Shelton
avatar 14/07/2017 @ 06:13:47
L’été c’est fait pour lire et le 14 juillet arrivant, il m’a semblé important de trouver un ouvrage spécifique pour cette grande fête nationale… Tiens, pourquoi pas la bande dessinée Les génies de l’Arc de Triomphe de Fonteneau, Arnoux et Millien aux éditions Glénat. Excellente occasion de mettre en valeur la collection qui met en scène régulièrement des monuments de notre patrimoine national. Cette fois-ci, le monument du 14 juillet par excellence, l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile-Charles de Gaulle !

D’ailleurs, qui connait vraiment bien les origines de cet arc de triomphe ? Il m’est même arrivé d’entendre dire que c’était un arc romain. Heureusement, cette personne n’est pas allée jusqu’à me dire que César en personne avait défilé sur les Champs Elysées, mais, on n’en était pas si loin… Alors, faisons un bon en arrière et retournons au dix-neuvième siècle, à Paris…

En 1835, un grand sculpteur travaille d’arrachepied sur sa frise… Il faut dire qu’en 1833, après avoir été décoré de la Légion d’honneur, il obtient une commande inespérée : une frise pour l’Arc de Triomphe sur le départ des volontaires en 1792… C’est la gloire qui va arriver !

La bande dessinée montre François Rude en train de travailler sur l’armée d’Egypte et le travail est interrompu par un clochard bruyant et aviné : « Honte à vous les vivants ! Qu’avez-vous fait de nos pauvres morts ! Vive l’Empereur ! »

Il s’agit d’un ancien grognard de l’Empereur. Il faut dire qu’à cette période de rétablissement de la monarchie, il y a de grandes tensions en France entre monarchistes, républicains et supporters de l’Empereur Napoléon ! Rude va proposer à cet ancien de l’Armée impériale de poser pour lui et ce sera le début d’un retour dans le passé qui sera prolongé par différentes périodes de notre histoire… A travers la construction de cette fresque, on va revivre avec ces génies de l’Arc de Triomphe tous les moments chauds de l’histoire de France depuis Napoléon, du moins ceux en lien avec l’Arc de triomphe…

C’est tout d’abord la direction de la Bérézina en 1812 que l’on prend avec une partie tragique… et froide, bien sûr ! Puis, on sera dans les tranchées, le soldat inconnu, cette terrible première guerre mondiale et ses drames humains… Enfin, nous manifesterons au pied de l’Arc de Triomphe avec les premiers résistants de la seconde guerre mondiale…

Tous ceux qui ont fait vivre la Nation se retrouvent d’une certaine façon à hanter les passages secrets de l’Arc de triomphe… C’est une promenade patriotique et fantastique, onirique et historique dans un monument qui est entré dans le panorama visuel des Franciliens, des Parisiens, des Français et de tous les touristes de Paris… Quant à moi qui regarde distraitement l’Arc de Triomphe presque une fois par semaine toute l’année, cette bande dessinée a été l’occasion de découvrir ce monument dans lequel je ne suis jamais entré, sur lequel je ne suis jamais monté… Ce sera peut-être pour très bientôt car j’ai envie de dialoguer avec ces génies !

Alors, oui, ce n’est peut-être pas une bande dessinée géniale, probablement pas une synthèse de notre histoire nationale mais certainement une petite porte qui s’entrouvre pour faire découvrir un monument, un sculpteur, une histoire nationale et une fête nationale… Bon 14 juillet !

Et puisque l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas commencer par lire cette bande dessinée, Les Génies de l’Arc de Triomphe ? Très bonne lecture, bonne promenade dans le temps et à très bientôt !

Shelton
avatar 15/07/2017 @ 06:39:14
L’été c’est fait pour lire et pour voyager aussi, ne l’oublions pas ! Quand je dis voyager, je ne parle pas ici de ces grands voyages chers qui vous conduisent au bout du monde où vous découvrirez une plage parfaite et dégusterez le soir dans une salle à manger aux normes internationales un steak grillé accompagné de frites… Non ! Je voulais évoquer le fait d’aller retrouver votre famille, vos amis, les gens qui vous sont chers même si ce n’est qu’à une heure de voiture de chez vous… Vous traversez alors la France et comme c’est l’été vous prenez le temps de visiter une église par-là, un petit château par ici et c’est cela le propre des vacances : prendre son temps et être disponible à la découverte !

La découverte peut être dans les paysages qui changent, évoluent et nous surprennent. Là, il suffit de regarder en prenant son temps. Parfois, la découverte est dans l’assiette… N’hésitez pas à goûter les spécialités locales, ces produits sont toujours meilleurs sur place ! Chaque région française – on le dit souvent mais c’est tellement vrai – a son fromage, son vin, ses saveurs… Et je ne vais pas vous chanter les louanges de la Bourgogne car il me faudrait beaucoup plus d’une chronique !

Reste, enfin, l’architecture. Là aussi les régions ont su construire avec particularité, avec leurs pierres, leurs styles, leurs influences… Quand on regarde les cathédrales de France, on est immédiatement frappé par ces différences alors que finalement il s’agit bien de la même religion, catholique pour être précis. Or ce catholicisme de Lille à Nice, de Toulouse à Strasbourg, de Quimper à Chambéry, il a pris ses aises locales et dans chaque cathédrale on retrouve des bribes de l’histoire locale, des spécificités architecturales, des éléments profondément humains et uniques. C’est cela que je vous invite à découvrir que vous soyez catholiques ou pas, pratiquants ou pas… Ces cathédrales appartiennent à notre patrimoine et elles sont presque toutes à redécouvrir… Tout simplement !

Bien sûr, fidèle à mes habitudes, puisque l’été c’est fait pour lire, je vous propose un petit accompagnement livresque avec l’ouvrage de poche de Théodore Rieger, Les cathédrales, aux éditions Gisserot. Théodore Rieger, grand spécialiste de l’architecture religieuse, va organiser notre voyage au pays des cathédrales et même si on reste dans sa chambre, très bon lieu de voyage imaginaire, on va passer de l’une à l’autre sans aucune difficulté…

On commencera par les plus anciennes, celles que l’on qualifie souvent de romanes mais qui ont pu être construites dès les débuts du christianisme en France. Elles ne sont pas très nombreuses chez nous mais on peut citer Saint Pierre d’Angoulême commencée vers 1125 ou Saint Front de Périgueux sachant que cette dernière a été fortement restaurée au XIXème siècle ce qui n’est pas un gage de qualité, du moins pour le respect de son style… En France, ce sont plus les abbayes qui portent le style roman comme chez nous en Bourgogne, Vézelay et Tournus pour ne citer que les deux plus connues…

L'art gothique est archi connu chez nous et les cathédrales de Paris, Reims, Chartres, Bourges, Amiens, Laon… sont tellement visitées que je vais les oublier un instant pour ne citer que quelques pièces plus rares ou moins connues de notre patrimoine. Par exemple, Strasbourg avec son style si particulier et sa couleur fascinante, Saint Étienne de Bourges avec sa très large façade aux cinq portails et aucun recul pour réaliser des photos souvenir, enfin, Saint Corentin de Quimper parce que je l’aime bien ! Mais en France presque toutes nos cathédrales méritent le détour… donc à vous de faire votre choix en fonction de vos déplacements estivaux !

Ce petit opuscule, Les cathédrales, saura vous accompagner dans chacune d’elle et vous permettra de regarder notre patrimoine architectural religieux d’une autre façon. Bonne lecture, belles découvertes et à très bientôt !

Shelton
avatar 16/07/2017 @ 07:38:45
L’été c’est fait pour lire et se marier ! Oui, j’ai bien dit se marier même si chacun sait que les amours d’été ne durent jamais… Encore que ce soit à prouver ! Pourquoi parler d’amour dans une chronique sur les livres et la lecture, tout simplement parce que j’ai lu Histoires d’amours royales de Cyrille Boulay, un livre chez Hors collection, et que j’ai ainsi réalisé deux siècles d’histoire à travers de très nombreuses belles histoires d’amours. J’ai trouvé cet ouvrage assez léger pour l’été mais consistant sur le fond pour mériter notre attention…

Cyrille Boulay est un journaliste et historien spécialiste de la famille russe des Romanov, expert lors de nombreuses ventes de souvenirs des familles royales et très proche des héritiers Romanov. Mais, dans cet ouvrage, il va surtout parler des familles occidentales sous l’angle des amours tumultueuses et il ne manque pas d’anecdotes à raconter… Oui, cela fait très léger mais je vous avoue qu’en ces périodes estivales c’est plutôt une lecture sympathique et très bien écrite.

Attention, on apprend de très nombreuses choses et très vite. En effet, on commence par la famille Bernadotte de Suède. En effet, on a tous appris que le maréchal du même nom avait été mis sur le siège de Suède par l’empereur Napoléon. Cette fois-ci, on va comprendre comment la décision a été prise, pourquoi le roi Charles XIII l’a adopté et transformé en prince héritier… et derrière toute cette histoire, il y avait une femme, Eugénie-Désirée Clary…

Certaines histoires sont plus connues que d’autres car mises à l’honneur au cinéma ou dans des ouvrages populaires, comme celle d’Elisabeth d’Autriche… la fameuse Sissi ! Oui, un destin tragique car elle a perdu de façon tragique presque tous ses proches avant d’être elle-même assassinée à Lausanne… Heureusement, une petite lueur de bonheur en tant que reine de Hongrie…

Je n’ai pas envie de passer en revue toutes ces amours royales qui, à chaque fois, sont replacées dans le temps, c’est-à-dire dans une époque et un contexte historique et politique, mais insister sur un élément que l’on va retrouver régulièrement à partir de la moitié du vingtième siècle, les amours avec des roturiers. Un roturier, pour préciser les choses, est une personne qui n’est pas noble. Or dans ces familles royales, il était de tradition de se marier avec un membre d’une autre famille royale, pas avec un roturier… Et il se trouve que de nombreux rejetons royaux ont préféré suivre leur cœur en se mariant – contre l’avis de leurs parents – avec des roturiers. Généralement, ce fut très profitable à l’image de la famille royale et cela a rendu ces héritiers beaucoup plus humains et proches des peuples… Comment ne pas évoquer Grace Kelly ?

Parfois, les amours royales ont du mal à se mettre en place et c’est l’histoire assez touchante d’une certaine Camilla Parker-Bowles devenue très récemment, 2005, duchesse de Cornouailles. Charles n’a finalement aimé que cette femme et c’est ce qui a provoqué la vie dramatique de Lady Di… On a souvent une mauvaise image de cette femme et j’ai trouvé que Cyrille Boulay lui donnait un vrai caractère, une véritable présence humaine aux côtés de Charles… Après tout, elle était là la belle histoire d’amour de Charles… Mais il n’est pas facile d’être l’héritier de la couronne d’Angleterre ! N’est-il pas ?

Donc, voilà un bon livre au pays des princes et princesses, une lecture d’été indiscutablement et on peut même en profiter si on est républicain forcené car cela n’empêche pas de lire ces destinées humaines, de ces Histoires d’amours royales et de profiter de ces rappels historiques… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à très bientôt !

Cyclo
avatar 16/07/2017 @ 19:53:09
A propos de Jean Ray et de ses nouvelles sur Harry Dickson, que Shelton cite dans une de ses chroniques, je regrette beaucoup, en tant que cinéphile, qu'Alain Resnais n'ai jamais pu mener à bien le film qu'il devait tourner sur le sujet. Et qu'on n'ait jamais publier son scénario (si tant est que celui-ci existe)...

Shelton
avatar 17/07/2017 @ 06:40:35
L’été c’est fait pour lire et aussi, vous le savez bien, prendre le temps de réfléchir. C’est cette réflexion qui peut nous emmener en ces périodes estivales prendre de beaux virages dans nos vies… ou pas ! Mais, pourquoi faudrait-il que cette phase cérébrale soit réservée aux seuls adultes ? Pourquoi un livre pour enfant ne serait-il pas capable de pousser à la réflexion, de stimuler le cerveau d’un jeune lecteur ?

C’est bien parce que le livre pour enfant peut être de qualité, y compris intellectuelle, spirituelle et même métaphysique que pour illustrer mon propos j’ai choisi de vous présenter l’excellent ouvrage, La graine et le fruit, signé Alexis Jenni et Tom Tirabosco publié par La joie de lire !

L’auteur du texte, Alexis Jenni, est celui qui a obtenu le prix Goncourt en 2011 pour L’Art français de la guerre. Il n’est pas ici question de prendre parti sur ce prix littéraire qui a reçu une critique mitigée car ne l’ayant pas lu, je serai bien en difficulté pour affirmer quoi que ce soit ! Par contre, cet album illustré pour enfant est très bien construit…

C’est l’histoire d’un grand-père et de son petit-fils. Quand l’enfant est tout petit, son grand père plante des arbres dans son jardin. Un olivier en particulier. Puis, il invite son petit-fils à regarder ces arbres pousser… lentement mais surement !

Le grand-père montre à l’enfant comment les petites graines du départ peuvent engendrer de si beaux et si grands arbres… Les saisons passent, les arbres changent mais sont toujours là, de plus en plus grands…

On se demande où il veut en venir puis le grand-père explique à son petit-fils que Dieu est comme une graine… « Dieu commence petit. Comme une graine qui ne ressemble pas un arbre. » Il faut du travail, de l’eau, de la patience pour obtenir un arbre qui porte des fruits… « A la fin, l’idée de Dieu est plus grande que toi… »

En fait, c’est une parabole que nous racontent Jenni et Tirabosco. Elle est profonde, touchante et humaine. Elle ne parle pas que de Dieu. Elle aborde la transmission… L’intergénérationnel comme on dit aujourd’hui…

On veut transmettre à nos enfants l’envie de vivre, le goût de la lecture, le sens des autres, le respect de l’humanité, de la vie, de la planète, l’amour de Dieu ou toute autre valeur. On plante des petites graines dans le cœur de nos enfants et, parfois l’arbre grandit et porte des fruits ; dans d’autres circonstances, sans que l’on comprenne pourquoi, l’arbre ne grandit pas ou reste un petit arbuste… c’est le mystère de la vie !

Tom Tirabosco, l’illustrateur, a choisi de se focaliser sur le jardin, cadre de la vie et, de page en page, ce jardin évolue avec les saisons qui passent, les arbres qui grandissent, et le petit garçon qui, lui aussi, passe de petite graine à arbre… D’ailleurs, la dernière image le montre jeune homme en pleine découverte de l’amour…

Un beau livre qu’il faut prendre comme une belle fable sur la vie humaine et la transmission. J’ai adoré texte et dessin et je ne peux que le conseiller pour dialoguer avec les enfants… Soyons patients, rien ne vient vite et il faut laisser du temps au temps… même en été. Et comme l’été c’est fait pour lire, y compris en famille avec les plus jeunes, bonne lecture familiale et à très bientôt !

Shelton
avatar 18/07/2017 @ 06:28:27
L’été c’est fait pour lire et comme vous le savez pour certains d’entre vous je me suis lancé un petit défi… Lire les dix-neuf enquêtes de sir Malcolm Ivory écrites par Mary London, alias Frederik Tristan, et comprendre la trame qu’il a suivi dans l’écriture de ces polars à l’anglaise !

Je ne suis pas complètement arrivé au résultat mais cette fois-ci, je dois avouer que j’ai réussi à percer le mystère avant la fin du roman, au deux tiers pour être précis… Je suis probablement sur la bonne voie…

Mais, pour le reste, soyons honnêtes, je pense que nous sommes là en face d’un roman policier bien sympathique que je ne peux que vous conseiller de lire même si vous n’avez lu aucun autre roman de la série. On peut le lire de façon indépendante sans aucun souci…

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, il s’agit toujours d’enquête dans les milieux assez riches et hauts placés de la société britannique. Cette fois-ci nous nous retrouvons chez un des plus grands avocats, maitre John Stone. Il travaille dans une étude qu’il a créée, il est conservateur et même partisan de la peine de mort. Rude, rustre et même quelque peu phallocrate, cet homme mène la vie difficile à sa femme, ses deux enfants, son gendre, sa secrétaire et son meilleur ami, le docteur Terrings…

Un soir où tout ce petit monde est réuni autour de la table pour un diner habituel, notre bon avocat va être empoisonné en buvant sa petite liqueur du soir… Comme à chaque fois dans cette série :

- d’une part, le criminel a de grandes chances – pour ne pas dire plus – de se retrouver parmi les convives ;
- d’autre part, sir Malcolm Ivory, supplétif de Scotland Yard, va être chargé de l’enquête en compagnie de son vieil ami le superintendant Forbes…

Petite différence avec certains romans, cette fois-ci sir Malcolm Ivory n’est pas appelé en renfort parce que l’enquête touche la noblesse anglaise mais parce que la victime, John Stone lui-même, l’a demandé de façon exprès. En effet, il a écrit une lettre qui dit que s’il est assassiné ce doit être sir Malcolm Ivory qui mène l’enquête ! Pourtant les deux hommes ne sont pas amis et se sont même affrontés lors d’une célèbre affaire policière…

L’histoire est toujours aussi bien écrite et les personnages très crédibles, de la femme éplorée et bouleversée au gendre un peu niais qui se demande ce qu’il fait dans cette tragique histoire… Sir Malcolm Ivory fonctionne toujours avec ses matières cérébrales même s’il se fait toujours surprendre au départ par les criminels qui le manipulent… La raison finit toujours par triompher et cette fois-ci on ne passe pas loin du KO technique !

Je trouve qu’une fois de plus nous sommes en présence de bons romans pour l’été et comme l’été c’est fait pour lire je ne peux que vous conseiller cette série d’enquêtes de sir Malcolm Ivory écrite par Frederik Tristan, un de nos très bons romanciers Français ! Ah, j’oubliais, le titre de ce roman est Un crime sans assassin !

Shelton
avatar 19/07/2017 @ 05:46:59
L’été c’est fait pour lire mais aussi pour fréquenter les festivals de toutes natures, celui de Chalon dans la rue, par exemple ! Or, parfois, le lien entre les livres et les arts de la rue est très fort, que dis-je, essentiel, capital, évident, incontournable et la liste pourrait être allongée à l’infini ou presque ! Quand je prépare mon festival, je guette toujours avec beaucoup d’attention les spectacles liés à un livre, une œuvre, un auteur… J’ai ainsi pu profiter avec beaucoup de plaisir d’un Hamlet en 30 minutes avec la Compagnie Bruitquicourt ou d’un Hamlet revu et corrigé avec les Batteurs de pavés ! Mais ce ne furent pas les deux seuls spectacles adaptés de livres et Shakespeare eut beaucoup d’autres compagnons d’aventures sur le bitume chalonnais de Molière à Camus, d’Eschyle à Italo Calvino…

Italo Calvino ? Oui, j’ai toujours beaucoup aimé cet auteur et j’ai déjà lu et relu sa trilogie mythique : Le Baron perché, Le vicomte pourfendu et Le chevalier inexistant ! Je peux affirmer sans peine que j’aime beaucoup cet auteur dont j’ai lu presque tous les textes traduits en français. Italo Calvino est un auteur italien contemporain (1923-1985), très réaliste, spécialiste de textes courts, certains parlent même à son propos de fables ou de paraboles… La trilogie évoquée ici porte le nom de Nos ancêtres et nous allons revenir sur un titre spécifique, Le Baron perché.

Pourquoi Le baron perché ? Tout simplement parce qu’en 2012, lors du festival Chalon dans la rue, j’ai repéré un spectacle portant ce nom et j’y suis allé. Grand bien m’en a fait puisqu’il s’agissait bien d’une adaptation du roman d’italo Calvino. Le spectacle était de qualité car la compagnie avait réussi à garder la philosophie du roman, l’univers de Calvino tout en offrant au public un véritable spectacle de rue… enfin, de rue, disons plutôt un spectacle aérien ! C’était juste à côté de la Maison des vins de Chalon-sur-Saône, en plein soleil, à l’heure de la sieste… mais je m’en souviens comme si tout cela s’était passé hier… Mais revenons un peu sur le texte de Calvino !

Blaise, le narrateur, nous conte la vie de son frère Côme. Nous sommes en Ligurie, en 1767. Cette date, cette époque combinée au style littéraire choisi fait que le lecteur est presque immédiatement convaincu que le texte est signé Voltaire…

Le jeune Côme va quitter sa famille car il refuse de manger des escargots. Mais il ne va pas très loin, il se contente de monter dans un arbre… Quelle fuite ! On se dit que Côme fait du boudin et que tout rentrera vite dans l’ordre, sauf que Côme va rester dans son arbre, va y construire sa vie ! Côme fait même la promesse, le serment, de ne jamais redescendre sur la terre ferme…

Notre nouveau Robinson des arbres va devoir tout réapprendre, tout découvrir et se construire une philosophie de vie cohérente, ou presque… On retrouve des thèmes chers à Rousseau sur la nature et l’humanité, des idées prérévolutionnaires et une réflexion métaphysique particulière, celle d’un certain Italo Calvino, probablement un hybride entre le Dieu de Voltaire et celui de Rousseau…

Comme dans toutes les paraboles et fables, on se retrouve face à soi, face au vingtième siècle et ses horreurs… Le texte est très agréable à lire, que dis-je, à dévorer, et le spectacle restait dans le même tempo… Que du bonheur !

L’artiste était Alex Trillaud, un circassien de formation qui n’a pas eu peur de se frotter à la philosophie comme un passeur. Le spectacle était accessible à un très large public et j’espère voir encore de très nombreux spectacle de cette trempe !!!

Comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à glisser dans votre sac de Chalon dans la rue un exemplaire du Baron perché ! Bonne lecture, bon spectacle et à très bientôt !

Shelton
avatar 20/07/2017 @ 08:43:48
L’été c’est fait pour lire et aussi cuisiner ! C’est ainsi, je vous l’ai déjà dit on ne peut pas dévorer un ouvrage le ventre vide. Donc, une seule solution, lire des livres de cuisine pour préparer le temps suivant, celui de la lecture d’un bon roman ou d’une excellente bande dessinée… Seulement, comme le temps vous est compté, du moins si vous êtes comme moi toujours en train de courir, il faut de petits livres de cuisine sur lesquels sont identifiées les bonnes recettes, pas chères et rapide à exécuter ! Je parle bien du temps d’exécution réelle et non du temps passé dans le four car pendant que ça cuit, vous avez le droit de lire puisque l’été c’est fait pour lire !

Pour répondre à ce cahier des charges de notre cuisine estivale, j’ai pris d’abord un petit ouvrage des éditions ESI, la collection Carrés à croquer, car ce petit format tient dans tous les sacs de vacances et de week-end. Deuxièmement, j’ai choisi un livre de Sylvie Aït-Ali car c’est une infirmière qui est devenue une autrice de cuisine par plaisir et passion. Chez elle, le moteur, c’est d’abord son propre plaisir, pas la carrière dans la gastronomie… On se rapproche donc du plaisir estival !

Dans son ouvrage pratique, Délicieuses petites cocottes, nous allons donc trouver tout ce qu’il nous faut pour cet été, pour recevoir nos enfants et petits-enfants et comme la cuisson est au four et en cocotte, cela nous laissera plus de temps pour profiter de nos petits-enfants… Rusé, non ?

Je sais bien que certains diront que ces petites cocottes en été, c’est peut-être un peu trop chaud. Mais, mettons-nous en situation : vous avez marché toute la journée en montagne et essuyé un orage en fin d’après-midi… vous rentrez d’une journée de pêche au grand large, vous êtes revenus face au vent avec des vagues qui vous ont éclaboussés… Vous étiez en forêt quand une averse vous surpris… vous revenez d’une belle journée de plage en Bretagne face au vent – c’est rare mais par expérience je sais que cela peut arriver de temps en temps – et vous avez envie d’un peu de calme et de chaud… bref, toutes les conditions sont réunies pour dévorer une cocotte de fruits de mer au safran – version Bretagne – ou une endive à l’orange et au canard – version sud-ouest – ou, enfin, un flan de courgette au chèvre – pour la version alpestre !

Ces trois plats qui sont un véritable régal sont très simples à préparer. Quant au prix, on n’est jamais obligé de tout faire au plus cher. Parfois, par exemple, on peut remplacer les coquilles Saint Jacques par des noix de pétoncle, surtout si on n’est pas en Bretagne et que l’on n’a pas la possibilité d’en trouver des très fraiches accessibles !

A chaque fois, vous pouvez préparer la cocotte le matin, stopper la cuisson avant la fin et faire réchauffer le soir en rentrant, c’est encore meilleur !!! Oui, les plats de cette nature peuvent largement supporter les réchauffages même le jour suivant. Du coup, ce sont des préparations très pratiques pour les vacances : vous préparez quand tout le monde dort encore et vous réchauffez quand tout le monde se douche et on se retrouve tous ensemble à table !!! Que du bonheur !!!

On trouve aussi dans cet ouvrage quelques recettes de desserts comme le far breton aux abricots sec – et cela fonctionne très bien avec des pruneaux – et le clafoutis de fraises de Phalempin – juste parce que les fraises de Bretagne sont excellentes !

On peut retrouver les bonnes recettes et idées de Sylvie Aït-Ali sur son blog culinaire :
http://www.amusesbouche.fr/

En attendant, vous avez un bel outil pour recevoir cet été, Délicieuses petites cocottes, un livre à lire et cuisiner mais comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et bon appétit !

Shelton
avatar 21/07/2017 @ 06:55:33
L’été c’est fait pour lire et rien n’empêche de lire des bandes dessinées durant l’été puisqu’il s’agit bien de lecture ! Surtout quand la bande dessinée nous emmène, que dis-je nous précipite dans les grands mythes de l’humanité… Sisyphe, Icare, Faust… D’ailleurs, aujourd’hui, grâce au magnifique album de Scott McCloud, Le sculpteur, c’est vers ce dernier, le mythe de Faust, que je souhaiterais vous guider, vous accompagner…

Le mythe de Faust, pour faire simple sans fâcher mon ancien professeur de philosophie, est un grand classique de l’humanité : l’homme, ici l’alchimiste Faust, passe un pacte avec le diable pour avoir le savoir universel. Il devient le savant qui sait tout et profite de tout… Mais on a eu des déclinaisons diverses, Faust pouvant aller jusqu’à vendre son âme pour avoir la jeunesse éternelle et on se met aussi à penser au roman d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray…

On peut se demander légitimement si ce mythe pouvait encore nous révéler quelque chose, s’il y avait encore matière à réflexion de ce côté-là, si un auteur pouvait encore explorer ce thème sans s’user… Scott McCloud a relevé le défi et avec Le sculpteur, il a revisité ce mythe avec brio et talent pour le plus grand plaisir des lecteurs !

Notre sculpteur, David Smith, est un homme qui a le sentiment de rater sa vie. Son talent ne semble pas évident aux yeux des autres et sa côte est presqu’au plus bas… Soudain, une opportunité se présente avec un mystérieux personnage. Un pacte est possible : il va avoir le pouvoir de sculpter à mains nus toutes les matières sans restriction mais, en échange, il n’a plus que deux cents jours à vivre ! Et notre David accepte !

Bon, à ce stade-là, les choses sont posées et la bande dessinée de Scott McCloud peut démarrer et le lecteur plonge dans l’univers du créateur américain. Il naviguera entre jubilation et frayeur, en béatitude et angoisse, entre création et amour, entre vie contemporaine réaliste et fantastique merveilleux… Presque 500 pages de bonheur intégral !

Alors, je sais bien que certains vont dire et écrire que cet album est trop parfait, trop travaillé, trop professoral et que Scott McCloud a écrit comme un théoricien qui ne veut pas être pris en défaut… Moi, en lisant Le sculpteur j’ai complètement oublié que l’auteur était aussi un théoricien de la bande dessinée, je me suis laissé porter par un roman graphique puissant, une histoire presque parfaite, une bande dessinée efficace et géniale et je n’ai ressenti que le grand bonheur d’un lecteur rassasié par un auteur de génie !

Oui, à la deuxième lecture, on peut voir que tout est ciselé à la perfection, travaillé avec un sens du détail absolu, mais est-ce réellement un défaut que de voir un auteur respecter ses lecteurs à ce point ? Non, il nous invite à réfléchir sur nos vies, nous met en position de David, nous laisse nous interroger sur ce que nous serions capables d’accepter pour réussir notre vie… puis, dans la relation avec Meg, il interroge l’humanité entière sur le sens de l’amour, le respect de l’autre, la vie ensemble… Et je trouve cela beau, puissant et finalement excessivement bien ficelé !

Un défaut ? Oui, je sais bien, il faut toujours en trouver un ! Le sculpteur est un livre trop lourd ! Si, je vous promets il est trop lourd pour que l’on puisse le prendre en main facilement… pour le reste, c’est juste parfait !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme certains sculptent l’été des belles choses en sable, n’hésitez pas à lire Le sculpteur de Scott McCloud, c’est édité chez Rue de Sèvres. Bonne lecture et à très bientôt !

Shelton
avatar 22/07/2017 @ 07:36:05
L’été c’est fait pour lire, en famille bien sûr, et sans se limiter aux nouveautés ! Comme vous la savez, du moins pour certains, je présente des livres depuis très longtemps. Parfois, j’aime regarder certains des ouvrages lus et présentés il y a quelques années. Pourquoi cela serait-il interdit ? Voilà ce que j’écrivais il y a maintenant environ 13 ans…

« Ah, comme je suis content de vous présenter ce qui pour moi sera probablement l’un des plus beaux albums pour enfants, enfin pour enfants et parents, de l’année 2004. Car, pourquoi vous le cacher, j’ai pris un malin et agréable plaisir à le lire. Il s’agit d’un livre grand format qui va tout nous expliquer sur le cochon en jouant aussi sur l’image du cochon, sur les mots décrivant le cochon et en utilisant quelques expressions «cochonnesques» comme faire la tête de cochon, dessiner comme un cochon ou un temps de cochon.

Le tout est accompagné de merveilleuses silhouettes de cochons si belles qu’on se prendrait à rêver que nos enfants soient des cochons… D’ailleurs, c’était probablement bien là l’objectif de l’autrice qui a dû bien s’amuser en travaillant sur cet album ! Si vous n’avez pas d’enfant pour lui offrir ce livre, j’ai une petite idée : et si vous alliez vous l’acheter, pour vous, pour votre plaisir de lecteur, de lectrice, car je dois vous le dire bien franchement, un tel livre est fait pour tous ceux qui ont envie de le lire et je pense qu’il est si réussi que ça doit pouvoir convenir à toute la famille, du plus petit des enfants aux grands parents et même plus… »

Depuis, j’ai offert cet album à plusieurs enfants de la famille et jamais il n’a déçu. Oui, ce fut une belle réussite et si vous le trouvez d’occasion lors d’un vide grenier cet été, pas d’hésitation, achetez ! Il n’est d’ailleurs plus édité et on ne peut le trouver que d’occasion…

L’autrice, artiste complète et éditrice, a créé les Cahiers de gribouillages pour adultes surfant sur une vague qui allait déferler sur l’édition. Aujourd’hui, tout le monde veut gribouiller et colorier, elle était juste un peu en avance… Bravo Claire !

Attachée à promouvoir des modes ludiques de communication par l'image, elle travaille sur des concepts novateurs pour réinventer le livre et ses formes. C’est grâce des artistes comme elle que le livre n’est pas encore mort et que le numérique ne remplacera jamais tout ce qui est sur papier. Qui aurait imaginé, il y a dix ans, que les adultes prendraient des cahiers de coloriage avec une boite de 12 crayons de couleurs pour partir en vacances ?

Attention, Claire ne stoppe pas en si bon chemin. On est à l’ère numérique ? Alors en avant ! Avec le Cahier de Dessin Animé, elle propose une étape de plus : vous coloriez, vous prenez en photo, votre dessin s’anime puis on vous raconte une histoire…. Oui, vous avez participé à sublimer la création papier par la puissance du numérique, et vous êtes devenus presque co-auteurs de l’histoire !

C’est en 2015 que Claire Faÿ a créé les Éditions Animées : www.editions-animees.com !

Avec Claire Faÿ, je vous propose donc un programme complet pour votre été. D’une part, vous pouvez vous faire plaisir avec ce magnifique album consacré au cochon, notre ami de tous les jours, Le grand livre du cochon, et d’autre part de jouer les grands-parents branchés avec Les cahiers de dessins animés, Les contes d’Andersen (et il vous faudra télécharger gratuitement une application sur votre tablette)… Il n’est d’ailleurs pas interdit de lire à ces jeunes lecteurs d’autres contes après, puisque l’été c’est pour lire !

Shelton
avatar 23/07/2017 @ 13:45:45
L’été c’est fait pour lire, du moins c’est ce qui se dit souvent autour de chez moi… Mais que faut-il lire ? Tout, tout ce que vous voulez, tout ce que vous trouvez, tout ce qui vous tombe sous la main… enfin, sous les yeux !

Il faut arrêter de dire aux pauvres lecteurs ce qu’ils doivent lire comme s’ils n’étaient pas capables de décider seuls ? Par contre, le lecteur peut être conseillé par des critiques, des amis, des prescripteurs scolaires ou universitaires… Le tout est bien de prodiguer des conseils, pas d’établir des ordonnances ou des règles absolues !

Par exemple, surtout pour ceux qui ne sont pas des gros lecteurs, je peux vous conseiller de lire la série policière des enquêtes de sir Malcolm Ivory, des romans signés Mary London… ce dernier nom est un pseudonyme, celui de Frederik Tristan, auteur français contemporain que j’aime beaucoup. Du coup, je vous invite à lire des romans policiers, mais des romans avant tout, des textes bien écrits et agréables à lire sans que ce soit pour autant une prise de tête académique… Le texte idéal pour les périodes estivales !

Alors précisons pour ceux qui ne connaissent pas encore la série qu’il s’agit bien de romans indépendants les uns des autres et que l’on peut lire ces enquêtes dans l’ordre que l’on souhaite, sans aucun souci. On peut même en lire qu’une, toutes ou aucune. On est en été et donc on est libre, tout simplement…

Parlons de ce roman, Le parfum du crime, car c’est bien de lui qu’il s’agit aujourd’hui. Imaginez que les membres d’un club très fermé se donnent rendez-vous chez une personne de la haute, le riche et fameux lord Cavendish…

Le club en question ? L’Orchid club, une section de la Royal Horticultural Society ! Le président est lord Cavendish et il a invité les principaux membres car il va recevoir une espèce excessivement rare, la Gongora magnificat. C’est lui qui a envoyé Nathanaël Ward la poursuivre dans le monde et il va maintenant organiser une grande vente aux enchères pour la vendre…

Mais Nathanaël va être retrouvé assassiné dans la serre de lord Cavendish, l’orchidée rarissime va disparaitre et il faudra toute la sagacité et la science des enquêtes délicates de sir Malcolm Ivory pour remettre de l’ordre dans les sentiments et impressions de notre grand policier Forbes complètement sous le charme des parfums…

Une enquête complexe, un roman plus dur et cruel que d’autres de la série… Attention, ce n’est pas dans la forme ou les descriptions que le roman est cruel, nous c’est bien du fond de l’histoire dont je parle, les conditions du crime, les motivations du criminel, la vie de certains des membres du club… Oui, on peut être collectionneur d’orchidées, riche, noble, connu… et ne pas avoir la meilleure vie du monde…

Les romans de Mary London ne sont jamais très longs – et c’est bien le cas pour Le parfum du crime – ce qui n’empêche aucunement le lecteur d’avoir en fin de roman tous les éléments pour comprendre… voire, pour les plus sagaces, de deviner tout avant sir Malcolm Ivory… A voir !

En attendant, très bonne lecture, très bon été et à très bientôt !

Shelton
avatar 24/07/2017 @ 09:43:06
L’été c’est fait pour lire mais aussi pour profiter de tous les festivals qui peuplent nos régions… La fameuse exception française existe bien et il suffisait de parler durant les festivals Chalon dans la rue avec des artistes étrangers pour comprendre qu’ils enviaient cette situation. Cela ne signifie pas que tout va bien chez nous pour les artistes et les compagnies mais cela permet à notre pays d’avoir encore une chanson, un théâtre, une littérature, une tradition du spectacle vivant… Et tout cela est fragile, prenons-en soin…

Justement, la littérature fut très présente durant Chalon dans la rue 2017. Oh, on ne vendait pas des livres dans les rues, on ne voyait pas des milliers de festivaliers allongés sous des arbres en train de lire le dernier Goncourt, non, il ne faut quand même pas rêver ! En fait, il y eut de nombreux spectacles, inspirés plus ou moins d’ouvrages et cela permet de prolonger l’ambiance Chalon dans la rue en rappelant quelques-uns de ces livres à lire…

Je vais commencer par Les trois mousquetaires, non pas que ce soit celui que je préfère mais plutôt parce que ce fut le premier spectacle vu avec un lien littéraire et quel lien ! Un des romans les plus populaires en France et un spectacle qui a drainé des centaines de spectateurs dans les rues de Chalon. L’œuvre de Dumas est encore accessible aux lecteurs d’aujourd’hui, on est dans un roman d’aventures paru en feuilleton d’où une multitude de personnages, de rebondissements, d’invraisemblances aussi, reconnaissons-le ! Il existe des adaptations en bande dessinée, en comédie musicale, au cinéma… Difficile de trouver des personnes qui n’auraient jamais entendu parler des Trois mousquetaires mais difficile aussi de rencontrer celui qui a lu ce roman en entier… Mais comme l’été c’est fait pour lire, c’est peut-être l’occasion !

Passons à une œuvre britannique, celle de sir Arthur Conan Doyle avec la création de son célèbre Sherlock Holmes. On peut proposer pour l’été de relire en entier le corpus holmésien, c’est-à-dire les quatre romans et les cinquante-six nouvelles qui mettent en scène le détective et sa méthode de raisonnement… Si vous ne savez pas par quel bout commencer, si vous ne voulez lire qu’un seul texte et pas trop long de surcroît, pourquoi ne pas prendre la nouvelle Le ruban moucheté ? On trouve cette excellente nouvelle dans le recueil Les aventures de Sherlock Holmes et on peut même en trouver des versions avec seulement cette nouvelle ou accompagnée d’une ou deux autres… Une belle façon de découvrir ce détective particulier… très bien présenté par la compagnie des O !

Le spectacle Apostrophe(s) ne pouvait que présenter des livres et ce fut fait, avec talent en plus ! On ne peut pas citer tous les ouvrages dont il a été question durant une heure trente… Comme il était question d’amour, restons dans le domaine. Je pourrais citer Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes mais je l’ai déjà fait et vous ai dit mon attachement à cet auteur et cet ouvrage. Passons donc à Madame Bovary de Gustave Flaubert car Emma a une place importante dans le spectacle et j’ai réalisé que certains ne la connaissent pas, n’ont jamais lu le roman… Même si de Gustave Flaubert je préfère sans hésitation Education sentimentale, j’avoue que Madame Bovary ne m’a pas laissé indifférent. Comme l’été c’est fait pour lire, inscrivons donc ces deux romans sur notre liste !

Reste encore un roman à citer, Germinal. Certes, le roman de Zola qui a servi de base au spectacle éponyme des Batteurs de pavés mérite d’être lu en intégral car pour ceux qui se contenteraient du spectacle, avouons-le, il manquerait quelques petits éléments… Les romans de Zola sont souvent lus trop tôt et je ne peux que vous conseiller, chers amis adultes, de prendre le temps de (re)lire un roman de Zola. Vous avez le choix mais Germinal peut être un excellent choix !

Voilà, j’aurais pu en citer d’autres mais avec ces livres vous avez de quoi passer quelques belles heures de lecture et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 25/07/2017 @ 07:23:08
L’été c’est fait pour lire et vous savez que régulièrement, entre classiques et ouvrages de cuisine, entre polars et albums pour enfants, je viens vous proposer quelques bandes dessinées… Attention, je parle bien de bandes dessinées pas de livres jeunesse car la bédé est un genre qui peut toucher tous les publics y compris les plus âgés… De 7 à 77 ans disait le Journal de Tintin car on ne savait pas que la vie allait se prolonger…

Lors du dernier festival international de la bande dessinée d’Angoulême, Hermann a été le président du festival car, en 2016, c’est bien lui qui a eu le Grand prix de la ville d’Angoulême. Il n’est plus temps de savoir si la sélection comportait ou pas assez de femmes, si certaines n’auraient pas dû être placées avant lui, car ce qui est certain c’est que cet auteur est un grand de la bédé, indiscutablement ! Et il me semble en périodes estivales et de crise de société de prendre le temps de le lire ou relire…

Pour ceux qui ne le connaissent pas ou pas assez, rappelons qu’il est l’auteur d’un nombre incroyable de séries et albums. Pensez donc : Bernard Prince et Comanche avec Greg au scénario, Jugurtha avec Jean-Luc Vernal au scénario, Jeremiah (dessin et scénario, une série qui continue encore, tome 34 sorti en octobre 2015), les Tours de Bois-Maury… sans oublier tous les one-shot dont certains sont de véritables chef d’œuvre, comme Lune de guerre que j’avais adoré !

Je viens de relire un de ses derniers ouvrages, Le passeur, une bande dessinée scénarisée par son fils, Yves H. Je sais que certains n’apprécient pas toujours les scénarios d'Yves H mais j’avoue que j’ai bien apprécié cet album, noir à souhait, ce qui permet à Hermann de mettre son dessin en valeur lui qui aime tant les ouvrages aux limites de la désespérance…

Un couple est en quête d’un lieu idyllique, le fameux Paradise. Au départ, on y croit même si une fois encore on est dans un monde post-apocalyptique, une des grandes passions d’Hermann. On comprend assez vite que Sam et Samantha vont bien avoir du mal à trouver une issue favorable à leur quête mais on a quand même envie de les suivre jusqu’au bout tant l’invitation graphique d’Hermann est puissante ! Les personnages sont portés par cette pseudo espérance mais on sent bien que nous sommes dans un monde où plus personne n’a de conviction, d’espérance, d’avenir… Oui, cela ne ressemble pas du tout à notre monde actuel…

L’éditeur nous annonce que le scénariste Yves H signe là son ouvrage le plus noir. Oui, certainement mais n’est-ce pas l’un des plus sombres de toute la bande dessinée ? Si ce n’était pas le cas, en tous cas, on n’en est pas loin du tout… et j’adore, je vous le concède ! Un grand album noir pourtant en couleur avec des dessins d’Hermann d’une très grande qualité… Quant au passeur, on a bien compris qu’il est celui qui fait passer sur l’autre rive… Non ?

Pour ceux qui connaissent déjà Hermann, n’hésitez pas à vous procurer le petit travail sur Hermann, Sur la terre ferme avec Hermann d’Olivier Cassiau aux éditions Petit à Petit. Une excellente porte ouverte sur un œuvre entière et un univers étonnant pour ne pas dire détonnant ! Pour les autres, lancez-vous avec la série Jeremiah… mais chez Hermann, comme dans le cochon, tout est bon !

Alors comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous souhaiter bonne lecture !

Shelton
avatar 26/07/2017 @ 09:20:21
L’été c’est fait pour lire et comment, au sortir de Chalon dans la rue, ne pas évoquer un classique indémodable, Molière. Je sais bien que certains croient que Molière est fini, terminé, dépassé, usé jusqu’à la corde… et, pourtant, quand Le malade imaginaire passe à l’Espace des arts, le public est là, nombreux – voire trop nombreux car certains n’ont pas pu voir la pièce – et conquis ! Conquis car il suffisait d’entendre les conversations en fin de soirée pour mesurer que Molière en sortait, une fois encore, grand vainqueur !

Ce soir-là, pour Le malade imaginaire, j’avais avec moi un étudiant…

- Tu veux venir voir ce soir Le malade imaginaire ?
- Je ne sais pas, de quoi s’agit-il ?
- Tu sais, Le malade imaginaire, la pièce de Molière…
- Je ne connais pas…
- As-tu déjà été au théâtre ?
- Oui, une fois, quand j’étais en quatrième… Je ne me souviens pas ce que nous étions allés voir avec la classe… C’était dans le cadre des cours de Français…

Amis enseignants, je vous en conjure, ne cessez pas d’aller au théâtre avec vos collégiens. Je sais que c’est parfois très difficile d’obtenir les financements, je sais que certains parents sont réticents, que certains responsables ne vous poussent surtout pas à organiser ce type d’actions… Mais sachez bien que bien souvent le seul souvenir de théâtre date de ces années collège… Après, plus rien, le grand désert, la culture réduite au néant, le spectacle vivant n’est plus qu’un vieux souvenir couvert de poussière… Et je vous promets que je n’exagère pas trop !

Reprenons le dialogue avec mon étudiant…

- Ecoute, j’ai une place pour ce soir, tu n’as rien à payer, juste à venir en profiter…
- Bon, ben, ouais, je viens…

On sent alors un peu de fatalisme. Il n’ose finalement pas dire non à son prof… La dictature culturelle, presque ! Il est bien là le soir et plusieurs fois durant la pièce, il rit, même de bon cœur dans certaines circonstances. La pièce est très bien jouée et on passe une bonne soirée pour ne pas dire plus…

- Alors, j’ai cru entendre que tu avais apprécié cette pièce !
- Oui, c’est génial, jamais je n’aurais pensé que l’on pouvait passer un aussi bon moment avec cette pièce que d’ailleurs je n’avais jamais lue…

Comme l’été c’est fait pour lire – je ne me lasse pas de le répéter – c’est peut-être l’occasion de relire une ou deux belles pièces de Molière comme Les fourberies de Scapin ou L’avare… Je sais bien que certains ne sont pas convaincus de la lecture du théâtre. Moi, c’est le contraire, j’ai presque toujours lu les pièces avant d’aller les voir pour être encore plus disponible au jeu des acteurs, au décor, à la mise en scène, à la scénographie… La lecture ne suffit pas mais elle est la première étape pour vivre une pièce de théâtre…

Quand à Molière, reconnaissons que beaucoup de ses pièces sont capables de nous faire rire, réfléchir et passer un bon moment. Certes, certains textes ont pu vieillir, certains thèmes peuvent sembler désuets mais peut-être pas tant que cela… Réfléchissez un peu… Les questions liées au pouvoir, à Dieu, à l’argent, à l’amour, à la vie familiale, à l’égalité homme-femme, à la compétence des médecins… Toutes ces questions seraient dépassées ? Pas si sûr !

Donc, récapitulons… Un, il faut lire le théâtre et pourquoi ne pas commencer par une petite pièce de Molière. Deux, il faut aller au théâtre, dans la rue ou ailleurs mais il faut y aller ! Trois, il faut accompagner ses enfants, ses petits-enfants et ses élèves au théâtre. Si plus personne ne va au théâtre le spectacle vivant sera mort… A nous de bien transmettre cette passion ou de transformer la curiosité en passion !

Donc, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture de Molière et à très bientôt dans les salles de spectacle !

Shelton
avatar 27/07/2017 @ 08:09:42
L’été c’est fait pour lire et surtout c’est une période privilégiée pour prendre son temps en laissant notre curiosité fonctionner au sein des bibliothèques et librairies. Par exemple, à l’issue du spectacle consacré à Sherlock Holmes durant Chalon dans la rue, j’ai réalisé que beaucoup de personnes ne connaissaient le héros de Conan Doyle que très superficiellement, trop superficiellement… Quand l’acteur principal évoquait la femme de Watson, mon voisin a fait la remarque suivante :

- Watson était le compagnon de Sherlock, il était homo et je n’ai jamais entendu parler de cette femme…

Il aurait dû dire qu’il était temps qu’il aille relire – dans son cas probablement lire – les aventures de Sherlock Holmes. Les lecteurs réguliers du canon holmésien savent bien que Watson a épousé une certaine Mary… et Mary eut une vie !

Il arrive, parfois, que notre main rencontre un livre improbable lors d’une vente de livres d’occasion chez un bouquiniste, chez Emmaüs ou dans une bibliothèque se séparant de ses ouvrages anciens ou jamais empruntés. C’est ainsi que je pris ce roman de Jean Dutourd, Mémoires de Mary Watson. Il serait exagéré de vous avouer que Jean Dutourd m’était inconnu car, comme beaucoup, j’avais lu, il y a fort longtemps, « Au bon beurre ». Il ne me reste pas grand-chose de cette lecture et c’est pour cela que j’ai pris ces « Mémoires de Mary Watson », uniquement convaincu que j’allais faire un peu plus connaissance de Sherlock Holmes et son fidèle ami Watson, le mari de Mary…

J’eus raison de faire ce choix car si le roman n’est pas un livre exceptionnel, il est plaisant à lire et ce fut une façon de replonger avec délectation dans les enquêtes de l’un de mes détectives préférés. Ce n’est pas, à proprement parler, une histoire policière, quoique l’intrigue existe bien et que tous les fans la reconnaitront bien. Une jeune femme, Mary Morstan, a perdu son père… et le trésor qu’il prétendait posséder !

Le détail de l’enquête que l’on a pu lire par ailleurs n’a aucune importance. L’intérêt du livre réside dans la manière de combler les vides laissés par Sir Arthur Conan Doyle. En fait, il serait bien possible que Doyle n’ait jamais existé et que ce soit le pseudo d’un homme plus réel, plus fiable, une sorte de romancier révélé dès son premier texte et encouragé par Oscar Wilde… Je sais, cela peut vous sembler surprenant et surréaliste… mais vous comprendrez en lisant vous-même ces mémoires de la femme de Watson.

On va découvrir Mary dès la fin de sa jeunesse, faire la connaissance de son père du temps de sa splendeur, visiter une pension pour jeunes filles en Ecosse profonde, rencontrer une femme ayant approché Napoléon III… sans oublier notre détective, son médecin préféré et l’horrible Moriarty…

Je ne saurais toujours pas vous dire si Jean Dutourd, académicien français, est un grand écrivain. J’avoue avoir lu son roman d’un seul coup, avec plaisir et sans voir le temps passer. Certes, ma passion pour le roman policier et pour le locataire du 221B Backer Street, ne me confère pas l’impartialité nécessaire pour vous parler d’un ouvrage de cette nature, mais qu’importe, moi, j’ai aimé !

Ce roman date de 1980. Jean Dutourd est né en 1920. En 1952, il reçoit le prix interallié pour « Au bon beurre ». Il a été élu à l’Académie française en 1989. Malgré une petite incursion politique à gauche, il est généralement considéré comme un homme de droite. Durant vingt ans, il tint une chronique hebdomadaire sur Radio Courtoisie, radio cataloguée « extrême-droite ». Aujourd’hui, on pourrait dire que ce fut une forte personnalité, ayant une indépendance certaine, atypique, grand défenseur de la langue française. Il est décédé en 2011 et il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Son roman « Mémoires de Mary Watson » n’est pas marqué par ses idées politiques et n’a rencontré qu’un succès auprès des spécialistes… Dommage ! du moins à mon point de vue !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, c’est l’occasion de découvrir un personnage important de la vie de Sherlock Holmes et tout cela en ne prenant ce détective que pour ce qu’il est, une création romanesque délirante et très attachante…

Shelton
avatar 27/07/2017 @ 09:02:40
Petit complément du jour sur un certain Alexandre Dumas dont j'ai parlé à l'occasion d'une chronique sur les auteurs adaptés dans le théâtre de rue à Chalon sur Saône lors du dernier festival des arts de la rue, Chalon dans la rue...

Lors d’une saynète de la pièce de rue, Les trois mousquetaires, interprétée par Les batteurs de pavés, nous avons un aperçu rapide et plein d’humour de la vie du créateur de ces Trois mousquetaires, Alexandre Dumas. On parle bien d’Alexandre Dumas, père !

Alexandre Dumas est le petit-fils d’une esclave noire, c’est un métis. Son père, Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie dit le général Dumas est né sur l’île d’Haïti et sera un grand général de la Révolution Française. Pour des raisons pas très précises, il fait partie des officiers licenciés en 1802, ne recevra aucune pension, sera oublié de Napoléon dans ses mémoires et sera peu mis en lumière par les historiens de la révolution Française… La couleur de sa peau est-elle responsable de cette situation, on peut le penser… Il meurt en 1806 et l’auteur Alexandre Dumas n’a alors que quatre ans et il sera élevé par ses grands-parents maternels…

Quelques années plus tard, 1822 pour être précis, Alexandre Dumas va partir à l’assaut de Paris. Il va venger son grand-père esclave, relever l’honneur de son père général et obtenir, très rapidement, la gloire littéraire ! Il dévore la vie par tous les côtés à la fois, est révolutionnaire, amant, écrivain, dramaturge, passionné d’histoire, citoyen du monde, et donc, bien le descendant fidèle d’un certain D’Artagnan !

Son premier grand succès est en 1829 avec Henri III et sa cour. On voit alors deux éléments fondamentaux : un, la passion de l’histoire qui ne le quittera pas même s’il l’accommode à sa façon en ne respectant pas trop les faits ; deux, une fascination particulière pour la période des guerres de religions que l’on retrouvera aussi dans son roman La reine Margot !

Vous pouvez donc maintenant partir à la découverte totale de cet Alexandre Dumas avec ses romans et pièces (attention, il ne faut pas tout lire car c’est quand même assez inégal) ou avec une très bonne étude de Jean Lacouture, Alexandre Dumas à la conquête de Paris !

Alors comme l’été c’est fait pour lire, vous devinez ce qui vous reste à faire ! Bonne lecture !

Shelton
avatar 28/07/2017 @ 08:32:57
L’été c’est fait pour lire et je dois vous proposer régulièrement des ouvrages pour les plus jeunes, je n’ai pas dit pour les plus bêtes et c’est bien là le problème. Dire qu’il faut de la lecture pour les enfants, tout le monde est d’accord, bien choisir pour les enfants est chose, pour le coup, beaucoup plus délicate ! En effet, soit on choisit ostensiblement un ouvrage d’apprentissage et comme ils ne sont pas dupes ils risquent de trouver la ficelle un peu grosse et de nous le faire sentir…

« Tu vois, là, Marcia se lave les dents comme tu vas aller le faire maintenant avant de te coucher ! »
« Mais après, tu me lis une vraie histoire ! »

Où, deuxième version, on choisit un livre qui nous plait, par le graphisme ou l’histoire, et on se fait plaisir et tant pis si l’enfant ne s’y retrouve pas… Hier, il m’est arrivé une autre aventure et je vais vous la narrer car elle pourrait bien vous arriver un jour…

J’ai choisi pour lire à ma petite-fille, un très bel album d’André Bouchard, Ernest Maître du Monde. Clairement un choix d’adulte qui a pris beaucoup de loisir à suivre les aventures d’Ernest, un horrible microbe, qui investit le corps du professeur Plöck. Réellement, un très bel album illustré, grand format, que j’aime lire et relire… Seulement, voilà, dès que ma petite-fille a vu la couverture, elle a souri et s’est mise à chanter…

« Petit escargot, porte sur son dos, sa maisonnette… »

Alors, bien sûr, j’ai été obligé de chanter avec elle et il m’a fallu comprendre ce qui se passait avant d’aller plus loin. Elle avait son doigt collé à la couverture et me montrait le dessin d’Ernest… Or, André Bouchard a représenté Ernest le microbe avec trois yeux. Un central, sur le front, un peu comme pour un cyclope. Deux autres, sur des antennes qui effectivement rappellent celle de l’escargot…

« Aussitôt qu’il pleut, il est tout heureux, il sort la tête… »

A toutes les pages, j’y ai eu droit et jamais elle n’a fait attention à l’histoire d’Ernest et du professeur Plöck, il n’y en avait que pour notre petit escargot… Alors, vous allez me dire que ce n’est pas très grave, que le plus important c’est de lire une histoire à sa petite-fille et de chanter avec elle… Là, pas de souci je vous suis bien… Mais, maintenant, chaque fois que je vais sortir cet album, ou qu’elle va elle-même le prendre en main, il faudra chanter une belle petite comptine sur la joie du gastéropode de Bourgogne !

Pourtant, il avait fière allure ce petit Ernest quand il a pris le contrôle de Plöck, quand il le faisait bouger contre son grès, quand il lui faisait croire n’importe quoi, quand il lui avait donné la mission de repeindre tous les Martiens en rouge… Ok, là c’était peut-être exagéré et le pauvre Plöck y est encore… A la fin, il est là, tout petit sur la feuille, et hop, il disparait dans le corps du jeune lecteur…

Bref, j’adore cet album et j’espère que d’autres de mes petits enfants vont l’apprécier autrement qu’en chantant « Petit escargot »… Mais je n’en suis pas certain et on fera peut-être un canon ou du chant choral, allez savoir !

André Bouchard a commis beaucoup d’autres ouvrages jeunesse et il travaille aussi pour la presse. J’ai bien aimé, aussi, son album Avant quand il n’y avait pas l’école mais comme la lectrice du jour ne va pas encore à l’école, on va attendre un peu…

Donc, l’été c’est fait pour lire, certes, mais aussi pour chanter…

« Petit escargot, porte sur son dos, sa maisonnette… »

Shelton
avatar 29/07/2017 @ 10:24:31
L’été c’est fait pour lire et dans les lectures on trouve un grand nombre d’ouvrages qui traitent, d’une certaine façon, du fait divers. Soit parce que l’ouvrage s’en est inspiré directement, d’ailleurs ce peut être sous forme de fiction, de témoignage ou de document historique ; soit par qu’il s’agit de littérature policière donc assimilable sans trop de difficulté au fait divers.

Car, d’ailleurs, qu’est-ce qu’un fait divers ? C’est la narration d’un évènement, par la presse au départ, que l’on ne peut classer nulle part ailleurs. Ce n’est donc pas de la politique, du sport, de l’économie, de la santé, de la diplomatie… On va donc trouver dans le fait divers des drames familiaux, des crimes, des accidents…

On peut même constater qu’un fait historique peut être traité comme un fait divers. Prenons, par exemple, le suicide du prince héritier Rodolphe, archiduc héritier d’Autriche. Le 30 janvier 1889, on retrouve le prince et sa maitresse, Marie Vetsera, morts dans le pavillon de chasse de Mayerling. De toute évidence, c’est un suicide et la nature politique de Rodolphe, héritier du trône mais personnage libéral en conflit perpétuel avec son père l’empereur François-Joseph 1er, devrait pousser tout le monde à parler de ce suicide en terme politique… mais…

Rodolphe est le fils de Sissi, Rodolphe est aussi un peu romantique, la famille impériale a voulu cacher ce suicide… Bref, tout est devenu un fait divers alimenté par de nombreuses révélations ou pseudo-révélations. De nombreux ouvrages existent en langue française sur ce suicide – d’ailleurs double suicide ou meurtre suivi d’un suicide ? – et comme l’été c’est fait pour lire pourquoi pas ne pas en ouvrir deux des plus sérieux, Rodolphe et Mayerling de Jean-Paul Bled et Rodolphe et les secrets de Mayerling de Jean des Cars ? Seulement voilà, quand on parle faits divers la vérité historique n’est pas simple à trouver et ces deux ouvrages ne parviennent pas tout à fait aux mêmes conclusions… En même temps, le premier est un historien et le second un journaliste, mais tous deux proches de la famille impériale et de ses successeurs…

Alors, peut-être que la vérité n’est pas encore là, qu’elle est encore à chercher et donc on est bien dans cette sorte d’incertitude qui accompagne souvent les fait divers : on connait les résultats mais rarement les responsables et encore plus exceptionnellement les motivations des acteurs ! C’est pour cela que les faits divers font jaser, et encore jaser et toujours jaser…

Néanmoins, le sujet n’en demeure pas moins passionnant et révélateur sur la nature humaine. A ce titre, il n’est pas étonnant de voir des grands écrivains se passionner pour les faits divers comme le fit, par exemple André Gide. Il faut dire que le fait d’avoir été tiré au sort membre d’un jury populaire à la cour d’assise de Rouen l’avait profondément marqué. Il faut lire son Souvenirs de la cour d’assise pour voir comment l’écrivain raconte le fait divers… Passionnant !

Mais dès demain, je reviendrai encore sur le fait divers car le sujet ne peut être épuisé en une seule chronique… En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à très bientôt !

Shelton
avatar 29/07/2017 @ 10:25:09
Parfois, j’aime bien compléter mes chroniques L’été c’est fait pour lire avec deux ou trois ouvrages complémentaires sur un des thèmes abordés. Aujourd’hui, j’ai parlé de l’Empire d’Autriche-Hongrie et je dois vous avouer que c’est un thème que j’ai beaucoup travaillé. Il faut dire que je revendique fortement mes origines lorraines et que notre province, la Lorraine, a été terre de cet empire et que Nancy est une ville de cœur des Habsbourg… Les descendants de la famille viennent encore régulièrement vivre certains temps forts à Nancy (mariages par exemple).

Donc, pour ceux qui souhaiteraient découvrir cette famille, son histoire et celle de l’empire, je peux vous conseiller un premier ouvrage, Histoire de l’Empire des Habsbourg, 1273-1918, de Jean Béranger. Cet éminent historien a d’abord exercé à Strasbourg avant de rejoindre la Sorbonne et a été directeur de recherches au CNRS. Beaucoup de ses publications touchent de près ou de loin à l’Europe centrale et cette histoire de que je vous propose est parfaitement lisible par tous ce qui n’est pas toujours le cas de ces synthèses savantes…

Et, pour compléter cette vision austro-hongroise, un petit regard sur la fameuse Sissi, Elisabeth d’Autriche, bavaroise d’origine. Brigitte Hamann a écrit une des meilleures biographies de cette impératrice qui rejetait tout à la fois l’empire, l’autorité, l’étiquette, la vie familiale et qui est morte assassinée en Suisse en 1898… Elle n’était pas faite pour être impératrice et elle en est morte en quelque sorte. Cousine d’un certain Louis II de Bavière, elle partageait avec lui très certainement une forme d’instabilité caractérielle et ce furent deux personnages historiques qui n’arrivèrent pas à atteindre le bonheur… Elisabeth d’Autriche est un bon livre pour rétablir les vérités après beaucoup de fictions cinématographiques, littéraires et romantiques...

Shelton
avatar 30/07/2017 @ 09:24:19
L’été c’est fait pour lire et le fait divers fait indiscutablement partie de nos lectures estivales. D’abord, dans les journaux puis dans les ouvrages de toutes natures. Le journal, je sais que cet objet n’est pas connu de tous mais je vous promets qu’il existe encore, est le premier vecteur des faits divers l’été. Il faut dire qu’à cette période l’information politique est en retrait, l’économie et la diplomatie suivent souvent le même chemin et que le sport connait une accalmie à la fin du Tour de France en dehors des années olympiques… Le fait divers vient alors reprendre un peu plus de place, occupe la scène médiatique et peut être présenté, développé, commenté… Et si, en plus, on bénéficie d’un redémarrage de l’affaire Grégory…

Le fait divers est aussi très présent dans les ouvrages conseillés en été, et comme l’été c’est fait pour lire c’est bien le moment de vous en présenter quelques-uns. J’en ai choisi deux très particuliers, un très littéraire et un très historique pour vous offrir un choix pertinent ou qui semble l’être !

Pour la littérature, il s’agit d’une excellente biographie de sir Arthur Conan Doyle, Conan Doyle détective, les véritables enquêtes du père de Sherlock Holmes, par Peter Costello, mais une biographie très particulière. En effet, il y a des biographies d’auteurs qui sont axées essentiellement sur les ouvrages de l’auteur. On pourrait parler de Conan Doyle en se focalisant sur les aventures de Sherlock Holmes et ses autres ouvrages. D’autres biographies, sont essentiellement liées à la vie de l’auteur, ses amours, ses relations, sa famille et son voisinage… Enfin, il peut y avoir des biographies beaucoup plus thématiques et là nous allons avoir une Conan Doyle détective !

Oui, je sais bien que c’est plutôt Sherlock le détective mais on va apprendre que toute sa vie Conan Doyle a enquêté, enquêtes généralement en salon avec lecture de la presse et discussions de toutes natures. Il faisait des dossiers, empilait des documentations très variées et, parfois, allait même rencontrer la police ou la justice… On pourrait imaginer qu’il s’agissait d’un travail préparatoire à l’écriture des aventures de Sherlock Holmes mais il pourrait y avoir un autre sens… la passion du fait divers, la hantise de l’erreur judiciaire, un aspect bon samaritain… Du coup dans cette biographie passionnante, une multitude de faits divers principalement britanniques et qui démontrent que Conan Doyle était un peu Sherlock Holmes et un peu docteur Watson, enquêteur et écrivain !

Le second ouvrage est beaucoup plus historique et sociologique car Dominique Kalifa, l’auteur, se propose d’explorer l’histoire d’un imaginaire. En effet, les faits divers mettent en évidence la basse société avec ses gueux, mendiants, misérables, pauvres, traine-savates, prostituées et assassins sans compter les fous, les prisonniers, les bagnards et on pourrait ajouter aujourd’hui SDF, alcooliques, migrants, gens du voyage et réfugiés… Car, bien sûr, comme chacun le sait bien, les faits divers n’arrivent qu’avec cette engeance ! Regardez, pour l’Affaire Grégory, puisqu’elle revient sur le devant médiatique, il faut absolument peindre les habitants des villages de la Vologne comme des pauvres hères…

Dominique Kalifa, spécialiste universitaire du crime, et de la transgression, nous propose un magnifique voyage dans Les Bas-fonds pour explorer comment on passe des faits divers à cet imaginaire que nous trainons depuis Sodome, Gomorrhe et Babylone… Tiens, y aurait-il un petit côté biblique dans tout cela… Allez savoir !

L’ouvrage est passionnant, avec des références culturelles et historiques très nombreuses, y compris avec un lien cinématographique fort… Une excellente lecture estivale quoi qu’exigeante malgré tout !

Voilà, nous n’avons pas éclusé entièrement le fait divers, mais ces deux ouvrages sont passionnants et vous permettront d’attendre sereinement les prochains rebondissements de l’affaire Grégory… D’ailleurs, n’aviez-vous pas prévu d’aller camper sur les bords de la Vologne cet été ?

Début Précédente Page 3 de 6 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier