Ténèbre de Paul Kawczak
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L’horreur et l’extase
Il me revient la tâche ô combien ardue de rédiger pour ce roman hors normes une première critique pour le site. En effet, ce qui aurait pu être une œuvre simplement historique concernant le Congo en devenir est en fait une œuvre de pure imagination même si sont présents des personnes (personnages) telles que Léopold II, Verlaine, Baudelaire, Hugo etc. Mais il y a surtout Pierre Claes, Vanderdorpe, Xi Xiao, Mpanzu, d’autres qui sont des personnages de pure fiction sortis de l’imagination de l’auteur de ce roman unique.
Pour situer quelque peu l’« histoire », je fais appel à un résumé paru dans le journal belge « Le Soir » dont le rédacteur a particulièrement apprécié le roman :
« C’est du Québec que nous arrive un des premiers romans les plus fascinants de l’hiver : Ténèbre, de Paul Kawczak. Il nous entraîne là où Joseph Conrad, présent dans le livre, situait le cœur des ténèbres, c’est-à-dire au Congo de Léopold II, à la fin du XIXe siècle. Pierre Claes, géomètre belge envoyé en Afrique pour tracer une frontière, Vanderdorpe, père adoptif devenu absent puis réapparaissant auprès du fils, Xi Xiao, bourreau chinois façon artiste et amoureux de Claes, avec quelques autres (dont un pasteur écossais délirant) plongent dans la logique absurde d’une colonie où le tragique répond au grotesque, dans une construction ambitieuse servie par une écriture luxuriante. »
Que dire d’autre qui va vous donner une idée du contenu de cette première œuvre ? Je choisis de citer quelques mots qui me viennent à l’esprit quand je tente d’évoquer les faits et les idées qui apparaissent dans le roman.
Des références : Joseph Conrad, Bataille, « Voyage au bout de l’enfer » (le film), S. King ( ?)
Des confrontations : le corps et l’esprit, le sang et le sperme, la violence et la paix intérieure, la vie et la mort.
Des mots en vrac : mutilation, folie, folie meurtrière, mysticisme, fantastique, ténèbres, horreur, pornographie, émasculation, filiation, existence, exploration, Afrique, extase, poésie, géométrie, jouissance, magie, supplice, amour, colonisation, écorchement, …
L’écriture : imagée à souhait, d’une grande pureté, dense, poétique, extraordinaire mais parfois aussi ardue et grandiloquente.
Un livre dont on ne sort pas indemne.
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Au coeur de l'enfer
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 3 février 2021
Ensuite j'ai été happé par le thème et l'écriture. Suivre un cartographe belge au Congo chargé de remonter les cours d'eau jusqu'au nord du pays où rien ne matérialise la frontière tracée à coup de règle lors du partage du continent, quelle aventure!
L'écriture est vive et limpide ça commençait bien. Dans la suite du récit j'ai quelques réserves. J'aurais aimé passer plus de temps sur les bords de l'Ubangi et moins de temps à Paris même si pour cela il aurait fallu éviter Baudelaire ou Verlaine. Du coup l'aventure promise par l'éditeur est un peu escamotée au profit de déceptions amoureuses excessivement décrites.
L'autre réserve est sur le soi-disant érotisme du livre. On évoque les relations amoureuses entre hommes non consommées et on y préfère des éjaculations oniriques, d'orgasmes dans la découpe humaine pour le bourreau tout comme pour le martyrisé. Thème secondaire au départ, il devient en fin de livre le sujet principal et là j'admets avoir complétement décroché et ne pas avoir compris ou voulait en venir l'auteur. Voire même un certain malaise...
Le roman reste néanmoins un formidable réquisitoire contre la colonisation.
Bonne lecture
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