L'ange banni de Thomas Wolfe

L'ange banni de Thomas Wolfe
(You Can't Go Home Again)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Benoit, le 28 juin 2004 (Rouen, Inscrit le 10 mai 2004, 43 ans)
La note : 8 étoiles
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Autobiographie? Roman?

Thomas Wolfe, écrivain américain (1900 – 1938) : “ A man must use the material and experience of his own life if he is to create anything that has substantial value”. Cette phrase, Thomas Wolfe l’a appliquée à l’ensemble de ses romans qui sont tous largement autobiographiques. En fait, sa vie lui fournit des éléments pour bâtir ses personnages et des situations imaginaires. Mais cette distinction entre le roman et l’autobiographie est parfois mal comprise. Par exemple, à la sortie de son premier roman “Look Homeward, Angel” (1929) qui prend pour matière sa jeunesse à Asheville (Caroline du Nord), les habitants de la ville se sont tellement reconnus qu’ils ont rejeté l’auteur (ils n’y étaient pas peints sous leur meilleur jour) et Wolfe n’a pu y remettre les pieds pendant sept ans.
Dans “You can’t go home again”, l’auteur décrit la vie d’un jeune romancier, George Wegger, encore inconnu, vivant à New-York avant le krach de 1929. Son premier roman a été accepté par une maison d’édition et sera bientôt publié. Ce premier roman traite de sa jeunesse à Libya Hill, petite ville de province. Avant sa publication, il y retourne et trouve sa petite ville de province consumée par la fièvre immobilière et tout le monde n’y parle que d’argent. Le temps a bien changé...
A son retour à New-York, son livre est enfin publié et il est acclamé par la critique. Par contre, de sa ville natale, il reçoit des dizaines et des dizaines de lettres d’insulte. George Webber est abattu...
Là encore, Wolfe utilise des éléments de sa vie pour son roman. Mais, contrairement à ses autres romans, les préoccupations sociales et politiques de l’auteur apparaissent. En effet, la spéculation immobilière qui chamboule même les plus petites villes de province est dénoncée ; l’écart social entre les industriels richissimes et arrogants et les personnes de milieu plus modeste, comme les domestiques de maison qui peuvent mourir presque devant eux sans que leurs maîtres s’en offusquent, est montré du doigt ; l’auteur s’arrête aussi sur les laissés-pour-compte de l’après-krach qui s’entassent dans les toilettes publiques, leur seule maison dorénavant, que George Webber rencontre alors qu’il écrit son deuxième roman.
Pour finir celui-ci, George part à Londres pendant deux ans où il rencontre un grand écrivain qu’il doit suivre dans toutes ses frasques. Enfin, c’est le voyage en Allemagne alors que les nazis sont déjà au pouvoir. Là, l’auteur en profite pour tirer la sonnette d’alarme en pointant du doigt l’antisémitisme du pouvoir et le recul des libertés que subissent les Allemands.

“You can’t go home again” a été publié en 1940, soit deux ans après la mort de l’écrivain, causée par la tuberculose. D’ailleurs, l’auteur n’a pas eu le temps de le finaliser : l’éditeur s’est retrouvé avec sur les bras un manuscrit de plusieurs centaines de pages qui ne constituait qu’un seul roman. Seulement, il a décidé de couper celui-ci en deux romans indépendants. Le premier est “The Wb and the Rock”, publié en 1939, et le second est “You can’t go home again”. Ce découpage a été bien fait puisque l’action du roman est assez cohérente. Seulement, pour assurer cette cohérence, l’éditeur a introduit des pages supplémentaires, en italique, au début de chaque partie pour combler les trous que ce découpage aura créé. Au final, c’est assez réussi.

J’ai bien conscience que pour cette critique, j’ai été assez long (trop?). Je l’ai été car je pense que Thomas Wolfe est un auteur méconnu en France alors qu’il est considéré comme un des grands auteurs américains du XX ème siècle (pour la petite histoire, Bukowski a écrit que Thomas Wolfe était le pire écrivain américain, Dreiser excepté). D’ailleurs, vous aurez beaucoup de mal à trouver une de ses oeuvres en français (ceci explique peut-être cela). Je me rappelle être tombé presque comme par miracle sur un de ses livres en édition de poche qui devait être sur le rayon depuis 15 ans... Tant qu’une nouvelle édition de ses textes ne sera pas publiée, je vous souhaite bonne chance pour en trouver! Bien sûr, il reste la VO.

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