Petit miracle et autres essais de Barbara Kingsolver

Petit miracle et autres essais de Barbara Kingsolver
( Small wonder)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par Eireann 32, le 13 juin 2005 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
Visites : 4 863  (depuis Novembre 2007)

Les doutes d’une américaine.

Quand je m’étais inscrit sur ce site il y a environ 6 mois, j’avais mis ce livre parmi mes préférés, qu'en est-il aujourd’hui après une seconde lecture et une élection américaine ? Une phrase résume tous les essais rassemblés dans ce livre. «Peut-être pouvons-nous encore montrer au monde que nous valons quelque chose ».
Miracle, cet enfant iranien (ironie du sort) retrouvé vivant près d’une ourse, qu’est devenue l’ourse ? A-t-elle payé de sa vie d’avoir allaité cet enfant ? La parabole est frappante, la même parabole qui nous dirige via les médias. Barbara Kingsolver est lucide, les Américains sont «le gros frère» qui mange trop mais n’aide personne (ou si peu) ; pendant combien de temps le monde acceptera-il cela ? Elle écrit «Personne ne hait le Canada» peut-être ont-ils une certaine humilité et une retenue dans les affaires du monde ? L’écart se creuse entre les riches et les pauvres ? Une petite aumône pour le calme et un massacre de la planète en échange.
Barbara prêche pour l’égalité, mais les élections américaines sont passées par-là, une certaine utopie n’est plus de rigueur, les tenants de lignes pures et dures gouvernent. Mais il est nécessaire que des voix s’élèvent pour crier «casse-cou». Le respect de la nature est malheureusement la dernière préoccupation de l’Américain moyen. L’essai «Un coup de poing dans l’œil de Dieu» nous démontre comment les grandes compagnies américaines avec l’aide de certains gouvernements offrent des graines la première année, mais vendent les engrais et les pesticides ensuite, condamnant les pays pauvres en les rendant dépendants. Elle nous parle de son grand-père dans le Kentucky dont le festin pour Noël était une soupe d’huîtres et une orange, leur ordinaire était des produits des environs et non pas des fraises du Chili. Ses enfants ont droit aussi à leurs chapitres : adolescence, la vie en général ou les problèmes liés à la télévision, leurs tentatives d’élevage de poulets pour une vie plus proche de la terre.
Petites phrases : « Je suis devenue une passionnée de l’alchimie qui consiste à faire moi-même mon beurre et mon fromage, le beurre est un sport et le fromage un art » (il y a pourtant quelques artistes en Bretagne).
« En matière de génie génétique, je préfère mille fois que ce soit la morale qui oriente le programme que la logique du profit ».
De mes lectures de Barbara Kingsolver, ce recueil fut le premier (je remercie ma fille pour ce conseil, ainsi que pour la découverte pour moi de Paul Auster) et j’avoue que c’est celui que je préfère, malgré la très grande qualité de ses romans.
Un grand livre, par un grand auteur et une écriture simple donc très facile d’accès.

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Continuer à vivre malgré tout

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 26 décembre 2012

A travers ces textes, l'auteur tente de nous faire partager sa fierté de vivre dans un si grand pays que sont les Etats-Unis. Une grandeur qui ne tient pas uniquement à sa superficie et à la diversité de ses paysages, mais à cette grandeur définie par les idées et les aspirations de ses ancêtres lorsqu'ils fondèrent un pays dont les valeurs étaient la justice et la liberté. Oui mais voilà, elle constate que dans l'arrière cuisine de cette nation avide de réussite subsistent des êtres sans scrupules qui ne s'encombrent pas de ces valeurs. Les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué un électrochoc dans l'opinion publique, l'auteur tente d'analyser les phénomènes qui ont conduit à une telle catastrophe, de déceler les origines de cette violence inhumaine.

Les Etats-Unis se comportent comme des pingres quant il s'agit d'aider les pays en difficultés, leur aide est nettement inférieure à celle des pays comme le Canada, le Japon ou l'Autriche. Des nations qui ont intégré l'idée que leur contribution financière au développement des pays émergents pouvait permettre de faciliter les relations internationales. A moins qu'il ne soit possible d'implanter une base stratégique, de vendre des OGM ou d'obtenir l'exploitation de ressources naturelles, il est bien illusoire d'attendre que les Etats-Unis se montrent à la hauteur de leur puissance économique. C'est ce que déplore l'auteur entre autre, pendant que le Gros Frère (comme elle nomme son pays) se remplit la panse et aménage son arrière cour d'objets disparates et forcément essentiels, le monde entier se nourrit de poussière et d'images qui montrent le Gros Frère s'en payer une bonne tranche et jeter par la fenêtre tout ce qu'il n'a pas consommé.

L'auteur dénonce le consumérisme effréné pour mieux nous amener à saisir la nécessité de transformer nos attitudes afin d'acquérir une vision périphérique plus large sur le monde conjugué à tous les temps de la pensée écologique, une composante essentielle dans l'espoir qu'elle fonde en une société plus équitable et plus soucieuse du devenir de l'humanité dans son ensemble. D'ailleurs c'est autour de cette idée qu'elle a organisé sa vie familiale, dans sa maison située dans les Appalaches. Par la fenêtre elle peut contempler à loisir les paysages préservés des "artifices humains", une forêt vierge où ne s'élève aucune "architecture jolie ou non" mais seulement la poésie du gazouillement des grives et du silence majestueux des montagnes. Elle a bâti un univers loin des mirages d'une société qui ne se reconnaît que dans sa faculté à engloutir les nourritures terrestres sans discernement qui forme le socle de la pérennité de l'espèce humaine. Dans ce lieu, elle n'ignore pas l'immense privilège qui lui est octroyé, un privilège qu'elle chérit tous les jours, celui de savoir que la nature existe.

Une nature que certains scientifiques, aliénés aux consortiums agroalimentaires, bricole sans scrupules, conjuguant le profit avec la négation de la biodiversité.

Ces textes, qui composent cet ouvrage, sont autant d'hymnes à l'amour, à la vie et à la nature. Une profession de foi envers le respect de la diversité des hommes et de son environnement. Il nous faut ouvrir les yeux sur ce qui a défini notre présence sur cette planète généreuse (en écartant toutes les théories théologiques fumeuses qui ont fait long feu et n'ont fait que perpétrer des dissensions dans le cœur des hommes au point de les rendre sourds et aveugles au paradis présent chaque jour à portée de main) qui nous a accueilli en son sein et nous a materné jusqu'à ce que nous soyons en mesure de nous épanouir dans ses vallées, ses plaines fertiles et ses montagnes majestueuses.

Il y est aussi question de la famille à travers quelques textes magnifiques notamment ceux intitulés "lettre à ma fille" et "lettre à ma mère". Dans ces textes le cœur fond, se confond dans le labyrinthe de l'amour, révélant les non dits. Là tout est dit ou presque, dévoilé par un regard, un sourire, une virevolte inconsciente pour échapper à l'inéluctable désir d'affirmer dans un même souffle son attachement et sa liberté envers la personne aimée.

L'auteur nous dévoile sans détour la souffrance et l'humiliation ressenties après avoir été violée un jour sans nom, ce jour où le sol se déroba soudainement sous ses pieds. Après vint la lutte pour se reconstruire coûte que coûte, pour ne pas laisser les monstres détruire les rêves d'autrefois et faire front face à la culpabilité de ne pas avoir su empêcher cela. Continuer. Savoir que la vie est dure, surtout lorsque l'on croit qu'elle nous appartient pleinement.

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