La muse rouge de Véronique de Haas

La muse rouge de Véronique de Haas

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Homo.Libris, le 26 mars 2024 (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans)
La note : 5 étoiles
Visites : 249 

enquête d'entre-guerres

Avis mitigé sur ce roman.
Si on considère ce livre comme un simple polar, il se hisse à un bon niveau, nettement supérieur aux productions des meilleurs vendeurs du moment (Bussi, Chattam, Beuglet, Minier, Giebel, etc.). Bien construit, de manière linéaire, mais maîtrisée, intercalant les différentes intrigues ; bien écrit, style fluide et agréable, même si l'ensemble manque de dynamisme ; l'enquête criminelle et le développement des différents sujets classiquement rapportés. Un internaute a évoqué "Rouletabille", effectivement nous sommes assez proche de Gaston Leroux ou Charles Exbrayat, sans doute plus élevé. Seuls reproches, les digressions ennuyeuses sur la vie privée de certains personnages (notamment les démêlés amoureux de l'inspecteur) qui n'apportent rien ni au romanesque du livre, et encore moins à l'intrigue, les nombreux clichés "bien-pensant" directement transcrits de notre époque, et le manichéisme outrancier des personnages. Les bons sont vraiment bons, les méchants sont vraiment méchants, et on sait vite qui est qui, et de quel côté penche le coeur politique de l'auteur. Hélas, même à cette époque, tout n'était ni tout noir ni tout blanc. Donc, à part ce parti pris évident, un roman parfait pour le train, la plage, etc.
Mais voilà, l'auteur (dans les avertissements, remerciements) et l'éditeur (quatrième de couverture) semblent vouloir élever le récit au niveau supérieur du "roman historique" utilisant l'intrigue policière comme filtre de l'observation et de la compréhension des multiples facettes de la société de l'époque (presque sic !).
Et là, le bât blesse. L'auteur a fait, indéniablement, un important travail de recherche bibliographique ; preuves, les nombreuses notes de bas de page reposant sur des références sérieuses (notes qui, contrairement à certains lecteurs, ne m'ont pas gênées, au contraire). Gros effort également sur la transcription des différents parlers de l'époque dans les dialogues - malgré quelques fautes regrettables pour un "professeur de lettres" : "échanger" pour "discuter, converser, dialoguer, etc." (en 1920 !), "un investissement hors norme" (il y a des normes dans l'investissement dans une enquête policière ?), etc.-. Mais toute cette documentation est restituée sans une profonde connaissance historique de l'époque, ce qui se traduit par un quasi copié-collé des sources bibliographiques, sans aucune nuance romanesque, et de nombreux anachronismes : en 1920, parlait-on vraiment de "tueur en série", de "garde à vue", de "scènes de crimes" ; les inspecteurs de police étaient-ils équipés de "gants de latex réglementaires" ? ; et finalement, la police scientifique était, en 1920, beaucoup moins avancée que ne semble le penser l'auteur ; le seul laboratoire était à Lyon (celui de Locard)... Donc ratage complet sur ce plan !
Alors, prenons ce livre pour ce qu'il est, simplement un petit polar sympathique sans prétention !!!!

PS : un bouvier est un meneur de boeuf (équivalent du berger pour les ovins), pas un abatteur de bovin ; une bouverie est une étable à boeufs, l'unité d'abattage dans un abattoir est un bouvril (CNRTL).

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