Erewhon de Samuel Butler

Erewhon de Samuel Butler
(Erewhon)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par ALF, le 6 octobre 2004 (Ondres (40), Inscrit le 13 mars 2004, 43 ans)
La note : 4 étoiles
Visites : 3 702  (depuis Novembre 2007)

La Genèse Du Meilleur Des Mondes

Il ne l’a jamais caché. Il l’a même revendiqué. Aldous Huxley, auteur du désormais classique «Le Meilleur Des Mondes», n’a que très rarement oublié de rappeler l’admiration qu’il portait à Samuel Butler, auteur majeur de la littérature d’outre-Manche, connu pour son rejet de la société et sa plume particulièrement fine bien qu’extrêmement pessimiste. Très vite, l’histoire racontée dans «Erewhon» (anagramme de Nowhere) fascine le Royaume-Uni. On y narre le voyage et les diverses péripéties d’un jeune sujet de Sa Majesté, qui après avoir franchi une chaîne de montagnes se retrouve pris au piège d’une contrée inconnue et plutôt étrange. Notre curieux explorateur se révèle immédiatement charmé par l’incroyable beauté des habitants, leur étonnante forme physique et surtout l’absence curieuse de maladie, de religion et d’avancée technologique. Il découvrira bien vite l’envers du décors, le malaise et la pourriture d’un univers où la laideur est bannie et la maladie, même bénigne, punie par la mort. En dépit d’une idée de départ plutôt enthousiasmante quoique maintes fois reprise depuis, l’auteur britannique s’enfonce progressivement dans une mollesse générale (voir notamment les longueurs du passage réservé aux banques musicales), ce qui finit malheureusement par grandement discréditer les aspirations d’un roman peut être trop en avance sur son temps. De plus, si le récit et le but final d’«Erewhon» tendent à se rapprocher d’un certain «Les Voyages De Gulliver», il n’en possède hélas pas le rythme et encore moins cet aspect ludique si primordial qui avaient permis à l’irlandais Jonathan Swift de cacher astucieusement son dégoût de l’espèce humaine et sa haine des institutions alors en place. N’oublions pas toutefois que ce roman ne s’avère être en réalité que le premier jet d’un auteur iconoclaste et talentueux qui n’atteindra sa plénitude que bien plus tard, avec la publication posthume de l’aussi sublime que corrosif «The Way Of All Flesh». Plus que l’histoire et la qualité du récit, on retiendra avant tout l’apparition d’un genre nouveau (1872), qui connaîtra son heure de gloire au milieu du 20ème siècle grâce notamment au génie d’un certain George Orwell. A conseiller uniquement aux fans ultimes de romans d’anticipation, à ceux qui désirent savoir où tout à commencé…

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