême du feu de la façon dont il aurait aimé que cela se soit passé et non comme cela s'est véritablement passé tout comme le prince André. ;-))))))))) Ah le prince André, je l'aime bien celui-là...

Il y a chez Tolstoï une noblesse, une aristocratie qui me plaît au plus haut point.

Merci pour tes commentaires SJB. Je n'avais pas remarqué au sujet du fourgon. Tu as raison sur ce point.

J'ai noté quelques beaux passages mais je vais attendre un peu afin de choisir le plus intéressant.

Débézed

avatar 03/05/2012 @ 00:25:18
Voilà un fil très intéressant sur un sujet auquel je ne peut pas contribuer mais qui me passionne diantrement.

Saule

avatar 05/05/2012 @ 09:09:43
J'ai relu les 100 premières pages, et maintenant c'est le dilemme : je continue ou j'arrête immédiatement et j'attends l'été, pour m'y consacrer quelques jours entièrement ? Je n'avais pas le souvenir que c'était si bon de lire Tolstoï. Et la deuxième lecture est encore meilleure, on découvre plein d'autres choses.

Saule

avatar 05/05/2012 @ 12:02:25
Je vais attendre l'été, je trouve que ce livre a besoin de temps privilégié, un temps dédié à sa lecture, sans rien d'autre à faire que ça.

C'est vrai que les personnages de Tolstoï prennent consistance, il y a un véritable mystère là-dedans, comment fait-il ? Aussi, il charge le bateau d'un coup, en faisant défiler ses personnages devant nous lors de la réception des Rostov au-début (j'avais lu ça dans un essai de Wharton sur l'art du roman).

Je suis aussi attentif à la technique mise en avant par Dirlandaise plus haut, ou on voit que Tolstoi compare le mouvement de la troupe à celui de le rivière. Il fait la même chose dans la réception du début, ou les bruits des discussions dans le salon sont comparées à un atelier de couture, et la maitresse de maison à un contre-maitre qui vérifie et relance si nécessaire l'état des conversations. C'est du grand art !

Dirlandaise

avatar 05/05/2012 @ 16:10:25
Dans cet extrait, Tolstoï compare le mouvement des troupes au mécanisme d'une horloge :

"Le mouvement, concentré le matin dans le quartier général des Empereurs, en se répandant de proche en proche, avait atteint et tiré de leur immobilité jusqu'aux derniers ressorts de cette immense machine militaire, comparable au mécanisme si compliqué d'une grande horloge. L'impulsion une fois donnée, nul ne saurait plus l'arrêter : la grande roue motrice, en accélérant rapidement sa rotation, entraîne à sa suite toutes les autres : lancées à fond de train, sans avoir idée du but à atteindre, les roues s'engrènent, les essieux crient, les poids gémissent, les figurines défilent, et les aiguilles, se mouvant lentement, marquent l'heure, résultat final obtenu par la même impulsion donnée à ces milliers d'engrenages, qui semblaient destinés à ne jamais sortir de leur immobilité ! C'est ainsi que les désirs, les humiliations, les souffrances, les élans d'orgueil, de terreur, d'enthousiasme, la somme entière des sensations éprouvées par 160 000 Russes et Français eurent comme résultat final, marqué par l'aiguille sur le cadran de l'histoire de l'humanité, la grande bataille d'Austerlitz, la bataille des trois Empereurs !"

Cependant, Tolstoï n'abuse pas de cette technique car ces passages sont assez rares dans le texte enfin dans la première partie que je termine bientôt, encore une vingtaine de pages et c'est fait.

J'aime bien l'évolution des personnages en particulier celle du gros Pierre et surtout le prince André, mes deux préférés.

Saule, durant l'été, tu pourrais nous recopier quelques extraits ce serait amusant de faire le même exercice enfin si cela te tente.

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