Le hasard arrive toujours à l'improviste de Gaëtan Faucer

Le hasard arrive toujours à l'improviste de Gaëtan Faucer

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 20 novembre 2021 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
Visites : 1 737 

Aphorismes en rafales

Depuis de nombreuses années, je croise Gaëtan sur les réseaux sociaux et divers blogs littéraires sans jamais n’avoir lu la moindre ligne de sa cependant déjà abondante bibliographie. J’ai dû attendre que le perspicace et piquant Cactus m’offre enfin l’opportunité de lire ce joli recueil d’aphorismes pour apprécier on écriture. L’éditeur dit de lui qu’il « écrit des aphorismes comme d’autres tirent à la mitraillette ! Ca fuse, ça explose, ça éclate et surtout, comme il vise bien, ça fait mouche » à chaque fois. C’est muni de cet avis que j’ai ouvert le recueil, j’ai été immédiatement sous le feu de la mitraille « aphoristique » de l’auteur. Comme le stipule son éditeur, il tire en rafales courtes, quelques mots seulement, et, comme au cinéma, sans recharger, il envoie une nouvelle rafale et ainsi de suite jusqu’à ce que la page soit bien remplie.

Les jeux de mots les plus fins, les raccourcis fulgurants, les incongruités littéraires, les doubles sens désopilants, les calembours improbables, les traits d’esprits acérés, …, toutes les munitions littéraires lui sont bonnes pour garnir son chargeur et tirer des aphorismes à pleine page. Le premier donne déjà le ton : « L’essence de l’humour noir ne pollue pas ! » et voilà c’est parti pour une première rafale ! « Quand les mots dansent sur le papier, le rythme n’est jamais loin ».
D’autres suivent et l’humour n’est pas toujours noir : « Personne ne peut vous voler votre éclat de rire », non seulement c’est très rôle mais c’est aussi très bon ! Et pourquoi ne pas enchaîner et rire jusqu’à ne plus pouvoir : « Vu qu’il faut mourir, j’espère que ce sera de rire ». Pour Gaëtan, l’humour est un vrai carburant mais j’ai bien aimé aussi ses traits d’esprits comme celui-ci : « Verlaine rédigeait souvent des mots d’excuse pour ses absinthes répétées ».

Gaëtan aime les femmes et sait très bien les flatter : « Si la femme était mauvaise, le diable en aurait une »., mais il aime beaucoup moins les mangeurs d’herbe : « On ne peut plus rire de tout. / On ne peut plus manger de tout ». Le monde devient bien triste, heureusement que des auteurs comme Gaëtan savent distiller l’humour à pleines rafales sans lésiner sur les éclats.

A la fin de son recueil, Il a réservé un espace pour des thèmes bien précis :
Le milieu hospitalier : « Ma mère a 93 ans, et elle voudrait un rendez-vous avec un médecin du sport ».
Le monde animal : « Sans se parler les animaux se comprennent mieux que nous ».
Le monde du théâtre qui est aussi le sien : « L’artiste et son égérie sa muse ».

J’ai beaucoup ri, j’ai aussi dégusté nombre d‘aphorismes sans lésiner sur le plaisir de les lire, j’ai ainsi bien apprécié ce recueil et je l’ai d’autant plus apprécié que sa dédicace m’a beaucoup ému car elle s’adresse à mon complice de lecture qui est surtout mon ami depuis plus d’une décennie et plus deux cent mille pages lues, j’ai fait une évaluation approximative à partir de données fiables : « A Éric Allard, un merveilleux écrivain, mais aussi un formidable passeur, un partageur, un rassembleur dans le monde des lettres belges, … »

Et comme les amis de mes amis sont mes amis … Gaëtan devinera la suite !

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Propos d'un (im)moraliste

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 29 janvier 2022

Le recueil de Gaëtan FAUCER paru au Cactus Inébranlable rassemble une belle floraison (près de 700) de ses aphorismes qui puisent à tous les domaines de la vie publique ou privée car l’auteur est un boulimique de l’existence et des arts. Comme l’éditeur l’indique en quatrième de couverture à propos de sa féconde écriture d’aphorismes : « Ça fuse, ça explose et surtout, comme il vise bien, ça fait mouche. »

Dramaturge, poète, auteur d’aphorismes et de nouvelles, raconteur de personnalités du monde des arts et du spectacle, il fait jeu de toute forme d’écriture pour dispenser ses flèches et saillies comme ses maximes.
Comme je le signalais précédemment, Faucer s’inscrit dans la lignée des moralistes français qui dispensent par la bande des observations sur la nature et le sens de la vie.

S’il y a chez lui un côté moraliste, on trouve aussi de nombreuses traces de l’immoraliste, qui pique, provoque, secoue… En tant que dramaturge, c’est le sens de la réplique qui l’anime et de la mise en saynètes, qui lui fait tirer leçon et matière à rire du spectacle de l’existence.

Dans ce va-et-vient entre sagesse et impertinence se noue un dialogue subtil où l’écrivain se déplace du côté cour au côté jardin en rendant le spectateur complice des sentences dispensées.

Les thèmes le plus souvent évoqués ressortissent de sa pratique du monde théâtral, de son amour du beau sexe, de la bonne chère et de son intérêt pour le monde animal. Il se plaît aussi à détourner des faits de la grande histoire, à croquer les ridicules des hommes et femmes de toutes les époques.. On trouve aussi des brèves d’hôpitaux, sans doute glanées sur son lieu de travail, et des végâneries. Le questionnement sur la façon de raconter, de démêler le vrai du faux, la problématique de la justesse et de la justice comme son attachement aux libertés courent tout le long de ce recueil pétillant d’humour et d’intelligence.

SÉLECTION d’aphorismes

Au théâtre, le public aime les pièces à conviction.

Quand le roi n’a plus rien, il a de quoi être déchu.

Les yachts sont des navires de fortune.

Pour renouveler la littérature, faudrait remettre les conteurs à zéro.

Dire que les tragédiens ont connu les premiers souffleurs de vers.

Ne jamais jouer au casino avec un dé faux.

Le chaud lapin court plusieurs lèvres à la fois.

Un seul être ne like pas, et tout est dépeuplé.

Dans mon bureau, je passe tous les jours l’inspirateur.

L’Ukraine… et sa politique de l’hôte russe.

Je viens faire un vaccin contre l’épithète C. (in Maux d’hôpitaux)

Le comédien est quelquefois un bon menteur en scène.

Au musée, certains tableaux passent inaperçus, ce sont les toiles filantes.

Pour l’artiste, la gratuité est souvent le prix à payer.

Aux USA, après trois heures de route, t’es souvent dans le même état.

Le bon professeur n’est pas forcément un donneur de leçon.

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