Faut-il dire la vérité aux éléphants ? de Karel Logist, Robert Varlez (Dessin)

Faut-il dire la vérité aux éléphants ? de Karel Logist, Robert Varlez (Dessin)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 2 août 2022 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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La vérité se distribue avec parcimonie

Je ne connaissais pas cet auteur avant de lire ce recueil mais il ne m’a pas fallu beaucoup de temps avant d’éprouver une certaine empathie avec lui. L’exergue qu’il a choisi m’a tout de suite mis dans les meilleures dispositions pour ma lecture, en effet, un auteur qui, se citant lui-même, écrit : « Toute définition de l’aphorisme rend son auteur infréquentable » ne peut que donner envie de le lire, de le lire vite. Je n’ai pas été déçu car, dès la première page, j’ai noté quelques aphorismes du meilleur cru, pleins de lucidité, d’esprit et d’humilité : « Le poète ne cherche pas ses mots, il les rencontre ». Celui qui cherche n’est qu’un besogneux, le talentueux est celui qui est spontanément inspiré. J’ai aussi beaucoup aimé celui-ci : « Vieillard volage, il trompait le temps avec une jeunesse qui n’était plus à lui » qui m’a séduit non seulement par sa finesse d’esprit mais surtout par la manière dont l’auteur l’a rédigé. Je pourrais aussi en rapporter de nombreux autres qui m’ont particulièrement ravi mais je me contenterai de ne citer que quelques exemples car ils sont trop nombreux à m’avoir épaté et il serait inconvenant de ne pas en laisser la primeur aux lecteurs.

Mais comme « A l’impossible, nul ne renonce », j’en proposerai encore quelques-uns particulièrement inspirés pour leur mettre l’eau à la bouche : « On a beau accusé son âge ; le vrai coupable court toujours. », « Avant de vouloir tout arrêter, si nous arrêtions de tout vouloir ? », ce joli paradoxe entre l’avance et la ponctualité : « Il avait beau être en avance sur son temps, c’était quelqu’un de très ponctuel. » et cet autre entre la richesse et la vacuité : « Il avait acquis un certain train de vie, dont les compartiments restaient vides ».

Mais je ne pourrais clore cette chronique sans citer celui-ci qui contient une pointe d’humour vachard comme j’aime bien. Ce n’est pas spécialement la mise en cause de la profondeur de la pensée de BHL que je n’ai jamais analysée, qui m’a fait rire mais surtout sa comparaison avec la profondeur savamment étudiée du débraillé de son col de chemise. . « Ce qu’il y a de vraiment profond dans la pensée de BHL, c’est l’échancrure de ses cols de chemise ». Trop drôle !

Cet auteur à la vaste culture et à la pratique protéiforme de l’écriture, comme le laisse supposer sa biographie, dispose ainsi d’un large champ littéraire à explorer pour y faire les plus belles rencontres. Je n’oublierai pas non plus de signaler que ce recueil est joliment agrémenté de collages de Robert Varlez qui représentent surtout des personnages improbables, fantastiques, composés d’éléments provenant de divers autres personnages, …, juste ce qu’il fallait pour faire vivre les textes de Karel Logist.

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