Un policier historique et chinois

Je connaissais de nom Robert Van Gulik comme étant l’auteur d’une série de romans policiers se passant dans le moyen-âge chinois, ayant pour héros un juge de cette époque et qui résolvait de mystérieuses affaires criminelles. Un ami me l’avait recommandé comme étant intéressant et original. Ce n’est qu’enfin que je lis mon premier livre de cet auteur, dont j’en fais la présente critique, l’ayant sorti d’une des étagères de ma petite armoire où il attendait depuis déjà de longues années sans que je n’osasse le prendre, ayant toujours un autre titre plus pressé ou plus envie à lire que celui-là. Mais enfin, tout vient à point à qui sait attendre, et ce livre en particulier !

Donc, dans ce roman-ci, qui a paru quand même pour la première fois en 1965, donc plus tout jeune, on y retrouve le juge Ti Jen-Tsie et son assistant Tsiao Taï, qui arrivent à Wei-Ping, ville du district de Peng-Lai, province de Chan-tong, dans la Chine des Tang, « l’Empire Fleuri ». Dès leur accueil chez Teng Kan le magistrat local du district, ils sont confrontés à un crime, car l’épouse du magistrat appelée Lotus d’Argent est retrouvée peu après assassinée. Par qui, comment et pourquoi ? A cette mystérieuse affaire se mêle le suicide tout aussi mystérieux de Ko Tsé-Yuan riche négociant en soierie, que son associé Leng Tsien trompait et volait, ce dernier étant lui-même soumis au chantage de Kouen-Chan, habile cambrioleur de son état. Le juge Ti va donc avoir fort à faire pour débrouiller toutes ces affaires complexes et entremêlées entre elles, où interviennent de multiples personnages, l’épouse de Ko, une bande de malfrats, une prostituée, un peintre,….

Car l’impression qui ressort de ce livre une fois terminé, c’est que l’intrigue est à la fois embrouillée, complexe et subtile. Il fallait réussir à conduire tous les différents fils qui le constituent sans se perdre jusqu’aux conclusions finales. Ce que l’auteur a réussi avec maîtrise, je trouve. Au début de ma lecture, le style simple et l’histoire simple qui se présentaient à mes yeux ne me donnaient que peu d’intérêt. Pourtant, au fil de l’avancement de l’intrigue, mon intérêt se réveillait, et arrivé à la fin, j’étais tout à fait pris ! Mon jugement s’est donc révisé en cours de route, et maintenant, je peux dire que c’est une très bonne histoire. Outre l’intrigue bien conduite, on découvre une société très différente, aux mœurs bien éloignées des nôtres. C’est à la fois fascinant et rebutant. Une justice expéditive qui n’hésite pas à pratique la torture, les femmes y sont ou asservies à des rôles d’épouses et de concubines qu’on pouvait vendre et acheter ou des prostituées et des catins, l’adultère puni de mort, et toujours cet immense écart entre riches et pauvres. Le contexte sociologique ajoute ainsi son intérêt aux enquêtes criminelles du juge Ti.

À la suite du roman, il y a une postface où l’auteur explique son travail, comment il procède et sur quoi il s’appuie pour construire ses histoires policières se déroulant dans le haut-moyen-âge chinois. On y apprend donc que le juge Ti est un personnage qui a réellement existé à son époque et est connu en Chine comme modèle typique du détective, comme peut l’être un Sherlock Holmes chez nous, par ex. L’auteur a repris ce personnage pour le faire revivre à son époque et en faire le héros principal de ses romans. L’auteur est lui-même antiquaire et dit avoir étudié avant-guerre pendant une quinzaine d’années l’histoire et la langue chinoise et a vécu nombre d’années en Asie. Il a lu aussi de vieux romans policiers chinois. De tout ce bagage, il en a ainsi tiré la matière de sa série des Ti et d’autres du même filon.

Au final, un roman policier qui nous sort de l’ordinaire et très instructif par son côté historique.

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  Le Paravent de laque

  de Gulik, Robert van Guerbet, Roger (Traducteur)
  10-18
  ISBN : 9782264005977 ; 1,45 € ; 01/04/1984 ; 256 p. Poche

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