Le courage des autres de Hugo Boris

Le courage des autres de Hugo Boris

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Septularisen, le 22 octobre 2025 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 4 étoiles
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LE COURAGE DES AUTRES, LA COUARDISE DE M. BORIS?

Ce livre s’ouvre sur une scène très «étonnante» et pourtant plus que banale de nos jours… M. Hugo BORIS, - qui pourtant vient de passer sa ceinture noire de karaté -, se «dégonfle» comme une me*de, lorsqu'il fait face à une altercation, une agression dans le RER parisien…
Sidéré, incapable d'intervenir, incapable de bouger, mort de peur, malgré son entraînement et sa forme physique, incapable de s’interposer, son «héroïsme» consiste à demander à sa voisine de… tirer la sonnette d'alarme!

L'épisode révèle une peur profonde, mélange d'impuissance et de couardise au quotidien. Trait de caractère personnel ou difficulté universelle à affronter l'autre en société? Son manque de courage l'obsède et pour l'exorciser il va alors, - pendant quinze ans -, consigner sur le vif ces «situations d'effroi», dans les transports en commun (notamment le métro et le RER), puisque c’est son terrain de jeu quotidien.
Il va dès lors «collecter», Hugo BORIS, a d'ailleurs inventé une très jolie formule pour cela, il utilise le mot: «herborise»!

Que dire sur ce livre?
L’idée de collecter des histoires quotidiennement dans le monde des transports est certainement très originale. Mais j’ai l’impression que M. BORIS est passé à côté de son sujet. Il parle de tout, de rien, ne va pas assez en profondeur de ses sujets, se contente de survoler, de nous livrer une philosophie de cendrier, de beaucoup expliquer «le comment», mais pas assez le «pourquoi»… Et selon le principe du «Qui trop étreint, mal embrasse», le tout devient très vite très «indigeste»!.. Ce n’est ni vraiment un essai, ni un roman, ni une histoire, ni des nouvelles, ni, ni, ni … Donc, je ne sais vraiment trop quoi en penser!..

Que dire de plus?
Je n’ai pas aimé l’écriture de M. BORIS, elle est ici vraiment très moyenne. C’est sans doute le «format» de ce livre, qui ne convient pas à l’écriture de cet auteur. Attention, cela se lit bien sûr, mais franchement, ça n’a rien d’exceptionnel!.. Ce n’est au fond au fond qu’une simple énumération d’incidents plus ou moins violents… Une liste sans fin de lâchetés ordinaires, provocations, racisme, homophobie, sans-gêne, abus de toutes sortes, indécences, agressions, situations violentes, délicates, «borderline», agressions physiques ou verbales, vols, agressions sexuelles, alcoolisme, drogue, violence ordinaire, etc etc…

Qu’est-ce que je n’ai pas aimé dans ce livre?
Je n’ai toujours pas compris la vraie finalité de ce livre, si ce n’est empiler des mots et des phrases, sur des mots et des phrases! Qu’a voulu nous dire l’auteur que nous ne savons pas déjà sur la société actuelle? Tout ce dont il nous parle on le sait, même trop bien d’ailleurs… A croire que M. BORIS n’allume jamais sa télévision, ne regarde jamais un journal télévisé… Parce que sinon, tout ce dont il nous parle dans ce livre… On le connaît, on le voit tous les jours!

Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce livre?
C’est certainement original, très sincère (M. BORIS ne nous cache rien de ses propres peurs et de sa veulerie…), très réaliste, très bien écrit, fluide, très facile à lire… Cela se lit vite et bien… Mais il n’y guère plus à en dire…

Est-ce que je conseille la lecture de ce livre?
Je dois dire que c’est la première fois que je finis très déçu par la lecture d’un livre d’Hugo BORIS. Je reste à penser que je suis «passé (très) à travers» de ce livre. Je reste quand même à dire que ce n’est certainement pas le meilleur livre de l’auteur, et que si on lit celui-ci en premier, on va se faire une idée très erronée de l’immense talent de cet écrivain… Commencez donc plutôt par lire : «La Délégation norvégienne»! (1).

Un extrait, une des rares histoires qui j’ai vraiment, mais alors vraiment aimé:

Trafic perturbé sur la ligne B du RER, la rame est bondée. Pour avoir une chance de monter, il faut tourner le dos, s’avancer à reculons, s’appuyer de la main sur le panneau au-dessus de la porte, et creuser doucement sa place dans la masse compacte des passagers.
Il fait une chaleur de bête. Les gens râlent en s’éventant de la main. Dans mon carré, ma voisine s’énerve, s’excite sur la fenêtre avant de comprendre qu’elle est scellée. Elle se rassoit, peste prend à témoin les autres passagers de cette aberration.
- C’est une honte, vraiment!
Les gens debout lui font poliment remarquer qu’elle est assise, elle au moins. En face de moins. En face de moi, une femme de quatre-vingts ans écoute sa grogne sans rien dire. Ma voisine de droite ne désarme pas, en prend à partie une autre, debout dans le couloir central :
- Prenez ma place! Venez vous asseoir, vous verrez s’il fait moins chaud!
C'est plus fort qu'elle, elle a besoin de s'agiter. En face, la vieille femme sourit faiblement depuis tout à l'heure. L'apercevant, ma voisine se tourne vers elle tout à trac en désignant son chemisier à manches longues.
- Et vous, comment vous faites? Vous n'avez pas chaud?
La vieille tressaille légèrement, comme si elle espérait et redoutait cette sollicitation. Son visage prend une expression de douceur navrée. Elle déboutonne son poignet et retrousse sa manche pour faire apparaître un numéro de matricule bleu pâle tatoué sur son avant-bras. Silence horrifié dans le carré.
- J'ai passé dix-huit heures dans un wagon à bestiaux sans air, sans eau, avec un bébé de six mois, alors aujourd'hui, je n'ai plus chaud.
Elle nous attendait au tournant depuis tout à l'heure. Nous restons stupides. Ma voisine de droite ne sait plus où se mettre. Un sourire de bonté désolée éclaire le visage de la vieille dame, qui la rassure aussitôt :
- Mais c'est pas grave, c'est pas grave…
Elle passe le reste du trajet à consoler les passagers autour d'elle, comme un grand malade à l'hôpital qui s''efforcerait de remonter le moral de ses visiteurs.
- Mais c'est pas grave, vous ne pouviez pas savoir…

(1). Cf. : Ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/14994

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Les éditions

  • Le courage des autres [Texte imprimé] Hugo Boris
    de Boris, Hugo
    B. Grasset
    ISBN : 9782246820598 ; 17,00 € ; 08/01/2020 ; 180 p. Broché
  • Le courage des autres [Texte imprimé] Hugo Boris
    de Boris, Hugo
    Pocket / Presses pocket
    ISBN : 9782266312745 ; 6,80 € ; 18/03/2021 ; 160 p. Poche
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