L'été de la Petite de Jo Hubert

L'été de la Petite de Jo Hubert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 12 août 2021 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
Visites : 1 555 

La Vallée de l'Ourthe dans les années 50

Dans cet ouvrage, Jo HUBERT raconte l’été d’une enfant, certainement inspiré par une expérience personnelle.

On pense à la poésie autobiographique du "Chêne et chien" de Queneau ou à celle d’"Une vie ordinaire" de Perros.

Il ne s’agit pas d’une poésie affectée mais immédiatement lisible qui découpe les différentes séquences de vie estivale de l’enfant et épouse parfaitement le propos.

Vivant dans la banlieue industrielle liégeoise « sous la férule d’une grand-mère tyrannique », et sans père, la Petite aspire chaque été aux vacances chez sa grand-tante et son grand-oncle dans la Vallée de l’Ourthe.

"Qui n’a pas connu la vallée de l’Ourthe

dans les années 50

ne saura jamais ce qu’il a perdu."

Sur place, elle (re)découvre les plaisirs de la nature en exerçant ses sens. Là, loin de la grand-mère, elle se rapproche de sa mère, « prend des leçons de liberté » et se paie même le luxe de » jouer à ne pas exister ».

"Malgré le tintamarre de la carrière

et du concasseur

on boit ici le silence à la source

tant on a soif."

Ce qui démarquera cet été des autres sera le fait que la Petite va vivre au plus près l’élan portant sa mère vers un cousin, émoi en partie partagé par sa fille unique. Elle voit sa mère amoureuse puis être bafouée par sa famille. Elle va de la sorte se trouver complice de sa mère, apprendre la trahison et le « goût amer de la vengeance ».

Mais tout n’est pas dit entre les fragments et c’est dans le non-dit que Jo Hubert laisse deviner au lecteur le développement d’une sensibilité singulière, la « puissance des mots » comme la conscientisation d’une blessure.

Un très beau recueil qui respire le soleil et la nostalgie !

L’été de la Petite est déjà le quatrième opus de la nouvelle collection des MICROCACTUS (après ceux de Marc Menu, Patrick Boutin et Tristan Alleman) consacrée aux textes courts sous toutes leurs formes.

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Famille décomposée

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 9 novembre 2021

La mère et la Petite, son enfant unique, vivent dans le bourbier de la banlieue industrielle de Liège chez les grands-parents. On ne parle jamais de son père, on ne sait rien à son sujet seulement qu’il n’est pas là, c’est une question qu’il est interdit d’évoquer, la grand-mère ne le tolérerait pas. La grand-mère, c’est elle qui dirige avec autorité cette famille et qui veille à une éducation très stricte de la Petite. L’ambiance à la maison est souvent lourde, la Petite sent, tout comme le lecteur, qu’un lourd non-dit plane sur cette famille, notamment sur la mère, une femme seule, veuve ou abandonnée ? Nul ne peut le dire, il ne faut surtout pas en parler devant la Petite, ça pourrait la perturber.

Chaque année, la Petite attend avec impatience le retour de l’été car, avec sa mère, elle passe tout le mois d’août à la campagne chez Tante Estelle, la sœur de la grand-mère acariâtre, mais elle est tout le contraire de sa sœur, douce et aimante. Elle choie la Petite qui a beaucoup de liberté pour jouer dans les alentours de sur les rives de l’Ourthe. C’est un véritable bonheur pour la Petite qui aime la nature au point d’embrasser les arbres. Mais, elle ne comprend pas bien pourquoi les gens du village disent « La pauvre petite quand ils la voient ».

Mais cette année le cousin Léon trouble l’ambiance avec sa belle voiture américaine, ses cadeaux, son argent. Il enlève la mère que la Petite ne voit plus assez, elle a peur que le cousin l’emporte loin là-bas « à la Colonie ». La Petite n’est pas la seule à s’inquiéter, la famille est en ébullition, les sorties du cousin et de la mère contrarient sérieusement les grands-parents et l’oncle et la tante. La Petite ne comprend pas bien ce qui se passe, alors elle met les pieds dans le plat sans vraiment savoir ce qu’elle fait.

C’est un très joli petit texte plein d’empathie que livre l’auteure, un texte qui oscille entre un récit de vacances bucoliques et une tragédie larvée sous le tapis des non-dits familiaux. Un texte écrit comme le suggère l’éditeur : « … en petites vignettes à la manière des impressionnistes ». Moi, j’ai pensé à une petite épopée campagnarde en vers, à la taille de la Petite, avec ses héros et sa tragédie elle aussi à la dimension de la Petite.

Même si l’ambiance est toujours pesante et que le drame finit par éclater, l’ambiance à la campagne reste très conviviale, très légère, très sereine, très irénique, la nature est un puits de paix et on se prend à penser que le monde serait meilleur si les humains étaient aussi calmes et paisibles que les arbres et leur environnement naturel.

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