Le récit d'un retour dans la cité de son enfance

La maison des rêves ?! quel beau titre et quel beau nom pour un local qui pendant des années et des années a servi de lieu d’accueil, de rencontres, d’activités à des enfants.
C’était dans les années 70, 80, à la fin du siècle dernier, il y a longtemps pour certains, du temps de notre jeunesse pour d’autres.
C’était à Longjumeau dans l’Essonne, dans la ville où l’auteure a vécu enfance et jeunesse.
Dans cette maison des rêves, les enfants y venaient quand ils voulaient, ils y construisaient des projets et vivaient des jeux.
Les tours se sont élevés et on y trouvait des familles de toutes origines qui se côtoyaient, se parlaient, il y avait des immigrés mais aussi des personnes dont les parents étaient nés ici.
Les solidarités y étaient fortes.
L’auteure évoque son enfance, ses origines kabyles mais aussi ouvrières et militantes sociales avec des parents engagés pour la transformation sociale.
Elle s’est construite ainsi.
J’ai retrouvé dans ce récit des identités proches de celles que j’ai rencontrées au début des années 90 dans le Val de Marne.
La vie associative y était dense et active.
Elle permettait le brassage.
Dans ce parcours de vie qui a conduit l’auteur a faire des études de sociologie et de devenir journaliste attentive aux gens et aux évolutions, on réapprend l’histoire de ces quartiers « politique de la ville » qui sont restés de fait, en friches et en déshérence.
Tout est dans ce livre, le laisser-aller d’équipements indispensables, conduisant entre autres à la fermeture d’une piscine à bout de souffle et d’un hôpital « pas rentable » !
«On fait sauter des barres d’immeubles à grands coups d’explosif, les locataires sont en larmes, et ces images ouvrent les journaux télévisés. »
Quand une famille de locataires rencontre des problèmes de vétusté, de chauffage ou d’autres, il n’obtient ni une réponse ni un interlocuteur proche.
Les politiques laissent aller ou courir et comme l’horreur a horreur du vide, ce sont les trafiquants et dealers qui s’installent et font la loi.
Qui s’étonne de voir s’embraser la jeunesse de ces quartiers en octobre novembre 2005 ?
Ce livre passionnant est un diagnostic passionnant, inquiétant, mais juste de ces quartiers où vivait la diversité avec ses solidarités. Aujourd’hui « On est comme confinés ici, il y a rien. »

Jean-François Chalot

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  La Maison des Rêves: Une histoire des banlieues française

  de Hamadi, Nora
  Flammarion
  ISBN : 9782080456472 ; 21,00 € ; 17/09/2025 ; 256 p. Broché

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