La Pierre et l'ombre de Burhan Sönmez

La Pierre et l'ombre de Burhan Sönmez
(Taş ve gölge)

Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient

Critiqué par TRIEB, le 22 janvier 2024 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 7 étoiles
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TURQUIE DEVOILEE

Burhan Sönmez est un écrivain kurde écrivant en turc. Il a joué un rôle important dans la défense de l’écrivaine Asli Erdoğan, exilée de son pays pour cause de dissidence et de censure. Il a été également président de Pen International, association en charge de défense des droits des écrivains à l’échelle internationale. Son roman : « Maudit soit l’espoir » explorait les aspectes sombres de l’âme humaine, et l’avait révélé au public en Occident.
Le point de départ du roman La pierre et l’ombre est la description de la vie d’un certain Avdo. Il est marbrier, fabrique des pierres tombales, habite sur le site du cimetière où il officie. Il aime son métier et n’est nullement effrayé par la nature de son activité : « Son métier de marbrier de pierres tombales n’a rien de morbide, au contraire. »
Par une nuit glacée, Avdo recueille une petite fille apeurée, elle se nomme Rehan, elle est apparemment en fuite. Pour quelles raisons ?
Au fil du roman Avdo découvre les liens véritables qui le lient à cette jeune fille : elle est ainsi la nièce d’Elif, une femme qui a été l’amour de la vie d’Avdo. Mais bien au-delà de ce cimetière et de la description du sort de ces personnages, c’est toute l’histoire de la Turquie moderne et ancienne qui défile sous les yeux du lecteur. Ainsi, l’auteur Burhan Sönmez évoque-t-il les changements nombreux intervenus dans l’histoire de la toponymie des noms des localités du territoire turc : « Lorsque le sultan Mehmed le Conquérant s’empara de la ville, il transforma l’église en mosquée, comme il l’avait fait avec Sainte-Sophie à Istanbul. Avdo donna ensuite d’autres exemples de villes où il avait vu des marbres chrétiens incorporés à l’architecture de sanctuaires musulmans. »
D’autres observations sont énoncées par ce marbrier extraordinaire, à propos de la guerre ou de la juste croyance : « Maintenant ,imagine que quelqu’un déboule au coin de la rue et qu’il tire sur la foule, eh bien ce n’est pas ça , et s’il va plus loin et tue d’autres gens dans d’autres rues, ce n’est toujours pas ça , mais s’il massacre toute la ville et qu’il entre dans les maisons des morts pour voler leur or et leurs filles et qu’il y trouve du plaisir, alors, c’est ce qu’on appelle la guerre . »
On trouve dans le roman de nombreuses allusions au passé de la Turquie, à ses attitudes vis-à-vis de ses courants spirituels, tels que les Alévis, des mentions biographiques d’un leader étudiant, au cœur du mai 68 turc. Écrit sous la forme d’un conte à épisodes et à lieux distincts, ce roman ne laisse pas de nous enchanter et de faire revisiter le passé et le présent d’un pays, la Turque, aux multiples visages et aux interrogations reformulées sur le vif.

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