Je ne sais pas écrire et je suis un innocent de Gabriel Lindero

Je ne sais pas écrire et je suis un innocent de Gabriel Lindero

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sahkti, le 17 décembre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 6 étoiles
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Un regard différent sur Cuba

Gabriel Lindero est un pseudonyme, celui d’un journaliste français voulant écrire pour raconter Cuba tout en préservant, dit-il, sa famille qui vit là-bas d’éventuelles pressions ou représailles. Il est responsable d’une chronique littéraire pour un quotidien parisien.
C’est en 1993 qu’il part pour Cuba, l’envie de rejoindre un ami proche qui a épousé une cubaine. Gabriel Lindero a depuis toujours la manie d’écrire tout et rien sur de petits bouts de papier, des carnets disséminés ça et là.
A son arrivée, Cuba a sombré dans le marasme économique depuis trois ans, lâché par l’oncle soviétique et en proie à l’arrivée de touristes affamés de soleil pas trop cher. La désillusion est cruelle pour de nombreux Cubains, la population se résigne, le socialisme vacille mais ne rompt point. Il n’hésite d’ailleurs pas à renier certains de ses grands principes afin d’accueillir au mieux la manne de devises que représentent tous ces touristes providentiels. Les investisseurs débarquent, tout comme la prostitution organisée, la répression qui s’y colle et le départ de nombreux cubains vers l’exil, peut-être pas celui qu’ils pensaient.

C’est ce petit monde que Gabriel Lindero observe, d’un regard extérieur un brin curieux. Il tombe amoureux d’une jeune fille issue de famille modeste, Pilar, et apprend ainsi à partager le quotidien de ces Cubains fauchés victimes d’un idéalisme qui les abandonne peu à peu. C’est noir, voire désespéré, mais Lindero tente de rattraper le coup comme il le peu, à l’aide d’un humour un peu grinçant. Il apporte également une touche émotionnelle et poétique avec les apparitions de son grand-père décédé, descendant lui tenir compagnie de temps en temps. Gabriel a fait à Pilar la promesse de la sauver de ce désastre, il tiendra parole.

A travers ces pages, c’est un visage de Cuba ô combien réel mais aussi méconnu, voire volontairement caché, qui est livré aux lecteurs. pas de ciel azur et de plage paradisiaque ici mais la réalité de la pauvreté, de la politique à outrance, de la corruption et de la précarité. Le regard de Gabriel est neuf, curieux, par moments naïf, il aide à comprendre et apercevoir ces petits détails de la vie de tous les jours que l’on ne soupçonne pas. Pas de militantisme annoncé ou de dénonciation violente, il s’agit d’une histoire, un roman pourrait-on dire, le récit d’un homme qui découvre un pays et tombe amoureux de ses habitants. Un homme privilégié, n’ayant jamais connu la misère, débarqué d’Europe avec des idées belles et bien faites et qui se trouve confronté au désespoir d’un peuple et à la dérive d’un pays. Pas toujours facile à encaisser.

Le récit tient la route, le portrait est interpellant. Dommage que parfois, Gabriel Lindero oublie de ranger son ton feutré et bien-pensant de journaliste pour ne pas laisser parler davantage son cœur et ses tripes, cela aurait été bien meilleur pour une prise de conscience nécessaire et brutale.

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