Bonheur, marque déposée de Will Ferguson

Bonheur, marque déposée de Will Ferguson
( HappinessTM)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Cuné, le 3 septembre 2004 (Inscrite le 16 février 2004, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 657ème position).
Visites : 3 775  (depuis Novembre 2007)

Ouh qu'il est méchant Will Ferguson :o)

Edwin est directeur de la collection "développement personnel" aux éditions Panderic, et sa vie est un beau bourbier. Son système de classement des manuscrits qu'il reçoit se base sur le 1er tiers de la 1ère phrase de la lettre de motivation; autant dire qu'il passe son temps à signer des refus types. Mais un jour, il reçoit un pavé énorme dont la première page est constellée d'autocollants de pâquerettes, et la lettre qui l'accompagne lui donne froid dans le dos : elle paraît lire en lui....
S'ensuit tout un tas d'aventures souvent désopilantes, farfelues, parfois très très tirées par les cheveux.
Mais l'interêt n'est pas là.
Tout le charme, puissant, de ce bouquin de folie, réside dans les relations d'Edwin aux autres, dans ces fameux petits mots intraduisibles, dans la description - féroce ! - du monde de l'édition...
Me vient en tête un exemple qui m'a fait rire : le big boss, décrit comme un taré de chez taré, décide un jour d'éditer un bouquin sur le concept de "mangez du porc grillé pour maigrir"... Il charge Edwin de trouver quelqu'un pour pondre ça, , et ajoute qu'il faudra raccourcir le titre, la mode est aux titres courts, "mangez du porc grillé" ou plus court encore "mangez du porc" "en fait dans l'idéal le titre ne doit faire qu'un seul mot"...
Et ça s'arrête là pour l'histoire du porc; J'étais pliée de rire chez moi à l'idée du dernier best-sellers en matière de régime intitulé "PORC"... :o))
c'est sans doute un mauvais exemple, ne vous basez pas dessus pour savoir si vous avez envie de lire ce livre ou pas ;o) , il parle aussi d'allitérations, de palimpsestes, de paradigmes et de solipsisme.... Ah ah vous êtes comme moi, vous ne connaissiez pas le sens de ces mots hein... comme quoi on peut aussi apprendre en lisant de l'humour !....

Bref, vraiment un très bon moment avec Will Ferguson, j'espère qu'il en écrira d'autres !!

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W. Ferguson est né au Canada en 1964. Après des études de cinéma à l'université de Toronto, il part en Equateur puis au Japon. De retour dans son pays d'origine, il écrit un ouvrage polémique "Why I hate Canadians" ainsi que d'autres essais. Bonheur, marque déposée est son premier roman.

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Les éditions

  • Bonheur, marque déposée [Texte imprimé] Will Ferguson trad. de l'anglais, Canada, par Roxane Azimi
    de Ferguson, Will Azimi, Roxane (Traducteur)
    Belfond / Collection Mille comédies
    ISBN : 9782714439253 ; 18,50 € ; 16/10/2003 ; 408 p. ; Broché
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La preuve par l’absurde

8 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 5 octobre 2013

Ce livre est délicieux et plein d’humour ... noir. Le ton alerte nous emmène dans le domaine de l’édition sans prétention de produits de développement personnel. C’est l’occasion pour l’auteur de nous faire réfléchir au bonheur, à sa recherche éperdue, et à toute l’industrie que sa quête génère, des diverses drogues en passant aux centres de désintoxication en passant par les psy, les régimes ou la mode. Le message est que la vie c’est l’action et la lutte et non pas un état et la félicité béate, accessibles par flashs mais impossibles à atteindre durablement.

En passant, on voit comment ces amoureux des lettres (des classiques sont cités) et des mots étrangers rares sont obligés de transiger lucidement avec leur idéal pour vendre et subvenir à leurs besoins.

Edwin doit sortir un livre pour compenser la perte d’un auteur condamné pour avoir tué 2 agents du fisc venus lui demander des comptes. En réunion de direction, il parle d’un épais tapuscrit qui faisait partie des ’’rebuts’’ et qui pourrait convenir. Mais il l’a déjà mis dans la poubelle car il n’y avait pas d’enveloppe retour. S’ensuit une cavalcade pour le récupérer car le ménage a été fait lorsqu’il revient dans l’étroit cagibi sans fenêtre où il travaille. Une fois récupéré, il élague d’arrache-pied mais l’auteur ne veut rien savoir et il est coincé car il a lui-même rédigé le contrat élaguant les clauses léonines. Le patron est déjà sur une autre idée et demande alors de minimiser les frais en le sortant en poche et en petits caractères. Mais à la surprise de tous, le livre se vend bien et même très bien. C’est là que tout commence à basculer.

IF-1013-4102

Et je ne résiste pas à quelques citations pour le côté "sérieux" de ce roman souvent farfelu :

« Notre économie tout entière est bâtie sur des faiblesse humaines, sur des mauvaises habitudes et des angoisses. [...] Tout notre mode de vie repose sur le manque de confiance en soi, sur l’insatisfaction. Imagine ce qui arriverait si les gens étaient réellement heureux. Réellement satisfaits de leur existence. Ce serait cataclysmique. Le pays se gripperait... » (254-5)

« Nos faiblesses, nos bizarreries, nos excentricités, nos phobies et nos frustrations ; enlevez ça et qu’est-ce qui reste ? Rien. Des coquilles humaines heureuses et décervelées. Le regard vide et la mine béate. » (377)

« J’ai donné aux gens ce dont ils rêvaient : non pas la liberté avec son lourd et pesant cortège de responsabilités, mais la sécurité. La sécurité qui les dispense de penser. La sécurité qui les dispense d’eux-mêmes. Je sais ce que veulent les gens : ils ne veulent pas être libres, ils veulent être heureux. Et les deux sont souvent incompatibles. » (379)

Parti à la pêche

7 étoiles

Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 50 ans) - 21 avril 2005

Tout le roman est basé sur une réflexion d'une amie publiciste de l'auteur, à propos du monde de l'édition : " Je vais vous dire quelque chose, si un jour quelqu'un écrit un livre de développement personnel qui soit réellement efficace, on ne sera pas dans la mouise"
W. Ferguson exploite cette réflexion et l'applique à l'ensemble de l'économie, ce qui donne "Bonheur marque déposée"

Edwin, éditeur minable, va, par un jeu de circonstances cocasse, publier "Ce que j'ai appris sur la montagne", ouvrage du mystérieux Vitthal Chakjur. Ouvrage qui se révèle être LE livre de développement personnel universel et qui va bouleverser l’ordre des choses !

Tiré par les cheveux, comme le dit Cuné, le roman ne s'en laisse pas moins dévorer avidement.

Un roman drôle, original et surprenant.

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