Instantanés d'Ambre de Yôko Ogawa

Instantanés d'Ambre de Yôko Ogawa
(Kohaku no matataki)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Myrco, le 15 avril 2018 (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 74 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 955ème position).
Visites : 7 107 

Reflets dans un oeil d'or

Sur le thème de l'immense capacité de l'enfance à contourner une réalité cruelle par le pouvoir infini de l'imagination, qu'elle associe ici à celui du désir de perpétuation des êtres et des choses aimés au-delà de leur disparition - thème récurrent dans son œuvre - Yôko Ogawa, par la grâce de sa plume, nous fait don d'un de ces récits singuliers, à l'atmosphère étrange, dont elle a le secret.


Une mère de quatre enfants, les élevant seule, subit le choc de la perte de sa petite dernière, une mort dont elle attribue la cause à un chien maléfique, une obsession qui la poursuit jusqu'à la névrose. Dès lors, tout en façonnant autour d'eux un univers de conte pour enfants, elle va enfermer les autres dans ce qu'elle pense être une bulle protectrice, derrière le mur de briques d'une propriété dotée d'un vaste jardin, les privant de toute communication avec l'extérieur, allant jusqu'à effacer tout lien avec leur monde d'avant. Ainsi en sera-t-il de leurs noms qu'ils ne devront plus prononcer sous peine que se réalise une terrible menace. Au hasard des pages d'une encyclopédie des sciences, ils s'en choisissent de nouveaux: ce seront Opale pour la sœur aînée de onze ans, Ambre et Agate pour les frères cadets de huit et quatre ans.

Dans le cadre strict des limites définies par les interdits maternels respectés sous la pression latente des dangers extérieurs supposés, dans la douceur feutrée des murmures imposés, les trois enfants (je devrais dire les quatre, car de multiples façons leur petite sœur restera toujours présente au sein de leur bloc étroitement soudé) vont se créer un univers à eux, harmonieux, merveilleux et enchanté, magnifié par les danses et les récits d'Opale et les mélodies d'Agate. Dans l'abondante collection d'encyclopédies illustrées héritée de leur père disparu, ils vont puiser le savoir, appréhender toute la richesse du monde et trouver un support à leurs jeux et aux histoires qu'ils s'inventent.
Participe de cette création d'un monde parallèle de substitution l'élément central du récit: la métamorphose de l'œil gauche d'Ambre, sorte de processus mimétique comme induit par son nouveau nom, qui emprunte à la matière qu'il désigne sa faculté de capter et figer pour l'éternité des instantanés de vie. Interprétation fantasmée de ses troubles visuels ou métaphore de sa capacité à projeter sur l'écran flou ou opaque de son œil les images intérieures mémorisées de la benjamine, auxquelles il ajoute une continuité dans le présent, ce pouvoir, Ambre va désormais l'exercer, pour l'amour de sa mère, et consacrer son temps à décalquer dans les marges des encyclopédies ces images qui s'impriment sur sa rétine et, par la magie du mouvement rapide des pages feuilletées par ses doigts agiles, recréer l'illusion de la vie autonome et joyeuse de la petite disparue. Ce seront les fameux "instantanés d'Ambre".

Ainsi vont s'écouler des années sans autre repère temporel que la visite annuelle d'un petit âne délégué à la tonte de l'herbe, leur seul ami non virtuel. Jusqu'au jour où l'intrusion du monde extérieur par le biais d'un colporteur puis d'un chaton abandonné, va peu à peu ouvrir une brèche dans le cocon et fragiliser puis dissoudre l'édifice...

Le récit de cet enfermement nous est livré bien des décennies plus tard par la médiation d'une vieille dame qui nous transmet l'histoire telle qu'elle l'a reçue de Monsieur Amber (Ambre devenu vieux) alors que les deux vivent leurs derniers jours dans une maison de retraite pour artistes. C'est grâce à l'artifice de cette médiation que nous est donnée à voir l'autre côté du miroir, la réalité objective glaçante dont auront été victimes les enfants d'une mère perturbée, surprotectrice et inconsciente, en particulier Ambre qui sera resté toute sa vie prisonnier de cette enfance hors normes et définitivement inadapté.

Si je suis admirative de l'inventivité de l'auteure, j'ai à nouveau été touchée, comme je l'avais déjà été à la lecture de "Petits oiseaux", par sa tendresse pour ses personnages et surtout par la poésie qui émane de la simplicité de sa prose tissée de touches subtiles, sobres mais suggestives, une poésie contenue dans la délicatesse diffuse des images, fruits d'une perception particulièrement attentive, fine et sensible des éléments qui nous entourent et transmises avec une rare précision méticuleuse. Chez Yôko Ogawa, l'objet le plus banal peut prendre une dimension particulière, se nimber d'une sorte d'aura magique qui l'anime d'une vie propre.

Je me permettrai juste un léger, très léger reproche qui n'altère en rien mon sentiment d'avoir goûté par cette lecture un moment rare et précieux: peut-être une surexploitation de cette idée qui donne son titre au récit, par ailleurs riche trouvaille, mais génératrice parfois d'une certaine saturation.

Extrait:
" C'est une boîte. Un coffret solide qui ne rouille pas à la pluie. C'est une boîte mais on ne peut l'emporter avec soi. Elle reste immobile en un endroit. En plus, hors de la maison, tournée vers l'extérieur, toute seule. Quelle ténacité (...)
Elle contenait des mots écrits sur des carrés de papier (..) Les carrés de papier étaient couchés, blottis au fond de l'obscurité et j'avais peur de les déranger. J'étais trop jeune, je ne pouvais pas déchiffrer les mots écrits dessus mais je comprenais quand même qu'ils avaient parcouru un long chemin et qu'ils étaient fatigués."

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magic circus

6 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 20 août 2023

Yôko Ogawa est capable du meilleur comme du pire, du moins à mon goût. Le meilleur : la poésie que génère l’intrusion du merveilleux dans un récit par ailleurs réaliste, comme par exemple dans le délicieux "Les tendres plaintes". Le pire : lorsque la cruauté s’invite comme dans l’horrifique "Hôtel Iris". Ici, on est dans un entre-deux, parfois attachant mais lassant au bout de plus de 300 pages. L’étrange histoire de cette fratrie, confinée par une mère psychotique, obsédée par la présence imaginaire d’un "chien maléfique" rôdant aux alentours, aurait pu faire l’objet d’une nouvelle, art dans lequel excelle l’auteure ("Les paupières", "Jeune fille à l’ouvrage"). Hélas, à chaque page tournée on se demande quand finira enfin cette souffrance à laquelle les enfants, chacun porteur d’une pierre qui est leur talisman et dont le nom remplacera leur prénom de naissance, se sont habitués et reconstruisent leur vie en tenant compte de cette contrainte extrême. Elle finira, tragiquement, mais il faudra attendre la toute fin pour en savoir plus. Yôko Ogawa aime faire souffrir, c’est certain…

Instantané ou longuet ?

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 14 juillet 2021

Longuet plutôt. Les instantanés en question, c’est comme une réinvention par Ambre – Ambre est un garçon – du dessin animé des origines ; à savoir des images insensiblement différentes les unes des autres et qui créent l’illusion du mouvement lorsqu’on les fait défiler à vitesse convenable.
Ambre est un jeune garçon lorsqu’il se met à réaliser ces « instantanés » dans la marge d’encyclopédies. C’est un palliatif pour supporter la disparition de la toute petite fille cadette de la famille, sa sœur, et supporter aussi l’enfermement auquel condamne ses enfants (Opale, Ambre et Agathe) la mère. Enfermement dans l’enceinte de la grande maison et du terrain arboré ceint de murs.
Quelque part c’est bien dans l’esprit japonais cette affaire - tiens je pense tout à coup à une histoire aussi folle avec La femme des sables d’Abe Kobo.
Longuet donc. C’est M. Amber, Ambre devenu un vieillard, qui donne les éléments de l’histoire à la narratrice qui essaie de comprendre ce qui a pu se passer – et le lecteur avec – pour qu’une mère s’enferme dans un espace clos (maison plus jardin) et interdise à ses enfants tout contact avec l’extérieur. Personnellement je n’ai pas trouvé de réponses à mes questions et du coup l’histoire m’a paru relativement vaine.

»La mère a donné de nouveaux noms à ses trois enfants au moment de quitter la maison où ils avaient vécu jusqu’alors afin d’emménager dans la villa que leur père utilisait autrefois pour son travail.
- A partir d’aujourd’hui, nous oublions notre nom d’avant, a-t-elle dit d’un air sévère en serrant la main de chacun. Si par hasard vous les prononciez, même une seule fois, même sans y penser, alors …
Là, elle a marqué une pause assez longue.
- … les différents sons de votre nom se transformeraient en graines semées dans votre bouche et bientôt sur la face interne de vos joues pousseraient des ronces …
- Eh ?
Le garçon du milieu avait instinctivement porté ses mains à sa bouche.
- Chaque fois que vous voudrez parler les ronces s’incrusteront davantage. La chair des joues est tendre. Les crochets s’y enfonceraient et deviendraient indélogeables.
- Mais pourquoi …
La plus calme était l’aînée. Le benjamin était encore trop jeune pour comprendre ce qui se passait.
- Le chien maléfique vous a jeté un sort. C’est cruel, mais … répondit la mère qui soupira en secouant la tête. »

-
Une certaine déception, je dois dire, j’avais davantage apprécié Yoko Ogawa en d’autres lectures …

Les enfants perdus

6 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 3 juillet 2021

Instantané d’Ambre est construit sur le principe d’un espace hors du temps où tout semble immobile, un peu comme Le Musée du Silence, un autre des romans de Yôko Ogawa qui m'avait beaucoup impressionné. Là aussi tout est y étrange, avec un curieux sentiment d’inquiétude apaisée. A ce sentiment y participent entre autre bien sûr les descriptions délicates et poétiques liées à la Nature, au cycle de la vie, à la décomposition, mais aussi d’autres éléments, comme le « déguisement » des trois enfants (qui m’ont fait penser à ceux des « enfants perdus » de Peter Pan dans le dessin animé de Walt Disney).

Par contre j’ai trouvé la lecture du roman un peu ennuyeuse aussi parfois, car il faut bien dire qu’il ne s’y passe pas grand-chose, mis à part la répétition des jours et la succession des saisons. D’autre part je n’ai complètement réussi à accepter l’argument de base du récit, je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas réussi à y adhérer totalement. Et puis comme certains l’ont déjà dit, le principe des « instantanés » est une très belle trouvaille esthétique, mais sa répétitivité a fini par me lasser quelque peu.

Une pause fraîcheur

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 28 juin 2021

Opale, l’aînée a 11 ans, Ambre en a 8, Agathe 5 à la mort de leur petite sœur d’une pneumonie. La maman, persuadée que c’est le "chien famélique" qui lui avait léché la joue quelques jours plus tôt qui est responsable de cette mort, emmène ses enfants pour les protéger, les "soustraire à la vue du monde", dans une grande maison léguée par leur père, où ils vont vivre enfermés dans l’enceinte du jardin du mur de briques et de la maison avec pour seule ouverture et connaissance du monde, les encyclopédies écrites, éditées puis stockées par leur père. Dont les deux plus jeunes décident de les lire toutes, en partant chacun d’une extrémité de la pièce.
"L'encyclopédie devient le lit du cours du temps dont chaque strate révèle un souvenir enfoui." 

La mère part chaque matin travailler dans la station thermale qui se trouve à 20 mn de la propriété, avec des consignes que les trois enfants respecteront scrupuleusement, ne remettant jamais en question leurs conditions de vie, même lorsqu’ils sont malades.
" à plus tard. Fais bien attention. Ne te tracasse pas pour nous. On respecte bien tes interdictions."

Le seul événement de l’année étant la venue pendant quelques jours d’un âne qui réjouit les enfants ; avec l’amusant épisode de l’âne qui avale les trois pierres.
Mais une autre fenêtre sur le monde extérieur s’ouvrira avec la visite d’un marchand.

Un roman d’une incroyable fraîcheur, avec un peu de magie dans l’oeil d’Ambre, M. Amber, racontée des années plus tard, par une amie, pianiste-accompagnatrice de la résidence où il vit.
On est émerveillés par le récit des ressources de ces enfants privés de liberté, de leur cohésion, de leur entente, de leur équilibre, fascinés par cette fratrie qui n’avait pour seule référence que leur mère, qu’ils ont tant aimée et respectée.
Une lecture originale toute en douceur, gentillesse et bienveillance.

Un roman-conte au charme magnétique

7 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 10 mars 2021

Très rapidement prise par le charme magnétique du monde parallèle crée par la fratrie d'enfants confinés dans leur huis clos et à l'abri des possibles dangers du monde extérieur, je dois avouer que je m'y suis cependant parfois ennuyée, notamment à la lecture des passages récurrents rappelant l'aptitude d'Ambre à capter des images et à en créer le mouvement. Cette cristallisation du roman autour de la métaphore, qui justifie le titre et confère une unité à l'ouvre m' a semblé régulièrement plomber le récit .

Alors que j'ai lu lentement, et même fréquemment relu certains passages, vrais moments de grâce, décrivant la relation fusionnelle entre les enfants ou montrant comment le chant, la musique, la danse, et l'image transforment l'enfer de leur vie verrouillée en paradis, bien au contraire je suis passée rapidement sur les autres, où l'intrigue semblait s'enliser.
Puis j'ai retrouvé une lecture attentive pour les séquences, où, franchissant les années, la narratrice, un personnage bienveillant qui su comprendre la singularité du monde intérieur du vieux Monsieur Amber révèle, avec tendresse et douceur ce qu'il adviendrait d'Ambre bien des années plus tard .

Un roman-conte à la poésie inattendue, au croisement du rêve et de la réalité, qui révèle le pouvoir magique de l'image sur l'esprit des enfant, leur aptitude à l'imagination et à la création d'un monde consolateur.

Sous le signe des pierres

9 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 8 janvier 2021

À la suite du décès de sa benjamine qu’elle attribue à un chien maléfique qui lui a léché le visage lors d'une sortie au parc, une mère va séquestrer ses autres enfants dans une maison isolée entourée d’un mur en briques afin de les protéger.
Une nouvelle vie commence pour la fratrie, régie par une multitude d’interdits et de règles de vie.
Magnifiques descriptions qui m’ont donné l’impression d’y être mais avec parfois des répétions.
Toutefois si je peux comprendre que les enfants n’ont pas cherché à sortir tellement la mère a mis sur eux une incroyable peur de l’extérieur, pourquoi Joe le colporteur n’a pas signalé la maltraitance des enfants.
Un précieux moment de lecture.

Ambre magique !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 1 janvier 2021

Yōko Ogawa (1962- ) est une écrivaine japonaise.
Ses écrits sont émaillés par plusieurs thèmes récurrents, tels que l'enfermement, psychique ou physique, ainsi que les lieux clos.
"Instantanés d'Ambre" paraît en 2015 et traduit en français en 2018 (Actes Sud)

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas résumer cet incroyable roman.
Simplement vous supplier de le lire, de le savourer, de prendre votre temps et d'aimer chacun de ces personnages.
D'un huis clos qui aurait pu être dramatique, l'auteur a réussi un véritable tour de force. Celui de créer de toutes pièces une atmosphère stérile, dépolluée des tracas et des incertitudes du monde (mais aussi de ces splendeurs.... )
Ambre, Opale et Agathe sont -certes- enfermés mais la violence de la situation ne transpire jamais.
Ces 3 enfants construisent leur personnalité autour de leurs prénoms choisis dans une encyclopédie.
Des minéraux avec leur force, leur faiblesse et particularité.
Vous aimerez les visites périodiques de l'âne du chauffagiste.
Vous attendrez avec impatience les démonstrations de Joe le camelot.
Vous chercherez en marge d'une page de l'encyclopédie l'apparition de la benjamine (...)
Vous redouterez que cet incroyable château de cartes ne s'écroule inévitablement.
De sa maison de retraite, Mr Amber (le jeune Ambre qui a vieilli) se confie à la narratrice et dévoile ses lourds et doux secrets.
Des instantanés d'ambre, une oeuvre artistique, une vie en marge ... un bonheur de lecture.
Une oeuvre unique, magique, féerique et tellement pudique .

Magie de l’enfance

10 étoiles

Critique de Malic (, Inscrit le 9 décembre 2005, 82 ans) - 26 mars 2020

Une mère qui élevait seule ses quatre enfants vient de perdre la benjamine des suites d’une rougeole. Femme très superstitieuse, elle est persuadée que cette mort est due au « chien maléfique » qui avait léché le visage de la fillette peu de temps auparavant. Afin de protéger les trois autres, elle leur interdit de sortir de la propriété et leur impose des règles étranges, telle celle de changer leurs prénoms. Désormais l’aînée – fillette de onze ans - s’appelle Opale et les garçonnets – huit et cinq ans – deviennent Ambre et Agate. Tous trois vont vivre confinés dans la propriété durant plusieurs années.

Ce début évoque le curieux film de Yorgos Lanthimos « Canine », mais la ressemblance s’arrête à cette situation de départ. Le père de famille du film ne peut guère être vu que comme un pervers. Au contraire le personnage de la mère dans le roman d’Ogawa apparait comme une pauvre femme névrosée, persuadée d’agir pour le bien de sa progéniture. Les tonalités des deux œuvres sont également très différentes, malsaine et crapoteuse pour le film, poétique et empreinte de la magie de l’enfance chez Ogawa.

Privés de contacts avec un extérieur qu’ils ne connaissent plus qu’à travers les encyclopédies laissées par un père parti plusieurs années auparavant, les enfants, une fratrie très soudée, s’inventent un univers à partir des éléments de leur monde restreint, faisant même revivre la benjamine par la toute puissance de l’imagination.

« Instantanés d’Ambre » est un livre magique, habité par tout ce qui fait beauté de l’enfance, son imagination sans limites et sa capacité de résilience. Certaines scènes, comme la danse d’Opale, sont des moments d’une grâce infinie.

Ce roman a aussi un côté mélancolique : Ambre, à présent âgé et vivant dans une résidence de retraite raconte son histoire à une femme avec laquelle il s’est lié d’amitié et l’on comprend que les années de confinement avec sa sœur et son frère l’ont tellement marqué qu’il n’a jamais réussi par la suite à mener une vie normale.

Yoko Ogawa, dont j’ai déjà lu plusieurs romans, est un auteur que j’apprécie beaucoup, mais « Instantanés d’Ambre » est à ce jour mon préféré.

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