Stavroguine 20/11/2014 @ 15:18:17

à Feint,
Je te répondrai que des écrivains dignes de ce nom ne sont pas obligés de se conformer aux attentes d'un public peu exigeant sauf à cultiver plus la notoriété et le fric que la littérature!


Moui, enfin, des pisse-copies, il y en a dans tous les pays et personne ne songe pourtant à réduire la littérature américaine à Twilight et Hunger Games... Le même effort vis-à-vis des auteurs français serait appréciable.

Myrco

avatar 20/11/2014 @ 16:04:38
On va le faire, on va le faire...J'espère bien, pour la première fois, participer à la catégorie franco du prix C.L;toutefois j'ai 4 titres proscrits que je ne lirai pas mais avec un peu de chance il en reste 8. De toute façon, j'ai mis Volodine à mon programme de début 2015, tout n'est pas perdu;-)

Pardon Feint de m'être éloignée du thème originel de ton fil à savoir l'image de la littérature française à l'étranger.
SpaceCadet et nos autres expatriés auraient peut-être des infos à nous apporter là-dessus?

Guigomas
avatar 20/11/2014 @ 17:08:05
Le plus incroyable, dans cette histoire, est de lire que les US traduisent 450 livres en une année.

J'ai cherché ce qu'il en était en France et j'ai trouvé ceci sur le site de la société des Gens de Lettres: "sur les 63052 titres publiés en 2010, 9406 étaient des traductions" et encore "un titre traduit sur trois est un roman".

Donc en France paraissent en une année 3100 romans traduits...

"L’anglais représente, avec 5562 titres traduits en 2010, 59% de l’ensemble des traductions tous secteurs confondus, soit plus d’un titre sur deux. La langue anglaise est plus majoritaire encore dans la catégorie des romans, puisque une traduction de l’anglais sur deux est un roman"

Grosso modo 2700 romans traduits de l'anglais paraissent en France contre 50 traduits du français qui paraissent aux USA.

Si ça c'est pas de l'hégémonie...

Feint

avatar 20/11/2014 @ 17:13:11
Oui, j'ai aussi un peu de mal avec cette approche "nationaliste" de la littérature.

En fait, je crois que je ne sais pas trop à quoi ça correspond, ces appellations. Quand je bois un bourgogne, je sais qu'il y aura du pinot noir dedans, mais dans une AOC "littérature française", on me sert quoi exactement ? Qu'est-ce qui permet de rassembler Foenkinos et - je ne sais pas, moi - Gracq sous la même appellation ? Je me suis d'ailleurs fait piéger il y a peu par ma copine à qui j'avouais mon amour de la littérature allemande. A sa question - un brin naïve quoique très pertinente : "C'est comment la littérature allemande par rapport à la française ?", je ne répondais qu'un lamentable : "Bah..."
:)
J'ai l'impression que les Allemands n'ont pas les mêmes préjugés sur la littérature allemande que les Français sur la littérature française. Mais peut-être que j'idéalise.

Feint

avatar 20/11/2014 @ 17:17:48

à Feint,
Je te répondrai que des écrivains dignes de ce nom ne sont pas obligés de se conformer aux attentes d'un public peu exigeant sauf à cultiver plus la notoriété et le fric que la littérature!
Mais ce ne sont pas des écrivains dignes de ce nom, ce sont les produits d'une logique marchande. Un auteur sans prétentions écrit des petits livres légers et rigolos et connaît un succès énorme, au point qu'on lui prédit un grand prix s'il fait mine d'écrire quelque chose de plus "sérieux" ; on ne peut pas lui en vouloir d'obtempérer.

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 18:30:59
Oui enfin vous extrapolez un peu par rapport au sujet du fil. Il s'agit bien de la représentation de la littérature française à l'étranger ? Et dans ce sens je trouve que le message de Libris est très pertinent.D'abord parce que pour les québecois il y a ce grignotage très proche par cette littérature anglo-saxonne et je ne vois pas ce qu'il y a de nationaliste à conserver et promouvoir une littérature française qui est intimement lié à la défense de la langue française.
Ensuite oui il y a égémonie de cette (sous?) culture américaine qui fausse tout et également un vrai effet de mode plus que de snobisme (bien qu'il existe) envers les littératures dites «exotiques». Cela dit cette ouverture ,lorsqu'elle est sincère, est passionnante mais le côté mode fait parfois reculer...
Et puis la littérature française s'ouvre-t-elle vraiment aux autres cultures ? Un Modiano est-il exportable tellement franco/français ? Nos anciens étaient plus universalistes .La littérature contemporaine est plus nombriliste, introspective et poétique et quelque part moins accessible surtout peut-être dans la traduction en langue étrangère. Alors il ne faut pas s'étonner si ce sont les romans ordinaires qui se vendent plus à l'étranger ; et si ceux de langue française par des auteurs d'origine étrangère semblent souvent plus ouverts et attirants...C'est pourquoi moi j'aimais bien ce terme «francophonie» dans le domaine de la littérature :-) car n'est-ce pas là un des aspects de l'exportation de cette littérature ? L'autre étant la traduction...

Sissi

avatar 20/11/2014 @ 18:35:23
DBZ:
Je suis peut-être un peu snob


Bah non, je ne trouve vraiment pas.

mais quand je parle de mes lectures avec mon entourage je passe surtout pour un original qui n'a pas trop les pieds sur terre.


Ça oui, un peu, mais c'est ce qui fait ton charme!
(et entre lunaires on se comprend, et je pense qu'il y en a plus qu'on ne le pense)

Sur le reste, bizarrement, savoir comment est perçue la littérature française à l'étranger m'indiffère un peu.
Peut-être parce que je considère qu'il y a LA littérature, basta, et peu importe d'où et de qui elle vient?
Sais pas...

Sissi

avatar 20/11/2014 @ 18:41:11
Mais pourquoi dit-on en permanence que la littérature contemporaine est "nombriliste"? N'est-ce pas un peu "à la mode" de dire ça?
Si je me remémore les derniers livres français contemporains que j'ai lus, je ne vois rien de "nombriliste" dedans!
Ce n'est pas parce qu'on fait parfois de l'autofiction qu'on doit être catalogué de nombriliste, quand même.

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 18:45:30
Sur le fond je suis assez de ton avis Sissi. Mais la langue doit jouer énormément je pense sur cette littérature ; quant à vraiment discerner exactement son impact comme le souligne Stavro c'est une autre affaire ; celle des linguistes peut-être...

Stavroguine 20/11/2014 @ 18:47:40
Ca veut dire quoi "la langue doit jouer énormément je pense sur cette littérature" ?

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 18:58:34
Nombriliste n'est pas forcément péjoratif ! Pour moi un Vinau est nombriliste et l'écriture est très belle. Mais ce que je reproche parfois c'est son manque de projection vers l'extérieur qui peut laisser un sentiment d'insatisfaction et d'inabouti. Par contre certaines oeuvres que je qualifierai de nombrilistes ont néanmoins une portée universelle et sont à mon avis très «exportables» (comme «Rien qu'une affaire de regard» par exemple, en toute sincèrité) parce que, quelle que soit son pays et sa langue, on s'y reconnait.

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 19:04:14
Ca veut dire quoi "la langue doit jouer énormément je pense sur cette littérature" ?

Ben je me pose la question. Est-ce que le même sujet écrit en allemand, en espagnol etc. ressortirait de la même façon, en dehors de la personnalité de l'écrivain bien sûr.
Crois-tu à une écriture universelle dans laquelle l'origine de la langue n'interviendrait pas ? Les constructions grammaticales ne jouent-elles pas ?

Stavroguine 20/11/2014 @ 19:10:44
Bah je pense que la personnalité de l'écrivain joue beaucoup plus dans la singularité d'une oeuvre que les constructions grammaticales en fait. Je comprends pas bien cette histoire. Si tu veux dire que des subtilités langagières sont perdues dans la traduction, c'est évident, mais ça n'a pas empêché de traduire Joyce. Or, j'ai l'impression que l'immense majorité des auteurs français ne déforment pas autant leur matériau de travail que Joyce.

Pieronnelle

avatar 20/11/2014 @ 19:47:30
Oui mais un livre en chinois traduit en français, en allemand, en anglais etc. est-il vraiment le même ? Par exemple en néerlandais où tu dois attendre la fin totale de la phrase pour trouver le verbe et le sujet ,pour le traduire il y a forcément une transformation que chaque traducteur fait par rapport à sa propre langue.
Pourquoi faire alors une différence entre romans étrangers et français ? Pourtant tu le dis toi-même tu aimes la littérature allemande, d'autres la littérature espagnole, d'autres encore la russe ou la chinoise etc. Il me semble qu'il est impossible que la langue elle-même ne joue pas . Il y a un ton, une tournure d'esprit globalisée ou détaillée qui va jouer pour les sentiments, les descriptions ; sur la poésie des mots aussi non ?
Je ne suis absolument pas spécialiste dans ce genre de choses mais j'ai rencontré un jour un luiguiste spécialiste de langues orientales et qui m'avaient dit que notre écriture ne pouvait parvenir à traduire exactement l'esprit de la langue chinoise ; un peu plus celle du japonnais car dans la prononciation on retrouvait certaines syllabes communes (je l'ai constaté car j'ai une belle-soeur japonnaise).
D'ailleurs le besoin qu'éprouvent certains lecteurs d'apprendre la langue chinoise, comme SpaceCadet par exemple, est significatif sans doute de cette frustration.
Ceci pour dire que certaines littératures s'exportent moins que d'autres et sans doute cela peut être le cas de celle en langue française.

Feint

avatar 20/11/2014 @ 19:48:55
Mais pourquoi dit-on en permanence que la littérature contemporaine est "nombriliste"? N'est-ce pas un peu "à la mode" de dire ça?
C'est un cliché véhiculé par une presse paresseuse qui considère quelques épigones de Duras qui ont mal digéré leur modèle comme représentatifs de la littérature française. Il n'y a rien de nombriliste chez Volodine, Minard, Cohen, Alferi, Claro, Jourde, Pireyre, Senges, de Kérangal etc. Par ailleurs "nombriliste" ne devrait pas être péjoratif car bien des écrivains intérieurs ont une œuvre considérable - hélas c'est bien ainsi qu'il est la plupart du temps employé.

Stavroguine 20/11/2014 @ 20:01:31

Pourquoi faire alors une différence entre romans étrangers et français ? Pourtant tu le dis toi-même tu aimes la littérature allemande,


Bah oui, mais justement, mon bah... m'a fait réaliser que c'était tout aussi stupide d'aimer la littérature allemande que de ne pas aimer la française. De trouver l'une intellectuelle et l'autre nombriliste. Parce que ça ne veut rien dire "littérature allemande". D'ailleurs, avant, je croyais aimer la littérature russe et puis, j'ai découvert que c'est surtout Dostoïevski que j'aimais ; je dirais volontiers que je n'aime pas trop la littérature anglo-saxonne, mais y a quand même Shakespeare et maintenant Josipovici. Avant de lire Murakami, j'étais même persuadé d'aimer la littérature japonaise, mais je crois que j'aimais seulement Kawabata, Inoue et Mishima. Or chacun d'eux me paraît bien plus proche de certains auteurs français que j'aime qu'ils ne me paraissent proches de leur compatriote Murakami.

Feint

avatar 20/11/2014 @ 20:46:24
Ca veut dire quoi "la langue doit jouer énormément je pense sur cette littérature" ?


Ben je me pose la question. Est-ce que le même sujet écrit en allemand, en espagnol etc. ressortirait de la même façon, en dehors de la personnalité de l'écrivain bien sûr.
Crois-tu à une écriture universelle dans laquelle l'origine de la langue n'interviendrait pas ? Les constructions grammaticales ne jouent-elles pas ?
C'est un autre sujet mais tout à fait passionnant. Je suis convaincu aussi que les livres sont déterminés par la langue dans laquelle ils ont été écrits à l'origine - et je suis convaincu aussi qu'il est impossible de dire dans quelle mesure. Et c'est pas faute de m'être souvent posé la question, et même d'être pas trop mal placé pour me la poser.

Sissi

avatar 20/11/2014 @ 20:47:52
Nombriliste n'est pas forcément péjoratif !


Ah bon? "Je ne lis pas de littérature contemporaine française car elle est beaucoup trop nombriliste", on l'entend souvent (et même ici - enfin, on le lit- et je ne parle pas forcément de toi d'ailleurs, mais que tu reprennes ce terme archi galvaudé me surprend un peu), ça ne fleure quand même pas bon le joli compliment, je trouve...
Alors, que primo, c'est complètement faux, et secundo, comme dit Feint, écrire sur soi ou à partir de soi, sonder son intériorité (par l'intermédiaire ou non d'un personnage) ça ne me semble pas tellement répréhensible (perso j'adore ça) à partir du moment où il y a un beau travail littéraire derrière et que cette introspection n'est au fond qu'un prétexte, une espèce de "pré-matière" pour écrire quelque chose de beau.
Le seul auteur qui pourrait être taxé de nombrilisme (au sens péjoratif où il est utilisé), ce serait celui qui écrirait biographie sur biographie sans aucune autre motivation que celle raconter sa vie pour raconter sa vie.
Je n'ai pas ressenti cela en lisant "Ici, ça va" de Thomas Vinau, si c'est à ce livre auquel tu faisais référence (en même temps je ne vois pas à quel autre?).

Feint

avatar 20/11/2014 @ 20:55:16
Oui mais un livre en chinois traduit en français, en allemand, en anglais etc. est-il vraiment le même ?
Clairement non. Chaque traduction est un nouveau livre. Et les traducteurs sont aussi des écrivains. Bons ou mauvais. On pourrait aussi bien considérer la traduction comme un genre.

Sissi

avatar 20/11/2014 @ 20:55:50
que celle DE raconter

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