MADAME MONRO NE VEUT PAS NON PLUS QUE MARGARET SE MARIE!

Bienvenue chez Mme. Monro, Qui? La vieille Madame Monro, qui vit dans son cottage familial de Croydon (Sud de Londres), avec son vieux chien et son vieux fils, Sylvester «Syl» pour les intimes. Celui-ci est fiancé officiellement à Margaret, la jeune fille de sa voisine Monica et le mariage est prévu pour dans quelques jours. On sera toutefois surpris d’apprendre que les deux femmes se rejoignent sur un point, bien que pour des raisons complètement différentes : Ce mariage est une très très mauvaise idée ! Mme. Monro n’est qu’une vieille dame qui boit trop, qui s’est même remise à fumer sous l’influence de Lili, qui radote, que personne n’écoute, qui ne craint pas la solitude, bien au contraire elle est soulagée de la disparition de son mari qui lui était infidèle… Mais quel charme!

C’est un long monologue de la vieille dame, avec pour «fond», les préparatifs du mariage, les considérations d’une mère et d’une veuve, Madame Monro nous livre ses considérations sur l’âge, le temps qui passe, son vieux chien, son vieux fils… Pendant les préparatifs du mariage, elle renoue même avec la sulfureuse Lili, qui lui a pourtant fait beaucoup de mal autrefois. Elle en vient même à attendre les visites journalières de l’excentrique rousse, qui lui apportent un peu de distraction dans sa triste vie. Entre deux cigarettes, et deux verres d’alcool, Lili lui promet que quoi qu’il arrive, ce mariage n’aura pas lieu…

Deuxième volume d’une trilogie intitulée la «Trilogie du jardin d’hiver», de l’anglaise Alice THOMAS ELLIS (1932 – 2005, de son vrai nom Anna Margaret LINDHOLN), «Les ivresses de Madame Monro» (1988), n’est pas vraiment la suite du précédent volume (Ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/60204), puisque il s’agit exactement de la même histoire (les préparatifs de mariage de Margaret et de Syl), mais vue à travers le regard d’un autre personnage, Mme Monro, donc. Bien entendu, l’histoire nous apparaît complètement différente de celle racontée par Margaret dans le premier volume…

Que dire de plus? Ce deuxième volume est toujours aussi satirique, toujours aussi acerbe et acéré. Je dirais même parfois plus que le premier, puisque s’y rajoute la «sagesse» (toute relative) que l’âge a apportée à Mme Mornro. C’est toujours une critique aussi noire et aussi lapidaire, cruelle et féroce de la petite bourgeoisie anglaise d’après la Deuxième Guerre Mondiale (la date à laquelle se déroule l'histoire n'est jamais précisée, mais à certains détails on comprend que cela se passe après 1954), complètement étouffée, engoncée, dans les conventions et la bienséance. On rit jaune, plus que l’on ne sourit aux réflexions de la vieille dame qui n’a plus qu’un objectif dans la vie, «caser» son vieux célibataire de fils, afin de pouvoir mourir en toute tranquillité.

J'ai beaucoup aimé cette vieille Madame Monro, qui n'aspire plus qu’à une fin de vie calme et tranquille Ses réflexions sur le temps qui passe, ses interrogations sur la vanité de la vie, ses réflexions cyniques et désabusées sur la société. Oui, j’avoue, j’aurais bien aimé l’avoir comme grand-mère, cette vieille Madame Monro! Même son petit côté alcoolo assumé et ses radotages m’ont plu!

Encore une fois je finis sous le charme de l’écriture de Mme. THOMAS ELLIS. Ce n’est certes pas une écriture de «génie», mais ce n’est pas non plus du vaudeville, et la précision et la concision qu’elle met dans ses écrits sont absolument admirables… Allez, je pars sans attendre à la découverte du troisième et dernier tome de cette histoire, qui cette fois met en avant le personnage de Lili…

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  Les Ivresses de Madame Monro

  de Ellis, Alice Thomas Desarthe, Agnès (Traducteur)
  Points
  ISBN : 9782020220743 ; 1,48 € ; 26/05/1995 ; 200 p. ; Poche

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