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Bolcho
avatar 23/03/2010 @ 19:46:22
Hypothèse : tout le monde a le même revenu. Discutez.

La démocratie bourgeoise nous a éduqué à raisonner dans le court terme (élections...) et l'immédiatement possible. On ne pose donc plus jamais la question d'un objectif final, genre, "vous voulez aller vers quelle société ?", "Vos projets pour la prochaine législature sont cohérents avec quel type de vivre-ensemble dans...1000 ans ?". Ou dans 100 ans, peu importe puisque ce qu'il faudrait c'est de se découpler du "projet gouvernemental" à court terme.
Cela ne veut pas dire que la vie politique destinée à gérer l'urgence soit indigne d'intérêt. Mais il est dommage que personne ne développe aujourd'hui des perspectives à plus long terme.

Si le capitalisme nous a contraints à n'envisager que des solutions pour tout de suite, sa rivale historique, l'économie planifiée, n'a pas clairement cassé cette logique (même si elle y a contribué tout de même) : en effet, le socialisme utopique est aux marges du marxisme, lequel a eu tendance à mettre beaucoup en avant son aspect "scientifique", présentant la transformation voulue comme inéluctable, ce qui dispensait presque de la formuler...

Je propose donc de remettre à l'honneur l'utopie. De poser très clairement aux gens (et aux partis...) la question de l'objectif final. Il faudra bien sûr préciser qu'il n'y a là qu'apparente naïveté : on sait bien que l'histoire à venir, que le cours des choses, les imprévus, ne permettent pas d'atteindre un jour l'idéal fixé (qui se modifiera d'ailleurs au fil des générations). Mais ce n'est pas grave, on ne demande pas de réaliser l'objectif final mais simplement d'agir en cohérence avec ce que l'on souhaite aujourd'hui pour un demain meilleur dont le terme n'est pas fixé.

L'idée de partir de la question des revenus égaux pour tous (concrète, banale, etc) m'est venue

parce que l'on discute beaucoup pour le moment (crise existentielle du capitalisme oblige...) des salaires des patrons et de leurs "parachutes dorés", alors que les autres salariés souffrent. Des débats sont organisés et on songe à limiter les revenus des grands patrons, rappelant au passage qu'une part de plus en plus grande de la richesse produite va vers les profits plutôt que les salaires. Certains (Edwy Plenel) vont jusqu'à proposer que l'échelle des salaires dans les entreprises soit limitée et qu'elle aille (c'est Plenel toujours qui propose) de 1 à 3, ou 5, ou 10. Et - comme il avait auparavant cité le revenu médian des salariés français (1600 Euros et quelques, ce qui signifie qu'un salarié sur deux gagne moins que ça), il défend son échelle de 1 à 10 en s'exclamant : "15 000 Euros par mois, c'est déjà énorme !". (source : Mediapart, 29 mars 2009).

Ce qui me frappe, c'est que les gens qui sont autour de 1600 Euros perçoivent comme énormes des écarts bien plus petits. Celui qui gagne 2000 Euros se rend compte de la misère de son collègue qui gagne 1200 Euros, et qui pourtant fait en gros la même chose que lui : il se lève le matin, va travailler 8 heures puis rentre chez lui. Un écart de 1 à même pas 2, mais c'est déjà scandaleux.

Il est étrange (non, pas vraiment puisque c'est voulu, mais bon...) que la pratique des élections n'ait pas permis aux plus nombreux de briser les inégalités. La culture de l'immédiatement possible y est pour quelque chose. Mais aussi la maîtrise que les riches ont des moyens de diffusion d'idées, ce qui leur a permis d'imposer comme "naturel" le fait qu'il y ait des écarts de revenus selon le niveau de scolarité (diplômés), le "risque" pris (investisseur, chirurgien), la "popularité" (artistes, sportifs), etc.
Celui qui fait moins d'études est-il moins utile socialement ? Est-il plus ou moins nécessaire qu'il y ait des avocats, des maçons, des professeurs, des ramasseurs de poubelles ? N'est-ce pas surtout une question idiote ?


Au lieu de mesurer les métiers à l'aune de leur urgence et de leur nécessité, on pourrait parler de leur pénibilité par exemple. Et dans ce cas (c'est d'ailleurs une des objections les plus sérieuses à l'égalité totale des revenus), comment trouver des gens qui seront prêts à faire ces métiers rebutants ? Il faudrait presque mettre en place une inégalité salariale pour attirer des gens vers ces métiers difficiles. Début de réponse possible : mettre en place une sorte de service civil obligatoire ?

Mais on pourrait aussi mesurer les métiers en termes de reconnaissance sociale et de satisfaction personnelle. Etre celui qui soigne les autres, même pour un salaire identique à celui du maçon, c'est très motivant et porteur de prestige (et physiquement plus confortable). Nul besoin d'un yacht à Monaco pour savourer ce plaisir.

Dans le cas où on égaliserait entièrement les revenus, l'immense majorité de la population en bénéficierait. Il est pour le moins curieux que cette majorité ne s'exprime pas en ce sens. Surtout que les possédants nous prétendent qu'un vrai partage de la richesse est impossible parce que l'être humain serait génétiquement égoïste. Où est cet égoïsme chez les pauvres s'ils laissent les riches se remplir la panse ?

Il faut donc répandre l'idée, la populariser. Et montrer en quoi un partage réel peut profiter à tout le monde, même dans le cadre d'une baisse de la richesse globale : le degré de frustration sera plus bas (et la délinquance aussi) si personne ne vous écrase de son aisance à côté de vous.

Vouloir que chacun ait les mêmes revenus ne signifie absolument pas que chacun fait ce qu'il veut et puisse choisir de se tourner les pouces. Il y aurait bien évidemment la contrainte que chacun travaille selon ses possibilités. Le contrôle pourrait prendre des formes diverses mais pas uniquement autoritaires si le travail est socialement valorisé et culturellement associé à la dignité de chaque individu.

Cela dit, si l'on veut pousser le raisonnement à ses limites, il faut avoir l'honnêteté d'inclure dans l'égalité des revenus le monde entier. Et c'est là qu'il faudra se dire et se répéter que l'impression de richesse résultant de l'égalité devra permettre que nous nous accommodions d'une baisse réelle du confort matériel.
Et j'insiste sur "matériel".
D'autres types de conforts en naîtront.


Ce thème-jeu d'une société sans écarts de salaires peut être enrichi par n'importe qui. Inutile d'avoir fait de longues études pour imaginer les conséquences possibles, les complications, les cas particuliers. Chacun peut s'y mettre et travailler ainsi à l'élaboration d'une utopie. C'est bien, d'une certaine manière, un jeu.

Certains diront que l'égalité complète des revenus est un rêve petit-bourgeois où l'on fait encore des comptes d'apothicaires, que le communisme, au contraire, ne prône pas du tout ce type d'égalité mais qu'il promet l'abondance pour tous. L'entourloupette est jolie, il faut l'admettre. Je précise que le concept d' "abondance", dans ce contexte, est beaucoup moins niais qu'il n'y paraît au premier abord : personne ne prétend qu'il y aura des Rolex pour tout le monde... Qu'est-ce qu'on en foutrait d'ailleurs ? On laisse ça aux pauvres d'esprits.

Voilà. J'ai ouvert ce fil plus dans l'esprit d'y recueillir des idées que d'entrer dans un combat entre les "pour" et les "contre", même si c'est en partie inévitable.
Et je répète que les arguments du type "c'est impossible" sont dans ce cas un peu de l'ordre du truisme. C'est impossible aujourd'hui, maintenant, tout de suite, mais ce n'est pas impossible à imaginer et le seul fait de l'imaginer est une manière de faire avancer les choses.

Le rat des champs
avatar 23/03/2010 @ 20:39:42
Je serais même prêt à me passer complètement de tout revenu, pour autant que mes besoins soient pris en charge par la société pour laquelle je travaillerais. Parce qu'enfin, la nourriture, le logement, le chauffage, une vie décente font partie des droits de l'homme, et il est paradoxal que nous devions nous battre et y consacrer le peu d'argent que le fisc nous laisse.

Saule

avatar 23/03/2010 @ 21:24:13
Bon, je ne vais pas participer très utilement, car je partage entièrement le point de vue de Bolcho : mon utopie, qui est celle de la société d'abondance des marxistes, serait que l'état taxe à 100% les revenus et les redistribuent à chacun selon ses besoins.

Cependant, la priorité, c'est de supprimer l'aliénation : l'homme moderne est aliéné. Dans son travail, puisque le travail soit l'use physiquement, soir mentalement, soit parce qu'il est chômage. Il est aussi aliéné dans la consommation : la consommation est devenu maladive, morbide même, puisqu'elle sert à nourrir un vide qui est existentiel et qui ne pourra jamais être comblé (il y a des études sur ce sujet).

Concrètement, il faudrait décourager la (sur-)consommation. Interdire la publicité, mettre une TVA très élevée sur les produits de luxe ou néfaste à l'environnement, décourager la production des produits néfastes socialement, tel que l'alcool, les armes, les marchés financier, les avions,...
Nb : Je pense que ce sera beaucoup plus facile à réaliser en nationalisant les moyens de productions (mais la je suis trop loin, je suis déjà dans les moyens, ce n'est pas le but du jeu de Bolcho je crois).

Par rapport à l'égalité des revenus, certains avancent que son désavantage est de limiter l'efficience : les gens brillants, qui gagnaient plein de fric, seraient enclin à travailler moins. Mais il y a les réserves de Bolcho la-dessus. Par exemple, on pourrait chercher du côté des incitants moraux. Et aussi, si ces gens sont motivés par le fric, c'est parce qu'ils sont aliénés : une fois que l'aliénation aura disparue, ils seront prêt à contribuer plus grâce à leur capacité sans exiger de gagner plus. Évidemment, ici ça nécessite un changement culturel (valoriser la simplicité et la frugalité, pas l'ostentation et le fric).

Il y a des autres utopistes (égalitarisme libéral) qui veulent concilier égalité et efficacité : pour eux, les inégalités sont possibles si elles profitent à tous, même au plus pauvre. Cependant je rejette cet argument : en effet, dans mon utopie, une moindre efficacité n'est pas un mal. Je suis pour une diminution de la production et de la consommation : c'est le concept de pauvreté volontaire. L'homme doit apprendre à renoncer au superflu, vivre frugalement, en préservant la nature et en favorisant l'aspect communautaire (rejeter la tentation individualiste).

Saint Jean-Baptiste 23/03/2010 @ 23:47:10
Je ne contredirai personne puisque le but proposé par Bolcho n’est pas de polémiquer (dommage) ;-)) mais d’échanger des idées.

D’abord j’avais préconisé, avant le dénommé Edwy Plenel, de planifier les salaires dans la proportion de 1 pour 3. Le plus haut salaire dans une firme ne devrait pas dépasser 3 fois le salaire moyen.
Je crois qu’il faut absolument en finir avec ces traitements de patrons qui gagnent autant que 50 employés. C’est une mesure qui ne provoquerait pas une révolution ni même un changement de société. Ce ne serait que justice ! Personne ne vaut 3 fois plus qu’un autre.

Sinon…
Je remets ma tête sur le billot : je ne comprends pas cette levée de bouclier contre le « travailler plus pour gagner plus ».
Sans mépriser l’utopie, il faut être un peu pragmatique quand même : une imprimerie, par exemple, donne du travail à 60 personnes. Pour être à la hauteur, il faut acheter une nouvelle machine tous les dix ans. Il faut l’amortir en 5 ans. Il faut prendre toujours plus de commandes à un prix toujours plus bas. Il est indispensable de travailler plus, pas pour gagner plus, mais pour tenir le coup. Heureusement, il y a des gens qui ont besoin de plus d’argent, et qui sont d’accord de faire des heures supp, sinon on n’en sortirait pas.
L’imprimeur qui se contenterait de ses 8 heures par jour, pourrait fermer dans les six mois.

Alors on pourrait faire des imprimeries d’État... Ça existe : l’Imprimerie de la banque Nationale qui imprime les billets de banque et les bons d’État.
J’ai rêvé toute ma vie de travailler là, (mais il faut un bon piston !)
C’est un palace : des équipes d’entretien, des équipes de nettoyage, des manœuvres pour ramasser les feuilles, des petites tables aux machine pour prendre le café - parce qu’on fait la pause-café matin et après midi, avec arrêt de machine et petits biscuits, s’il vous plait !).
C’est l’utopie devenue réalité ! Pas de rivalité dans le personnel ; on travaille à son rythme, pas de stress, emploi garanti à vie et tout le monde est payé aux as ! …Oui, mais au frais du contribuable !
Alors, vous êtes d’accord ? « Payer plus (d’impôts) pour travailler moins » ?

Ce n’était qu’une idée, hein ! C’est assez pour ce soir, mais il y a encore beaucoup à dire…

Micharlemagne

avatar 24/03/2010 @ 07:43:06
Je ne me souviens pas que Marx ait jamais envisagé l'égalité des salaires... Je crois même qu'il considérait le salariat comme une forme d'exploitation. Dans son rapport au Conseil général de l'Association générale des Travailleurs (1865) qui traite de la "La force de travail", il écrit : "La revendication de l'égalité des salaires repose par conséquent sur une erreur, sur un désir insensé qui ne sera jamais satisfait. Elle a sa source dans ce radicalisme faux et superficiel qui accepte les prémisses et cherche à se dérober aux conclusions. Sous le régime du salariat, la valeur de la force de travail se détermine comme celle de toute autre marchandise. Et comme les différentes sortes de travail ont des valeurs différentes, c'est-à-dire nécessitent pour leur production des quantités de travail différentes, elles doivent nécessairement avoir des prix différents sur le marché du travail. Réclamer une rémunération égale ou même équitable sous le régime du salariat équivaut à réclamer la liberté sous le régime de l'esclavage. Ce que vous considérez comme juste et équitable n'entre donc pas en ligne de compte. La question qui se pose est la suivante: Qu'est-ce qui est nécessaire et inévitable au sein d'un système de production donné ?"
Comme dit mon laitier : "Ge zijt doe mè a platvoet et ta bouche pleine de dents..."

Saule

avatar 24/03/2010 @ 08:59:50
Mich', je te conseille le petit livre suivant

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/22391

qui contient une dizaine de pages sur le marxisme.

En gros, l'utopie Marxiste, c'est de créer une société d'abondance et ensuite de distribuer : "de chacun selon ses capacités et à chacun selon ses besoins". Il faut noter que, contrairement à une idée répandue, le meilleur moyen d'arriver à l'abondance dans l'optique marxiste est une économie planifiée (car le marché induit des gaspillages et des inefficacités). Bien sur c'est discutable. Et le marché n'est pas un tabou pour les marxistes : si il s'avère qu'une économie de marché est plus efficace, alors pourquoi pas ?

Mais puisque je me doute que tu ne vas pas acheter ce livre, je me permet de te livrer les quelques lignes que j'ai extraites en guise de résumé à propos du Marxisme en tant qu'éthique sociale (ce qui ne correspond pas à 100% à ce que Marx a pu dire).

"Pour le marxiste, une société juste est une société égalitaire. Mais aussi : une société juste est une société dans laquelle les travailleurs ne sont pas aliénés. Il faut d'abord noter que dans l'esprit de Marx, le marxisme n'est certainement pas une éthique : au contraire, Marx était très attaché à l'aspect scientifique de sa théorie. Ça n'empêche que le marxisme, en tant que courant de pensées, a continué à évoluer et en particulier dans le domaine de la justice sociale.

Pour lutter contre l'aliénation, la théorie marxiste veut dans un premier temps établir une société d'abondance, ce qui devrait être possible compte tenu de notre niveau de développement. Afin d'y parvenir, il vaut mieux organiser la production de manière centralisée, ceci afin d'éviter les gaspillages inhérents à la propriété privée des moyens de production et à l'économie de marché. Une fois l'abondance assurée, il sera alors possible de satisfaire les besoins matériels de chacun, sans qu'il ne soit nécessaire d'exercer une activité rémunératrice ("à chacun selon ses besoins").

Une deuxième composante du marxisme, c'est la lutte contre l'exploitation de l'homme par l'homme. Cette exploitation est une caractéristique du capitalisme. La propriété privée des moyens de production implique en effet l'appropriation du sur-travail par le capitaliste, au détriment du travailleur."

Pendragon
avatar 24/03/2010 @ 14:02:13
Bon ben comme on ne peut pas polémiquer, autant poser des questions :

1. tout le monde a le même salaire, ok, mais qu'est-ce qui est pris en charge par l'état ? scolarité ? santé ? à 100 % ?

2. toutes les écoles ont donc le même niveau puisque tout est subventionné par l'état... comment gérer ceux qui ne réussissent pas leurs études ? Il deviennent quoi ?

3. comment "récompenser" ceux qui ont un métier à risque ?

4. comment "récompenser" ceux qui ont un métier entièrement consacré à la communauté ? Médecin, ...

5. si tout le monde a le même salaire, comment satisfaire les gens qui ont de plus gros besoins (pour des raisons de santé, de régime, ...) ?

6. comment inciter les gens à se surpasser ? ou, et c'est la même question, comment éviter que la société ne s'enlise dans une stagnation amorphe ?

7. comment assurer que les métiers "pas cool" rencontrent encore des candidats ?

...

Merci les Uto, en Piste !
P.

PS : juste un p'tit mot en plus : même mes copains indiens du 18ème siècle avait une hiérarchie dans la distribution de la viande ou des peaux...

Virgile

avatar 24/03/2010 @ 14:47:46
Cependant, la priorité, c'est de supprimer l'aliénation : l'homme moderne est aliéné. Dans son travail, puisque le travail soit l'use physiquement, soir mentalement, soit parce qu'il est chômage. Il est aussi aliéné dans la consommation : la consommation est devenu maladive, morbide même, puisqu'elle sert à nourrir un vide qui est existentiel et qui ne pourra jamais être comblé (il y a des études sur ce sujet).

Et aussi, si ces gens sont motivés par le fric, c'est parce qu'ils sont aliénés : une fois que l'aliénation aura disparue, ils seront prêt à contribuer plus grâce à leur capacité sans exiger de gagner plus. Évidemment, ici ça nécessite un changement culturel (valoriser la simplicité et la frugalité, pas l'ostentation et le fric).



Saule, j'ai l'impression que tu te sers un peu trop de l'aliénation pour justifier tes choix de vie. Tu ne penses pas vraiment que des gens puissent choisir certaines choses sans y être aliénés alors que c'est peut-être toi qui est aliéné a des idées égalitaristes ou chrétiennes ou autres. :op

Maintenant une petite réponse aux questions de Pendragon:

1. tout le monde a le même salaire, ok, mais qu'est-ce qui est pris en charge par l'état ? scolarité ? santé ? à 100 % ?

Tout ce qui est nécessaire (santé, nourriture de base, logement de base, vêtements de base, éducation de base) devrait être pris en charge par l'état à 100% selon moi.


2. toutes les écoles ont donc le même niveau puisque tout est subventionné par l'état... comment gérer ceux qui ne réussissent pas leurs études ? Il deviennent quoi ?

Ben ça de la même façon qu'actuellement, ils deviennent la même chose, ce qu'ils veulent sauf que ils ne sont plus vraiment dans la merde vu que l'état prend en charge tous les besoins de base.

3. comment "récompenser" ceux qui ont un métier à risque ?

Bolcho y répondait par simplement le prestige social que cela apporte ou même simplement par le goût du risque de certains.

4. comment "récompenser" ceux qui ont un métier entièrement consacré à la communauté ? Médecin, ...

Dans une économie de ce type tous les métiers seraient en réalité consacrés à la communauté il me semble. Et si pas le sentiment d'utilité sociale serait une récompense suffisante non?

5. si tout le monde a le même salaire, comment satisfaire les gens qui ont de plus gros besoins (pour des raisons de santé, de régime, ...) ?

Les besoins seraient pris en charge par l'état. Les envies par les gens.

6. comment inciter les gens à se surpasser ? ou, et c'est la même question, comment éviter que la société ne s'enlise dans une stagnation amorphe ?

C'est quoi une stagnation amorphe? Vers quoi faudrait t'il absolument avancer? Pourquoi faudrait t'il se surpasser si les besoins de chacun sont satisfaits?

7. comment assurer que les métiers "pas cool" rencontrent encore des candidats ?

Par un service civil obligatoire.

Pendragon
avatar 24/03/2010 @ 15:14:19
J'ai du mal à ne pas voir dans cette société égalitaire une société de moutons décérébrés ou à tout le moins dénués de toute énergie et de force vitale... bref, de tout ce qui fait de nous des êtres humains individuels... mais c'est sans doute moi...

Virgile

avatar 24/03/2010 @ 15:18:16
Ben non explique simplement pourquoi tu vois ça comme ça?

Tu penses que l'initiative individuelle et l'intelligence ne se manifestent que dans le système capitaliste? Si oui c'est plutôt ça que je considère comme du moutonisme décérébré. ;op

Pendragon
avatar 24/03/2010 @ 15:24:17
Ben parce qu'une égalité absolue est la négation de l'individu. Si tu lisses toutes tes courbes, si tu coupes tous tes pics ou creux, tu obtiens un électro-encéphalogramme plat... et je pense que c'est valable au niveau de l'individu mais aussi au niveau de la société. Le challenge fait avancer, une société égalitaire supprime le challenge (forcément) et donc entraîne une stagnation. Je pense que si une telle société se met en place elle ne changera plus jamais... D'ailleurs, ça me fait un peu penser aux humains dans le vaisseau spatial dans Wall-E... je ne sais pas si vous avez vu, mais ça ne donne pas envie !

Pendragon
avatar 24/03/2010 @ 15:41:06
Ce n'est pas tant le capitalisme que je defends mais plutôt la notion qu'il faille se battre pour obtenir qqch ! Je n'aime pas l'assistanat, je n'aime pas la becquée...

Pendragon
avatar 24/03/2010 @ 16:10:55
J'aime la notion de surpassement de soi, j'aime le sport et les compétitions, j'aime les podiums, j'admire les gens qui sont "les meilleurs chirurgiens au monde", "les meilleurs ... au monde" et j'estime que les gens qui se battent pour apporter des services (ou du rêve) à la collectivité doivent être plus récompensés que le brave petit gars qui fait son 9h-5h avec des pieds de plomb en pensant à sa TV 3D, son fauteuil et son paquet de chips...

Et d'ailleurs, comment empêcher les pots-de-vins ? Puisque chacun a un salaire, qu'est-ce qui m'empêche de payer au black un chirurgien que je sais être meilleur pour qu'il s'occupe de moi ou un cuisinier qui est succulent ou même un ouvrier qcq pour que la tranchée se bouche plus vite devant chez moi !? Bref, on va recréer un nouveau système inégalitaire basé sur de l'argent au noir...

ça me rappelle Cuba : tout le monde a le même salaire, depuis le patron d'hôtel jusqu'au chauffeur de taxi... oui, sauf que le patron d'hôtel dort dans une chambre de son hôtel, avec le "luxe" associé, qu'il bouffe et s'habille à l'oeil et qu'il se fait solidement rincé par ses clients... Bref, tout le monde sait qu'il vaut mieux être patron d'hôtel que chauffeur de taxi à Cuba... malgré que les salaires soient identiques.

Bref, je ne pense pas que nous soyons "biologiquement" ou "cérébralement" fait pour ce type de société.

Mieke Maaike
avatar 24/03/2010 @ 16:34:23
comment trouver des gens qui seront prêts à faire ces métiers rebutants ? Il faudrait presque mettre en place une inégalité salariale pour attirer des gens vers ces métiers difficiles. Début de réponse possible : mettre en place une sorte de service civil obligatoire ?

Tiens, ça me rappelle ma jeunesse quand je vivais au Congo. Pour rappel, c’était une dictature, avec à sa tête le président Mobutu qui s’en mettait plein les poches en abandonnant son pays aux limites de la faillite. Et bien, notre cher Mobutu avait de temps en temps des lubies qu’il mettait en œuvre pour le bien de son peuple. Si si.

Un jour, il est allé rendre une visite officielle à son homologue chinois (au moment où la Chine était encore vraiment communiste) et il a été séduit par cette mise au travail collective de la population qui œuvraient pour le bien de tous dans le sourire et la bonne humeur. Dès son retour au pays, il a décrété que les Congolais (enfin, c’était des Zaïrois à l’époque de Mobutu, parce que, non content de piquer des idées aux Chinois, il avait aussi la lubie de changer les noms de plein de choses dans son pays, une autre étant d’interdire aux femmes de porter des pantalons – ce qu’elles s’empressaient de faire en cachette – mais on s’éloigne du sujet), que les Congolais, donc, devaient consacrer une après-midi par semaine à des travaux collectifs d’intérêt général. C’est comme ça que chaque samedi après-midi, de 14h à 17h, tout le monde, je dis bien tout le monde, devait se trouver dans les rues à ramasser des immondices, nettoyer les égouts, couper l’herbe des fossés, réparer les trottoirs, et autres travaux du même genre. Tout ça s’effectuait avec le sourire sous l’œil bienveillant des militaires qui n’en foutaient pas une, mais qui observaient, assis à coté de leur mitraillette, les autres travailler sous peine d’être arrêté et ne pouvoir s’extraire des griffes des représentants des forces de l’ordre qu’en déboursant quelques billets. Cette mise au travail collective portait le doux nom de « Salongo », tandis que les billets discrètement tendus aux militaires s’appelaient des « matabiche ».

Bon, évidemment, dans une société en déliquescence où les hôpitaux tombaient en ruine, les salaires des profs n’étaient pas versés pendant des mois, et où tous les moyens de communication tombaient peu à peu en panne, même avec un tas de militaires partout, il était impossible de forcer les gens à sortir de chez eux pour leur ordonner de purger les égouts. Alors pendant chaque samedi après-midi, décrété jour du Salongo, l’essentiel de la population restait chez elle, ou s’arrangeait pour se rendre quelque part avant 14h et y rester jusqu’à 17h. Moi, par exemple, le jour du Salongo, j’allais faire du sport, en essayant d’arriver dans le complexe sportif avant 14h et en ne le quittant qu’après 17h, où j’avais tout le loisir de passer du bon temps avec mes copains et copines congolaises qui avaient la même tactique que moi.

Mais il arrivait malgré tout que pendant le Salongo, il y ait une urgence (certes, très rares, en Afrique) qui obligeait néanmoins les gens à se déplacer le samedi entre 14h et 17h, et le faire sans devoir débourser des matabiches aux militaires qui allaient immanquablement les arrêter. La solution était toute trouvée : il leur suffisait de se rendre à l’endroit voulu en marchant avec une machette, un coupe-coupe, n’importe quel outil utilisable le jour du Salongo. Lorsqu’il étaient arrêté par les militaires, ils avaient dès lors le loisir de leur dire « mais si voyons, je participe au Salongo, je me rends à tel endroit pour y couper les branchages ou nettoyer les rigoles », et ils parvenaient, avec un peu de chance et d’audace, à poursuivre leur route jusqu’à destination sans user de corruption. Et c’est comme ca que tous les samedis après-midi, contrairement aux autres jours, on voyait des gens déambuler avec un outil à la main.

Le Salongo a duré quelques mois, le temps de la lubie d’un dictateur, puis a été abandonné, peut-être sous l’effet de sa lubie suivante, mais plus probablement face à l’effet très limité sur l’entretien des infrastructures et la difficulté d’enrichissement personnel des militaires chargés de veiller au grain.

Alors vous me répondrez peut-être que le peu d’enthousiasme de la population congolaise face à ce travail collectif d’intérêt public était dû à un tas de raisons, que chez nous, ça ne se passerait pas comme ça, qu’on n’est pas comme les Congolais, que les gens d’ici seront vachement motivés d’aller purger les égouts le samedi après-midi, conscients de la noble tâche qui leur est confiée, dans le noble intérêt général qui surpasse tout. Mais personnellement, j’ai un petit doute.

Mieke Maaike
avatar 24/03/2010 @ 17:40:53
Tiens tiens, une petite recherche sur le net m'a permis de retrouver une trace de ce fameux Salongo, qui aurait été remis en place le ... 1er avril 2009.

http://fr.allafrica.com/stories/200904030562.html

Saule

avatar 24/03/2010 @ 18:29:39
Pendragon, tu es en train de dire que ton utopie c'est une société ou la vie est une grande compétition, avec les gagnants qui se mettent plein d'argent en poche et les perdants qui crèvent de faim. Bon, je caricature, mais tu conviendras que ton raisonnement pourrait vite basculer dans un autre extrême.

Par contre, tu pars du principe que être récompensé veut dire recevoir de l'argent, ou plutôt recevoir plus que le voisin (la quantité d'argent importe peu, ce qui compte c'est d'avoir plus que l'autre, puisque nous sommes à un stade ou on se valorise par nos biens matériels). Mais c'est la que ça coince : récompenser pourrait être la satisfaction du devoir accompli, ou alors des incitant moraux : le fait d'avoir une rue à son nom, qu'on parle de toi en terme élogieux dans le journal, qu'on te nomme "employee of the month" :-). Par exemple, celui qui court le 100 mètre le plus vite n'a pas besoin de recevoir des paquets d'argent pour être heureux.

En outre, dans nos sociétés, c'est souvent grâce à des défauts qu'on devient patron : c'est celui qui est le plus égoïste, qui gueule le plus, qui emmerde les gens, qui écrase les autres.

Virgile : au Tibet, l'idéal de vie c'est d'avoir moins de bien matériel, car le détachement est une valeur prônée par la société.

Par rapport aux travaux insalubres ou trop dur : je pense en effet que l'agent de propreté devrait être payée plus que le patron de la boite, puisqu'elle fait un boulot plus difficile et tout aussi utile que celui du patron :-)

Mallollo

avatar 24/03/2010 @ 19:12:07
De ma longue jeunesse catho, j'ai surtout été frappée par une chose, sur laquelle mon jugement n'arrête pas d'évoluer. C'est le principe du "Dieu peut très bien donner plus à celui qui a besoin qu'à celui qui mérite".

[Intermède:pour les non-croyants (dont moi maintenant), pas besoin de prendre ça au pied de la lettre, pas besoin de dieu dans l'histoire, considérez qu'il pourrait être logique de donner plus à celui... etc... ]

D'abord, ça m'avait beaucoup choquée. On vit dans une société du mérite, on baigne dedans depuis qu'on est mômes: les prix à l'école, les distinctions dans les diplômes, les championnats sportifs, etc. On apprend tellement à se battre pour "mériter quelque chose" qu'on serait frustré/dégoûté/et plus si affinités de ne pas y avoir droit, alors que quelqu'un qui en aurait fait moins, mais se trouverait dans le besoin, pourrait lui en profiter.

Depuis, je suis un peu réconciliée avec cette idée... je ne dis pas que c'est la panacée, ni qu'elle peut s'appliquer telle quelle ou qu'elle n'entrainerait pas d'abus, mais j'ai le sentiment qu'en pensant un peu plus de cette façon, on peut avancer un peu.

Micharlemagne

avatar 24/03/2010 @ 19:47:33
Saule, une fois de plus, je ne parle pas de ce qu'on a fait dire à Marx, parce que, naturellement, on lui a fait dire tout, n'importe quoi, son contraire et le contraire de son contraire. Je parle de ce qu'il a réellement dit (ou écrit). Le reste, ce sont des interprétations, des exégèses, des variations sur un thème connu, des procès d'intention et des contradictions.
Pour nous résumer, Marx explique qu'il faut supprimer le salariat parce que celui-ci implique l'exploitation de l'homme par le capital. Par quoi remplacer le salariat ? Réponse de Marx : il faut rétribuer la force de travail "vendue" par l'ouvrier et donc lui attribuer la plus-value de ce qu'il produit. Marx rejette sans nuance le salaire horaire comme "inadmissible". Il tombe donc sous le sens qu'il n'est nullement question d'égalité. L'ouvrier qui produit plus touche une plus-value globale plus élevée. Voilà ce que dit Marx. C'est simple et c'est tout ! Nulle part il n'explique comment répartir la plus-value d'un produit complexe, comme une locomotive, par exemple.
Pour plus de précisions objectives :
http://erudit.org/revue/ae/…
avec toutes les références utiles.

Bluewitch
avatar 24/03/2010 @ 20:10:52
Et pourquoi ne pas pousser l'idée jusqu'à une société non monétaire basée sur l'échange de services? Chaque service permettant de récolter des "crédits" donnant droit à un service également...

Evidemment, comment quantifier les rapports services-crédits, comment assurer l'utilité égale de chacun, etc.

Evidemment, le consumérisme aurait du plomb dans l'aile et ça ne plairait pas aux lobbys...

Evidemment, évidement...

Fonder une société expérimentale, comme ils le font à Auroville?

Il est vrai qu'à salaire égal, je reste dubitative quant à l'investissement personnel. Je travaille dans le secteur non-marchand, avec un salaire basé sur une échelle barémique: au sein de la même équipe, à salaire égal, il y a clairement des différences de motivation. Peu importe la reconnaissance (du patient, de la hiérarchie, des collègues, etc.), seul compte le "vernis", bien faire semblant qu'on s'implique (et encore, pas tout le temps) et toucher son salaire pour acheter son petit confort.

Alors on râle, on se dit que c'est injuste (après tout, on donne plus d'énergie que l'autre!)... mais on le choisit quand même, notre fonctionnement. Faut-il donc s'en plaindre?

Je crains que dans l'égalité, il n'y ait toujours des sous-domaines d'inégalités.... cela supposé bien sûr par rapport à la mentalité sociétale actuelle. Qui serait peut-être, sans doute, différente dans une conception non capitaliste.

L'utopie a ça de bien qu'on peut digresser, évoluer, chercher à comprendre.

Et pendant ce temps, on nous fait vivre dans l'illusion capitaliste?

Bluewitch
avatar 24/03/2010 @ 20:18:09
Pour ceux qui ne connaîtraient pas : http://www.auroville.org/index.htm

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