Baselitz : Ausstellung fondation Beyeler de Carl Schulz-Hoffmann

Baselitz : Ausstellung fondation Beyeler de Carl Schulz-Hoffmann

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Arts (peinture, sculpture, etc...)

Critiqué par JPGP, le 18 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 6 étoiles
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Martin Schwander : les envols de Baselitz

Dans la permanence du dialogue entretenu par Georg Baselitz entre peinture, sculpture, gravure et dessin, ce dernier demeure un espace privilégié d'expérimentations pour les valeurs ontologiques et scripturales du trait et de la couleur à l'épreuve des ressources propres ou associées du crayon, de l'encre, du pastel ou de l'aquarelle. Dans le passé de l’artiste les dessins sont rarement de grands formats, mais plus l’œuvre avance et plus les formats deviennent immenses. Et dans certaines de ses aquarelles, la couleur liquide envahit ou préserve les espaces des réseaux graphiques échafaudés à l'encre, s'insinue entre les arrêtes vives du dessin. Elle révèle ou habille les espaces de la composition, accentue enfin la gravitation des sujets par de larges aplats. Même si la pensée et les temps du faire diffèrent entre dessin et peinture, il y a - comme toujours chez lui - interpénétration, jeu de reflets et d'inversions dans la dialectique des médiums et des gestes : tendus ou fluides, opaques ou diaphanes.

Trois thèmes majeurs peuvent être associés à son œuvre. Une iconographie des icônes du réalisme socialiste soviétique et quelques figures historiques comme Lénine ou Duchamp, Le second sujet revêt une dimension autobiographique. Il expose le peintre et son épouse dans une succession de doubles portraits. Et enfin l’artiste propose diverses figurations de l’animalité. A la fulgurance de l'encre et de l'aquarelle, de jour en jour, voire d'heure en heure, Baselitz adjoint la répétition et la combinaison de ces sujets à leur habituel retournement. Il en multiplie les points et les axes de symétrie dans la composition. Les « sujets composés » ainsi obtenus offrent d'un dessin à l'autre autant d'espaces et de possibles réitérés. Ils confèrent de nouvelles implications à son projet initial.

En ce mouvement perpétuel d'interrogation des enjeux de la représentation du réel et de la pratique picturale, le retournement des sujets inscrivent l’artiste au cœur de l'histoire des conventions et des révolutions artistiques. Appliqué à partir de 1968 pour la réalisation des œuvres ou leur présentation au public, Georg Baselitz définit cet engagement antagoniste comme « le meilleur moyen de vider ce que l'on peint de son contenu » pour « se tourner vers la peinture en soi ». Il ajoute : « le fait de renverser l'image me prouva que la réalité est l'image », « l'objet peint à l'envers est utilisable pour la peinture parce qu'il est inutilisable en tant qu'objet ».

Jean-Paul Gavard-Perret

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