Fleurs de nuit de Peace Adzo Medie

Fleurs de nuit de Peace Adzo Medie
(Nightbloom)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Africaine

Critiqué par Débézed, le 4 septembre 2025 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans)
La note : 8 étoiles
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Femmes : l'avenir de l'Afrique

A Ho, au Ghana, deux cousines naissent le même jour, Selasi d’une mère commerçante ambulante et Akorfa d’une mère exigeante et ambitieuse qui a épousé un riche fonctionnaire. L’auteure, en deux récits parallèles écrits tour à tour avec le regard de chacune des deux cousines, raconte l’histoire de ces deux enfants, de leur famille commune et de leurs autres familles. Les deux fillettes sont fort différentes, Selasi est débrouillarde, entreprenante, peu apte aux études, c’est elle qui dirige le binôme, Akorfa, elle, est une fille douée intellectuellement, sa mère la pousse vivement à faire des hautes études, elle suit Selasi dans toutes ses entreprises même les moins sages. Akorfa, au grand dam de sa mère, est une suiveuse.

Habitant dans le même quartier, les deux fillettes sont très souvent ensemble jusqu’à ce que la mère de Selasi décède et que son père la confie à sa propre mère, matrone d’une large famille à la mode africaine, près de Lomé au Togo. L’entente est moins évidente entre les adultes, les sœurs du père d’Akorfa en veulent beaucoup à sa mère de profiter du salaire de leur frère qui devrait, selon la coutume, entretenir toute la famille. Les querelles des adultes retombent sur les enfants et Salesi accueillie chez sa cousine pour faire des études à Accra s’en fait exclure en raison de ses amourettes avec un de ses amis d’enfance.

Salesi en échec scolaire, mal aimée par sa tante, attirée par l’autre sexe, en rupture avec son mère, elle retourne chez sa grand-mère où elle entreprend un apprentissage professionnel. Akorfa, elle, veut, selon le souhait de sa mère qui n’a pas pu le devenir, faire des études neurochirurgie dans une célébré université américaine où elle n’est pas admise. Elle n’a pas le profil, la famille, les origines qui conviendraient, elle est tout de même acceptée à Pittsburg. Les deux filles qui se sont quittées lors d’un gros conflit familial, sont séparées presque définitivement.

Elles construisent chacune leur vie de leur côté, très loin l’une de l’autre : Salesi a ouvert un restaurant qui marche très bien jusqu’à ce que l’une de ses serveuses soit importuné par un ministre qu’elle ne connait pas qu’elle interpelle violemment en exigeant qu’il présente des excuses à sa jeune serveuse ne se doutant qu’elle ouvre ainsi une véritable guerre qui menace de tout emporter le restaurant, la famille, les enfants… Elle a épousé un jeune et brillant politicien qui est fortement impacté par cette guéguerre.

Akorfa a, elle, épousé un brillant cardiologue, elle a interrompu ses études de médecine pour se tourner vers les sciences politiques et ainsi pouvoir construire une vraie famille. Elle est employée dans un association humanitaire qui la paie comme une Noire et le poste prestigieux qui lui était destiné lui est refusé sous des prétextes fallacieux. En Amérique, le racisme n’est pas mort, il est encore latent dans de nombreux endroits, là où notamment se distribuent les hautes fonctions, les avantages et prébendes diverses. « Les Etats-Unis ne sont pas un pays où on arrange les choses, loin de là ».

Malgré l’hostilité qui les sépare et les familles qui ne font rien pour les réunir à nouveau, les deux cousines se rencontrent et apprennent à cette occasion qu’elles ont subi toutes les deux les affres du viol de la part d’un membre de leur famille commune. La douleur les réunit et les soude dans un nouveau projet de vie, dans une volonté de vengeance et de justice.

Dans ce long texte, Peace Adzo met en scène les familles africaines qui veulent vivre comme les Européens en se heurtant à celles que le maintien de la tradition arrange bien. Elle évoque les ravages de la corruption institutionnalisée, les défaillances du service de santé, de l’éducation, des équipements collectifs, des infrastructures territoriales, la désorganisation généralisée, … mais plus graves encore : la condition des femmes africaines qui assurent la vie quotidienne des familles et plus encore, le racisme des européanisés qui se pensent supérieurs aux autres et celui des Blancs d’Amérique et pas seulement des suprématistes. Elle dissèque aussi les rapports familiaux trop souvent conflictuels, trop souvent dictés par des intérêts pécuniaires et par les répercussions que tout peut avoir sur l’image de la famille aux yeux des autres. L’honneur de la famille prime sur tout même sur les pires abus commis en son sein.

Dans notre époque, l’avenir des Africains semble bien sombre même pour ceux qui tentent leur chance ailleurs dans ce qu’ils croyaient être des paradis.

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