Mamou de Angi Máté

Mamou de Angi Máté
(Mamó)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Débézed, le 18 juin 2018 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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Enfant du désamour

Ce joli petit roman, presque un conte, se déroule en Transylvanie, une région de Roumanie peuplée de plusieurs minorités. L’auteure a écrit ce texte en hongrois et manifestement l’histoire qu’elle raconte se déroule au sein de la minorité hongroise qui ne parle même pas le roumain. Pour eux c’est une autre langue ce qui intrigue fort la fillette qui croit que ces gens-là ont une autre langue dans la bouche et qu’ils la tortillent pour en sortir des sons bizarres.

Cette histoire est racontée par une fillette qui au début de son récit fréquente l’école maternelle où elle constate que les autres ont des pères et des mères qu’elle n’a plus, elle sait depuis toujours qu’elle n’a pas de papa et que sa maman est morte quand elle est venue habiter chez mamou. Mamou c’est la grand-mère dont elle dépend et dont elle attend tout, « Je voulais tout ça de la vieille qui pour une raison quelconque, ne voulait pas de moi. Ni elle, ni l’amour, ni la connaissance, ni la vie. » La grand-mère rejette la faute que sa fille a commise sur le dos de la fillette qui ne comprend rien à cette situation, elle sait seulement que « … nous sommes arrivées il y a longtemps dans la petite maison bleue elle, pour mourir, moi, pour vivre. » La mère était la femme d’un garde barrière, un jour un voyageur l’a séduite et elle a eu une fillette alors qu’elle était déjà mère de famille. Elle a été répudiée, est rentrée chez elle où elle est morte, on devine comment, laissant sa fillette à sa mère.

La mère n’apprécie pas ce cadeau empoisonné, les voisins pas plus, la mère rejette la faute sur la fillette, les voisins sur la mère de celle qui a fauté. La fillette, elle, comprend bien, elle ressent bien, qu’on ne l’aime pas mais elle s’accoutume à cette vie subissant coups et affronts comme si elle les méritait. Elle se réfugie dans son petit monde, observe tout, apprécie les petits plaisirs, se pose mille questions comme les enfants s’en posent souvent. Elle apprend ainsi à devenir grande, « … j’ai appris, et c’était de la trop grande compréhension, qu’en grandissant, advenait le mal, alors qu’on en a pas besoin ». Elle découvre ainsi que le monde des grands n’est pas féérique comme celui que les enfants peuvent créer même quand ils sont mal aimés.

Ce petit texte est émouvant, il mouillerait presque les yeux, mais il est aussi drôle et jubilatoire. La spontanéité de la fillette met de la joie dans ce monde plutôt misérable qui la rejette. Et l’auteure avec beaucoup d’adresse, de créativité et d’empathie pour les enfants mal aimés, crée un langage à l’usage des enfants qui ne trouvent pas dans celui des adultes les mots qu’il leur faut pour dire ce qu’ils voient, entendent, sentent, ressentent, aiment ou n’aiment pas. C’est un vrai bonheur de lecture !

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