Radetsky 20/11/2014 @ 22:08:44
Nombriliste n'est pas forcément péjoratif !
Tout à fait, considérons les Mémoires de Retz, celles de Saint-Simon, et notre cher vicomte de Châteaubriand...

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 23:40:14
Je faisais référence au livre "Nos cheveux blanchirons..." de Vinau que j'ai bien aimé tout en me laissant sur ma faim. Vraiment le nombrilisme pour moi n'est pas un reproche d'ailleurs ça va peut-être te surprendre mais j'ignorais qu'il pouvait avoir autant un aspect péjoratif comme tu l'expliques.
Seulement il ne doit pas pour moi n'être que cela, il me faut une ouverture vers le lecteur sinon j'ai le sentiment que l'auteur ne l'a écrit que pour lui et il peut en ressortir un côté un peu vain. Car enfin qui n'a pas, lorsqu'il écrit, envie de parler de soi, je parle de chacun de nous. La différence entre nous et l'écrivain c'est que ce dernier sait nous l'offrir. Et son art c'est bien de nous passer quelque chose sinon cela peut rester un acte égoïste. En fait c'est très délicat car tout réside dans l'écriture, les états d'âmes étant bien souvent communs à tous les hommes et femmes...

SpaceCadet
avatar 21/11/2014 @ 03:21:56

Pardon Feint de m'être éloignée du thème originel de ton fil à savoir l'image de la littérature française à l'étranger.
SpaceCadet et nos autres expatriés auraient peut-être des infos à nous apporter là-dessus?


Pas vraiment... Ceux qui travaillent dans le milieu de l'édition peuvent mieux répondre à cette question parce qu'ils savent ce que les éditeurs étrangers recherchent.

Ce que je remarque: les marchés semblent différer quelque peu d'un pays/d'une culture à l'autre; certains pays sont grands consommateurs de livres traitant de marketing et de management, d'autres dévorent les romances, etc...

En second lieu, le réflexe du lecteur semble être le même partout: on lit d'abord ce qui est près de soi, donc littérature autochtone, ensuite on se tourne vers le voisin le plus près (géographiquement et/ou culturellement) et en 'dernier' lieu, on se tourne vers les continents lointains...

Et enfin, la dynamique du marché s'exprime de la même façon dans tous les pays du monde: l'éditeur propose ce qu'il croit pouvoir vendre et le lecteur lit ce à quoi il a accès.

J'ai trouvé ce site qui propose diverses données (consulter le menu sur la droite de l'écran pour accéder aux divers sujets abordés) qui donnent un aperçu du marché :

http://francelivre.org/index.php/Ressources/…

Ceci étant, je pense que la présence française ainsi que les diverses représentations françaises à l'étranger (je pense ici plus particulièrement à Alliance Française) en contribuant à la diffusion de la culture française via notamment l'organisation de tout un tas d'activités et d'événements, ont sans doute un impact sur l'intérêt que l'on porte pour le produit français en général de par extension sur la littérature française. Certes, il est difficile de dire si cela amène de nouveaux lecteurs, etc.

SpaceCadet
avatar 21/11/2014 @ 03:53:33
Oui mais un livre en chinois traduit en français, en allemand, en anglais etc. est-il vraiment le même ? Par exemple en néerlandais où tu dois attendre la fin totale de la phrase pour trouver le verbe et le sujet ,pour le traduire il y a forcément une transformation que chaque traducteur fait par rapport à sa propre langue.
Pourquoi faire alors une différence entre romans étrangers et français ? Pourtant tu le dis toi-même tu aimes la littérature allemande, d'autres la littérature espagnole, d'autres encore la russe ou la chinoise etc. Il me semble qu'il est impossible que la langue elle-même ne joue pas . Il y a un ton, une tournure d'esprit globalisée ou détaillée qui va jouer pour les sentiments, les descriptions ; sur la poésie des mots aussi non ?
Je ne suis absolument pas spécialiste dans ce genre de choses mais j'ai rencontré un jour un luiguiste spécialiste de langues orientales et qui m'avaient dit que notre écriture ne pouvait parvenir à traduire exactement l'esprit de la langue chinoise ; un peu plus celle du japonnais car dans la prononciation on retrouvait certaines syllabes communes (je l'ai constaté car j'ai une belle-soeur japonnaise).
D'ailleurs le besoin qu'éprouvent certains lecteurs d'apprendre la langue chinoise, comme SpaceCadet par exemple, est significatif sans doute de cette frustration.
Ceci pour dire que certaines littératures s'exportent moins que d'autres et sans doute cela peut être le cas de celle en langue française.


Je pense que la langue et la culture sont indissociables. Mais cela n'empêche pas que l'on puisse apprécier un texte dans sa version traduite. Seulement, je (subjectivement) pense qu'une traduction, aussi habile soit-elle, ne peut permettre au lecteur de traverser l'espace culturel qui le sépare de l'œuvre que de façon partielle d'une part et d'autre part, je (toujours subjectivement) pense qu'à la traduction, on perd une partie de la 'texture' d'un texte, on s'éloigne de la 'voix' et de la 'tonalité' propre à un auteur donné, tandis qu'en même temps, la langue (de traduction) dans laquelle on lit une œuvre marque celle-ci (de façon minime mais perceptible) de la culture d'où elle est issue.

A titre d'exemple, j'ai récemment lu un auteur chinois (Lu Xun) dans sa traduction française, puis dans sa traduction anglaise et dans sa version originale (au prix d'efforts monumentaux!). Au final, si l'expérience de lecture m'a semblé comporter des différences substantielles d'une version à l'autre, l'appréciation de l'œuvre n'en est pas moins valable dans tous les cas de figure!

Sissi

avatar 21/11/2014 @ 09:24:34
Pieronnelle:
Je faisais référence au livre "Nos cheveux blanchirons..." de Vinau que j'ai bien aimé tout en me laissant sur ma faim. Vraiment le nombrilisme pour moi n'est pas un reproche d'ailleurs ça va peut-être te surprendre mais j'ignorais qu'il pouvait avoir autant un aspect péjoratif comme tu l'expliques.
Seulement il ne doit pas pour moi n'être que cela, il me faut une ouverture vers le lecteur sinon j'ai le sentiment que l'auteur ne l'a écrit que pour lui et il peut en ressortir un côté un peu vain. Car enfin qui n'a pas, lorsqu'il écrit, envie de parler de soi, je parle de chacun de nous. La différence entre nous et l'écrivain c'est que ce dernier sait nous l'offrir. Et son art c'est bien de nous passer quelque chose sinon cela peut rester un acte égoïste. En fait c'est très délicat car tout réside dans l'écriture, les états d'âmes étant bien souvent communs à tous les hommes et femmes...


Etre nombriliste, c'est quand même être centré sur sa petite personne sans se soucier beaucoup de l'autre, pour moi ce mot contient une note péjorative. Quand on dit à quelqu'un qu'il faut qu'il arrête de se regarder le nombril, c'est un reproche.
Et c'est bien ainsi que tu perçois les choses ( une bonne dose d'égoïsme et d'égocentrisme) dans certains livres, et à ce moment-là, à partir du moment où tu perçois les choses comme ça, je comprends bien que tu en retires de la frustration.
Moi au contraire je ne ressens pas les choses comme cela, quand je vois tous les efforts de construction du livre (pour reprendre celui de Thomas Vinau), de poésie et de travail pour formuler les choses, j'y vois comme un cadeau qu'il me fait, je ressens l'envie qu'il a eue d'être lu, d'écrire pour les autres. On n'écrit pas comme ça dans un journal intime.

SpaceCadet
avatar 21/11/2014 @ 09:45:31
"J'ai trouvé ce site qui propose diverses données (consulter le menu sur la droite de l'écran pour accéder aux divers sujets abordés) qui donnent un aperçu du marché :..."

Correction: il est à gauche de l'écran le menu...(misère, Space!!!).

Pieronnelle

avatar 21/11/2014 @ 10:39:12
Pieronnelle:
Je faisais référence au livre "Nos cheveux blanchirons..." de Vinau que j'ai bien aimé tout en me laissant sur ma faim. Vraiment le nombrilisme pour moi n'est pas un reproche d'ailleurs ça va peut-être te surprendre mais j'ignorais qu'il pouvait avoir autant un aspect péjoratif comme tu l'expliques.
Seulement il ne doit pas pour moi n'être que cela, il me faut une ouverture vers le lecteur sinon j'ai le sentiment que l'auteur ne l'a écrit que pour lui et il peut en ressortir un côté un peu vain. Car enfin qui n'a pas, lorsqu'il écrit, envie de parler de soi, je parle de chacun de nous. La différence entre nous et l'écrivain c'est que ce dernier sait nous l'offrir. Et son art c'est bien de nous passer quelque chose sinon cela peut rester un acte égoïste. En fait c'est très délicat car tout réside dans l'écriture, les états d'âmes étant bien souvent communs à tous les hommes et femmes...



Etre nombriliste, c'est quand même être centré sur sa petite personne sans se soucier beaucoup de l'autre, pour moi ce mot contient une note péjorative. Quand on dit à quelqu'un qu'il faut qu'il arrête de se regarder le nombril, c'est un reproche.
Et c'est bien ainsi que tu perçois les choses ( une bonne dose d'égoïsme et d'égocentrisme) dans certains livres, et à ce moment-là, à partir du moment où tu perçois les choses comme ça, je comprends bien que tu en retires de la frustration.
Moi au contraire je ne ressens pas les choses comme cela, quand je vois tous les efforts de construction du livre (pour reprendre celui de Thomas Vinau), de poésie et de travail pour formuler les choses, j'y vois comme un cadeau qu'il me fait, je ressens l'envie qu'il a eue d'être lu, d'écrire pour les autres. On n'écrit pas comme ça dans un journal intime.

Je suis d'accord avec ce que tu dis et même sur le fait de se regarder le nombril qui est indéniable. Et quand je te dis que toute la différence se situe dans l'écriture je fais bien reférence à la construction, à la poésie , au désir de transmettre quelque chose au lecteur. Dans le livre de Vinau, s'il n'y avait pas eu cette construction, ce désir de faire dans l'écriture une différence entre ses deux périodes de vie, cette poésie liée intimement avec ses états d'âmes , franchement son histoire ne m'aurait pas interessée .Il n'en reste pas moins que ,pour moi, c'est très nombriliste, que la démarche peut sembler égoïste à certains qui seraient moins sensibles à l'écriture.
Je fais carrément la différence avec un journal qui fait état d'un déroulement de vie (et pas toujours des états d'âmes) et même des biographies.
Se regarder le nombril exclusivement sans se préocuper des autres oui c'est péjoratif, le faire en se disant j'offre aux autres ce que je vis pour qu'ils puissent peut-être s'y retrouver ou s'interroger sur leur propre vie, et pas n'importe comment et avec une qualité littéraire évidente, là c'est un cadeau...

Stavroguine 21/11/2014 @ 11:12:48
Moi, j'aurais presque tendance à penser (pour caricaturer) que le bon écrivain (et le bon philosophe !), c'est celui qui se regarde BEAUCOUP le nombril ! Et certainement pas celui qui se "préoccupe des autres", a fortiori si ces "autres" sont ses lecteurs ! Non pas qu'il soit nombriliste au sens où l'est celui qui examinant ses bourrelets dans la glace, en vient à oublier les autres et des problèmes bien supérieurs, mais parce que lui-même devient son sujet d'étude et cette porte d'entrée vers les autres, le spécimen de son espèce qui lui est le plus accessible. S'il s'intéresse aux autres, c'est seulement dans la mesure où ce que lui révèle l'examen de son propre nombril peut révéler sur eux. Son art, à mon avis, réside dans cet aller-retour perpétuel, dans cette communication entre son idiosyncrasie et une espèce d'âme universelle. Et c'est pour ça que Proust, en ne racontant que les souvenirs de sa jeunesse bourgeoise, décrit si justement des sentiments et des comportements universels. Tandis que l'écrivain (dont il se moque, je crois, à un moment) qui, dans une soirée, "observe" les comportements des convives ne reste jamais qu'à la surface des choses.

Pieronnelle

avatar 21/11/2014 @ 11:33:32
Ah mais cela correspond à ma définition du nombriliste, relis moi bien. Quoi que tu en penses Proust n'a pas écrit que pour lui et je ne parle jamais de l'observation des autres mais de l'impact de ce nombrilisme sur les autres.
Cela dit parler des autres, s'interesser à leur vie c'est pas mal non plus...en s'oubliant un peu.
Mais bon je sens que ça va déraper...:-)

Stavroguine 21/11/2014 @ 11:47:24
Proust n'a pas écrit que pour lui (mais il me semble qu'aucun écrivain qui cherche à publier n'écrit que pour lui, sinon il ne publierait pas), mais je ne pense pas que ses lecteurs, les autres en général, aient été une grande préoccupation au cours de son processus d'écriture. Il ne faut pas oublier que l'écrivain est son premier lecteur, le seul même jusqu'à ce qu'il considère que son oeuvre est finie. S'il écrit, c'est avant tout pour se plaire à lui, selon des critères qui lui sont propres (du moins, il faut l'espérer).

Sissi

avatar 21/11/2014 @ 12:15:27
Proust n'a pas écrit que pour lui (mais il me semble qu'aucun écrivain qui cherche à publier n'écrit que pour lui, sinon il ne publierait pas), mais je ne pense pas que ses lecteurs, les autres en général, aient été une grande préoccupation au cours de son processus d'écriture.


Effectivement, au moment de la création non, mais c'est sous-jacent, et ça va influer sur sa manière d'écrire. Le regard de l'autre est en devenir, même s'il n'est pas présent pour l'instant. Un peu comme quand on se pomponne, on est concentré et appliqué à se faire un jolie tête sans penser à autre chose, mais l'autre chose est bel et bien là.
Reprenons le journal intime (l'écrit nombriliste par excellence), pour en avoir écrit pas mal je ne me rappelle pas en avoir remanié une seule phrase (je m'en fous, y'a que moi qui le lis!). Quel écrivain digne de ce nom ne réfléchirait pas au bienfondé de la moindre virgule?

Stavroguine 21/11/2014 @ 12:30:31
Quel écrivain digne de ce nom ne réfléchirait pas au bienfondé de la moindre virgule?


Je pense qu'il en existe un certain nombre, en fait. :)

Mais plus sérieusement, ton journal intime, tu le lisais, ou tu l'écrivais juste ? Je pense que l'écrivain a évidemment conscience des autres mais qu'il n'écrit pas pour les autres. Et pour reprendre ta métaphore du maquillage, c'est un peu comme les femmes qui se maquillent pour souligner leur beauté et celles qui le font pour aguicher. Les unes vont le faire par rapport à ce qu'elles sont ; les autres en fonction de ce qu'elles pensent qu'on attend d'elles. Sachant qu'il va s'exposer à la face du monde , l'écrivain veut paraître sous son meilleur jour, montrer sa plus belle expression pour ça il soigne son style mais il ne se soucie pas des attentes des autres, il veut seulement se conformer à son propre soucis d'excellence. D'autres font juste une soupe qui sera destinée à plaire (c'est d'ailleurs moins de travail).

Sissi

avatar 21/11/2014 @ 12:44:04

Mais plus sérieusement, ton journal intime, tu le lisais, ou tu l'écrivais juste ?


Les deux.

Je pense que l'écrivain a évidemment conscience des autres mais qu'il n'écrit pas pour les autres


Bien sûr que si.
Après, il faut s'entendre sur le "pour" (ces foutus mots, quand même!!!!).
Il n'écrit pas dans le but de plaire (comme la fille qui se maquille non pas parce qu'elle aime bien prendre soin d'elle mais veut aguicher), il n'écrit pas ce qu'on attend de lui qu'il écrive, il écrit ce qu'il a envie d'écrire, mais il a envie et espère être lu, donc le détachement total par rapport au regard de l'autre n'existe pas.

l'écrivain [...] ne se soucie pas des attentes des autres


Taratata.
Il n'écrit pas en fonction des autres, ça oui, mais que les attentes des autres l'indiffèrent, alors là je n'en crois pas un traître mot.

Sissi

avatar 21/11/2014 @ 12:44:31
On s'égare totalement par rapport au sujet de départ, là, non? ;-)

Stavroguine 21/11/2014 @ 12:56:35
Bah oui, t'espères être lu mais, en tout cas pour les écrivains intègres, ça n'est pas pour ça que tu écris. C'est une incidence tout au plus. Tu espères être lu parce que cette expression de toi, tu souhaites/penses qu'elle puisse intéresser les autres, aussi parce que c'est une reconnaissance de ton travail. Mais ce n'est pas les autres qui t'ont donné envie d'écrire et quand tu écris, je ne pense pas que tu choisisses un mot ou la place d'une virgule en fonction des autres, mais selon tes propres idées, ton envie, ce qui correspond à ton projet.

Radetsky 21/11/2014 @ 13:08:21
On s'égare totalement par rapport au sujet de départ, là, non? ;-)
C'est vrai, on va ouvrir un fil d'omphalophilie : "N'aimer que les (vieux) ombilics...etc." et on revient à la littérature française vue pas les Bororos et les Fuégiens anonymes...

Sissi

avatar 21/11/2014 @ 13:15:02
On s'égare totalement par rapport au sujet de départ, là, non? ;-)

C'est vrai, on va ouvrir un fil d'omphalophilie : "N'aimer que les (vieux) ombilics...etc."


:-))))))))))))))))))))))))))))))) (vraiment là je ris)

Feint

avatar 22/11/2014 @ 11:34:07
L'autre jour j'écoutais un artiste haïtien qui en avait ras le bol d'être vendu comme artiste haïtien, je comprends ça.

Pieronnelle

avatar 22/11/2014 @ 11:54:33
L'autre jour j'écoutais un artiste haïtien qui en avait ras le bol d'être vendu comme artiste haïtien, je comprends ça.

Je comprends qu'il en ait assez d'être «vendu»...

Feint

avatar 22/11/2014 @ 11:56:56
L'autre jour j'écoutais un artiste haïtien qui en avait ras le bol d'être vendu comme artiste haïtien, je comprends ça.


Je comprends qu'il en ait assez d'être «vendu»...
Ce n'était pas "vendu" qui l'agaçait mais "Haïtien".

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