La Rose de Saragosse de Raphaël Jérusalmy

La Rose de Saragosse de Raphaël Jérusalmy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monocle, le 6 novembre 2018 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 248ème position).
Visites : 2 191 

Saragosse, 1485 !

Saragosse, 1485.
L'inquisition bat son plein. Sont visés les juifs bien sûr et ceux d'entre eux qui se sont tièdement convertis. Les catholiques qui manifestent une attitude manquant d'enthousiasme risquent aussi le bûcher. Les fagots crépitent et laissent sur la ville une odeur de chair nauséabonde.
Le grand inquisiteur se sert de "familiers" ; souvent des brutes plus intéressés par le brigandage que par la religion. On s'en sert comme délateurs et il savent en profiter.
Tout le monde vit donc sur le qui-vive. une haussement de sourcil mal interprété vous mènera dans les geôles de l'inquisition où le manque de place se règle par le feu !
La ville se terre. Les marchés, jadis débordaient de vie et sont maintenant déserts... les tavernes deviennent silencieuses.

En ces temps il existait un monde souterrain : celui des graveurs.
On pourrait croire que le fait d'imprimer est récent... rien n'est plus faux. L'art de ciseler un dessin en relief, pour en tirer de multiples copies, date de bien longtemps. Il vient du fond des temps. C'est celui des "hartoumim" dont parle la Genèse, puis des chroniqueurs de l'antiquité. Ces faiseurs d'images ont raconté la légende de l'homme depuis qu'il est homme. Tout en sachant pertinemment que leur travail ne pourrait rien contre l'oubli. Rien ne peut lutter contre la fuite du temps.
Les graveurs de Saragosse en ces temps troubles organisent une lutte silencieuse en apposant des dessins qui font tressaillir les autorités religieuses.

Venez donc rejoindre Léa Ménassé de Montesa, Angel de la Cruz, Yéhuda et les autres dans ce tourbillon parfaitement maîtrisé par une plume puissante.

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La gravure est l'art des rebelles

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 26 janvier 2020

Petit récit à la limite du polar dans Saragosse à la fin du XVème siècle. L’Inquisition vient d’être créée et sa première cible sont les conversos, juifs ou musulmans convertis, tels la famille Ménassé. Pour recueillir les preuves, des « familiers », mi-indic mi-enquêteurs, tels l’effrayant Angel de la Cruz.
Mais face à la pression, une résistance sourde s’organise et les gravures clandestines prospèrent tels des pied-de-nez. Forme de résistance, l’art est aussi un langage qui comble les fossés et rapproche les hommes.
S’inspirant de quelques épisodes réels (l'assassinat en 1485 de l'inquisiteur Pedro de Arbués dans la cathédrale de Saragosse ; la mise en place de l’Inquisition, l’expulsion des juifs d’Espagne...) R Jerusalmy tisse un récit délicat et poétique, facile à lire, avec des portraits forts et simples. Juste un peu déçu par la fin avec un recours maladroit à la limite du fantastique, comme si il n’avait pas su comment terminer.

Inquisition et Renaissance

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 21 novembre 2018

Une rose qui sent le soufre : à Saragosse en 1485, l'Inquisition souffle la persécution et certains résistent.
De formation, Raphaël Jerusalmy sort de Normale Sup. Pendant 15 ans, il a d'abord suivi une carrière militaire
Pedro de Ardues, grand inquisiteur, est sauvagement assassiné. Son successeur ? Le sinistre Torquemada. En Aragon, le roi d'Espagne essaie d'asseoir son pouvoir en s'aidant de l'Inquisition : combattre les hérétiques, ottomans mais aussi les juifs qui tiennent le haut du pavé. D'où les nouveaux convertis mais également les résistants. Dans les milieux juifs : Menassé de Montesa, nouveau converti, et sa fille Lea, une beauté doublée d'une âme indomptable, le riche Abraham Cuhenno, juif bon teint et son fils Yehuda, fidèle à son idéal et également amoureux. Angel de la Cruz, plutôt rustre, est chargé par Torquemada de retrouver les comploteurs contre Pedro de Ardues. Angel est aussi un fin dessinateur et il peut compter sur son chien Cerbero pour engendrer la terreur.
Raphaël Jerusalmy est un esthète dans ses descriptions : elles nous font rêver et visualiser les peintures et sculptures de la Renaissance. Que de choses l'on apprend sur l'Inquisition, l'empire ottoman, les luttes d'hégémonie entre le pouvoir royal et le pouvoir papal.

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