L'art de la joie de Goliarda Sapienza

L'art de la joie de Goliarda Sapienza
( L'arte della gioia)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Channe01, le 2 octobre 2005 (Inscrite le 21 juin 2005, 70 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 893ème position).
Visites : 9 358  (depuis Novembre 2007)

Entre plaisir et irritation…

A lire toutes les critiques sur ce livre, « l’art de la joie », j’aurais dû être emballée, emportée comme sur une vague de jouissance et de liberté. Certes, il y a bien eu des envolées, des instants de joie, des lignes pures et dérivantes. De beaux moments d’écriture qui s’accomplissent à la lecture.
Mais il y eut aussi bien des moments de rupture de rythmes, de l’ennui, jusqu’au point d’être sur le bord de quitter le navire des mots tant il était encalminé sans une brise pour reprendre la dérive.
Ce livre, c’est du plaisir et de l’irritation.
Si les deux premières parties se dévorent d’un coup sans faiblir, et permettent de saisir la complexité et la volonté sans faille de ce beau personnage de femme, Modesta, la mal nommée qui en est la figure centrale. La figure de proue de ce navire de mots.
A la troisième partie, on ressent des répétitions. Bon, on tient la barre et on maintient le cap mais on s’énerve parfois. Après, c’est plus chaotique. Dans l’écrit aussi. On se retrouve avec des textes dialogués comme dans une pièce de théâtre et puis, le personnage est en proie au délire. Il y a des ellipses de temps.
C’est vrai qu’un chemin de vie ne va pas sans incohérence. N’empêche que l’ennui s’affirme. S’il n’y avait le magnifique récit de sincérité de la détention, j’aurais laissé tomber. En même temps, je me serais sentie coupable d’abandonner cette femme.
Car, Modesta est un être humain remarquable. Elle s’assume et ce n’est pas un vain mot pour elle. Elle va jusqu’au bout de ses convictions même quand ça lui fait mal.
Si j’avais pu avoir ce livre en main dans les années 80, je l’aurais sans doute apprécié beaucoup plus. J’étais en quête de mon propre chemin et j’aurais aimé les balises que m’offrait Modesta. Elle est situationniste avant l’heure.
Son goût de la liberté, de vivre dans l’instant présent, de s’affranchir des tabous, des préjugés, cette façon d’élever les enfants dans la liberté…
Il n’en reste pas moins que si Modesta parvient à assumer tout cela, elle a l’argent à sa disposition. Elle s’est libérée du travail. Elle est protégée par son statut social acquis de manière très romanesque. C’est ça sans doute qui m’a énervée finalement. J’avais comme le sentiment de lire une version Harlequin noire de l’appropriation du statut de princesse. Et puis les observations sur le physique des paysans et des princes, c’est tout à fait cela.
Je ne regrette pas de l’avoir lu jusqu’au bout. 636 pages quand même. Mais je me suis vraiment énervée. J’attendais autre chose à lire toutes ces critiques élogieuses.

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Femmes, je vous aime !

9 étoiles

Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 80 ans) - 19 décembre 2023

Ce bouquin, que j'ai eu le privilège de pouvoir lire en V.O. est un immense pied-de-nez, un brûlot, une machine de guerre jeté à la face des cagots, bigots, et autres empêcheurs de vivre que peut contenir une société.
L'époque et le contexte cléricalo-social de la Sicile accentuent le contraste, mais partout où les femmes sont enfermés dans de multiples carcans la recette peut s'appliquer...
Je fais de mon corps et de mon destin ce que je veux, pourvu qu'ils soient sources de joies. Hommes, femmes, n'importe où, n'importe quand je fais l'amour et tout ce qui rassasie le goût de vivre quitte à supprimer les obstacles si nécessaire..
La forme laisse parfois traîner les longueurs, comme une palabre sans fin...mais ! Le feu est là.
Morale nihiliste en fait...? Chacun en jugera, nos histoires sont si différentes !

Déception !

2 étoiles

Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 67 ans) - 16 octobre 2011

ce livre m'a déçue : on me l'avait vanté comme une œuvre mêlant Histoire et libération de la femme ! J'y ai trouvé un ouvrage, au style ampoulé, peu crédible et flirtant vaguement avec l'Histoire.

La pauvresse qui devient aristocrate ...le sujet est éculé ! Il aurait pu toutefois être traité avec maestria, mais là, on n'y croit pas et on n'a pas envie d'y croire : c'est trop énorme.
Ce qui m'a le plus gênée, c'est la façon dont sont construits les dialogues : les personnages, quel que soient leur milieu social et leur âge, ont tous une même façon "précieuse" de s'exprimer, ce qui décrédibilise toutes les situations................

A la fin, j'ai trainé pour terminer ce livre, je me suis sentie peu concernée (et pourtant les personnages de femmes prenant leur destin en mains me fascinent) , ennuyée et dubitative devant l'engouement de tant de lecteurs.

Pour moi, ce livre est une outre pleine de vent.
Eoliennement vôtre

une certaine lassitude...

6 étoiles

Critique de Sottovoce (Bruxelles, Inscrit(e) le 19 février 2004, - ans) - 9 mai 2006

Phénomène littéraire redécouvert par les français, ce roman fut en son temps refusé par les éditeurs et les critiques littéraires en Italie. Edité à petits frais, il ne connaît le succès qu'il mérite que maintenant, grâce à la publicité venant de l'étranger.

L'art de la joie, c'est la façon de vivre de Modesta, sans culpabilité aucune, dans la liberté totale de son corps et de son esprit, un vrai défi dans cette société sicilienne de la première moitié du XXe siècle où le poids de la moralité devait être encore plus étouffant que sur le continent italien.

Passionnant au début, ce qui m'a rebutée par la suite, comme manifestement d'autres lecteurs, ce sont les dialogues interminables, pas toujours intéressants, qui alourdissent l'histoire et donnent envie de jouer à saute-mouton avec les pages...(je ne sais pas comment c'est traduit en français, mais, en plus, dans la version originale certains dialogues sont carrément en sicilien, bonjour la complication...).

Quelle vie !

8 étoiles

Critique de Klimt (, Inscrite le 13 janvier 2006, 52 ans) - 8 mai 2006

J'ai commencé ce livre en le dévorant, puis j'ai eu du mal à avancer au milieu du bouquin. Je pense comme certains qu'il y a des passages superflus compensés (heureusement) par de très belles périodes.
Dans ce livre, on découvre la vie de MODESTA traversant les deux guerres mondiales en Sicile. Aussi, je regrette que l'auteure n'ait pas pu nous plonger dans le contexte historique, c'est un peu flou à mon goût.
On grandit avec elle, on la voit mûrir au fil des pages, on s'attache à cette femme qui s'est battue pour vivre selon ses propres idées. Modesta est une femme qui arrive à assumer tout ce qu'elle a vécu !

La saga d'une femme libérée

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 8 mai 2006

J'ai été intrigué par ce roman inégal que je suis arrivé à bien apprécier. Ce personnage principal s'émancipe de toutes les limites que lui impose son environnement, à commencer par son genre, féminin, et de sa condition sociale, pour devenir un astre, le centre d'un monde, autour duquel moult personnages gravitent, en fonction de ses humeurs et raisons.
Contrairement aux critiques précédentes, c'est le début, notamment le passage au couvent de Modesta, que j'ai trouvé particulièrement dur et sévère, et donc assez pénible à subir.
Par la suite, Modesta se libère, de tout, du couvent, de son statut social, miséreux, puis de celui de Princesse pour des raisons politiques, du régime politique en place - le fascisme pour devenir communiste, notamment par amour - , des interdits sociaux de l'époque, en s'amourachant de personnes avec qui toute relation lui serait interdite, les femmes, plusieurs d'entre elles, son bien étrange mari.
Elle arrive à se forger une stature, afin de devenir une maîtresse-femme, aux risques et périls des personnes qui rentrent dans sa danse. C'est une femme dominatrice, belle, séduisante, qui domine ses nombreuses faiblesses pour mieux surplomber les autres, au risque d'être bien souvent caractérielle et castratrice, tout en demeurant attachante par ses faiblesses. Ce sont les autres qui deviennent pâlots à son contact. Difficile de rester indifférent à elle...

... et à ce roman. Dans le forum "Que lisez-vous en ce moment ?" de ce site, une internaute faisait part de son engouement pour cette oeuvre, tout en regrettant la multiplication des dialogues qui alourdissent inutilement le récit.
Je ne suis pas tout à fait d'accord. Certes, ils sont porteurs de détails parfois sans grand intérêt, mais ils donnent au livre un ton particulièrement vif et dynamique, même si la retranscription de certaines conversations peuvent laisser indifférents et amener à certaines longueurs, en raison d'une pertinence parfois discutable. Ces dialogues, liés à la grande pluralité de personnages, rendent parfois le récit un peu dur à suivre ; mais le rythme général de l'oeuvre reste justement, en général, particulièrement enjoué.
Elle ressemble un peu à une saga, un feuilleton, et pourrait, me semble-t-il, facilement donner lieu à scénario.

Ce roman lie avec une grande vivacité noirceur et incandescence. On y apprend beaucoup sur l'histoire italienne de l'époque. Je l'ai trouvé assez marquant, et le recommande.

Quelle joie?

5 étoiles

Critique de Peche07 (, Inscrite le 22 février 2006, 66 ans) - 23 février 2006

L'art de la joie... Ce beau titre accroche, nous laisse entrevoir un grand roman... la vie vécue, dense, la voie de la sérénité… Un volume épais, avec belle photo NB, jolie couverture rouge… Reconnaissons l’écriture et l’inspiration, ce livre a le mérite de sortir des sentiers rebattus de la nouvelle descriptive, l’auteur brosse une longue histoire, un portrait, une saga dans un environnement politique et historique très instructif.
Mais pour moi c’est le titre qui ne colle pas. Manque désespérément de tendresse.
A l’image de Modesta, l’héroïne, qui déjà manque de modestie. L’affaire est charmante tant que l’auteur nous le répète au fil des lignes. Hélas, là n’est pas son moindre défaut, cette fille manifeste un appétit féroce, sorte de mante religieuse, dévoratrice d’hommes et femmes qui (pour la seconde catégorie ) ne trouvent pas grâce à ses yeux. L’effet repoussoir est utilisé de manière quasi systématique. Qu’on se le dise Modesta est belle, sincère, cruelle et intelligente, comme dans les romans fleuves, ses comparses ne sont que des bêtasses mièvres, charmantes, perverses et stupides…. Ou trouvent leur lettres de gloire une fois mortes… comme cette pauvre Béatrice ! Si si, elle avait l’art de choisir la couleur des rideaux… Si ce n’est pas de la reconnaissance ça, venant de la bouche d’une femme!
Il va de soi que Modesta s'attache durablement les hommes de ses copines, filant la parfaite complicité dans leur dos… élève les enfants de ses amies, nourrissons posthumes ou dérobés, grand-mère séduisante et érotique par essence, toujours au premier rang ! D’ailleurs elle n’en est pas à ça près, elle qui, dans sa prime jeunesse a tué mère, soeur et grand-mère adoptive pour sauver sa peau. Bel exemple de résilience, presque un cas clinique…Sauf qu’au fil de ces 615 pages, l'émotion se fait attendre. J’ai dû connaître une Modesta, qui dévorait la vie avec ses dents trop aiguës, mais celle là, bien réelle en souffrait, en devenait infiniment plus attachante dans sa lucidité et ses doutes. Rien de cela chez notre héroïne. Si Goliarda Sapienza, au demeurant écrivain acharnée et sincère, était encore de ce monde je ne lui aurait posé qu’une seule question: pourquoi si peu de distance avec son héroïne ?
Il manque à ce livre le soupçon d’humour ou le recul qui aurait pu en faire un beau portrait de femme excessive, mais dense. Humaine. Au lieu de cela, cette Modesta toute amidonnée façon féministe, encalminée dans ses certitudes et ses principes, aussi originaux soient-ils, imperméable au doute… manque cruellement d’humanité et de crédit. Et ne survivra pas à ces 615 pages. On ne peut vivre sans tendresse… disait l’autre. Et c'est aussi valable pour les romans.

J'ai beaucoup aimé

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 31 janvier 2006

Je suis davantage de l’avis de Channe01 que de Philbd en ce qui concerne ce livre.

Tout d’abord je tiens à souligner que ce livre est totalement dominé par la sensibilité féminine du monde et des gens. Il est écrit par une femme et c’est une femme qui domine ce livre de la tête et des épaules. Les hommes n’ont ici qu’un second rôle.

Modesta, et je ne dis pas qu’elle a tort, est obsédée par l’état de la condition féminine de son époque et, selon elle, les ennemis de la femme sont autant les femmes elles-mêmes que les hommes. L’autre chose qui domine sa pensée c’est la continuelle dualité de la vie et là aussi elle a raison.

Elle vient de rien, a commis elle-même au moins cinq crimes, et elle va se retrouver dans le rôle d’une princesse. Et jamais l’ombre d’un remord d’avoir tué sa mère et sa sœur ou ses bienfaitrices du moment !… Et cette jeune femme va donner autour d’elle un tel bonheur, va transmettre un tel art de vivre que cela en est sidérant. Pourtant, l’époque qu’elle va traverser ne sera pas des plus facile. Il est vrai qu’elle a la chance d’être riche et de ne pas devoir travailler mais cela ne m’a pas énervé. Il y a tellement de gens qui, dans la même situation, font de leur vie un enfer ou vraiment pas grand chose ! Alors…

Elle a une personnalité hors du commun et sa morale ne tient qu’à elle. Elle aime qui elle veut, que ce soit un homme ou une femme, l’amour d’une amie ou non. Elle est très sensible aux joies du corps et même en prison elle n’oublie pas sa sexualité. Je suis d’accord avec Channe pour dire que le passage de la prison est vraiment un des tout grands passages du livre.

Dans ce livre les enfants se font un peu dans tous les sens et certains vont jusqu’à choisir eux-mêmes leur mère.

Il y a un côté panthéiste chez Modesta et les mœurs pratiqués ici font un peu penser à ceux de l’Olympe.

Il est vrai que ce livre a une centaine de pages de trop et que les pages écrites sous la forme de dialogue de théâtre sont un peu lassantes. Elles sont généralement réservées à des dialogues des enfants et nous ne les comprenons pas toujours très bien. Ils ont parfois des côtés hermétiques. Pour le reste, l’écriture de Goliarda Sapienza est vraiment superbe et pleine de finesse.

Oui, il y avait quelques longueurs, mais globalement je suis très heureux d’avoir lu ce livre qui m’a apporté de grands moments !

Je lui donnerais 3,5 et sans les longueurs cela aurait été 4 ou 4,5

épuisant....

2 étoiles

Critique de Philbd (, Inscrit le 1 novembre 2005, 66 ans) - 1 novembre 2005

Le premier tiers est prometteur , le parcours d'une femme qui se découvre forte , déterminée et sensible . un deuxième tiers qui nous porte et reproduit bien l'évolution des moeurs sociales et politiques de la Sicile du début du siècle. Modesta en Bertie Albrecht , Angela Davis , oui, cela se laisse lire . Mais ensuite , quel ennui !!! pourquoi ce changement de style si obscur ? pas eu l'envie de finir les 50 dernières pages . Sans regrets

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