Un rôle qui me convient de Richard Russo

Un rôle qui me convient de Richard Russo
(Straight Man)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Heyrike, le 19 novembre 2004 (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 298ème position).
Visites : 5 541  (depuis Novembre 2007)

Cinquante ans, et après ?

Pris dans les turbulences de la cinquantaine, Hank traverse une sale période. Directeur contesté du département de lettres de l'université de Railton, il doit en plus faire face à la situation explosive qui y règne depuis que des rumeurs de coupe budgétaire ont envahi les couloirs. Hank est pressé par le doyen d'établir la liste noire des futurs candidats à l'éviction, tandis que ses collègues, croyant qu'elle existe déjà malgré ses dénégations, ne cessent de le harceler pour en connaître les noms. Mais Hank n'entend pas être la victime des intimidations des uns et des autres, et préfère louvoyer aussi longtemps que son sens de la dérision humoristique lui permettra d'échapper à l'obligation d'assumer ce type de responsabilité.

Surtout que certains événements ont récemment suscité une désagréable sensation de délitement dans son existence et des certitudes dont, jusque là, il ne semblait pas avoir connaissance. Outre les doutes qui l'assaillent sur la fidélité de sa femme, il doit consoler sa plus jeune fille qui connaît un déficit sentimental et financier (son mari vient de la quitter) et se préparer au retour de son père qui l'a abandonné alors qu'il n'avait que 10 ans. Hank ne cesse de se débattre dans une confusion de sentiments la plus totale, qui virent parfois à l'irrationnel. Et même s'il parvient encore à endosser les rôles qui lui conviennent qui, sans qu'ils soient forcément en prise avec sa vraie nature, lui servent souvent de paravents derrière lesquels il lui est facile de se préserver des individus plus sûrs de le connaître lui qu'ils ne se connaissent eux-mêmes, il semble que cette fois-ci rien ne peut lui en venir en aide. Ne lui reste plus qu'à fuir quitte à emprunter les chemins de détour voire les faux plafonds. Ajouter à cela un problème de canalisation qui le fait terriblement souffrir et rend son irrépressible envie de pisser impossible, au point de lui faire perdre tous ses moyens et de provoquer une série d'angoisses terribles lorsqu'il s'imagine le calcul énorme qui bloque son petit tuyau ou pire encore un cancer qui s'en prendrait à ce qu'il a de plus intime.

Un excellent roman dont l'écriture sincère et sensible nous fait partager les affres d'un homme qui doit faire face, à son corps défendant, aux aléas du temps qui passe et dévore inéluctablement les dernières parcelles de jeunesse qui lui reste. Les dialogues sont savoureux et les situations cocasses sont rehaussées par un humour qui fait mouche à chaque fois.

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Les éditions

  • Un rôle qui me convient de Richard Russo
    de Russo, Richard
    10-18 / domaine étranger
    ISBN : 9782264034892 ; 5,90 € ; 29/08/2002 ; 430 p. ; Poche
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Oui.

9 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 19 février 2018

Tout est dit dans le titre. William H. Devereaux (junior, toujours un peu dans l’ombre de ce drôle de père) est professeur ainsi que directeur du département de lettres d'une petite université de Pennsylvanie.
Il s’y passe toujours quelque chose ; les élèves et les enseignants vivent baignés dans une onde de conflits, les couples se défont puis s’étiolent. Les rancoeurs s’accumulent puis explosent, les amis d’hier deviennent ceux que l’on évite aujourd’hui.
Russo est toujours aussi bon mais cette fois il plonge dans l’univers de Roth et Auster avec une pointe d’humour en plus.
Le monde universitaire est décortiqué avec gaieté et une bonne dose de sarcasme.
Quel bonheur que cette littérature américaine qui nous change de la pesanteur benoîte en vogue chez les éditeurs francophones.
Lisez Russo, Rash, Dreiser, Scott Fitzgerald, Hustvedt, Irving… et les autres. Un puits sans fond de bonheur, bien écrit.
Bien lire c’est bien vivre.

Un bon roman sur la crise de la cinquantaine

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 40 ans) - 22 novembre 2014

Lire Richard Russo est une assurance contre l'ennui. L'assurance de passer un bon moment de littérature. Un rôle qui me convient est le cinquième roman que je viens de lire de cet auteur et à chaque fois le plaisir était au rendez vous. Cependant ce roman tranche avec ses prédécesseurs, notamment par le ton employé, proche de celui de Jonathan Coe, cette touche d'humour teintée de nostalgie, de mélancolie propre à l'écrivain de Birmingham.

Ici Russo se détache de la crise américaine, des petits patelins paumés et oubliés du rêve américain pour le milieu universitaire américain à travers la vision d'un homme loin d'être ordinaire : William Henry Devereaux, fils, professeur de littérature et accessoirement, du moins pour lui, directeur provisoire du département de lettres d'une petite université américaine.
Ce personnage haut en couleur ne laisse pas indifférent : drôle, sarcastique, intelligent mais parfois lâche, pitoyable, voir pathétique, des rôles qui lui conviennent, vit ce que l'on appelle tout simplement la crise de la cinquantaine. Les personnages secondaires, grande force des romans de Russo, sont une nouvelle fois bien creusés et apportent de nouveaux souffles salvateurs dans un récit qui auraient pu s'enliser mais qui évite le piège.

Pour résumer : un bon roman, drôle, efficace qui place Richard Russo, du moins pour moi, comme une valeur sûre. A lire !

Ce pourrait être Bacri

10 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 20 octobre 2005

William Henry Devereaux a cinquante ans, et est directeur par intérim du département de lettres d'une petite université de Pennsylvanie. Il s'est construit un réseau de solides inimitiés, tout autant qu'il inspire de vives amitiés : il ne sait jamais lui-même ce qui va sortir de sa bouche, ayant élevé l'art de la répartie moqueuse au rang de seul réponse possible. Il charrie tout et tout le monde, et on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. C'est le genre de personnage hyper attachant qu'on déteste autant qu'on l'aime. Dans un imbroglio de possibilités quant à l'avenir bureaucratique de son université, il décide sur un coup de tête de menacer de tuer une oie par jour tant qu'il n'obtiendra pas son budget pour la rentrée prochaine. Cela sera fortement médiatisé, et ses journées seront extrêmement remplies, entre ses cours, ses parents, sa fille et ses problèmes de santé....

430 pages de pure ironie, qui expriment en même temps aux petits oignons l'atmosphère d'un certain milieu, et ne se dérobent pas quant aux questions existentielles de la cinquantaine. Le plus admirable étant vraiment la vision d'ensemble qui parvient à se dessiner derrière les petits actes de chacun. Pas une ligne n'est à sauter, je suis totalement sous le charme de la plume de Richard Russo. Caustique et bon enfant, je l'imagine ricanant et débordant d'amour... Quoi de mieux ?!...

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