Le Grand Cercle de Maggie Shipstead

Le Grand Cercle de Maggie Shipstead
(Great Circle)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Monocle, le 14 décembre 2023 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 578 

Ouhhh qu'il est long le cercle !

LE GRAND CERCLE de Maggie Shipstead "Presses de la Cité 2023 - traduit de l'anglais US 2021" 816,- pages

Marion (Marion) et son jumeau Jamie, âgés de deux ans, sont sauvés de la noyade du paquebot que commande leur père. Ce dernier à l'encontre de toutes les règles de la marine abandonnera son navire pour sauver ses deux enfants. Un fois à terre, il devra confier les enfants à leur oncle débonnaire pour purger une lourde peine à SING SING pour son acte jugé sévèrement.
Les enfants grandissent livrés à eux mêmes. Jamie est un sensible qui ne rêve que de croquis et de dessin, Marian, elle, ne rêve que d'avion.
Mais nous sommes dans les années 30 et la place d'une femme n'est pas aux commande d'un avion, alors cette fillette rusera pour arriver à ses fins.
La guerre tombera à point pour les femmes. La pénurie d'hommes leur donnera une chance d'accéder à des postes dont elles n'oseraient rêver en temps de paix. Et cette jeune femme pourra entrer dans l'aviation anglaise pour du transport d'appareil à vide. Qu'importe, elle vole et plus seulement sur des appareils légers, mais aussi des gros porteurs qu'elle doit conduire vers d'autres destinations stratégiques.

Toutes les guerres ont une fin et laisse ses stigmates. La mort de son jumeau au combat, et celle de Ruth son amie, son amante et sa muse. Marian s’effondre. Comme chantait Barbara " Soudain elle s'alanguit, elle rêve et elle frissonne. Elle tangue, elle chavire, elle va, elle vient, elle vire, elle tourne et elle se traîne.
Et puis elle retrouve Eddy, veuf de Ruth. Lui aussi éploré et ensemble ils décident de se confondre dans un vieux rêve : le tour du monde.
Les stocks de l'armée regorgent de zincs que la guerre mourante a vomi. Ils ont l'embarras du choix pour commencer leur dernière étape.

Il m'a fallu un mois pour venir à bout de cette brique. Des pages qu'il faut lire et relire. Un exercice épuisant.
Un exemple pris au hasard :
" C’est surtout des maisons. Et, quand tu penses aux maisons, quand t’y réfléchis vraiment, tu trouves pas qu’elles sont trop bizarres ? C’est des boîtes dans lesquelles on se range et on range nos affaires, des boîtes en forme de manoir Tudor et des bunkers chic en ciment de seigneurs de guerre comme celui-ci et des navettes spatiales modernes en verre, des dômes géodésiques et des vitrines lisses et brillantes. L.A., c’est des vieux tas délabrés et mystérieux au sommet des collines, des haciendas empaquetées dans du bougainvillier, des maisons bien proprettes et de plain-pied de style Craftsman, des petits machins en adobe à toit plat avec des barreaux aux fenêtres, des cabanes de surfeurs, des cabanes à came, des cabanes de vieux mecs ronchons démarcheurs s’abstenir, des cabanes patchouli ornées de drapeaux de prière et dont les fenêtres rougeoient à travers un bout de tissu indien comme si à l’intérieur se trouvait le cœur battant de tout. C’est les tentes des SDF amassées sous un échangeur routier, le lierre qui pend de l’échangeur comme un rideau de perles. C’est les ordures qui tournoient dans le vent chaud et sec, nichent dans un ficoïde au bord de l’autoroute. C’est l’éventail dansant blagueur et sautillant des arrosages automatiques sur les pelouses. C’est le tchac tchac des sécateurs et le bruit sourd des citrons qui tombent des branches lourdes, éclatent sur le trottoir et pourrissent sous une nuée d’abeilles. C’est l’épuisette bleue qui glisse placidement au bout du bras d’un jardinier qui, coiffé d’un grand chapeau de paille, manœuvre avec la grâce d’un gondolier. C’est l’herbe qui meurt de soif et de grandes bermes de lauriers-roses en fleur vénéneux et archi-durs qui poussent au milieu de l’autoroute, séparant ceux qui vont vers le nord de ceux qui vont vers le sud, la lave du champagne, et c’est les cactus, yuccas, aloès, agaves, succulentes gorgées d’eau ayant des noms tels que doigts bleus, horizon bleu, reine de la nuit, queue d’âne, empereur pourpre, bâtons de feu, joubarbe à toile d’araignée, haworthie à bande, flamme de feu, plante porcelaine, lis du Mexique, collier de perle, dame peinte. Je veux que Redwood sache tout cela. (Mais sérieux, a-t-il répété, genre tous les anges ?) Je veux qu’il sache que Los Angeles est un vent du désert qui souffle sur le jardin du paradis. Qu’il comprenne que je suis un empereur pourpre et une dame peinte et que : tout. est. si. succulent. Voilà ce que je lui ai dit, et il a répondu oui. Oui, exactement. Et j’ai cru apercevoir un point froid de lumière, comme une étoile mais pas une étoile qui venait de lui, qui venait de nulle part. " sic.

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