La Déconnomie de Jacques Généreux

La Déconnomie de Jacques Généreux

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Colen8, le 3 octobre 2018 (Inscrite le 9 décembre 2014, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Lettre ouverte à « ceux qui pensent comme un poisson rouge »

Ils sont avec Jacques Généreux un certain nombre de part et d’autre de l’Atlantique à prêcher dans le désert depuis des années contre les tenants de l’économie néoclassique, ceux qui ignorent les dommages planétaires de la financiarisation outrancière mondiale adoubée par l’onction des dirigeants politiques, tantôt benoîtement quand le pouvoir est aux mains des sociaux-démocrates, tantôt cyniquement quand celui-ci est détenu par les conservateurs. Sans mâcher ses mots à l’instar du titre et du sous-titre il explique comment s’est opérée la soumission progressive des majorités de gens ordinaires vivant en démocratie aux prédateurs servis par la haute finance pour siphonner une part grandissante de la valeur ajoutée productive, ouvrant ainsi un boulevard aux extrémismes.
Ce que Jacques Généreux développe largement ici, c’est une défense très argumentée du keynésianisme qui a prévalu pendant les Trente Glorieuses pour qualifier l’Etat-Providence. Sa démonstration s’appuie sur l’opposition séculaire entre keynésianisme et néolibéralisme et leurs basculements de l’un à l’autre poussés davantage par l’idéologie que par l’efficacité et le bien-être général. Cette famille d’économistes dont il se réclame privilégie un partage plus équitable des fruits de la croissance si nécessaire par la redistribution fiscale et sociale. Elle encourage le soutien de la demande, et pendant une récession marquée par le sous-emploi du travail et du capital elle prône la relance par les investissements publics dont les bénéfices se font ressentir sur le long terme.
A l’inverse le néolibéralisme théorisé par Milton Friedman (1953) et avec lui par l’école des nouveaux classiques a été un choix des pays anglo-saxons dès la fin des années 1970, suivi dans les années 1990 par l’Union Européenne avec l’aval des gouvernements successifs. Ce choix qualifie la politique de l’offre, la réduction de l’intervention étatique, la limitation des déficits publics, une politique fiscale favorable aux détenteurs de capital et une austérité ravageuse en cas de crise. La Grande Récession de 2007-2009 déclenchée à partir d’une bulle spéculative sur les biens immobiliers aux Etats-Unis (les subprimes) n’aura pas servi de leçon à ces partisans du laissez-faire qui ont continué de plus belle, sans expliquer pourquoi dans bien des pays le PIB n’a pas retrouvé son niveau de 2007.
La théorie néoclassique après s’être hissée en position dominante du monde universitaire et des publications qui font les carrières des chercheurs est construite sur des modèles normatifs qui se font fort d’y plier la réalité même quand celle-ci lui échappe pour les raisons mises en évidence par les sciences sociales et humaines. La bêtise reprochée aux tenants de la filière néoclassique viendrait des biais cognitifs tels que définis par le biologiste Thomas Durand : l’évolution et la sélection naturelle ont forgé des priorités d’homo sapiens vers la survie et la reproduction bien avant l’émergence d’une pensée réfléchie, qui a conduit quelques millénaires plus tard au développement de la connaissance.

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