Triste tigre de Neige Sinno
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Neige Sinno et le monstre
Entre 7 et 14 ans, la petite Neige fut violée régulièrement par son beau-père. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno arrive à écrire enfin le récit déchirant de ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte son texte raconte, son histoire d'enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger.
Elle commence par le portrait du bourreau plutôt que d'elle, la victime : "Le bourreau, en revanche, c’est autre chose" écrit-elle "Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l’idée de ce qu’on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s’approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu’il ouvre grand la bouche. Ça, c’est vrai que c’est fascinant." Et l'auteure d'ajouter "Même moi, qui ai vu cela de très près, du plus près qu’on puisse le voir et qui me suis interrogée pendant des années sur le sujet, je ne comprends toujours pas"
Le texte au delà des faits entraîne dans une réflexion puissante. Cette confession porte autant sur eux et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est aussi une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour s'en sortir et se dire la narratrice a dû interroger d’autres textes, d’autres histoires : Nabokov ("Lolita"), Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol permettent de raconter ce qui s'est passé dans la tête du bourreau qui lui a fait connaître la nuit et le mal pour la laisser ensuite et au mieux, toujours à la frontière des ténèbres et du jour.
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Les éditions
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Triste tigre [Texte imprimé] Neige Sinno
de Sinno, Neige
Folio
ISBN : 9782073115799 ; 9,00 € ; 14/08/2025 ; 288 p. Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Vivre avec le viol
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 54 ans) - 9 décembre 2025
Puis, quand j’ai ouvert la première page, je compris de suite de ce quoi il sera question dans ce livre, dès le titre du premier paragraphe, qui saute brutalement aux yeux : « Portrait de mon violeur ». Pour une entrée en matière, c’est violent ! Et les premières lignes qui suivent le confirme bien : il s’agit du récit d’un viol, de viols répétés, d’un beau-père sur un enfant (la narratrice du livre), de son vécu, de ses conséquences, de son analyse du particulier vers le général et retour, avec renvoi à beaucoup de références littéraire et artistiques, Virginia Woolf, Vladimir Nabokov, Toni Morrison, Charlotte Pudlowski, Claude Ponti…
Intéressant. On comprend à quel point subir un viol ou des viols dans son enfance marque celui ou celle qui l’a vécu, et cela par bien des façons auxquelles on ne pense pas. Ainsi, respirer une certaine odeur, entendre, lire certains mots peut faire resurgir le traumatisme. Il se retrouve aussi dans les rêves nocturnes. En réalité, on ne se débarrasse jamais vraiment du souvenir du viol, qui colle toute sa vie à la peau, à la pensée, à son moi intime. Ce qui ne signifie pas que ce soit permanent et la plupart des victimes de viols apprennent à vivre avec et n’y pensent pas constamment. Mais c’est une marque indélébile, qui ne s’effacera pas. En somme, même si on surmonte le traumatisme du viol et qu’on parvienne à avoir une vie sociale normale, y compris sexuellement (les victimes de viols peuvent devenir de tout à fait bons parents à l’âge adulte), ils portent tous en eux cette part de l’indicible qu’ils ont vécu dans leur chair, et qu’on n’aperçoit pas quand on les croise dans la rue, au bureau, au magasin, etc. Le viol est une destruction de l’intime, et il faut ensuite le reconstruire ou vivre avec cette destruction. Certains n’y arrivent pas et s’effondrent, ont une vie saccagée, dévorée par le viol. Statistiquement, les victimes de viol ont plus de « chances », comparée à une population « normale » d’avoir des maladies, des accidents, d’avoir des problèmes de drogue ou d’alcool ou de se suicider…. Mais ils ne deviennent pas tous des violeurs à leur tour, loin de là !
Neige Sinno, qui est passée par là et qui a ce vécu, nous le raconte bien mieux que tout ce que j’en pourrai résumer, dans ce bouquin « Triste tigre », qui m’a fait découvrir bien des choses. Le texte n’est pas très structuré, l’auteur l’a écrit à peu près comme ça vient, mais je trouve que ça ajoute de la fraîcheur au contenu. Oui, clairement, intéressant. À lire si on s’intéresse à cette thématique, et moi que ça n’intéressait pas forcément, Neige Sinno a su m’y intéresser facilement et sans effort. Je lui tire mon chapeau bien bas. Bravo à elle.
Tout ça pour ça
Critique de Sonic (, Inscrite le 22 juillet 2022, 41 ans) - 19 août 2025
Ce livre fut peut-être trop médiatisé au point qu'on en attend quelque chose de concret et profond. Il comporte deux parties, la seconde semble une sorte d'analyse psychologique voire psychanalytique faite par elle-même mais finalement redondante et inutile puisque dans la première partie elle évoquait déjà Lolita ou les textes de Woolf. Elle en cite un autre où une fillette de 5 ans demande elle-même un cunni à un adulte. J'ai eu peur qu'elle arrive à la bibliographie de Cohn-Bendit...
Les passages sur sa biographie sont étranges vu qu'elle ne se souvient pas si les viols ont commencé à 7, 8 ou 9 ans. De même, elle ne sait pas si ses premières règles ont eu lieu à 14 ou 15 ans. Elle écrit le mot viol à toutes les pages mais il faut attendre la fin du livre pour qu'elle parle d'inceste. Je ne crois pas avoir lu le mot pédocriminel. On lit, on lit et ça devient assez ennuyeux.
Quand le témoignage devient roman
Critique de Critique (Trets, Inscrite le 9 novembre 2004, 65 ans) - 3 juin 2024
Analyse du viol d'une petite fille
Critique de Jordanévie (Le Muy, Inscrite le 27 septembre 2022, 50 ans) - 24 mai 2024
Elle fait référence à plusieurs ouvrages tel que Lolita pour comparer ou bien appuyer ses dires.
Comprendre ce qui se passe dans la tête du bourreau c'est peut-être aussi une forme de thérapie pour s'en sortir. Comprendre ne veut pas dire excuser, ni dédouaner le Monstre.
Témoignage qui me fait penser à une analyse bien construite de son propre viol pour ne pas inverser les rôles. La victime n'est en aucun cas coupable. Le violeur doit être le seul responsable de son ignominie.
Neige Sinno a subi un viol à perpétuité car il était répétitif et a laissé des séquelles irréparables.
Oui on peut se reconstruire mais le passé et les sévices restent immuables, inchangés.
Neige Sinno et la syntaxe
Critique de Blue Cat (, Inscrite le 4 septembre 2018, 61 ans) - 3 mars 2024
Forums: Triste tigre
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