Cynique et drôle : un bon premier roman.

Le titre claque et résume bien ce que tout demandeur d’emploi en quête du saint CDI a ressenti un jour ou l’autre au bout du nième refus : l’envie d’envoyer son CV dans … le titre du roman vous permettra de finir la phrase.

Très cynique, parfois un peu trop violent, ce roman, sans avoir une profondeur sociologique ou psychologique abyssale se défend bien dans ces domaines : les personnages ont une réelle épaisseur et la peinture du monde de travail est pertinente et drôle. On passe un bon moment. Bref, ce bouquin nuira gravement à la santé de votre TV.

Le style ? Clair et fluide : je crains souvent que les jeunes auteurs essaient d’en faire trop dans l’espoir de se faire une place parmi leurs aînés, mais Alain Wegscheider a évité cet écueil. Le livre se lit tout seul, on se retrouve à se coucher trop tard, dans les limites du raisonnable, mais c’est un détail suffisamment évocateur qui m’évite d’en ajouter des tonnes. J’ai dû le classer dans « policier », mais il est à cheval entre « histoire d’amour » (pas mièvre du tout), « critique sociale » et « humour noir » (ça fait 3 chevaux, déjà une écurie).

Au chapitre des regrets ? Ma foi pas grand chose. Du reste, je dévoilerais des rebondissements qui méritent de rester dans l’ombre jusqu’à ce que vous lisiez vous-même ce roman. Mais j’oserais une comparaison avec l’excellent 1er roman de Ian Levison (« un petit boulot ») et l’« Extension du domaine de la lutte » de Michel Houellebecq : c’est plus pessimiste que le premier et extrêmement moins que le second. Donc en fonction de votre forme morale, si un roman hybride qui passe la sphère économique au vitriol vous tente, « Mon CV dans ta gueule » vous plaira, puis vous pourrez embrayer sur les deux autres.

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  Mon CV dans ta gueule [Texte imprimé] Alain Wegscheider

  de Wegscheider, Alain
  J'ai lu / Nouvelle génération (Paris)
  ISBN : 9782290319086 ; 4,80 € ; 31/05/2002 ; 218 p. ; Poche

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