Daniele Buetti Maybe You Can Be One of Us de Institute Swiss

Daniele Buetti Maybe You Can Be One of Us de Institute Swiss

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Arts (peinture, sculpture, etc...)

Critiqué par JPGP, le 23 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Danielle Buetti : les états critiques

Dans une même image Daniele Buetti (né à Fribourg, Suisse en 1955) fait passer de l’ombre à la lumière. Du cœur de l’obscur surgissent divers messages sous forme de larmes étincelantes un rien kitsch et des messages étranges. L’œuvre est protéiforme. L’artiste ne cesse d’y « inciser » le corps à coup d’arabesques et de signes griffonnés sur des photographies de top modèles tirés les journaux de mode hauts de gamme. Ces opérations relèvent de l’écriture automatique et du gribouillage enfantin. Elles semblent le fruit de gestes automatiques, sortis de l’inconscient.

Pourtant c’est bien plus compliqué qu’il ne semble. Ces intrusions intempestives pratiquées sur les fragments de corps glamour provoquent un trouble. Elles mêlent fascination et répulsion, beauté et cruauté.

L’artiste rappelle que les marques à la mode sont devenues notre peau. Nous les affichons comme autant de signes de reconnaissance. Mais par extension Daniele Buetti considère les icônes païennes contemporaines comme des substitutions à la religion Les figurines de Saints ont été remplacées par les top-modèles. Elles trônent en objet de dévotion sur les présentoirs de kiosques à journaux. Il y a donc fusion et confusion entre beauté, sacralité et commerce. Ce dernier fait croire que la sophistication du luxe sauverait le monde…

Face à cette mise en scène institutionnelle les dessins en surimpression du plasticien créent des motifs à l’identité floue. Ils oscillent entre ornementation, tatouage rituel, scarification et souillures. Les images du luxe intéressent Daniele Buetti moins pour des raisons esthétiques que pour leur portée socioculturelle. L’artiste prouve à travers elles la prégnance des médias sur notre esprit et notre mode de vie. L’identité y est formatée. Leurs virus inoculent une sorte de vide absolu. L’artiste propose son contrepoison. Ses travaux (dessins, vidéos, installations) montrent la précarité de qui nous sommes.

Sous le grotesque affiché des égéries apparaît une forme larvée de violence et de destruction. La lumière reste centrale. Elle demeure pour Buetti le plus magique des médias mais fait de nous ses papillons. L’artiste récupère ce pouvoir pour subjuguer mais surtout afin de nous confronter avec des phrases et des questions qui tourbillonnent autour des top-modèles : « Avez-vous déjà pensé au suicide ? », « Regarderiez-vous une exécution capitale à la télévision ?», « De quoi vous sentez-vous coupable ? ». Derrière le kitsch crémeux se cache donc une réversion de la fascination. Sous le fétichisme des apparences l’artiste pose la question de notre propre sens. C’est tout autant une manière d’échapper au marketing affectif mondialisé.

Jean-Paul Gavard-Perret

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