Cahier Echenoz de Johan Faerber

Cahier Echenoz de Johan Faerber

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 11 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 88 

Spectres avec ou sans rédemption : Jean Echenoz

Par sédimentations, comme par vignettes condensées Echenoz, de Zatopek à Gégard Fulmard, raconte l'histoire d'histoires grandes ou petites. Point ou peu de psychologie : l'auteur montre comment les corps "fondent" d'une manière ou d'une autre. D'où ce qui est le plus important : le romans échenien nous fait douter de tout ce que nous avons appris et que nous croyons savoir. Toujours en mouvement de telles fictions se déplacent et leurs lecteurs et lectrices leur emboîte le pas. Preuve que la fiction met bien en jeu les corps et les objets (moyens de transport mais pas seulement).

Retirant de ses romans tout aspect de saga Echenoz ne garde que quelques éléments majeurs. Ils ne sont pas a priori les plus signifiants mais ils font la force du livre, ses espaces de tension, ses lignes souterraines indices de l’inconnu d’une histoire dont on croyait tout connaître. Mais on se trompait. Comme les héros de l'auteur parfois se trompent eux-mêmes. Si bien que Echenoz joue d'un nouvel alphabet où bée l'alpha comme l'oméga dans des débandades ramassées. Ce cahier de l'Herne en dessine divers passages même ceux où "arrogammant" (néologisme de Echenoz) l'auteur écrit une audio-vision de la guerre par le rythme des phrases et leurs ellipses.

Déstabilisant l'intégrité romanesque tout homo habilis prend chez l'auteur un cadrage particulier comme en léger surplomb pour nous suggérer qu'il pourrait être nous-mêmes mais demeure l'étranger qui interpelle en ses inter-loques. Le tout avec humour pour exhausser de tels "exemples obliques". Dès lors comme l'écrit Christine Marcandier en des situations - faits divers ou guerre - Echenoz devient un envoyé des plus spéciaux. Et ce en des constructions architecturales grammaticales où les phrases parfois énumératives rassemblent des déchets d'un monde que l'auteur sauve par l'ironie dont la présence de Fulmard plus que celle de Zatopek est un indice. Mais il n'est pas le seul.

Ce cahier de l'Herne est donc remarquable. Mixant comme toujours textes inédits, approches universitaires (Rabaté, Viart) et visions de créateurs contemporains (Gérard-Titus Carmel, Florence Delay) il montre comment Echenoz a renouvelé le roman à travers objets et corps, silhouettes plus ou moins anonymes qui posent la question de l’appartenance, l’apparentement et de la désappropriation. Bref lieux, objets, situations deviennent des reliques très particulières. Chaque indice est la fable de la perte plus que celle d’un lieu ou d’un temps là où la fiction en ses bleus aux corps nous habille d'étonnements.

Jean-Paul Gavard-Perret

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Jean Echenoz [Texte imprimé] ce cahier a été dirigé par Johan Faerber
    de Faerber, Johan (Directeur de publication)
    l'Herne / L'Herne
    ISBN : 9791031903569 ; 33,00 € ; 21/09/2022 ; 240 p. ; Broché
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Cahier Echenoz

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Cahier Echenoz".