Le Grand Paris de Aurélien Bellanger

couverture
Le Grand Paris de Aurélien Bellanger

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Veneziano, le 17 novembre 2019 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 760ème position).
Visites : 3 765 

Un roman politico-urbanistique

Alexandre Belgrand prépare une thèse en urbanisme. Ce jeune spécialiste de l'aménagement du territoire prépare avec Machelin, son éminent directeur de recherches, le programme électoral du Prince, ministre de l'Intérieur, pour l'élection présidentielle. Ils le conseillent pour ridiculiser lors d'un débat Tarik Ramadan et contribuent à le faire élire. Machelin meurt mais le jeune Belgrand intègre l'Elysée, dans un poste de conseiller technique, auprès du Président de la République, dont jamais le nom n'est mentionné, vu qu'il est désigné sous le nom de Prince. A ce stade, Belgrand met sur pied le projet du Grand Paris, que Sarkozy, pour le dénommer tout de même, annonce en grande pompe. Belgrand ne sent plus, boit café et alcool sans compter, vise officieusement l'Etablissement public d'aménagement de La Défense, là où le "Prince" préfère son propre fils. Cette déconvenue amorce une forme d'évolution paradoxale, faite de contrariétés et reconversions. Il conseille des élus de Seine-Saint-Denis, ce qui n'était pas son crédo initial, finit par être convaincu des charmes et attrait du 93 et se convertit à l'Islam.

Ce roman original décrit la violence du monde politique, l'accélération de son mode de fonctionnement, comme les enjeu de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire. Ce second point s'avère suffisamment original pour être noté ; il est assez bien traité, mais il n'en est donné que les grandes lignes, l'aspect politique l'emportant assez largement dans le traitement rédactionnel. Le style est fluide, riche et agréable, l'intrigue bien menée : la lectrice et le lecteur s'interrogent sur l'avenir de cette comète nommée Belgrand, sans savoir où il veut en venir.
Ce livre est assez bien fait.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Envoyer à un(e) ami(e)
Version imprimable

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Les critiques éclairs (1) »

Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!

Urbanisme et pouvoir

9 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 48 ans) - 20 novembre 2025

Le narrateur du récit, petit bourgeois ayant grandi dans les Hauts-de-Seine et brillant élève, intègre l’ESSEC mais décide rapidement de réorienter sa carrière vers l’urbanisme sous l’égide de Machelin, un professeur conseiller du Prince (avatar de Nicolas Sarkozy), animal politique déterminé à conquérir la fonction suprême.
En rejoignant le cabinet du Prince, Bellegrand souhaite mener à bien l’intégration de l’agglomération parisienne et effacer les divisions entre ses différentes composantes, notamment briser l’isolement du fameux 9-3, qui présente pourtant les plus fortes potentialités en termes de dynamisme économique et politique.
Livre profondément politique, Le Grand Paris scrute les dynamiques ayant régi l’agglomération parisienne dans les années 2000–2010. Années de mainmise de la droite d’affaires sur le 92 et sur le quartier de La Défense, années aussi des émeutes de 2005 en banlieue : la région pivot de la France y est disséquée comme un objet d’étude sous les angles historique, économique et social. L’ensemble est très solidement construit.
Aurélien Bellanger, dans un récit érudit et intelligent, met en exergue les forces politiques à l’œuvre dans la nouvelle France. Réaliste et pragmatique, il semble adhérer à l’idée d’un Grand Paris destiné à faire entrer cet espace dans la modernité et à offrir une concurrence digne de ce nom à Londres ou à d’autres métropoles mondiales. Il élève ainsi l’urbanisme au rang d’outil principal de l’exercice du pouvoir, mais ne s’arrête pas à ce simple constat.
La geste urbanistique, à elle seule, ne suffit pas : elle doit s’accompagner d’une méta-réflexion sur les dynamiques humaines. Dans un mouvement qui rappelle Michel Houellebecq dans Soumission (2015), le narrateur se convertit à l’islam, persuadé que c’est à travers cette religion que la France trouvera les relais nécessaires pour pallier son déclin.

Forums: Le Grand Paris

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Le Grand Paris".

Ajouter une critique éclair

Enregistrez-vous pour publier une critique éclair! »

 haut de page