Edie, la danse d'Icare de Véronique Bergen

Edie, la danse d'Icare de Véronique Bergen

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 16 avril 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 10 étoiles
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Edie Sedwick par Véronique Bergen

Les gens s'amusent à dire qu'une hirondelle fait le printemps, Véronique Bergen prouve le contraire par son « autobiographie » apocryphe d’Edie Sedwick. Le lecteur comprend très vite qu’il existe derrière elle quelqu'un qui tire le rideau de brume comme le fil bleu des hirondelles.

Chez Edie Sedwick celui-ci s’appelle un père. Celle qui fut la reine des nuits new yorkaises, princesse de la Factory, fut brûlée par la démence d’un père richissime, cynique et psychopathe. Elle a hérité de son argent mais surtout - telle une nouvelle Zelda Fitzgerald - de sa folie. Elle reste plus que cette dernière une icône. Son histoire fut racontée dans un superbe film indépendant « Ciao ! Manhattan » de John Palmer et David Weisman ( dans ce film testamentaire, au côté de Sedwick, s’y retrouvent Allen Gingsberg, Isabel Jewel, Baby Jano Holer, Christian Marquand et Roger Vadim entre autres).

Véronique Bergen en reprend l’esprit en mettant en parallèle et par l’écriture les moments de gloire de l’égérie et son inévitable chute dévastatrice (elle prit fin une semaine seulement après le tournage du film. Le mannequin vedette s’est brûlée le corps et le cerveau dans une furie addictive sans limite. Chantée par le Velvet Ungerground, Patti Smith, Lloyd Cole et bien d’autres, sa légende perdure. Sedwick le reste le symbole de la contre-culture orchestrée par Warhol. Véronique Bergen montre à travers elle le cynisme d’une société où une fois de plus la femme est mangée par son image : « Pour laver mon sang de descendante de psychotiques, je le noie dans la coke et l’héro, j’embarque ma ménagerie autiste dans de fabuleux shoots. Un speedball toutes les deux heures réussit à éclaircir les idées caillées que mon père a déposées en moi » dit la narratrice. Mais c’était peine perdue.

Dans l'éblouissement intense du lyrisme Véronique Bergen évoque le vertige des abîmes de celle qui perdue dans son dédale et sa solitude ne pouvait que se quitter, n’étant qu’un va passagère noyée de son étrange lumière noire comme une ombre clandestine. Véronique Bergen évoque le poids des héritages qui fit de sa vie une tragédie lourde de couronnes d'épines?. Ce livre déterminen une débâcle annoncée, la dépense de vie lorsque plus rien n'est possible mais que quelque chose avance encore selon la nudité irrévocable d’un vide qui ne pouvait être comblée à l’image de la piscine à sec où Sedwick finit par se terrer.

Jean-Paul Gavard-Perret

Message de la modération : §2 et 3 partiellement repris de la présentation éditeur

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