Shelton
avatar 14/08/2015 @ 08:44:50
18 août :

Lecture estivale ne signifie pas lecture volumineuse qui n’en finit pas. Je sais bien que certains apprécient les romans fleuves agrémentés de mille personnages différents, un peu à la manière des romans feuilletons du dix-neuvième siècle. Je concèderais y plonger parfois et pour mon plus grand plaisir. Soyons honnêtes ! Néanmoins, j’avoue aimer aussi, parfois plus, ces petits romans pour ne pas dire ces nouvelles longues, qui en quelques pages nous embarquent dans des histoires incroyables avec des personnages étonnants et nous ligotent instantanément avec l’impossibilité de sortir du texte avant la phrase finale… Pour arriver à un tel résultat, reconnaissons-le sans précaution, il faut un romancier de très grande classe, une romancière ayant une maitrise presque parfaite de la langue…

Laure est sur le point de déménager, « demain, pour la première fois de sa vie, elle vivrait avec quelqu’un… » Dès la première page, on est face à un travail terminé car Laure a fini l’emballage de toutes ses affaires, les cartons sont prêts à être embarqués par les déménageurs et elle a juste une soirée à passer, un Vendredi soir à vivre… L’homme, son François, fait une conférence et ne rentrera pas ce soir… Demain, elle vivra chez lui, sa vie aura changé, la grande nouveauté sera là…

Que va-t-il se passer ce soir ? Elle est invitée à manger chez sa meilleure amie, Marie, et elle ne rentrera pas trop tard. De toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire sur Paris, un soir de grève des transports en commun de qui plus est…

Il faudra une centaine de pages à Emmanuelle Bernheim pour faire vivre à son héroïne une aventure dingue, en fantasme et réalité, entre occupation saine et délire absolu, et finir par nous mettre en situation de s’interroger sur la réalité de tout cela… Je vous entends déjà rire car pour vous il n’y a jamais de réalité dans un roman, dans une fiction. En fait, si l’auteur est de qualité, nous entrons dans son histoire, nous rencontrons ses personnages avec qui nous sympathisons et finalement l’histoire racontée devient bien réelle… Non ? Un bon roman est bien celui qui parle de nos vies, interroge notre réalité et, à ce titre, il n’est pas complètement de la fiction ! Dans cette vision romanesque, je vous assure qu’Emmanuelle Bernheim a totalement réussi son travail !

Cette romancière est aussi, entre autres, l’auteure de Sa femme, roman qui a obtenu le prix Médicis en 1993. Cela peut vous sembler loin, mais quand le talent est là, pourquoi oublier ces romans anciens… il n’y a pas que la nouveauté, sans blague !

Une littérature estivale, certes, mais avec une belle écriture, une recherche dans le dynamisme de la narration, un texte poignant et sensuel, un livre comme je les aime même si le rapport avec le temps passé pour une première lecture peut vous sembler délicat car cet ouvrage ne vous accompagnera pas durant un long voyage… Juste pour lire avant d’aller se baigner… Il vous réchauffera le cœur et la douceur de l’océan vous permettra de récupérer une température du corps acceptable…

Vendredi soir, d’Emmanuelle Bernheim, aux éditions Gallimard sans oublier ses autres romans, Sa femme, Tout s’est bien passé ou Stallone… et comme l’été est fait pour lire, profitons-en !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 14/08/2015 @ 08:45:46
19 août :

On a tous ses madeleines de Proust, c’est-à-dire ces petites choses qui nous rappellent notre enfance. Je n’échappe pas à cela, bien sûr, et certains livres me renvoient à ce passé qui s’éloigne de plus en plus. Je pense, par exemple, à ce roman d’Agatha Christie, Un meurtre sera commis le… ! Mais, il n’y a pas que les livres, il y a aussi des plats, des produits, des goûts, des odeurs… Dans mes madeleines de Proust, il y a la Savora…

Ce condiment particulier est entré dans ma vie il y a très longtemps… Je devais avoir probablement entre cinq et sept ans sans que je sois certain de la date. Il a accompagné mes viandes préférées, c’est-à-dire presque toutes car je suis plutôt un bon carnivore. Je me souviens que lorsque mon Grand-Père m’envoyait un petit colis pour mon anniversaire, il y avait un des trois produits que j’aimais le plus : de la soubressade – oui, la famille était revenue d’Algérie avec la passion pour ce produit, dans sa version pied-noir –, de la sauce Worcestershire ou de la Savora. L’idéal était le jour où il y avait un peu des trois… A cette époque, j’étais moins heureux avec des jouets qu’avec des produits alimentaires et j’ai d’ailleurs peu changé. Les trois produits en question sont toujours là chez moi comme un petit quelque chose qui aide à vivre…

Du coup, bien sûr, il arrive que l’on m‘offre, à une occasion ou une autre, un petit ouvrage sur l’un de ces produits. Récemment, ce fut Savora, les 30 recettes culte. Merveilleux cadeau qui permet de trouver une nouvelle façon de consommer avec plaisir et bonheur un produit que j’aime déjà beaucoup…

Pour ceux qui ne connaissent pas encore la Savora, il s’agit d’un condiment dont la recette est plus vieille que vos grands-parents, elle a plus de 115 ans ! Son secret réside, dit-on, dans un mélange subtil, délicat et parfait entre onze épices et aromates. Il y a des graines de moutarde et du vinaigre, mais là rien de très exceptionnel. Par contre, dans la suite des ingrédients, il y a cannelle, miel, estragon, curcuma, piment, muscade, girofle, céleri, ail, oignon… Le mélange est inoubliable ! Reste à découvrir comment déguster cela en dehors de l’accompagnement de sa pièce de viande grillée…

Dans ce petit livre tiré d’une collection atypique, Les tout-petits de Marabout, on va trouver quelques plats excitant notre curiosité culinaire : champignons farcis, petit flanc de chou-fleur, crumble de tomates-cerises, hot dog revisité ou tagliatelles de courgettes à la carbonara…

Mais, j’ai choisi de vous parler de deux autres recettes qui me semblent adaptées à cette période estivale. Tout d’abord, le tartare de daurade. J’aime le tartare et pour les poissons, le plus délicat est de trouver une sauce adéquate pour faire « cuire » la chair du poisson sans la détruire et la réduire en bouillie. La solution proposée est de faire un petit mélange avec huile de noisette, jus de citron et Savora et, là, c’est parfait ou presque ! En plus, le goût spécifique de la dorade va parfaitement avec la Savora. Dans cette recette, on va agrémenter l’ensemble avec des câpres, des petits bouts de kiwi et de la ciboulette… Servir très frais et vous allez tous vous régaler !

Si le temps se réchauffe, si vous n’aimez pas le poisson cru mais seulement cuit, alors n’hésitez pas et tentez les rougets farcis au fromage de chèvre et à l’estragon. La farce avec un mélange de chèvre, d’œuf, de tomate, d’estragon et de Savora met en valeur de façon succulente le rouget qui reste un des meilleurs poissons… Enfin, cela est un avis personnel !

En attendant de tester toutes ces bonnes recettes, n’hésitez pas à découvrir cette collection très bon marché et ce titre en particulier, Savora, les 30 recettes culte, aux éditions Marabout.

Très bonne lecture, bonne dégustation et à demain !

Shelton
avatar 14/08/2015 @ 08:46:20
20 août :

Il y a des auteurs qui gardent une mauvaise réputation tout au long de leur vie et même bien au-delà. Il ne faut parfois pas grand-chose comme on va le voir avec Jacques Laurent, académicien français né en 1919, élu à l’Académie Française en 1986 et décédé en 2000. J’ai toujours été surpris par la réputation de cet auteur et la qualité de ses ouvrages.

Il y a autour de lui un premier aspect politique. En effet, dans sa jeunesse, il fut un militant de l’Action Française de Charles Maurras, nous étions juste avant la guerre mondiale. Durant la Seconde Guerre Mondiale, son rôle est très faible même s‘il a bien fait la connaissance de François Mitterrand, tenté un rapprochement entre le Maréchal Pétain et la résistance, fréquenté durant quelques semaines un groupe FFI. Il sera aussi violemment antigaulliste durant toute la période de l’Algérie, probablement proche durant quelques mois de l’OAS avant de quitter cette mouvance trop européiste et révolutionnaire pour lui. Dans la dernière partie de sa vie, il fut réputé de droite et même anarchiste de droite sans qu’il ait développé plus que cela son projet politique. La littérature avait pris le dessus dans ses activités !

On le connait aussi pour certains romans légers, faciles voire sulfureux. Encore qu’il faille préciser qu’à cette époque on se scandalisait pour peu. Ces romans sont Les corps tranquilles et Caroline Chérie. Ces romans étaient interdits de lecture chez moi et c’est pour cela que j’en ai retenu le nom et que je me suis précipité sur eux lors de l’adolescence et quand je les ai trouvés d’occasion chez mon bouquiniste préféré… C’est aussi l’époque où il a été considéré comme le leader, l’âme, la tête pensante des Hussards, mouvement littéraire assez informel avec des noms attachés comme Antoine Blondin, Michel Déon, Roger Nimier… Il faut dire que tout cela est né après l’essai de Jacques Laurent contre Jean-Paul Sartre, Paul et Jean-Paul.

Mais, à partir du départ du général de Gaulle, Jacques Laurent reviens définitivement ou presque à la littérature pure et plutôt avec succès. En 1971, avec son roman Les bêtises, il obtient le prix Goncourt et, en 1981, il reçoit avec bonheur le Grand prix de littérature de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre. Il rejoindra cette illustre institution en 1986, reconnaissance absolue de son talent après tant de péripéties socio-politiques…

J’aime beaucoup ce romancier et aujourd’hui je voudrais vous inviter à découvrir ou redécouvrir Moments particuliers, un livre atypique dans son œuvre. Il est sorti en 1997 et l’auteur va nous raconter quelques tout petits moments de sa vie, des souvenirs incroyables car on ne sait jamais pourquoi certaines rencontres, certains incidents restent inscrits en nous. Ce qui est important n’est pas de savoir si tout est vrai, mais chaque instant est tellement bien raconté que l’on y croit profondément. Il y a de l’humour, du sérieux, du dramatique, du mystère, du suspense… Bref, c’est une très belle narration et j’aime ces auteurs qui sont capables de raconter en quelques lignes une histoire en la rendant crédible et profonde. Ce n’est pas donné à tout le monde et c’est aussi cela le talent d’un grand écrivain !

Donc, prenez le temps, de découvrir ou redécouvrir ce romancier avec Moments particuliers, ou si vous voulez quelque chose de plus romanesque, Ja et la fin de tout, les deux édités chez Grasset.

Bonne lecture et à demain !

Palmyre

avatar 14/08/2015 @ 13:34:05
À ce sujet, la chaîne Arte diffuse ce vendredi 14/08 de 13h35 à 17h15 "Woodstock" film documentaire de 1979 reprenant les concerts mythiques de ces 3 journées folles!
Avis aux amateurs!!

Shelton
avatar 14/08/2015 @ 16:41:54
Le film est remarquable. Je l'avais déjà vu et je viens d'en revoir une partie... Les Who en particulier, bien sûr !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:24:53
21 août :

L’album pour enfant n’est pas un genre littéraire, il y a l’album illustré. Point ! Parfois, il est destiné plus spécialement à l’enfant, mais ce n’est pas le cas général. En fait, un album illustré est un objet qui doit faire plaisir au lecteur, qui doit alimenter sa vie intérieure, qui doit lui permettre de partager, de grandir et de voir le monde autrement… Et qu’importe son âge, son milieu, son genre ! A ce titre, Les artichauts de Momo Géraud – pour le scénario – et Didier Jean et Zad – pour les dessins – me semble l’album parfait pour illustrer mon propos…

Il s’agit, tout d’abord, d’une histoire. Celle d’une petite fille, de sa maman, de son papa et même des autres membres de la famille. Il ne s’agit pas d’un récit continu qui aurait la prétention de tout dire, tout expliquer. En fait, il s’agit de séquences de vie. On peut ainsi avoir les devoirs, la préparation du repas, le repas et …

Oui, dans cet album, il y a quelque chose de sous-jacent, d’évoqué, de dit – mais avec des mots pour les enfants – et même de montré mais avec des dessins de Didier Jean et Zad, donc des dessins malgré tout doux et tendres, ce qui n’est pas simple quand le sujet de l’album est tout simplement la violence au sein de la famille !

La violence ! Dans un album pour enfant ? Mais vous ne croyez pas qu’il y en a assez dans les programmes de télévision, dans les jeux vidéo, dans le monde dans lequel nous vivons ? J’entends vos remarques, mêmes celles intérieures et à voix basse, mais nous ne sommes pas dans le même domaine. Ici, la violence est évoquée pour permettre de positionner l’être humain au cœur de l’histoire. Cette violence fait souffrir et on sent que l’on pourrait s’en passer, qu’elle est inutile, que la vie pourrait être autre…

De nombreux enfants, des femmes et des hommes vivent de la souffrance qu’elle soit au cœur de la famille, qu’elle soit sexuelle, physique, psychique, qu’elle soit à l’école ou dans le monde…. Elle est là ! Est-ce une fatalité ? Non, mais pour lutter contre elle, pour déclencher d’autres moyens de communication, pour installer des relations pacifistes et non violentes, faudrait-il encore en parler, mettre des mots sur cette violence, donner à l’enfant, dès le plus jeune âge un autre regard sur cette violence ravageuse…

En parlant de la femme battue par l’intermédiaire de sa fille, Les trois auteurs ont donné les moyens d’aborder cette question avec des enfants de primaire, à l’école ou à la maison, et cela me semble une initiative prometteuse surtout si tous ceux qui sont concernés de près ou de loin, mettent cet album dans les mains de ceux qui pourront ainsi dire ce qu’ils vivent, ressentent… Parler ne règle pas tout, certes, mais c’est souvent un début de guérison pour les êtres meurtris… La femme battue, ses enfants, ses proches, ses amies… Tous ceux qui s’enferment dans le silence…

Je peux comprendre que cet album ne tentera pas tout le monde pour une lecture estivale que l’on souhaiterait plus douce, plus paisible, plus poétique. Heureusement, le talent de Didier Jean et Zad fait le reste et les pastels de Zad sauront vous faire rêver, même si vous n’aimez pas les artichauts, ce qui est d’ailleurs le cas de la petite fille… Moi, par contre, j’adore les artichauts, c’est la vie !

Les artichauts de Momo Géraud, Didier Jean et Zad, un album soutenu par de nombreux organismes, institutions et associations, aux éditions 2 vives voix.

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:25:48
22 août :

Vous venez d’arpenter la France en empruntant les autoroutes, les routes de campagne, les chemins de randonnée, les petits sentiers des côtes et vous rentrez chez vous heureux de ces quelques jours de vacances… A pied, en vélo ou en voiture, chaque fois que vous arriviez à proximité d’un village, c’est le clocher que vous avez aperçu en premier…

« On arrive, regarde on voit le clocher à travers les arbres ! »

Ces clochers sont fascinants, ils sont parfois gothiques, romans, classiques, baroques, il arrive même que l’on ait du mal à les classer car tout au long de notre histoire architecturale ils se sont modifiés, arrangés, complétés pour finir dans une catégorie qui n’a même pas de nom…

Je vous invite aujourd’hui à ouvrir un magnifique ouvrage consacré aux clochers de nos villages de France : Les clochers, histoire et patrimoine de nos villages par Christophe Lefébure aux éditions Ouest-France. L’auteur, passionné et expert de nos campagnes, assure le texte et les photographies et avouons qu’il le fait avec un talent bien réel…

Pour ceux qui comme moi habitent la Saône et Loire, c’est un véritable honneur de voir le clocher de l’église de Suin sur la couverture, édifice roman situé entre Charolles et Cluny. Il faut dire que notre département regorge de constructions romanes et il n’est pas étonnant de le voir en évidence et en image sur plusieurs pages du livre…

Mais s’il ne s’agissait que des clochers de Saône-et-Loire, l’ouvrage n’aurait pas beaucoup d’attrait. En fait, Christophe Lefébure nous fait voyager à travers toute la France, toutes les époques, tous les styles. On a les clochers qui ouvrent sur la haute montagne comme celui de Saint Aventin (Haute Garonne) ou de Chastel-sur-Murat (Cantal), il y a ceux qui sont en couleurs comme à Collonges-la-Rouge (Corrèze) ou à Ecuelle (Haute-Saône), il y a les clochers bretons comme celui de Plouneventer (Finistère) ou les clochers fortifiés ou donjons comme à Beaudéan (Hautes-Pyrénées)… et je n’oublie pas les clochers de ma région Est avec le clocher de Provenchères-sur-Fave (Vosges) ou les nombreux exemples de clochers en Alsace… En fait, il y a presque toutes les régions représentées même si certaines le sont plus que d’autres parce qu’elles sont riches en architecture religieuse comme la Saône-et-Loire !

Dans l’ouvrage, on trouvera aussi des éléments sur certains clochers détruits pendant la guerre, sur les églises abandonnées, sur les cloches qui ont fait la richesse et l’originalité de certains clochers et de certaines paroisses, bref, il y a tout ou presque dans ce livre accessible à tous, beau comme la France, chaleureux comme nos villages et agréable à lire. Un beau-livre pour prolonger ses vacances et profiter de la diversité de notre patrimoine… J’ai beaucoup aimé !

Les clochers, histoire et patrimoine de nos villages, de Christophe Lefébure aux éditions Ouest-France !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:26:37
23 août :

L’été c’est fait pour lire et comme nous l’avons souvent dit et répété, une bande dessinée est bien un livre qui se lit. C’est ainsi, que cela plaise ou pas et on n’est même pas obligé de dire que c’est de la littérature si cela écorche la bouche car nous avons toujours dit ici que lire était une action générale qui touchait aussi bien la littérature, au sens classique du mot, que toutes les autres formes de livres. D’ailleurs, avec la bande dessinée on peut aussi bien explorer la science, l’histoire, naviguer dans la fiction la plus éloignée de la réalité comme lire une autobiographie sérieuse et même philosophique… cette fois-ci, nous allons aller dans l’histoire de la science…

Parmi les nombreux destins qui ont marqués notre monde moderne, certains sont encore méconnus. C’est le cas de Maria Sybilla Merian, naturaliste allemande du 17eme siècle. De nos jours, elle est considérée comme une importante figure de l’histoire naturelle de l’époque, bien qu’elle soit encore méconnue du public. Puisqu’elle est souvent considérée comme la mère de l’écologie moderne, il était normal de la mettre à l’honneur au moment où les grands de ce monde préparent avec plus ou moins de sérieux le sommet de Paris en décembre 2015. Oui, il est de plus en plus question d’écologie, de biodiversité, de nature...

A la découverte d’un nouveau monde, cette bande dessinée écrite et dessinée par Yannick Lelardoux, nous plonge à travers l’histoire de cette femme qui a marqué notre vision de la nature. Sous forme de journal intime, le lecteur découvre les moments importants de la vie de Maria Sybilla. Fascinée par les insectes et toutes autres créatures vivantes depuis qu’elle est enfant, Maria va partir à la découverte d’un nouveau monde, à des milliers de kilomètres de son foyer. Une aventure humaine dont le moteur essentiel fut la capacité à s’émerveiller et une volonté de fer car à cette époque, une femme ne pouvait pas décider d’elle-même ce qu’elle pouvait faire.

Enfin, cette très belle bande dessinée insiste sur la diversité animale et végétale, sur l’importance de la comprendre et de la protéger. A ce titre, non seulement Maria Sybilla est une pionnière de l’écologie mais cette bande dessinée est un moyen pédagogique et ludique de faire comprendre certains aspects du développement durable.

Cette bande dessinée est une des petites merveilles de la collection des Grands destins de femmes de cet éditeur de bandes dessinées peu connu. Le travail réalisé est remarquable et de nombreuses femmes font déjà l’objet d’une biographique – nom donné aux biographies en bande dessinée par des expertes dans le domaine comme Catel, auteur de Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges et Ainsi soit Benoîte Groult les deux premières publiées chez Casterman et la dernière chez Grasset. On trouve dans cette collection Hannah Arendt, Coco Chanel, Isadora Duncan, Françoise Dolto, Virginia Woolf, Dian Fossey… et très prochainement il y aura un Marie Curie et La Pasionaria !

Il y a quelques années, on disait que la bande dessinée était faite par des hommes pour des hommes. On peut dire que cette époque est en train de disparaitre car les femmes ayant travaillé dans cette collection deviennent très nombreuses, au dessin comme au scénario. Quant au sujet, il est exclusivement féminin !

Donc, à découvrir, lire et faire lire !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:27:33
24 août :

De façon très régulière, j’ai recherché, parfois avec difficultés, des livres pour faire revivre un des aspects culturels que l’on n’aborde pas très souvent dans les ouvrages sur papier, la musique. Je sais bien que ce n’est pas simple de faire vivre cette musique, ces chansons, ces groupes et ces chanteurs avec quelques phrases sans faire entendre les sons eux-mêmes. Moi, c’est plus facile car, par exemple, pour écrire cette chronique j’ai ressorti le disque A night at the opera et c’est écoutant Death on two legs que je entrain de travailler sur l’introduction de la présentation de ce livre Queen signé Doherty, Ingham, Mitchell et Rabasse.

Les spécialistes et fans de Queen avaient compris dès l’annonce de l’album A night at the opera que nous allions aborder le groupe de Freddie Mercury. Il faut dire, en toute honnêteté, que seul ce groupe Queen était capable de tout chanter du pop au hard, de l’opéra à la musique du monde, du classique au contemporain le plus déjanté… Freddie Mercury fut certainement une des voix les plus étonnantes du vingtième siècle et le groupe Queen fut celui qui a proposé les plus beaux cœurs de la musique pop…

Freddie Mercury est un chanteur exceptionnel dont la voix couvrait une étendue de trois octaves et demi et c’est pour cela qu’il a convaincu sans trop de difficultés Montserrat Caballé de chanter avec lui et ce fut Barcelona morceau devenu l’hymne olympique de Barcelone en 1992… Un chef d’œuvre qui donne encore des frissons au mélomane qui prend le temps d’écouter cette performance d’un autre temps…

Dans les autres grands morceaux de Queen, ne pas oublier Bohemian Rhapsody en 1975, donc au moment où le succès est en train de naître. Ce morceau est inclus dans l’album A night at the opera. Ce morceau qui dure six minutes dans sa première version comporte près de six séquences différentes avec des changements de rythme surprenants et construit comme un mini opéra rock…

Ce groupe qui a touché à tout s’est aussi illustré, souvenons-nous-en, avec la bande musicale du film Flash Gordon en 1980 même si ce ne fut pas un succès grandiose c’était la preuve qu’il pouvait s’attaquer à tout car il maitrisait la musique. Il a aussi collaboré avec David Bowie en 1981… le livre fait revivre toute cette magnifique épopée musicale et humaine. On sait, bien sûr, que Freddie Mercury, atteint du Sida, va mourir en 1991, vingt ans après la naissance du groupe Queen. Il avait juste 45 ans et cette mort tragique a participé, elle aussi, au mythe du groupe…

Freddie Mercury n’avait jamais caché son homosexualité mais il n’a révélé publiquement sa maladie que la veille de sa mort. Le livre nous montre un maximum de belles photos qui font revivre ces années extraordinaires de la musique contemporaine. Depuis la mort de Freddie Mercury, le groupe existe toujours et en même temps il est mort pour toujours car Queen sans Mercury ce n’est rien, ou presque rien !

Lors du concert hommage à la mémoire de Mercury, David Bowie va réciter le Notre Père à la surprise de beaucoup de participants, comme si cette génération était complètement perdue devant cette maladie, devant cette mort…

Queen signé Doherty, Ingham, Mitchell et Rabasse est édité par Consart…

Bonne lecture, bonne écoute et Show must go on !

A demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:28:20
25 août :

Quand on est en vacances, et pas seulement l’été, on n’a pas envie de cuisiner durant des heures. On rentre à la maison, au camping, à l’appartement loué, on a envie de manger vite pour se reposer, pour aller à la plage, pour repartir sur le chemin de promenade… une seule solution, ou presque, le pique-nique et le sandwich. Mais, aller vite, tartiner et grignoter ne signifie pas malbouffe ou repas désagréable. C’est pour cela que je suis heureux de vous proposer deux pistes pour améliorer vos repas rapides et je ne parle pas ici de fast-food !

Le premier est Le panini en mieux, un ouvrage qui va venir mettre du piquant chez vous, une sorte de méthode pour dépasser votre croque-monsieur traditionnel. C’est pas mal, en fait, le sandwich chaud, surtout quand il fait plus frais, qu’il pleut, que l’on a fait du ski… Pour réussir tout cela, les auteurs vont aller à la rencontre des cuisiniers, des chefs, des producteurs pour réellement proposer des mets originaux, atypiques qui sauront surprendre vos convives mêmes quand vous annoncerez le menu…Dans cette liste incroyable, j’ai retenu la version la plus franchouillarde, le Bertrand, du nom de son créateur Bertrand Grébaut qui tient le Septime à Paris. Il propose la version panini à la joue de bœuf confite au vin rouge… on est loin de la version avec un ersatz de jambon et une once de fromage synthétique… Non ? Par contre, il faudra travailler un peu pour préparer tout cela même si la joue de bœuf sera travaillée dès la veille dans une bonne marinade…

Mais comme je sais que certains sont assez pressés, je vous invite aussi à découvrir le Simone, de Simone Tondo, celle qui tient le Roseval à Paris, et qui propose un bon sandwich au gigot d’agneau… Attention, ce plat – c’en est un en fait – avec une mayonnaise à l’huitre, certains aimeront à la folie, j’en fais partie, mais d’autres seront plus réservés…

Avec le second ouvrage du jour sur cette même thématique, nous allons découvrir des Divines tartines, ce qui n’est pas rien, en compagnie d’Aude Legleye et Claude Prigent. La réalisation est souvent plus simple mais pas moins originale. Par exemple, on peut se faire un petit en-cas pour nous accompagner durant le voyage des vacances, au magret de canard et à la mangue. Simple à réaliser, facile à conserver et délicieux à déguster : que demander de mieux ?

Dans ce second volet de notre voyage au pays de la gastronomie rapide, on trouve aussi des pains perdus originaux, par exemple aux saveurs du Sud avec olives, mozzarella, basilic et piment… que du bonheur !

Attention, je tiens, par expérience, à demander à tout un chacun de prendre ses précautions car le sandwich n’est pas toujours un produit facile à consommer partout. En effet, bien souvent certains sandwichs sont capables de provoquer des catastrophes, de salir l’habitacle de la voiture, la banquette du train, le plaid tout neuf… bref, prudence surtout avec le sandwich de bœuf épicé, houmous d’agrumes au cumin… Il vaut mieux le manger au-dessus d’une assiette…

En attendant, Le panini en mieux est édité par Hachette et Divines tartines par les éditions Sud Ouest.

Bonne lecture, bonne dégustation et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:29:02
26 août :

Je sais que certains aiment lire durant l’été ces gros livres volumineux qui n’en finissent pas, ils ont l’impression de prendre un seul livre, de lire ainsi toutes les vacances et d’en avoir eu pour leur argent… J’en ai même vu qui tentaient de compter combien leur coutait une page de lecture… Je peux comprendre même si pour moi la littérature de se compte pas en pages, en mots, en temps de lecture… les plus grandes œuvres ne sont pas les plus longues et, parfois, un beau poème en dit plus qu’un gros roman… J’ai même souvent pensé que les auteurs qui arrivaient à être concis, précis, ramassés, étaient peut-être les plus talentueux… A voir !

Aujourd’hui, je vous présente un petit ouvrage de Daniel Pennac, un livre que certains ont trouvé génial et d’autres scandaleux. Pour certains ce fut le rire, le plaisir et la réflexion sur les grands prix et les remerciements qu’ils déclenchent, pour d’autres l’expression d’une jalousie, d’une rancœur, d’une guerre contre les institutions car elles n’avaient pas reconnu son génie… Et je ne parle pas de tous ceux qui ont crié au scandale de faire payer si cher un ouvrage petit format de 126 pages écrites en gros caractères…

Je ne peux pas justifier la lecture qu’en ont fait les autres, je ne parlerai donc que de ma perception qui fut éminemment positive. J’ai d’abord pris cet ouvrage comme autre chose qu’un roman et je signale bien que nulle part il n’est inscrit que ce Merci doit être catalogué comme roman. C’est bien un monologue et l’idéal serait de le lire à voix haute à sa famille plutôt que de la garder pour soi…

Le propos est simple. Un auteur vient de recevoir un grand prix pour l’ensemble de son œuvre et arrive le temps de remercier… On a tous vu des séances de ce genre avec des propos lénifiants sans aucun intérêt… et, de temps en temps, on entend un discours un peu plus consistant, avec un peu d’originalité, d’humour, de tendresse, de littérature… Mais c’est rare !

Notre auteur va ainsi explorer les différentes possibilités de remercier en passant par l’improvisation, la préparation, le discours écrit, les futilités, les prétentions en tous genres… et j’avoue qu’à la lumière de quelques années d’expérience – voilà près de trente ans que je suis de près l’actualité littéraire – j’ai beaucoup ri et pris beaucoup de plaisir avec ce petit opus qui se lit très vite, certes, mais qui énonce quelques belles vérités…

Alors, je sais bien que ce Merci de 2004 a déçu ceux qui aiment le romancier Daniel Pennac, le Pennac de La Fée Carabine… Que voulez-vous, il en faut pour tous les goûts… Je dois même vous avouer ne pas être un spécialiste de Pennac le romancier…

Ce petit monologue m’a fait penser à Jean Tardieu et Jean-Michel Ribes deux auteurs que j’adore pour le théâtre, des auteurs que j’ai été heureux de faire travailler et jouer plusieurs fois... Voilà pourquoi je recommande ce texte à tous ceux qui aiment le théâtre qui porte du sens tout en jouant avec l’absurde et la futilité. Vous y trouverez du plaisir et tant pis si tout n’est pas rationnel et cohérent… Le théâtre ce n’est pas la réalité, c’est beaucoup plus !!!

Merci de Daniel Pennac aux éditions Gallimard…

Bonne lecture et à demain !!!

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:30:01
27 août :

L’été est bien la période idéale pour lire, le temps des congés aussi et même quand la rentrée se profile au loin, il est encore temps de lire pour se détendre et se préparer au travail. D’ailleurs, soyons clairs entre nous, il est même autorisé de lire en dehors de l’été, mon slogan n’est pas exclusif !

Aujourd’hui, je voudrais vous inviter à découvrir un roman policier qui a pour cadre une maison familiale dans le Londres de la fin du dix-neuvième siècle. La période a déjà été longuement visitée par de nombreux auteurs de polars, mais j’avoue qu’elle reste fascinante car c’est une époque à la fois loin de nous par les mœurs victoriennes et cette société assez coincée et policée, mais aussi ouverture à notre époque avec les sciences qui font des pas de géants, les femmes qui commencent à réclamer à juste titre un peu plus de considération et d’égalité et une démocratie qui prend un peu de consistance…

Nous allons donc découvrir la famille Hewes, avec son hôtel particulier et, surtout, ses cuisines qui vont accueillir Beth Huntly comme « chef ». Le grand jour est arrivé, enfin, elle n’est plus là pour obéir mais prendre les affaires en mains ! Seul petit problème, inconvénient minuscule et insignifiant, le soir du grand repas qui doit faire éclater son talent aux yeux de sa patronne, un cadavre est découvert dans le jardin… Une femme inconnue git là et c’est elle, notre cuisinière, Beth Huntly, qui est la première sur le corps. Elle sera donc nos yeux dans cette enquête qu’elle aura à cœur de voir réussir quitte à y participer un peu. Il faut dire que le premier suspect est tout simplement son amant occasionnel, un homme qu’elle commencerait presque à aimer, un Indien d’origine, le beau Rajiv…

L’enquête est plutôt sympathique avec une intrigue solide mais pas trop complexe. Les actions de notre cuisinière Beth Huntly sont crédibles et cohérentes avec l’époque et les différents éléments du roman permettent une véritable immersion dans cette période. C’est bien documenté, bien écrit, très agréable à lire, surtout en été, bien sûr, même si le crime a lieu en hiver à Londres…

C’est le premier volume de cette série et un deuxième est sorti en même temps, Les ombres de Torquay’s Manor, mais je ne l’ai pas encore lu, j’espère qu’il sera aussi passionnant !

L’auteur, Anne Beddingfeld, est contrairement aux apparences, une Française. C’est Anne Martinetti. Elle a choisi son pseudonyme chez Agatha Christie, pas étonnant car elle travaille beaucoup autour du polar depuis des années. Elle s’est même spécialisée dans la cuisine policière, la littérature à dévorer… Je l’ai personnellement rencontrée car elle l’auteure d’une bande dessinée consacrée à Agatha Christie, La vraie vie d’Agatha Christie. Quand elle fait du polar, elle s’amuse et nous offre du plaisir, alors profitons-en !

Ce qui est sympathique dans cet ouvrage c’est le dosage des différents ingrédients – comme dans la cuisine chère Anne – avec un peu de crime mais pas trop ni trop sanglant – du moins dans les descriptions –, avec une pointe de tendresse et d’amour mais sans transformer le roman en feuilleton à l’eau de rose, avec des fausses pistes mais pas assez pour lasser le lecteur… bref, un bel équilibre assez christinien à mon goût et donc une belle lecture en résultat…

L’inconnue de Queen’s Gate, d’Anne Beddingfeld, aux éditions Marabout.

Bonne lecture et à demain !!!

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:30:59
28 août :

Les vacances commencent à disparaitre paisiblement et elles ne sont plus, ou presque, qu’à l’état de souvenirs… Des photos, des rencontres, des mots clefs, des objets, des discussions le matin autour du café… Si les vacances ont pris fin, elles ne disparaissent pas entièrement de vos vies, vous allez encore en profiter longtemps, vous en ressourcer des semaines, les garder dans votre cœur jusqu’aux prochaines… C’est un peu cela que va faire Julien Blanc-Gras dans son album Touriste dessiné par Mademoiselle Caroline.

Julien Blanc-Gras est un touriste presque professionnel qui tente depuis son plus jeune âge de faire un voyage dans chaque pays du monde. Il n’est plus, maintenant, totalement dans cette boulimie mais il n’en est pas complètement sorti et il raconte dans son roman Touriste une partie de ces voyages, avec une forme de second degré et avec l’idée de montrer à quoi peut ressembler un touriste qui ne chercherait qu’à entasser les expériences de voyages… C’est ce roman qu’il a adapté en bande dessinée et pour la partie graphique il a choisi Mademoiselle Caroline dont je vous ai parlé cet été avec Enceinte !

Notre touriste – c’est un peu Julien mais pas que – va donc passer de continent en continent, de pays en pays, de paysage en paysage… il profite de ses expériences bien réelles pour montrer une face du pays et il a bien conscience de jouer avec les clichés, pas pour nous mentir mais pour nous montrer ce que cela a de restrictif. On va aller en Colombie – et on parlera bien de drogue et de Pablo Escobar comme si chaque fois qu’un touriste allait en France il devait parler d’un règlement de comptes à Marseille – puis on ira en Inde, en Tunisie – avec les vacances inoubliables au bord d’une piscine, séquence pour montrer que ce tourisme-là existe aussi –, au Maroc – avec une petite tranche de désert –, au Brésil – il faut bien voir des pauvres en vrai, non ? –, en Chine et à Madagascar…

Dans chaque lieu, l’expérience est différente. L’auteur montre un touriste qui prend à chaque fois, dans chaque pays, un visage différent. Il est changeant, il tente de s’adapter, gaffe et passe à côté de certaines richesses, blesse et souffre, engrange des souvenirs et, parfois, même, construit des relations qui pourraient presque durer… Dur dur d’être touriste, serait-on tenté de dire après avoir lu ce bel album !

Pour ceux qui ont voyagé un peu, vous allez même vous rendre compte qu’il nous arrive d’être un peu tous ces touristes à la fois, pas tous au même moment et dans le même pays, mais par intermittence. On peut être maladroit, voir même faire prendre des risques inutiles aux autres dans certains cas, se comporter en touriste riche dans d’autres situations, faire preuve de curiosité mal placée et d’indélicatesse dans un pays, ne rien comprendre à la culture locale dans un autre, frôler la stupidité avec une population, sans oublier l’instinct grégaire qui peut survenir à tout moment, partout, même à l’improviste comme il frappa en Tunisie…

Je me suis beaucoup amusé à lire cet album de bande dessinée de Julien Blanc-Gras et Mademoiselle Caroline. Comme nous arrivons à la fin des vacances, ce sera l’occasion de mesurer, l’air de rien, le genre de touriste que l’on a été cet été… On peut être touriste même à dix kilomètres de chez soi !

Touriste est édité par les éditions Delcourt dans la collection Mirages.

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:32:08
29 août :

Durant l’été, j’ai tenté de vous pousser vers les fourneaux en vous proposant quelques ouvrages de cuisines alléchants, sympathiques, originaux, colorés… Mais, la question qui reste peut-être sans réponse est simple. A quoi cela sert-il de cuisiner ? Ne faut-il pas simplement s’alimenter sans chichi ? Pourquoi vouloir faire à tous prix de la gastronomie ? Vous pouvez penser qu’il est impossible de répondre à toutes ces questions en une chronique et vous avez raison ! Qu’il est difficile de trouver un ouvrage pour faire le tour de cette grande problématique et vous êtes encore dans le vrai ! Mais avec l’auteur et surtout sociologue Jean-Claude Kaufmann, il y a moyen d’entrer dans le sujet par une porte, d’ailleurs, assez originale…

J’ai rencontré Jean-Claude Kaufmann, pour la première fois, il y a déjà plus de 25 ans. Cela ne me rajeunit pas et c’était à Nancy, au forum de l’IFRAS. Ce chercheur atypique venait nous parler du couple à travers une étude sur le linge… et c’était d’une pertinence glaçante ! Le temps a passé et il a étudié le couple avec des regards croisés de la cuisine à la buanderie, du ménage au lit… Les éditions Armand Colin viennent de rééditer l’ensemble des cinq ouvrages sur le sujet et je crois que c’est là une excellente occasion de découvrir le talent de ce chercheur, comme quoi, les chercheurs trouvent et nous aident même à vivre mieux !

Premier matin se pose la question de la vie du couple quand il se réveille le premier matin après une nuit d’amour. Il faut aller aux toilettes, petit-déjeuner, se laver, s’habiller… La tendresse ne suffit pas, il faut affronter ensemble certains petits tracas de la vie quotidienne et Jean-Claude Kaufmann annonce que tout se joue là, le premier matin… Et sans oublier les matins qui suivent avec le linge sale au pied du lit ! Encore ce maudit linge !

Avec Le cœur à l’ouvrage, Jean-Claude Kaufmann va s’interroger, nous aussi par la même occasion, sur l’action ménagère. Il faut dire que nous avons d’une part une pensée contemporaine qui voudrait nous faire croire que tout se passe dans nos têtes, et que tout ce qui se passe dans la maison se fait par l’intermédiaire de machines de plus en plus sophistiquées, on parle même maintenant de robots domestiques… Mais, dans la vraie vie, ranger, laver, organiser, faire les courses, re-ranger et relaver, avant de cuisiner, changer les enfants… et blablabla… tout cela se fait de façon manuelle, prend du temps, coûte des efforts… Là, encore, Jean-Claude Kaufmann peut affirmer que c’est là que se construit une famille !

Avec Casseroles, Amour et Crises, Jean-Claude Kaufmann écrit ce qui pour moi est l’un de ses meilleurs ouvrages. Il sait que la repas familial est un moment capital de la vie de la famille même s’il passe par des passages obligés, des jeux de rôles ; des contraintes sévères… Il est à la fois un lieu sensuel et charnel, mais aussi un espace de parole, de coexistence, de relations sociales. Il est, vous le savez bien, un espace de la culture d’une famille et ce qui se passe à table chez vous n’est probablement pas faisable chez les autres… Tu vois ma fille chérie, ici on ne met pas ses genoux comme cela… Il y en a une qui devrait se reconnaitre ! Bien, je ne vous dis pas tout sur ce livre admirable mais n’oubliez pas que cuisiner pour ceux que l’on aime est un acte qui a du sens !

Avec Agacements, Jean-Claude Kaufmann va s’appesantir sur des sujets qui fâchent plus car vivre ensemble c’est aussi affronter ensemble ces petites choses qui agacent, fatiguent, lassent et parfois même détruisent un couple…

Enfin, avec le cinquième ouvrages de cette série, La femme seule et le Prince charmant, Jean-Claude Kaufmann n’oublie pas ceux qui vivent en solo, que ce soit de façon volontaire ou parce que la vie en a décidé ainsi. Vivre seul est pour certaines personne une étape temporaire, pour d’autres une résignation et pour une catégorie bien réelle, une façon de vivre choisie et assumée après des échecs ou des drames de vie…

Voilà, vous n’aurez pas envie de tout lire nécessairement mais choisissez-en un et vous aurez alors compris pourquoi essayez Kaufmann c’est l’adopter ! Je parle sous un angle livresque, bien entendu ! Personnellement, j’aime tellement Casseroles, Amour et Crises que je reviendrai certainement vous en parler de façon plus approfondie. Tiens, il se pourrait bien que je le relise durant mes vacances car, après tout, l’été c’est fait pour lire… Non ?

Bonne lecture et à demain !!!

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 11:32:58
30 août :

L’été est fait pour lire et aussi pour réfléchir. Il faut reconnaitre que certains ne le font pas trop car certaines annonces les laissent de marbre… Et pourtant ! Il y a quelques semaines, une dépêche disait qu’une fatwa venait d’être prise à l’encontre des femmes de l’Etat Islamique pour une excision systématique. L’information a ému du côté de l’ONU et de quelques médias mais a laissé profondément ancrés dans le silence un grand nombre de médias. Non pas parce qu’il y aurait eu des doutes sur l’origine du document mais plutôt parce qu’il ne fallait pas jeter de l’huile sur le feu… Entre nous soit dit, de quel feu, de quelle huile parle-t-on ?

La vérité est maintenant tombée, il ne s’agirait pas d’une fatwa de l’Etat Islamique. Cela va en rassurer beaucoup mais attention, l’excision existe bien sur notre planète et les chiffres sont énormes même si on vient d’échapper au pire. Juste pour vous donner des éléments concrets, on estime le nombre de femmes excisées par an à environ 2,6 millions ! Et, malheureusement, je ne perçois pas beaucoup d’offuscation… ou alors à petite voix !

Oui, la condition des femmes sur cette planète n’est pas parfaite et un grand nombre sont exploitées, battues, traitées en esclaves, excisées et, aussi, sous payées, exclues du système scolaire et universitaire… J’en passe et des meilleures !

Faut-il pour autant reprendre la révolte des féministes des années soixante-dix ? Ce n’est pas à moi de le dire mais je souhaiterais que chacun d’entre nous, homme ou femme, jeune et vieux, regarde ce qui vient d’être vécu par les français depuis un siècle et, pour cela, j’ai trouvé un excellent livre, 100 ans de combats pour la liberté des femmes aux éditions Flammarion.

Frédérique Agnès et Isabelle Lefort proposent un bel ouvrage historique, sociologique et profondément humain pour nous montrer trois évidences, mais mettre le doigt sur une évidence c’est aider chacun à découvrir son existence ce qui n’est pas toujours évident…

La première est que la condition de la femme dans notre pays a grandement évolué en un siècle. Ne soyons pas toujours pessimistes, les choses ont effectivement bien bougé, certaines certitudes sont tombées, des évolutions législatives ont aidé à ces changements, l’éducation a participé à ce grand mouvement… De la femme qui s’est retrouvée dans des usines d’armements en 1915 à Edith Cresson qui est devenue Premier ministre, que de changements !

La seconde est de croire que certains changements n’ont pas profité qu’aux femmes. Quelle grossière erreur de croire que ce que la femme gagnerait l’homme le perdrait ! C’est ensemble qu’hommes et femmes doivent faire évoluer la société. Quand on voit un papa découvrir les premières semaines de son enfant, quand on voit un mari cuisiner de bons petits plats à sa femme, quand on voit des parents travailler ensemble à l’aménagement de la maison, un couple gérer ses finances ensemble…. Et je ne vais pas tout lister, on voit bien que l’évolution rejaillit sur femme et homme !

La troisième évidence est de mesurer le travail qui reste à faire pour arriver à un respect mutuel total, une égalité entre femme et homme dans notre société et pérenniser cela pour éviter les rechutes douloureuses… On ne doit pas désespérer, juste être conscient pour travailler ensemble à cette société plus juste et meilleure… Petite dose d’idéalisme, certes, mais c’est bien ce qui fait bouger le monde… Non ?

Pour le reste, vous allez revivre – pour ceux qui ont vécu ces combats héroïques – certaines phases capitales de la vie des relations entre femmes et hommes dans notre pays et on mesurera que si le combat est présenté sur 100 ans, il y eut des précurseurs et une grande accélération depuis une quarantaine d’années… il n’est pas si lointain, le temps où la femme dépendait entièrement de son mari, ne pouvait pas ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari, n’avait pas accès à la contraception, était comme une grande enfant dans sa famille… mais devait quand même travailler dur et être disponible pour le devoir conjugal !

Un bel album à vous offrir en famille pour garder la mémoire, pour regarder vers l’avenir, pour construire cet avenir, femme et homme, ensemble, unis pour le meilleur !

100 ans de combat pour la liberté des femmes, Frédérique Agnès et Isabelle Lefort, aux éditions Flammarion.

Bonne lecture et à demain !!!

Saule

avatar 15/08/2015 @ 13:28:04
Shelton, tu prends de l'avance ?

Shelton
avatar 15/08/2015 @ 14:22:13
Non, je pars en vacances demain matin :)))))))

Débézed

avatar 16/08/2015 @ 01:52:19
Non, je pars en vacances demain matin :)))))))


Belles vacances à toute la famille !

Shelton
avatar 06/09/2015 @ 15:53:52
Merci Débézed... et nous voilà tous rentrés plein de soleil et d'iode !

Shelton
avatar 06/09/2015 @ 15:54:55
31 août :

L’été c’est fait pour lire mais comme je sais que beaucoup ont repris le chemin du travail sous toutes ses formes – emploi, intérim, chômage, retraite, école, IUT et bientôt université – je vais vous proposer une série de romans policiers, des romans pour oublier un peu le travail et reprendre un rythme de vacances, au moins le soir dans votre lit quand vous vous octroierez des temps libres de lecture…

Depuis quelques années le polar a changé, évolué, bousculé qu’il a été par les séries télévisées. Par exemple, New-York District est une série qui a révolutionné la façon de concevoir le polar. Une première partie est consacrée au meurtre et à l’enquête de la police, tandis qu’une seconde montre longuement le procès avec, parfois, des rebondissements incroyables venant contredire l’enquête des policiers. Il n’est pas étonnant de voir maintenant les romans policiers explorer, à leur tour, les actions en justice… Et voici un roman qui le fait avec un certain talent…

Un meurtre a eu lieu, un enfant a été assassiné et le suspect numéro un, celui dont on trouve des empreintes, enfin une empreinte sur le corps est Jacob, le fils du procureur adjoint de l’Etat du Massachusetts. Les faits sont posés, clairs et assez précis. Mais reste une question lancinante pour Andrew Barber, le père du suspect : mon fils est-il coupable ?

Ce roman est passionnant et bien construit. En effet, il est composé de plusieurs parties et chacune aurait presque pu constituer un roman à part entière. Il y a le roman a énigme à proprement parler, avec un crime, des suspects, des enquêteurs… un roman proche du thriller avec un coupable en liberté – peut-être – et un innocent – peut-être encore – en prison, sans oublier une famille qui pleure son enfant trop tôt enlevé… Il y a un roman juridique avec de nombreux points développés concernant le système juridique américain, la logique des accusateurs et des défenseurs… Enfin, il y a un roman psychologique – et ce n’est pas le moins intéressant – car on va suivre de très près la famille de Jacob avec des réflexions assez profondes du père, de la mère, du jeune suspect…

Le tout donne un gros roman – avec près de 500 pages – qui est plutôt plaisant à lire, qui ne fait pas trop peur bien que ce soit, aussi, un thriller, et qui pour moi n’a qu’un défaut, une fin un peu bâclée… plus exactement un peu rapide et pas développée avec autant d’attention et de talent que tout le reste du roman… ce qui ne signifie pas qu’il faudrait s’abstenir de lire Défendre Jacob car c’est évidemment un bon roman policier…

William Landay est romancier et avocat. Il a été lui-même procureur adjoint, comme son personnage Andrew Barber et c’est probablement pour cela que le roman est si crédible dans son aspect juridique. Pour ce roman, le premier qu’il ait écrit, il a reçu le prix John Creasey Dagger et son traducteur et éditeur français annonce que Défendre Jacob a déjà eu 500 000 lecteurs dans le monde… Moi – je ne sais pas pour les autres – j’ai été très content de cette lecture !

Voici donc une belle idée pour finir l’été dans le bonheur de la lecture, dans le suspense infernal et le drame absolu… et comme l’été est fait pour lire, c’est encore le moment de participer – même modestement – à la défense de ce pauvre Jacob !

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