Typhon de Joseph Conrad

Typhon de Joseph Conrad
( Typhoon)

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures , Littérature => Anglophone

Critiqué par Fee carabine, le 1 juillet 2004 (Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 083ème position).
Visites : 8 835  (depuis Novembre 2007)

Une super-production hollywoodienne

L’argument de “Typhon” est simplissime: Le steamer Nan Shan navigant sur les mers de Chine, s’y trouve confronté au typhon du siècle. Qu’on ne s’y trompe pas : les vrais héros du livre, ce sont bel et bien Nan Shan et le typhon, les hommes étant réduits au rôle de faire-valoir. On passera donc sur le caractère schématique des membres d’équipage et sur leurs propos racistes envers leur “cargaison” de coolies chinois (propos qui seraient sans doute censurés s’il venait à Hollywood l’idée d’adapter ce livre à l’écran : pas question de se fâcher avec le plus grand marché de la planète !), pour ne retenir que la superbe écriture de Joseph Conrad, et ses effets visuels et sonores époustouflants.

Une lecture idéale si vous avez envie de vous faire (un peu) peur en passant quelques heures sur une mer déchaînée... tout en bronzant sur la plage.

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Les vagues à l'assaut !

7 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 13 novembre 2023

TYPHON de Joseph Conrad "Éditions de la Nouvelle Revue française, Paris 1918 - traduit de l'anglais 1903" 153,- pages

Le vapeur Nan Shann est un bateau réputé pour sa tenue lors des gros temps.
Un 25 décembre, venant du Siam, il parcourt du sud au nord le détroit de Taïwan, réputé pour ses nombreux typhons en cette saison. Il transporte en direction du port chinois de Fou-tcheou une cargaison de marchandises et des passagers. Les passagers sont 200 coolies chinois qui retournent au pays après avoir travaillé au Siam. Chacun d'eux emporte avec lui un coffre contenant toutes ses possessions et toutes les économies qu'il a amassées, sous la forme de pièces de dollars d'argent.
L'équipage est anglais et la capitaine MacWhirr dirige mollement son navire. Malgré son expérience il a la particularité d'être taiseux et solitaire.
Et voilà que s'annonce un typhon exceptionnel. Le second propose un changement de route mais le capitaine refuse. Pourra-t-il gérer ces vagues scélérates qui s'abattent avec rage sur le navire ?
Au début du vingtième siècle, les lecteurs raffolent de ces petits romans publiés par épisodes dans les journaux ou les revues. Les médias sont réduits, la radio en est à ses prémices.
Conrad a ainsi publié ce texte qui rencontra un vif succès et qui mérite d'être lu,

Typhoon, 1903

8 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 13 août 2014

Le résumé tient en une ligne : le capitaine MacWhirr, et son second Jukes, à bord du vapeur Nan-Shan et naviguant sur les mers de Chine, sont confrontés à un typhon.

Au travers de cet événement, se noue une relation d’amitié entre le capitaine et son second Jukes, confrontés ensemble à une grande catastrophe. Répondant à la violence de la Nature, il y a la violence de l’homme saisi par la panique. Les coolies de Chinois, ayant perdu leurs sens, se livrent à des combats à mort pendant que les marins, réfugiés dans la coursive, s’invectivent dans l’obscurité. Et le typhon, sans pitié, déploie ses lames brutales et ses vagues déchaînées pour faire sombrer le steamer.
Qu’est-ce que l’homme paraît petit en proportion de ce monstre qui, par intermittences, étend son règne véhément sur l’océan.

Furie dans le Sud-Est asiatique

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 22 septembre 2011

Etonnant de penser que Joseph Conrad, à 18 ans, en provenance de ce qui est maintenant la Pologne, était en même temps qu’Arthur Rimbaud, qui avait alors 21 ans, à Marseille en 1875. Pour situer les époques. Leurs destins divergeront sérieusement ; Joseph Conrad commençant par s’embarquer, menant une vie de marin avant de venir à l’écriture – et pas seulement dans des romans ou nouvelles « maritimes » comme on le pense trop souvent. Par bien des côtés, il me fait songer à Pierre Loti, autre grand voyageur des contrées lointaines et inlassable rapporteur d’histoires.
« Typhon » participe de cette veine maritime. C’est à la fois l’histoire du Capitaine Mac Whirr, caricature d’Anglais parti travailler dans les colonies, en l’occurrence la Mer de Chine dans le Sud-Est asiatique et celle d’un évènement météorologique qui dépasse l’entendement ; un typhon vécu sur la mer dans un bateau devenu tout à coup coquille de noix.
Une partie non négligeable du roman (certains le classent comme nouvelle) est consacrée à nous restituer les particularités physiques et psychologiques de ses personnages, et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne lésine pas sur les particularités. De véritables caricatures d’Anglais, comme déjà dit. La partie principale relate le drame météorologique, le typhon, qui engendre un drame humain insupportable pour le Capitaine Mac Whirr : le sort affreux promis à 200 coolies chinois qui rapatrient la Chine, leur temps d’expatriation terminé, avec les quelques richesses qu’ils ont pu glaner, enfermés en cale et ballotés en tous sens avec leurs biens. Il est le seul à se soucier d’eux au plus fort du typhon, quand le bateau devient incontrôlable, et suscite des réactions de haine et d’incompréhension de la part de son second, Jukes, par le biais de qui, en partie, l’affaire nous est contée.
Joseph Conrad excelle dans ces parties descriptives : de la nature, du monde maritime, du typhon. Ici dans l’œil du cyclone :

« A travers une échancrure, au haut du dôme de nuages lacérés, la lueur de quelques étoiles tombait sur la mer obscure qui s’élevait et s’abaissait confusément. Parfois le sommet d’un cône d’eau s’écroulait à bord et se mêlait à l’agitation roulante de l’écume sur le pont submergé ; et des nuages bas fermaient circulairement la citerne au fond de laquelle le « Nan-Shan » barbotait. Ce cercle de vapeurs denses tournoyait d’une façon folle autour de son centre si calme, entourait le navire comme un mur ininterrompu d’un aspect inconcevablement sinistre. A l’intérieur du cercle, la mer agitée comme par une propulsion interne s’élevait en montagnes à pic qui cherchaient à se chevaucher, se heurtaient entre elles et claquaient pesamment contre les flancs du « Nan-Shan », cependant qu’un gémissement affaibli, l’infinie plainte de la fureur de la tempête, arrivait de par-delà les confins de ce calme oppressant. Le capitaine Mac Whirr restait silencieux. Jukes, l’oreille tendue, perçut soudain le rugissement lointain et traînant de quelque immense lame invisible qui prenait son élan sous l’épaisse obscurité formant l’effroyable limite de son cercle visuel. »

Le typhon passé, il faudra gérer le drame humain, éviter les ennuis avec les autorités, et Mac Whirr, de manière surprenante par rapport au profil brossé par Joseph Conrad s’en sortira humainement. Ce ne devait pas être exactement le cas de figure typique en ces contrées à l’époque !

un jeune qui n'en veut

10 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 14 mai 2007

Ivy , j'ai été très touché de lire ta critique.
j'ai ressenti exactement la même chose que toi,
je l'ai lu pendant les vacances de noël, dans ma campagne, devant un feu de cheminée, et je me sentais moi aussi sur cet inconfortable bateau vapeur, plutôt que bien au chaud sur la terre ferme.

tout a été dit sur ce court roman de Joseph Conrad qui est indéniablement un des chefs d'oeuvre de la littérature mondiale.
je garde encore le goût salé des vagues glacées qui en pleine nuit recouvrent le pont. ce qui m'a le plus impressionné dans ce roman, ce n'est pas la description du bruit du vent, du bateau qui craque, des vagues, mais le silence assourdissant lorsque le bateau est dans l'oeil du typhon.
c'est une merveille !

il est à noter, et c'est là tout l’intérêt de l' édition Librio (hormis le prix) la qualité de la traduction. Plus récente, plus vivante que la traditionnelle traduction de Gide, c'est une merveille au service de Conrad que nous propose François Maspero, célèbre traducteur de langue espagnole....

Décoiffant

6 étoiles

Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 51 ans) - 24 septembre 2006

L'histoire d'un équipage confronté à un typhon face auquel le capitaine est quelque peu arrogant.

S'en suit l'arrivée du typhon et sa description sur des dizaines de pages , les conséquences dans le bateau et sur l'équipage, vraiment superbement décrit.

Ceci étant , tout en reconnaissant que ce roman est narré de façon magistrale, j’espérais que le typhon n'eut pas cette place prépondérante dans le livre, pas un moment d'accalmie , j'ai failli me noyer dans cette tempête de mots sur le typhon mais telle était la volonté de l'auteur de ne pas laisser de répit aux lecteurs.

Une pure merveille

10 étoiles

Critique de Ivy (Toulouse, Inscrite le 21 décembre 2005, 39 ans) - 15 février 2006

Mon premier livre de Conrad, que j'ai découvert il y a six ans dans la bibliothèque de mon lycée.
Depuis, je l'ai acheté et je ne l'ai jamais regretté. Je l'ai lu une bonne dizaine de fois, avec à chaque fois autant de plaisir.

Ce livre est tellement bien écrit qu'on se croirait être sur ce bateau, au milieu de la tempête, à vivre les évènements avec les personnages.
Ceux-ci ont un caractère qui leur est propre et décrit de façon tellement réaliste, qu'ils deviennent vivants devant nous.

Au bout d'un moment, on oublie même que l'on se trouve en train de lire un livre, tant on vit l'action, entendant presque le bruit des vagues.

Un vrai chef-d'oeuvre.

En avant toutes !

10 étoiles

Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 12 décembre 2004

La description de la tempête, qui nous décoiffe durant plusieurs dizaines de pages, est à couper le souffle. Conrad aimait mettre en scène des personnages confrontés aux ténèbres, aux forces de la nature dans ce qu'elles ont de sauvage, de grandiose monstruosité. Ils se brûlent, se déshumanisent aux confins du monde "civilisé" et tentent de rester des hommes.
Les nouvelles de Conrad ont été rééditées récemment en un seul bloc. Quinze cents pages pour 25 euros. Des semaines de pur bonheur.
Conrad, le tout grand maître de la nouvelle. Definitely.

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