Jacaranda de Gaël Faye
Catégorie(s) : Littérature => Francophone

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Une guérison impossible !
Milan est né de l'union d'un français et d'une rwandaise. Il vient de rentrer en 6ème et un jour ses parents accueillent chez lui un petit garçon noir. Il apprendra plus tard que Claude est le frère de sa mère. Ces deux petits vont sympathiser mais très vite , Claude va repartir. Quel est son secret ? Pourquoi Claude a-t-il une large blessure à la tête.
Voici le premier contact que Milan, métis "blanc" va avoir avec ses origines maternelles. Ces deux garçons se reverront au Rwanda et, effaré , catastrophé, horrifié, Milan découvre le massacre de 1994.
Intéressé par cette histoire, ce retour au génocide de 1994, je me passionne pour ces victimes et pour cette période de réconciliation impossible.
Quant au titre de ce livre , c'est une énigme...attendez la fin du livre, ce sera bien assez tôt.
C'est l'histoire d'une famille et surtout d'un pays, d'un peuple qui cherche à se reconstruire, sans oublier mais en essayant de panser ses plaies encore béantes.
Le début du livre coule doucement avant que peu à peu une angoisse saisit le lecteur qui très vite est pris dans un suspense qui respire l'authenticité dramatique.
Jean François Chalot
Les éditions
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Jacaranda [Texte imprimé], roman
de Faye, Gaël
B. Grasset
ISBN : 9782246831457 ; 20,90 € ; 14/08/2024 ; 288 p. ; Broché
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Une société de défiance à jamais

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 89 ans) - 1 août 2025
Le jeune Milan est le narrateur et le livre est construit en suivant la chronologie de ses déplacements entre l’Europe et l’Afrique. Au Rwanda, il est à la recherche de sa famille et fait la connaissance du pays à travers les personnages qu’il rencontre. Le génocide est évoqué par les rares rescapés Tutsis qui acceptent de témoigner lors de séances de mémorisation. Parfois des récits plus personnels sont obtenus en famille après de multiples sollicitations. Et puis il y a dans la famille une ancêtre qui, elle, raconte un siècle d’Histoire du Rwanda. Avec ça nous sommes au courant de ce qui s’est passé.
On reproche souvent à l’Histoire d’être racontée par les vainqueurs. Ici, c’est l’Histoire racontée par les victimes et il n’est pas dit qu’elle soit plus objective pour la cause. Les raisons du génocide ne sont pas très claires. Les Tutsis sont d’anciens nomades arrivés au Rwanda il y a plusieurs siècles. Ils sont éleveurs, ils sont minoritaires mais plus cultivés et dominateurs. Les Hutus sont là depuis plus longtemps, ils sont plus nombreux et sont cultivateurs. Mais on apprend qu’autrefois, du temps de la royauté, quand le roi donnait du bétail à un Hutu il devenait Tutsi. Alors, faut-il croire finalement, que le génocide avait des raisons plus sociales que ethniques ? Depuis les siècles de cohabitation, les ethnies se sont tellement mélangées qu’elles sont complètement dissoutes l’une dans l’autre. On se demande alors à quoi ils se reconnaissent. Mais il n’est pas question de chercher ici les raisons du génocide, ce n’est pas l’objet du livre.
L’objet du livre est de montrer comment se passe la vie au Rwanda aujourd’hui. Les rancœurs sont tenaces ; du côté Hutu on regrette de ne pas avoir « terminé le travail », comme ils disent. Du côté Tutsi, la haine couve encore et le goût de la vengeance entraîne à commettre encore bien des crimes. C’est très curieux, ces communautés vivent ensemble, parlent la même langue, fréquentent les mêmes lieux mais la haine qui les anime est plus tenace que jamais. On a choisit son camp pour toujours et on se définit par ce qu’on est : Hutu ou Tutsi.
Mais pourtant, il n’y a aucun machisme dans ce récit. Il y a bien sûr les bons et les mauvais, les massacreurs et les massacrés. Mais l’auteur nous montre, sans aucune grandiloquence, qu’il y a eu des gens des deux côtés qui se sont conduits en justes, et qui aujourd’hui pardonnent et veulent la réconciliation. De nouvelles amitiés arrivent à se nouer mais elles sont rarissimes et l’auteur nous dit regretter qu’il y ait désormais au Rwanda « une société de défiance à jamais ».
Ce livre a un accent de vérité et de vécu qui en fait un témoignage absolument exceptionnel en même temps qu’une histoire remarquablement bien racontée. Et tout ça dans une écriture agréable au possible, avec des dialogues qui font mouche, sans digression inutile et sans jamais de longueur ennuyeuse. C’est une magnifique page d’Histoire d’un pays qui, Dieu sait pourquoi, nous est cher, en même temps qu’un excellent moment de lecture qu’on ne sera pas près d’oublier.
Retour dans un pays où il n'est jamais allé

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 72 ans) - 25 février 2025
La mère de Milan, née au Rwanda, ne racontera jamais rien sur son pays et ne répondra jamais aux questions de son fils.
Milan ressentira le besoin d'aller dans ce pays, pour comprendre, pour rencontrer les membres de la famille de sa mère.
Après avoir découvert la ville, es quartiers, il va à la rencontre, des modes de vie, des traditions, de sa famille maternelle. Il finira par s'installer dans ce pays. Difficile de dire si c'est le manque de réelles racines qui le fait rester pour se construire des racines ou s'il a un souhait inconscient d'une forme de rédemption par rapport à ce qu'a vécu son oncle maternelle.
Le roman propose plusieurs situations : celui qui est à l'étranger et n'a pas vécu ce qui s'est passé dans ce pays dont il est partiellement issu, celui qui a été déchiré entre le pays en guerre et un pays en paix, celui qui est resté dans ce pays durant tout le conflit. C'est aussi comment le pays va se reconstruire, comment les victimes et les bourreaux, maintenant obligés de se côtoyer, vont réussir à se reconstruire, comment certains, conscients d ce qu'ils ont commis, cherchent à se racheter.
C'est donc un foisonnement de situations à travers des personnages très bien esquissés mais pour lesquels l'auteur laisse des parts inconnues, permettant au lecteur de s'interroger.
Une écriture agréable, sans prétention, laissant au lecteur la place pour ses propres réflexions.
Le passé durement dévoilé

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 58 ans) - 4 décembre 2024
En 1998, Milan part au Rwanda avec sa mère qui doit accomplir des démarches administratives et qui n’est plus revenue dans son pays depuis vingt-cinq ans. C’est alors qu'un coin du voile commence à se lever sur le passé de sa famille...
Que de détours pour enfin découvrir les vérités du passé tant le silence est lourd ! Gaël Faye décrit bien le poids de cette chape de plomb et les séquelles des massacres dans les cœurs et les têtes, dans les relations et les comportements.
Un roman dense, poignant dans ses témoignages, qui permet au lecteur de prendre la dimension humaine, à hauteur d'homme et de femme, du génocide.
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