Messieurs Ma, père et fils de Lao She

Messieurs Ma, père et fils de Lao She
( Er ma)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Jules, le 29 juin 2005 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 861ème position).
Visites : 5 402  (depuis Novembre 2007)

Que d'humour !...

Nous sommes aux alentours des années 1928. Monsieur Ma est un homme qui n’est pas très heureux de sa vie. Il habite Pékin avec son fils unique, Ma Wei, qu’il a élevé seul après le décès de sa femme. Monsieur Ma n’a qu’un rêve et une obsession : devenir fonctionnaire. C’est son idéal et aucune autre condition ne pourrait lui convenir. De toute façon, il convient aussi de dire qu’il n’est pas doué pour grand chose !… Il n’y arrive donc pas, malgré de très nombreuses tentatives et ne se gêne pas pour vivre aux crochets de son frère qui tient une boutique d’antiquités à Londres.

Et voilà qu’un jour il reçoit une lettre d’Angleterre lui apprenant qu’il est devenu propriétaire de cette boutique suite au décès de son frère. Il n’en est pas autrement ravi mais fait donc le voyage avec son fils avec l’idée que tout cela sera très temporaire et qu’il reviendra bien vite en Chine.

C’est le révérend Evans, ancien missionnaire à Pékin, qui l’aidera à s’installer en obtenant d’une jeune veuve d’une quarantaine d’années qu’elle lui loue deux chambres dans sa maison.
Cela ne fut pas facile car les Chinois ont plus qu’une très mauvaise presse en Angleterre. Ils tueraient les enfants, seraient très sales, cruels, hypocrites etc. Fréquenter de telles personnes revient quasiment à se mettre au banc de la société.

Commence alors un long apprentissage de l’Angleterre et des Anglais pour nos deux Chinois. Monsieur Ma n’entend rien au commerce, méprise totalement cette activité, mais heureusement son fils Ma Wei s’adapte beaucoup mieux que lui. Par chance, avec la boutique, ils ont aussi hérité de Li Zirong, jeune employé chinois du frère de Monsieur Ma. Lui, il sait ce qu’est le commerce et il l’apprendra à Ma Wei.

Monsieur Ma va devenir amoureux de sa logeuse, alors que son fils le deviendra de la fille de celle-ci. Arriveront-ils à quelque chose ?…

Ce roman est une description tantôt féroce, tantôt pleine d’humour, des différences qui existent entre les deux peuples. Lao She égratigne autant d’un côté que de l’autre et nous fait bien souvent sourire. Quant à Monsieur Ma, il est le parfait portrait du raté incapable de s’adapter tant il est bourré de conventions et de stéréotypes.

Un livre assez instructif dans lequel l’humour l’emporte. Il est très agréable à lire !

Il n’empêche, qu’à mes yeux, le grand roman de Lao Che c’est « Quatre générations sous un même toit » dans lequel, en trois volumes, il décrit l’occupation japonaise dans une partie de la Chine.

Malheureusement, je dois souligner que la traduction ne m'a pas semblée à la hauteur de l'auteur. Mais il n'empêche...

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Mésaventures de deux Chinois à Londres

10 étoiles

Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 20 novembre 2013

A la mort de son frère, Monsieur Ma entre en possession d'un magasin d'antiquités situé à Londres. Lui qui passait son temps à ruminer ses échecs professionnels entre deux verres d’alcools, le voici embarqué pour l’Europe en compagnie de son fils Ma Wei. Grâce à l'aide du pasteur Evans - car les Ma sont protestants -, nos deux Pékinois s'installent chez Mrs Window, veuve et mère d'une jeune fille aussi jolie que délurée. C’est alors la découverte de la capitale britannique et de la civilisation occidentale, si opposée aux valeurs chinoises. Mais on dit que l'amour n'a pas de frontières et lorsque les sentiments s'en mêlent, Messieurs Ma père et fils ont bien du mal à choisir entre cœur et tradition…

Dans ce roman jubilatoire, Lao She révèle l’incompréhension et le racisme qui séparent Orient et Occident dans les années 1920. Pourtant aucune rancœur ne transparaît au fil des pages ; le romancier a plutôt misé sur l'humour. Ces « diables d’Occidentaux » sont incarnés par des personnages hauts en couleurs, parfois même attachants. Mais c’est surtout le point de vue des Chinois qui retient l’attention: partagés entre le mépris et l’admiration pour les Britanniques, ils tentent tantôt de leur plaire, tantôt de les défier, sans jamais pouvoir s’intégrer à cette société aux antipodes de la Chine. A la croisée de ces deux mondes, on trouve Napoléon, le favori de Mme Window, qui n’est autre qu’un pékinois ! C’est d’ailleurs ce petit chien qui permet un rapprochement entre les logeuses et leurs locataires orientaux.

Lao She a lui-même vécu pendant plusieurs années à Londres. C’est avec un grand talent qu’il dépeint les beautés de la capitale, ses parcs fleuris, son brouillard automnal, sans oublier la frénésie qui s’empare des habitants à la veille de Noël. Mais en ces lendemains de guerre, l’Angleterre éternelle est bouleversée par toute une série de progrès, au rang desquels figure l’émancipation de la femme. Sous la plume de Lao She, même les situations les plus comiques donnent à réfléchir; elles interrogent sur les différences culturelles, mais aussi sur les sentiments humains dans toute leur universalité.

Mon préféré à date de Lao She

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 9 août 2008

Oui, ce livre est mon préféré de Lao She parmi ceux que j'ai lus. Rarement un livre ne m'a procuré autant de plaisir à sa lecture.

Cette fois, Lao She situe son récit à Londres et non en Chine. Jules ayant très bien résumé l'histoire je me limiterai donc à mes impressions.

Cette oeuvre est le troisième roman écrit par le grand écrivain chinois et elle est sublime d'humour et de dérision. Lao She, par le biais de ses personnages, décrit bien les préjugés et les jugements négatifs des Anglais envers les Chinois installés dans leur pays. Pour les Anglais, les Chinois sont tous des menteurs, des voleurs, des trafiquants de drogues et des assassins. Il est donc très difficile pour un Chinois d'épouser une Anglaise comme Monsieur Ma en fera l'expérience, lui qui est tombé amoureux de sa logeuse et désire s'unir à elle. Mais la société anglaise ne laissera pas cet amour s'épanouir et cette union se concrétiser. Lao She critique aussi vertement la Chine et ses habitants qu'il trouve passifs, paresseux et résignés contrairement aux Anglais qui sont travaillants, étudient fort et possèdent un savoir scientifique qui contribue grandement à la force de leur beau pays. La Chine est un pays grand mais très faible donc il est quasiment impossible pour un Chinois de se faire respecter à l'étranger. Lao She nous démontre aussi très bien les difficultés d'adaptation qu'un Chinois rencontre en venant s'installer en Angleterre que ce soit au niveau de la nourriture, des habitudes de vie et de la mentalité. Monsieur Ma en sera le parfait exemple, lui qui est constamment persécuté par des jeunes et se fait insulter et traiter de "chinetoque" lorsqu'il sort promener le chien de Madame Window.

Pour ce qui est des personnages, Monsieur Ma est attendrissant à l'extrême et Lao She en fait le plus grand oisif de tout Londres. Mais Monsieur Ma possède de nombreuses qualités : il désire profondément plaire et s'entendre avec tout le monde et cette qualité est poussée si loin qu'elle lui amène de nombreux ennuis. Ma Wei, son fils, fait de nombreux efforts pour trouver le bonheur en Angleterre mais il ne réussit qu'à souffrir de plus en plus et finira par prendre une grave décision. Madame Window et sa fille Mary sont des Anglaises typiques, aimant les robes et les chapeaux, tenant leur intérieur d'une impeccable façon et se souciant des convenances et des "qu'en dira-t-on". Et il ne faut pas oublier Napoléon, le petit chien de Madame Window qui a une place bien à lui dans la maison.

Je pourrais écrire longtemps sur ce livre sublime mais j'arrête ici en espérant que vous serez nombreux à lire ce bijou de la littérature chinoise qui m'a enchantée et a confirmé mon amour inconditionnel pour Lao She.

"Monsieur Ma était, à Londres, l'oisif numéro un ! S'il pleuvait, il ne sortait pas ; s'il faisait du vent, il ne sortait pas et, s'il y avait du brouillard, il ne sortait pas non plus. Sa seule activité consistait à alimenter le feu pour faire rougeoyer les flammes et, la pipe entre les dents, assis près de la fenêtre, il admirait à loisir les effets de la pluie, du brouillard et du vent. Les Chinois peuvent découvrir la beauté partout. Pour eux, elle est le résultat de l'association du spectacle extérieur et du sentiment créé par l'expression vivante de la beauté."

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