Le Bois Duncton de William Horwood

Le Bois Duncton de William Horwood
(Duncton Wood)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Froidmont, le 2 novembre 2023 (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 32 ans)
La note : 9 étoiles
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Sentir et faire sentir

Gloire à la tradition et la superstition ! Quelle taupe oserait par le malheur frappée ne plus croire en la Pierre, la laisser sans prières ?
Approchez-vous de moi, taupes du dernier mois et venez écouter la légende contée qui ira de Duncton passant par Uffington jusqu’au glacial Siabod qui en est l’antipode, la légende guerrière du grand Brin-de-Fougère qui chassa du pouvoir deux tyrans des plus noirs, qui fit face à la mort tant de fois, triste sort ! mais la légende aussi de l’amour d’une vie et le plus pur qui soit avec sa Rébecca. Vraiment, mes tout petits, le Brin de ce récit vaut tant par sa hardiesse qu’il vaut par ses prouesses ce que dit la chanson du glorieux Séneçon !
Et dans cette légende, la taupe révérende, la plus sainte de toutes, soit dit sans aucun doute, Boswell le lumineux, Boswell le bienheureux, dernière taupe blanche qui vécut sous nos branches, découvrit grâce à Brin au fond des souterrains la septième et dernière silencieuse pierre.
C’était, mes chers enfants, il y a bien longtemps …


Un merveilleux roman où est mis en avant un retour salutaire aux grands us séculaires. C’est antiprogressiste et traditionaliste. C’est un des principaux emprunts dans le propos fait à la fantasy. On y retrouve aussi des sources médiévales, ce qui est bien normal car l’auteur est anglais et semble bien marqué du poids des traditions de sa grande nation. Bien que la seule idée de voir concrétiser le fond de ces romans, chansons du bon-vieux-temps, me fasse assez frémir, j’admets avec plaisir que c’est un terreau sain où de tout petits grains dans sa fertilité donnent grandes forêts que j’arpente avec joie.

Et la joie était là ! D’abord joie de le lire, car, il faut bien le dire, c’est plutôt bien écrit ou du moins bien traduit, si l’on met de côté, rares mais usitées, des phrases qui dérangent, à la syntaxe étrange. Est-ce une volonté de « médiévaliser » ou quelques maladresses, traduction que l’on presse ? Puis joie de déguster l’originalité de transposer l’épique sans l’anthropomorphique dans un monde animal où l’on combat le mal. Et pour finir la joie de suivre avec émoi une grande aventure où meurtre et imposture, frisson, danger, angoisse, combat, piège et menaces me font prendre inquiétude aux moments les plus rudes ou livrée de bonheur quand s’égayent les cœurs. Mais c’est surtout pour moi, le summum de la joie, un amour d’univers envers ces taupinières qui me faisait tourner d’une lenteur pensée chaque petite page, traîner dans les parages, car je voulais rester un peu plus connecté avec cet univers. Quand la page dernière au soleil d’un mardi m’a clamé « c’est fini », j’ai eu tout à la fois le chagrin et la joie.

Si je devais vous dire, si je devais élire un passage du livre qui m’a fait le mieux vivre et le mieux partager une émotion vraie (car c’est là, à mon sens, entraîné dans la danse, comme en pure harmonie avec tout le récit, que doit nous amener le meilleur romancier), ce serait sûrement le moment terrifiant où la peste frappa. J’ai senti tout en moi d’abord un inconfort, puis s’éleva alors une angoisse à deux voix, celle en première fois de la taupe malade, mourant sous ses arcades, celle du survivant, désœuvré et errant, sans foyer où rentrer qui ne soit infecté ; cette taupe impuissante qui voit que sa parente va partir sans pouvoir y rien faire, y surseoir, c’est tout le désespoir qui pousse Brin à croire quand il avait perdu la foi qu’il avait eu ! J’étais taupe en ce bois autant qu’humain chez moi.

Je me sens un peu triste d’en achever la piste. Et même si je sais qu’Horwood a publié cinq autres gros romans sur ces réseaux charmants, la barrière des mots les fait univers clos pour mon maigre savoir. Encore un désespoir ! Mais si quelque éditeur, par goût ou par bon cœur, voulait qu’on le traduise et menât l’entreprise, je serai des premiers à l’aller acheter !

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