Moscou ou Paris ?

Le Moscovite est un gros livre composé de trois volumes : Le Moscovite, Les Désordres Secrets, et Les Feux du Matin. Ça raconte les aventures d’Armand, un Français qui est arrivé à Moscou tout jeune au moment de la révolution française et qui est devenu Russe à cent pour cent. Mais quand en 1812 Napoléon et sa Grande armée ont envahi Moscou, Armand le Franco-Russe doit choisir son camp. C’est un personnage important, il parle parfaitement le français et le russe et les hommes de Napoléon le veulent avec eux. Mais pour les Russes, servir Napoléon serait un crime. Les deux pays sont en guerre, il ne peut pas être en même temps Russe et Français. Alors quand Moscou est en flammes, doit-il gagner Paris avec ses nouveaux amis français sous la protection de la Grande armée ou rester fidèle à ses amis russes et reconstruire la ville de Moscou incendiée ? C’est un choix cornélien auquel le lecteur va participer.

Ce serait dommage de raconter l’histoire, même en résumé, parce qu’elle est vraiment pleine d’aventures et de suspenses que le lecteur découvrira au fur et à mesure de sa lecture. Il ne pourra plus poser son livre, ça l’entraînera dans des aventures périlleuses, entrecoupées d’aventures galantes mais… n’en disons pas plus ! Disons seulement que ça risque d’entraîner le lecteur dans des veillées nocturnes trop prolongées et peut-être pas excellentes pour la santé…

C’est donc un grand roman plein de romance et d’aventures avec en toile de fond une page d’Histoire qui a marqué à jamais la France et la Russie. On serait alors tenté de comparer ce Troyat au Tolstoï de « La Guerre et La Paix » puisque dans ces deux livres la guerre c’est Napoléon et la paix c’est Moscou. Mais il ne faut pas comparer. Tolstoï a de ces envolées poétiques et de ces élans mystiques qui n’appartiennent qu’aux romanciers russes et son « La Guerre et La Paix » est un gros éléphant qui part un peu dans tous les sens. Troyat est de culture française, il est rationnel, son roman est parfaitement construit et les événements se succèdent suivant une logique infernale. Dans le livre de Tolstoï la paix est plus présente avec les festivités mondaines de Moscou, dans celui de Troyat, les événements et les personnages sont plus fortement conditionnés par la guerre mais le romanesque est toujours aussi bien présent. Enfin, il est très réjouissant de relever un point commun à ces deux auteurs, c’est la création des personnages : par exemple, la Natacha Rostov de Tolstoï et la Pauline Felardy de Troyat sont des personnalités tellement réelles qu’on reste sur l’impression de les avoir rencontrées pour du vrai.

Finalement, dans un genre d’écriture très différent, ces deux livres tiennent le lecteur en haleine du début à la fin et j’ai l’impression que le fait d’en avoir lu un devrait encourager tout lecteur à lire l’autre. Ils sont très différents, dans la forme autant que dans le fond, mais ce sont tous les deux des chefs-d’œuvre absolus de la littérature.

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  Le Moscovite: 1. Le Moscovite - 2. Les Désordres secrets - 3. Les Feux du matin

  de Troyat, Henri
  Flammarion
  ISBN : 9782081353251 ; 23,00 € ; 03/12/2014 ; 478 p. Broché

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