Coeur de Thibault de Montaigu

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Coeur de Thibault de Montaigu

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 25 décembre 2024 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 274ème position).
Visites : 12 100 

une biographie familiale reconstruite

L'auteur est un écrivain connu et chevronné.
Celui-ci est singulier car s'il s'appelle « Cœur », il aurait pu avoir d'autre nom comme « mon père ».
Son père, parlons-en , est malade, il n'est pas à l'agonie mais il est en phase départ .L'auteur se rappelle de son géniteur, un homme brillant, volage, quelque peu absent et c'est d'ailleurs ce qu'il lui reproche.
Souvent au moment de la perte d'un ascendant, on regrette de ne pas avoir discuté longuement avec celui qui part ou qui est parti.
Thibault de Montaigu répond à la demande que lui fait son père : trouver une réponse sur l'énigme familial à propos du grand-père , mort héroïquement lors d'une charge de la cavalerie qu'il dirigeait au début de la grande guerre.
Il y a naturellement une première question c'est le pourquoi de cette charge suicidaire ?
D'autres questionnements arrivent : pourquoi cet homme de « bonne famille » a t-il interrompu pendant trois ans sa carrière militaire pour la terminer dans un acte héroïque, certes mais surtout désespéré.
Sa quête de vérité, biographique va conduire l'auteur très loin jusqu'au refond de la mémoire collective ou individuelle des enfants ou petits enfants de ceux qui ont côtoyé ce Louis de Montaigu.
L'écrivain sait bien nous attirer, nous intéresser, d'autant plus qu'il touche une fibre intime du lecteur, celui de la mémoire familiale, celle qu'on détient, qu'on recherche ou qui est caché dans ses propres ressentis.
Il interroge le passé, rappelle le sort de tous ces nobles, "bien nés qui ont dû finir par abandonner des biens trop couteux à entretenir.
Il ne les plaint pas, c'est la vie et parfois leur choix.
Par contre, il reproche à la troisième République d'avoir écarté certains anciens nobles, pourtant talentueux mais soupçonnés de ne pas être républicains !?
C'est sa lecture, en partie réelle mais partielle car dans sa phase de construction l'état laïque et républicain s'est retrouvé face à tous ceux qui rêvaient d'en revenir à l'ancien régime.
Mais là, je suis moi aussi partial!
C'est en tout cas un livre qui ne nous est pas indifférent mais proche, même si on est « roturier » !

Jean-François Chalot

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Plus et mieux qu’une saga familiale

8 étoiles

Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 84 ans) - 6 octobre 2025

Cœur est le roman biographique d’une famille sur plusieurs générations dans son milieu social restreint. Qui donc était Louis, le glorieux hussard de 1914 menant la charge ultime pour se fracasser contre le feu allemand ? Comment Hubert l’orphelin va-t-il assumer la Croix de guerre remise à son père décédé prématurément ? Dans quel but le séduisant et fantasque Emmanuel emmuré dans une sombre fin sous le regard attristé de son fils Thibault le contraint-il à rassembler les bribes de ces vies antérieures ? Il s’agit bien pour lui de comprendre leur sens caché afin de les transmettre à ce jeune Tadzio de la cinquième génération.
Dans un style littéraire de grande qualité Thibault de Montaigu offre un récit sensible et tout en finesse. Par petites touches d’allers-retours entre passé et présent il met en relief la mentalité de vieilles familles désargentées de province où la culture de l’honneur devait rester érigée en valeur suprême. Comme il ne manque pas de le souligner ces familles ont perduré par la force des femmes, épouses et mères restées seules et droites si vite capables de prendre le relai, d’assumer le rôle principal, d’élever des enfants en s’obligeant à entretenir pour eux des valeurs devenues désuètes au vu d’une société chamboulée autour d’elles.

Cette question des secrets abordée sous le terme savant de psychogénétique taraude aujourd’hui nombre de familles. A l’opposé de l’atavisme ancestral accepté comme une fatalité son impact philosophique renverserait-il la notion du libre arbitre ? A l’héritage biologique des gènes parentaux, à celui de la diffusion sociétale des mèmes culturels, les neurosciences ont émis l’hypothèse d’une transmission inconsciente d’événements souvent traumatiques accumulés à travers les lignées de générations successives, lesquels agiraient comme un conditionnement forcé sur le destin des suivantes.

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