Bandes réfléchissantes de Mario Alonso

Bandes réfléchissantes de Mario Alonso

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 19 avril 2023 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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Comment faire un aphorisme

Mario, je l’ai découvert dans son précédent P’tit cactus, « Lignes de flottaison », il est français d’origine ibérique, « Les Espagnols m’ont appris le sens du ridicule, les Français l’art de la moquerie. Avec ça je suis paré. », et joliment paré. Dans son nouveau recueil, il revient sur cette double culture qui compte beaucoup dans sa construction personnelle et dans son art de l’écriture. « L’Espagne aura occupé une partie de ma vie, l’autre étant la poésie ». Cette biculture est certes un avantage certains, même si ironiquement je pense, Mario dit vivre ça comme une contrainte : « La difficulté quand on a deux pays, c’est d’accepter de détester les deux ».

Dans le présent recueil, il poursuit l’œuvre commencé dans le premier : très nombreuses et très belles trouvailles, traits d’esprit d’une grande finesse, sentences renversantes, ..., mais pour ce commentaire j’ai d’abord retenu qu’il consacrait une large place à l’écriture, aux écrivains et surtout aux aphorismes et à l’art d’en inventer. Il lance une pique un peu vacharde, mais peut-être méritée, à l’adresse de certains écrivains un peu trop prolifiques de la langue : « Certains écrivains parlent plus qu’ils n’écrivent » et Mario connaît le secret pour éviter ce travers : « Le secret : écrire moins qu’on ne peut ». Et c’est ainsi qu’on produit une belle littérature qui respecte le « moins possible » de l’aphorisme et la gourmandise du lecteur : « Commençons par dire que la littérature c’est souvent trop et jamais assez ».

Mario est un grand amateur d’aphorismes, il en crée et en invente des quantités jamais trop copieuses, à mon goût, dans ce recueil, il donne plutôt dans le raccourci, la formule fulgurante que dans les jeux de mots. Il n’a aucun mérite, « J’ai fait aphorisme première langue » précise-t-il. Pour lui la formule de l’aphorisme est très simple et très concise : « Délicat + terrible = Aphorisme ». « Un aphorisme ne doit pas forcément avoir le tranchant de la sentence, le velours d’un baiser mortel ça marche aussi ». et, j’oubliais, Mario est aussi un grand poète.

Il a par ailleurs sa vision personnelle du monde, il sait bien qu’« Il faut de tout pour faire un monde qui ne marche pas » et que « Nous sommes les rejets de la nature ». Il lance aussi ce petit avertissement à ceux qui gouvernent ce monde en panne : « Quand on méprise le monde on ne perçoit plus l’immonde ». Je crains qu’il ne soit pas entendu.

Mario, il peut dire ce qu’il veut, moi j’ai lu ce que j’ai voulu lire et je dis ce je pense avoir saisi même s’il a lui aussi un avis sur cette question : « Je peux toujours écrire ce que je veux, vous lirez ce que vous voudrez ». Voilà un auteur qui a bien compris que ses lecteurs croient toujours que l’auteur a écrit ce qu’eux pensent et ainsi lui prêtent des intentions qu’il n’avait même pas imaginées. Donc si vous me suivez, vous ne savez pas forcément ce l’auteur a voulu dire ! Une seule choses est sûre, c’est souvent très drôle !

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