Shelton
avatar 21/06/2015 @ 12:04:56
Et voici le retour d'un rendez-vous quotidien que certains aiment et je ne peux les en blâmer, quant aux autres, passez votre chemin sans souci, les livres sont aussi ailleurs...

On dit que le livre se porte mal, que les lecteurs sont de moins en moins nombreux, que les jeunes ne pensent plus qu’aux écrans, aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux sur lesquels ils s’épandent longuement et superficiellement… Et il y a du vrai dans ces remarques, mais pas que…

En effet, par ailleurs, les jeunes lecteurs – pour être plus précis ceux qui ont entre 12 ans et 35 ans – sont capables de lire des gros pavés, de grosses séries, sans broncher, sans se plaindre. Mieux, j’en connais même qui relisent tous les volumes parus d’une série quand le nouveau volume sort ! Je parle de ces séries merveilleuses que sont Harry Potter, Hunger games, Oksa Pollock… Alors, il n’y aurait plus de lecteur ?

Quand je vais à Paris et que je prends le métro, je vois, certes des joueurs accrochés à leur téléphone de façon compulsive, mais je peux aussi admirer de très nombreux lecteurs qui dévorent leurs livres ou leurs journaux avec attention, concentration au point même de rater leur station de destination ! Alors, il n’y aurait plus de lecteur ?

En fait, si je peux comprendre que certains aient du mal à trouver le temps de lire – même si bien souvent ce n’est qu’une question de priorités à mettre en place car on a toujours du temps pour certaines émissions de télévision – il ne faut pas oublier la question du choix des livres. Beaucoup de parutions, des librairies de moins en moins nombreuses, des libraires absents. Oui, vous savez le libraire c’était celui qui était capable de vous guider pour choisir un livre, le bon livre, celui qui allait vous réjouir le cœur…

Je ne souhaite pas remplacer ce libraire défaillant, mais je me suis dit qu’il était temps de vous présenter L'été c'est fait pour lire pour que vous puissiez, plus facilement, trouver l’ouvrage qui allait vous accompagner quelques jours, voire quelques semaines durant l’été…

Il ne s’agit pas de se concentrer uniquement sur les livres récents ou les romans distingués par les grands prix littéraires de feu la rentrée dernière. En fait, chacun d’entre nous doit trouver le bon livre, c’est-à-dire celui que l’on a envie de lire ! The right book for your pleasure ! Et ce n’est pas très grave si cette formulation n’est pas digne de Shakespeare !

Pour certains ce sera la découverte d’un grand classique qui leur avait échappé, d’autres la relecture d’un roman qui a marqué l’adolescence, tandis que les derniers choisiront le dernier sorti en librairie de leur auteur fétiche. Oui, il en faut bien pour tous les goûts, pour tous les lecteurs, tous les âges, pour toutes les heures de la journée, pour toutes nos humeurs même !

Mon objectif est de vous aider à trouver au moins une idée de lecture par semaine et je me propose de vous inviter à la lecture estivale tous les jours de l’été en osant aborder tous les genres littéraires ou presque, du roman à la poésie, du polar à l’essai politique, du livre spirituel à la bande dessinée, du livre jeunesse à la science-fiction, du beau livre à la fable sociale, du livre de cuisine à la biographie historique…

Sans à priori, sans préjugé et sans recherche d’élitisme systématique, porté par mes envies, mes rencontres et mes découvertes, je vous invite tous les jours à découvrir L'été c'est fait pour lire !

Libris québécis
avatar 21/06/2015 @ 17:40:13
Profitez du temps pour lire une oeuvre québécoise. Il y en 6000 de recenser sur mon site affiché sur la page de présentation. Et pour chacune, j'ai fait un résumé. Bonnes vacances et bonne lecture.

Veneziano
avatar 21/06/2015 @ 18:10:47
Ah, quelles vont être mes lectures estivales ? Nous sommes déjà officiellement dans la saison chaude. Voilà, un peu en vrac, sans qu'un ordre précis les attendent, mes lectures à venir :
- L'Oranger, Le Bonheur des familles et Le Vieux gringo, de Carlos Fuentes ;
- Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt ;
- Allah n'est pas obligé, Quand on refuse on dit non et Les Soleils des indépendances, d'Ahmadou Kourouma ;
- les Lettres à sa mère, d'Antoine de Saint-Exupéry ;
- Petites équivoques sans importance, d'Antonio Tabucchi ;
- Moi et lui, d'Alberto Moravia ;
- Manifeste pour les hommes qui aiment les femmes, de Laure Adler ;
- des contes et nouvelles amérindiens et ivoiriens ;
- des Que sais-je sur l'humour juif, les dieux et les hiéroglyphes égyptiens ;
- La Vie sexuelle des super-héros, de Marco Mancassola ;
- Velàzquez, de Bartolomé Benassar ;
- des biographies de Gustave Flaubert et François Mitterrand, par Michel Winock ;
- La société romaine, de Paul Veyne ;
- Machiavel et Savoranole, de Max Gallo.

Et je suis toujours dans la lecture du Deuxième sexe, de Simone de Beauvoir.

Sissi

avatar 21/06/2015 @ 18:52:08
Et bien moi j'aime beaucoup cette chronique qui marque le début de la saison estivale.

Je ne lis pas forcément les livres présentés, mais ça m'intéresse de les découvrir quand même sous la plume de Shelton.

Pour l'instant, pas vraiment fait de planning comme Veneziano (bien chargé!) mais en projet quand même: relire A la recherche du temps perdu, reprendre la sélection Cl et lire une oeuvre québécoise comme le recommande Libris québécis.

Vivement les vacances!!!

Feint

avatar 21/06/2015 @ 19:35:02
Je suis bien d'accord avec l'intitulé de ce fil : "l'été c'est fait pour lire". C'est pour ça que je n'ai jamais compris pourquoi les éditeurs s'acharnent à faire paraître des livres à la rentrée, au moment où j'ai le moins de temps. C'est frustrant. Du coup l'été je lis surtout des livres anciens.

Veneziano
avatar 21/06/2015 @ 20:00:20
Bien d'accord !

Saule

avatar 21/06/2015 @ 21:07:31
Chic, c'est le moment de penser au programme de lecture pour l'été !

Reprendre et terminer la sélection CL avant tout. Relire un ou l'autre de mes classiques. Essayer pour la troisième fois de lire la cathédrale de Huyssman (si il le faut j'irai à Chartres pour le lire !). Peut-être Hugo (je ne l'ai jamais lu).

Cédelor 21/06/2015 @ 21:34:36
Ce que je prévois pour cet été (mais ça peut changer du tout au tout !) : terminer Les frères Karamazov, puis enchaîner avec Augustin ou le maître est là de Joseph Malègue. Ceci pour le principal. Peut-être que j'enchaînerai ou intercalerai par 1 ou 2 bouquins courts. Il y a aussi Perfida de James Ellroy qui me fait envie. Nous verrons.

CLibellule
avatar 21/06/2015 @ 23:39:32
Chouette ce fil estival :-).
Et quelle belle idée... que d'être un "libraire bien présent" ici Shelton.

Je crois que ce que je prévois surtout pour cet été, c'est une façon différente de lire : de plus longues heures pendant lesquelles rien d'autre n'existera.

Comme toi Feint, mais plutôt pour une question de prix, je lis souvent tout avec un an de retard, s'ils sortent en poche ou s'ils sont moins demandés à la biblio.
Ce que j'aime, c'est quand un ami (enfin heu, je pense plutôt à une amie en particulier pour le moment) me dit "lis ça, tu vas adorer ;-)"

Bel été littéraire à tous!

Shelton
avatar 22/06/2015 @ 07:06:52
Lundi 22 juin 2015

Commencer une chronique estivale, choisir le premier livre à vous proposer ce n’est jamais une sinécure. Il engage profondément et il doit inviter à l’émotion profonde, celle qui provoque le bonheur du lecteur… et on sait que cela est tout sauf objectif !

J’ai choisi de vous proposer Tant que je serai en vie d’Olivier Charneux, un texte d’une très grande tenue littéraire et qui m’a profondément touché. Il faut dire que l’auteur parle de ces personnes, de ces œuvres, de ces lectures qui nous marquent. Il ne s’agit pas d’un livre people où il parlerait des auteurs qu’il aurait rencontrés car pour la plus part de ces acteurs culturels il ne les connait pas personnellement. Mais c’est vrai qu’il nous arrive de suivre par œuvres interposées des auteurs que nous finissons par avoir intégrés à notre intimité et souvent ils comptent dans nos vies, dans nos choix, dans nos prises de décisions…

Olivier Charneux est aussi un homme qui nous fait traverser plusieurs décennies à grande vitesse car on part de 1981– l’année de François Mitterrand diront certains mais c’est surtout celle où il a failli découvrir la pièce Athalie de Racine, chacun ses repères – et on termine en 2011, quelques cent cinquante pages plus loin… On va aussi découvrir sa vie personnelle avec ce qu’elle de plus tragique car Olivier est homosexuel et son compagnon, Thierry, va devenir séropositif. La maladie planera donc au-dessus d’eux en continu, elle y est encore, elle s’est installée à leur porte pour toujours. Cela provoque de magnifiques réflexions sur la vie, sur la mort, sur le courage, sur l’autre… et cela peut aider chacun d’entre nous car la question de la vie et la mort reste bien fondamentalement la question essentielle de la vie humaine, non ?

Enfin, puisque ce couple traverse ce que l’on nomme habituellement les années sida, on va avoir régulièrement des disparitions dramatiques de personnalités connues ou non, et cela va montrer à ceux qui l’auraient oublié que le sida a décimé avant d’être jugulé par des traitements très lourds dont parle Olivier en contemplant les effets sur Thierry…

Attention, ce n’est pas un livre témoignage, ce n’est ni larmoyant ni triste ou pathétique, ni médical ou technique… c’est littéraire, étincelant, brillant et profondément humain. J’ai aimé ce livre et cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à la lecture d’un ouvrage contemporain. C’est comme un rêve éveillé, la magie des mots, la rencontre avec un film ou un livre qui nous a marqué, l’évocation d’un artiste que l’on a aimé, d’un écrivain ou philosophe que l’on a pleuré… bref, le sentiment qu’un auteur classique est bien en train de naître à nos côtés…

Je sais bien que le thème général, cette ballade dans le temps en compagnie d’un écrivain homosexuel au cœur des années sida peut ne pas vous motiver profondément mais vous devriez quand même essayer. Il y a, dans ce texte, un peu de Montaigne croisé avec André Gide, un peu de Julien Green juxtaposant Gabriel Matzneff…

Voilà donc un premier choix estival qui pourrait vous satisfaire pour une lecture paisible et qualitative, Tant que je serai en vie d’Olivier Charneux aux éditions Grasset…

Bonne lecture et à demain…

Donatien
avatar 22/06/2015 @ 11:43:20
L'été, j'aime lire des essais et des classiques, comme Gaston Bachelard, Cioran, Rimbaud, Arno Schmidt, Thomas Bernhard, Jean Christophe Bailly,
Saint-Simon... mais toujours les yeux plus grands que le ventre!!!
A+

Koudoux

avatar 22/06/2015 @ 20:29:23
L'été, terminé la sélection CL et ... surprise!

Shelton
avatar 28/06/2015 @ 19:59:30
Mardi 23 juin 2015

L’Europe est au cœur des préoccupations des uns et des autres. Certains veulent la sauver des invasions diverses, la protéger des migrants, empêcher les entreprises de fuir, tandis que d’autres souhaitent en sortir le plus vite possible. Mais là, vous l’avez bien compris, il s’agit de l’Europe politique. Mais ne serait-il pas temps de se tourner vers l’Europe dans sa globalité et son histoire ?

Dans de telles situations, ma main finit toujours par attraper, dans ma bibliothèque, l’ouvrage idoine, celui qui donne les clefs d’un dossier et l’envie de partager avec vous. C’est ainsi que j’ai attrapé dans un rayon poussiéreux L’Europe est-elle née au Moyen Age ? de Jacques Le Goff.

Tout d’abord, c’est l’occasion de rendre hommage à un grand historien français qui est décédé l’année dernière et aussi de redécouvrir une période inconnue. Le Moyen Age n’est pas une entité structurée et précise, noire et douloureuse. C’est beaucoup plus complexe et l’auteur parle du long Moyen Age. Il explique comment la société évolue, comment la religion rythme cette période, comment les leaders politiques et militaires se comportent entre eux. Indiscutablement, l’Europe nait même si les femmes et les hommes ne s’en rendent pas compte et ne mesurent pas les impacts de cette évolution…

L’espace géographique européen, lui aussi, se construit après une vague d’invasions qui ont déstructuré la vie. L’Europe pointe son nez avec quelques inconnues comme, par exemple, l’emplacement des frontières à l’Est. S’agit-il de pays orthodoxes ? Byzance – puis Constantinople – est-elle une ville européenne ? On ne connait toujours pas la réponse, c’est dire si cette question était pertinente… La religion catholique et le leadership de Rome sont-ils valeurs européennes absolues ? Immédiatement après le Moyen Age, la Réforme montrera que l’on peut rester européen même en étant protestant ! Enfin, n’oublions jamais que l’Europe savante et cultivée savait prendre des contacts de qualité avec le monde musulman, en particulier dans le sud de la péninsule hispanique…

On dit souvent que l’Europe s’est construite dans un bain de judéo-christianisme mais ce n’est que partiellement vrai. Avant les invasions, il y eut bien une civilisation celte avec sa culture et sa religion. Le christianisme en a intégré des éléments comme par exemple toutes les fontaines sacrées que l’on trouve en Bretagne… Ce qu’il fallait faire c’était intégrer et assimiler ce qui était le meilleur de chaque peuple qui venait vivre en Europe…

Cette Europe naissante que nous décrit Jacques Le Goff est ouverte, tournée sur l’avenir, humaniste, pacifiste. Certes, les échecs et anicroches se succèdent, les guerres, y compris les plus cruelles, sont nombreuses, et, pourtant, on sent que l’espérance existe, qu’elle est là palpable, qu’elle grandit et qu’elle porte déjà le nom d’Europe !

C’est en nous penchant sur notre passé commun que nous trouverons les chemins d’avenir qui nous éloigneront des doutes mortifères que nous avons trouvés dans nos urnes récemment. Ce livre est absolument capital pour comprendre l’Europe et la construire et comme l’été c’est fait pour lire, voici une bonne idée de lecture : L’Europe est-elle née au Moyen Age ? de Jacques Le Goff dans la collection Point Histoire, un format de poche adapté au sac de vacances.

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 28/06/2015 @ 20:00:15
Mercredi 24 juin 2015

Le roman policier fait partie indiscutablement des lectures estivales, du moins, pour ceux qui aiment le genre et à condition de savoir trouver, dans cette jungle éditoriale, le roman qui vous permettra de passer un bon moment. Il faut dire que l’on appelle polar ou policier aussi bien le roman à énigme que le thriller, le roman d’espionnage que le roman noir, le roman d’auteur que le roman psychologique, le polar historique que le polar politique… Bref, chaque roman policier devient unique en son genre et il n’est pas toujours simple de s’y retrouver !

On peut, par souci de commodité et sécurité de lecteur, faire confiance systématiquement à un auteur que l’on aime et apprécie généralement, de préférence s’il a commis une belle et longue série. C’est efficace mais parfois un peu lassant et nous savons tous que les enquêtes de Miss Silver, Hercule Poirot, Sherlock Holmes, Morse, Pitt ou Maigret sont d’inégale valeur. C’est ainsi, les romanciers ne pondent pas toujours des œufs de même taille…

On peut aussi se concentrer sur un genre, par exemple les romans policiers ésotériques. Il y en a de bons, mais au bout de quelques-uns on se lasse, on a l’impression de retrouver toujours la même histoire, d’être en présence des mêmes complots, des intrigues toujours construites de la même façon même si certains sont étonnants, surprenants, fascinants…

Enfin, on peut trouver des polars atypiques un peu par hasard. C’est ce qui m’est arrivé quand j’ai trouvé Mes allumettes de la sacristie de Willy Deweert, un roman que l’on trouve en format de poche dans la collection Points Seuil. Il était là, dans une salle d’attente de la gare, en quête de lecteur. Je l’ai pris et je ne le regrette pas du tout car ce roman m’a surpris…

Il s’agit d’un roman policier que l’on pourrait classer dans les polars religieux, si la catégorie existait. Inventons-là un instant, après tout rien ne nous empêche de le faire. On est en 2020 – mais le roman a été écrit en 1998. Willy Deweert est un romancier belge qui a été professeur de rhétorique et il cherche toujours à travers ses romans, thrillers mystiques comme il les nomme, à nous montrer que le monde est actuellement dans l’erreur – on le suit assez facilement – mais que les solutions existent pour redonner une énergie positive, un sens constructif, une espérance à l’humanité. En 2020, donc, l’Eglise catholique ne va pas très bien et nous sommes plongés au cœur des actions vaticanes avec un pape étrange, un cardinal courageux, des cardinaux sans foi d’autres naïfs, des prélats plus agents secrets et d’autres proches de la sainteté… Qui va sauver l’Eglise au moment où deux dictateurs, un représentant le nouveau califat – tient, voilà un thème qui semble bien d’actualité – et l’autre une Europe sclérosée et repliée sur elle-même – décidément ce roman était de l’anticipation en 1998 mais pas aujourd’hui – et le tout sur fond de crise identitaire universelle… Dans un tel contexte, quelle image donne l’Eglise catholique ? Vers quelle espérance prétend-elle nous conduire ? Quel homme peut devenir le pasteur successeur de Pierre et comment arrivera-t-il à garder son indépendance, sa liberté de parole ?

Un roman profond, pétri de réalités théologiques, ecclésiales, politiques et anthropologiques, un texte très bien écrit et une histoire humaine passionnante. Dès que l’on est entré dans l’histoire on ne peut plus en sortir. Plus de quatre cent pages qui vont sous paraitre légères et rapides à lire. Dès que vous tournerez la dernière page vous serez envahi d’une sérénité bienveillante un peu comme si vous aviez le sentiment que l’Eglise ne risquait rien car l’Esprit veillera sur elle jusqu’à la fin des temps… Un peu mystique ? Oui, mais l’auteur nous avait prévenu qu’il écrivait des thrillers mystiques… Il tient juste ses engagements, lui !

Un bon roman donc pour cet été, Les allumettes de la sacristie de Willy Deweert dans la collection de poche Points-Seuil.

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 28/06/2015 @ 20:01:03
Jeudi 25 juin 2015

Il y a très longtemps, au début des années soixante-dix, dans une Bretagne qui m’est chère depuis toujours ou presque, du côté de Plouharnel, je faisais la connaissance de quelques musiciens qui étaient en train de devenir le groupe Tri Yann, les trois Jean de Nantes. Ils entamaient une magnifique carrière, porteurs de la musique celtique revisitée et dépoussiérée, et quelques quarante-cinq ans plus tard on parle encore d’eux… Oui, à cette époque les carrières musicales pouvaient se prolonger au-delà d’une émission de télévision…

Tri Yann est devenu un groupe assez emblématique d’une musique décomplexée qui ose dire ses racines et depuis des décennies le prisonnier de Nantes, le loup le renard et la belette, la duchesse Anne et les filles de Redon ont fait vibrer et même danser des Français de toutes les régions. Je me souviens même d’un concert de Tri Yann à Frouard où les Lorrains emportés par l’enthousiasme des Bretons exilés s’étaient mis à faire l’an dro (la danse en français).

Pourquoi vous parler de Tri Yann, de chants celtiques et de danse traditionnelle ? Tout simplement parce que j’ai eu l’occasion de lire le très bel ouvrage de Jean Théfaine, Tri Yann, histoires de Jean(s) publié aux éditions Tournon. Jean Théfaine était journaliste à Ouest-France, passionné de musique, de toutes les musiques et surtout fasciné par ceux qui les faisaient. Il a eu longuement l’occasion de couvrir les actualités de Tri Yann et dans un livre hommage, avec des photographies d’Anthony Voisin, il raconte cette belle histoire pas encore achevée… Jean Théfaine, par contre, lui, est décédé l’été 2012 des suites d’une longue et cruelle maladie et, heureusement, le livre le fait rester encore avec nous…

Mais qui étaient ces trois Jean(s) ? Jean Chocun, le solide, était un agent administratif de la Compagnie Générale Transatlantique, Jean-Paul Corbineau, celui que je connais le mieux, s’occupait de la logistique d’un supermarché et Jean-Louis Jossic, probablement le plus charismatique, enseignait en collège l’histoire-géo… Pas de quoi faire fantasmer la jeunesse, n’est-ce pas ! Et pourtant…

Une carrière entière en quelques pages avec photos c’est un peu court et je suis certains que parmi vous il en est plus d’un qui aura envie de me copier c’est-à-dire de lire mais avec en fond la musique de Tri Yann et pour cela vous aurez le choix car leur discographie est abondante… Les plus anciens sont les plus classiques avec les musiques traditionnelles tandis que parmi les plus récents vous trouverez des créations plus contemporaines et sophistiquées… j’avoue avoir un petit faible pour un album qui n’a pas eu tout le succès qu’il aurait mérité, Le vaisseau de Pierre. Cela ne vous surprendra pas car il s’agit d’un album musical fortement inspiré de l’album éponyme de bande dessinée signé Pierre Christin et Enki Bilal… c’était en 1988 !

Cet été quand il vous viendra l’envie de voyager en Bretagne, même si vous restez sagement en Lorraine, ouvrez ce beau livre, Tri Yann, histoires de Jean(s) et écoutez une de ces chansons que nous connaissons tous… Les filles des forges, Le Pelot d’Hennebont ou La ville que j’ai tant aimée… La magie du groupe fera le reste et donc bonne lecture et bon voyage !
_____________________________________________________

Tri Yann, histoires de Jean(s)
Textes de Jean Théfaine et photographies d’Anthony Voisin
Editions Tournon
ISBN : 9782914237468

Shelton
avatar 28/06/2015 @ 20:01:55
Vendredi 26 juin 2015

L’affaire des attentats de janvier 2015 a mis en lumière le rôle des caricaturistes et dessinateurs engagés. Certes, j’aurais, comme beaucoup d’autres, préféré d’autres conditions pour cela mais je ne veux pas que l’on oublie ce travail sociétal capital et donc je continuerai encore longtemps à vous inviter à lire de façon régulière ces dessinateurs maudits. Après les attentats, Charlie Hebdo est reparti de plus belle avec des auteurs renouvelés. Parmi eux, il en est un qui n’est ni un petit jeune ni un inconnu, Pétillon…

René Pétillon est un breton qui est passé par Planète, Plexus, l’Enragé avant d’arriver au magazine Pilote qui a bouleversé la bande dessinée dans les années soixante en lui donnant de l’énergie, de la jeunesse, un sens politique et en permettant surtout à de nombreux auteurs de trouver une place dans le cœur du public. Pétillon y a croisé Cabu, Sempé, Goscinny, Uderzo, Giraud, Gotlib, Hubuc… Que du beau monde !

C’est en 1974 que Pétillon crée le personnage de Jack Palmer, enquêteur privé un peu naïf et faible. Il est systématiquement pris des affaires confuses qui permettent à son auteur de traiter de façon légère mais efficace des grands problèmes de la société : séparatisme corse, voile islamique, mode, finance, contrefaçon, religion…

J’ai pris le temps de relire, pour cette chronique, quatre albums de Pétillon dont L’affaire du voile qui était sorti en 2006. Jack Palmer est appelé par une femme qui veut que l’on retrouve sa fille. Très rapidement, notre privé est persuadé que le jeune fille s’est convertie à l’Islam, s’est voilée et vit recluse au sein d’une école coranique islamiste… Et voilà notre Jack Palmer enquêtant dans les milieux fondamentalistes…

Là cesse l’aspect sérieux car bien sûr, qui dit caricature dit exagération et excès. Il y va y avoir des trahisons au cœur même des familles des imams… Il faut dire que l’amour ne respecte pas toujours les limites strictes des communautés, mais cela on le sait depuis l’histoire de Roméo et Juliette, il n’y a rien de nouveau là si ce n’est que ce thème peut toujours être source de pleurs ou de rires…

Alors je sais bien que certains restent dubitatifs devant la caricature et pensent que l’on devrait la limiter, la contraindre, ne pas en abuser… Moi, je pense qu’elle est indispensable à une société, c’est une façon de la réguler, de la contrôler, d’éviter les trop gros excès de pouvoir… Molière, à son époque, l’avait bien compris et il se moquait des puissant de son temps, y compris du roi… Il le faisait avec les moyens de son époque, avec son talent, avec sa culture et dans une époque donnée. Aujourd’hui on peut le faire avec ses mots, avec ses images, avec son dessin, avec son talent. C’est ce que fait Pétillon avec ses dessins et ses mots, avec ses histoires, avec un humour qui me touche particulièrement…

Je peux comprendre que la caricature, la moquerie, la dérision et même l’absurde – pour parler de Pétillon – ne fasse pas rire tout le monde, mais qu’il y en ait pour tous les goûts, non ? Donc, testez et si vous aimez faites-vous plaisir avec les œuvres de Pétillon et particulier L’affaire du voile ou L’enquête au paradis où il sera question non de Dieu mais de l’argent. Enfin, pour certains il arrive que l’argent devienne Dieu… Non ?

_________________________________________________

L’affaire du voile
Pétillon
Albin Michel
ISBN : 2226132457

Nathafi
avatar 30/06/2015 @ 09:07:33
Jeudi 25 juin 2015

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Tri Yann, histoires de Jean(s)
Textes de Jean Théfaine et photographies d’Anthony Voisin
Editions Tournon
ISBN : 9782914237468



Je vais les voir le mois prochain dans le Cher où ils font un concert, dans une enclave Ecossaise, le Château des Stuarts à Aubigny-sur-Nère. Si tout va bien j'essaierai d'amener quelques photos pour le blog.

Flo29 30/06/2015 @ 17:34:06
J'ai prévu cet été de relire le Rouge et le Noir et sinon, Vango, t2, Terrienne de Mourlevat, et bien d'autres encore...
L'été c'est vraiment fait pour lire!

Débézed

avatar 30/06/2015 @ 21:03:00
lire une oeuvre québécoise comme le recommande Libris québécis.



Moi j e recommande de lire le site de Libris c'est une mine incroyable !

Débézed

avatar 30/06/2015 @ 21:09:05
J'ai préparé un petit programme de vacances mais il va exploser sous la pression d'autres arrivages, comme d'habitude :

Dominique Pascaud - Figurante
Pascale Pujol - Petits plats de résistance
Delphine Roux - Kokoro
Iouri Olécha - L'envie
Jean-François - Pigeat - A l'enseigne des cœurs épris
Rafik Schami - Histoire de Milad
Michel Audiard - Le p'tit cheval de retour
Goran Petrovic - Sous un ciel qui s'écaille
Rachi O. - Ce qui reste
Taos Amrouche - Solitude ma mère
Luiz Ruffato - Tant et tant de chevaux
Fatou Diome - Le ventre de l'Atlantique
Jean Philippe Toussaint - Fuir
Blaise Cendrars - L'or
Christophe Esnault - Neuroleptie
Gabriel Garcia Marquez - L'amour au temps du choléra

Sans ajout ça devrait le faire, mais ...!

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