Lignes de flottaison de Mario Alonso

Lignes de flottaison de Mario Alonso

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 14 mars 2021 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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En quelques mots seulement ...

Mario Alonso est un Français d’origine ibérique, « Les Espagnols m’ont appris le sens du ridicule, les Français l’art de la moquerie. Avec ça je suis paré. », et joliment paré. C’est, du moins pour moi, un nouveau venu dans « l’écurie Cactus inébranlable », son premier P’tit cactus est une véritable réussite, il comporte de très nombreuses et très belles trouvailles, des traits d’esprit d’une grande finesse, des sentences renversantes, ... Avec son regard sur le monde, son art de jongler avec les mots, les idées, les expressions, les impressions, les sentences, …, il apporte une certaine fraîcheur dans le monde de l’aphorisme. Même si chacun des chapitres de ce recueil commence par « L’illisible … », peut-être parce que « L’Illisible est le plus beau des mondes perdus », son propos reste toujours très clair et ses intentions particulièrement intelligibles. C’est un chapardeur, c’est lui qui le dit, « J’aime chaparder les mots des autres les éplucher pour en faire des chips »

Désabusé par notre société puérile, vénale et de moins en moins cultivée, il écrit des aphorismes courts, souvent très courts, mais tellement pleins d’esprit, « Tant de mots quand quelques-uns suffisent », dans lesquels l’ironie occupe une place privilégiée, comme cette sentence qui pourrait s’adresser aux écologistes en chambre qui se contentent de parler et d’écrire sans jamais agir. « La terre est verte comme une orange pourrie ».

Un brin désabusé, il laisse sourdre un filet de misogynie, « On n’a pas vraiment d’amis, / ce sont surtout nos amis qui en ont », même à l’endroit des poètes : « La poésie suffit, / inutile de fréquenter les poètes ». il en veut même à Dieu pour la façon dont il a créé l’homme, « Dieu peut tout, jusqu’à laisser l’homme croire n’importe quoi ». Il préfère la mort qui a conservé toute sa magie malgré tous les efforts que les hommes ont accomplis pour l’apprivoiser : « Mourir est resté magique, / personne ne connait encore le truc ».

J’ai aussi noté quelques mots d’esprit qui méritent bien qu’on les souligne : « N’ayez plus une minute à vous, / laissez le temps aux autres. », « Un livre ne trompe que celui qui l’écrit. », « Soyez malin, investissez dans l’illisible. » J’ai gardé cette petite expression pour la fin, avec elle l’auteur a peut-être voulu inciter le lecteur à pousser le bouchon un peu plus loin, le bouchon de la différence celui qu’on observe pour voir si son pêche toujours dans les bonnes eaux en étant sûr « … d’aller encore braver les vagues et le large » contre les vents et marées des préjugés et de la pensée commune.

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